Un été au Kirghizistan
Mon journal du Kirghizistan et ma tentative de Lénine en Juillet 2018.
Lucas
Vendredi 20 juillet 2018
Il est 17h pile. Nous avons quitté la capitale vers 11h et nous sommes entre Bishkek et Osh. Les paysages sont grandioses. Nous sommes à l'arrière d'un fourgon 8 places. Le coffre est plein à craquer. Je suis actuellement à la place du milieu, mon gros sac de rando empiète au-dessus du siège, faisant un appui tête aussi inconfortable que dur. Je peux sentir le bout de mes bâtons de randonnée ainsi que le manche de ma pelle à travers le sac. La musique Kirghiz résonne. Les décibels sont un peu trop importants à mon goût.
La pause faite récemment a fait du bien et nous a permis de nous restaurer. Personne parlant Anglais (ni français évidemment), nous avons commandé au hasard sur le menu proposé. Je choisis le plat numéro 9 dont je ne savais même pas prononcer l'intitulé. Jordan et Bonni se voyant refuser leur plat initial finirent par demander également le plat numéro 9. Nous nous retrouvons 10min plus tard avec 2 plats identiques : Du steak haché recouvert d'un œuf au plat, du riz, des pâtes, un peu de tomate et de concombre crus ainsi qu'une espèce de boulgour. Bonni et moi commençons à manger. Bien quelques minutes plus tard arrive le dernier plat. Surprise, des petits morceaux de viande, qui semblent être de l'agneau, trempant dans un fond d'huile et accompagné d'oignons crus. Nous partagerons tout cela.
Le chauffeur est un homme de moins de la quarantaine bien portant sans être gros. Le volant est à droite, bien que ceci ne soit pas la règle universelle du pays. Par contre, on roule bien à droite de la chaussée. Sa conduite est rapide, imprudente pour ne pas dire dangereuse. Mais il a du talent, il faut l'admettre. Ses dépassements sont au centimètre! Un dépassement à 100km/h, en route de montagne, en virage, sans visibilité et devinant un semi-remorque arrivant à contre sens au loin semble être chose banale.
Autour de nous, le paysage est devenu aride. L'herbe tend au jaunâtre, la terre tend au rougeâtre. Soudain, un immense lac bleu azur s'offre à notre droite, surplombé par des chaînes de montagne d'une hauteur surprenante. Je leur donnerai un bon mille mètres de dénivelé. Nous contournons le lac pour s'y diriger. D'après ma lecture de carte, nous n'aurons pas beaucoup à s'élever pour passer, un col relativement bas reliant les 2 vallées.
Le chauffeur semble malade mais continue de conduire. Il crache sans cesse par la fenêtre. Je le vois se couvrir la bouche avec un mouchoir en tissu et froncer les sourcils à travers le miroir intérieur. Je suis franchement inquiet. On ne comprend pas pourquoi il ne s'arrête pas. Une petite pause lui ferait certainement du bien.
J'ai cessé d'écrire tant l'état de notre chauffeur m'inquiétait. Nous avons tenté de communiquer avec lui pour qu'il fasse une pause ou nous laisse conduire, sans succès. Bref, maintenant, il conduit toujours aussi dangereusement, mais au moins, il ne donne pas l'impression de perdre ses boyaux. Cela dit, il crachote encore régulièrement par la fenêtre.
L'état de mon pied gauche m'inquiète. En partant de France, j'avais des mycoses sur le petit doigt du pied gauche. Cela semblait s'améliorer avec un traitement à base d'huile essentielle. Aujourd'hui, les démangeaisons ont empiré et des cloques sont apparues sur tous mes orteils. Je pense avoir fait une réaction virulente à l'huile essentielle. Peut-être une intolérance. Peut-être ai-je abusé sur le dosage. La moindre source de chaleur et d'humidité me donne envie de gratter à m'arracher la peau. Je résiste. Je rêve du froid du pic Lénine. J'espère que mon pied ne va pas souffrir de la chaleur dans les chaussures d'expé. Dès que j'ai une connexion internet, je regarde les conséquences d'un non traitement des mycoses.
Ce ne paraissait pas chose gagnée mais nous sommes arrivés sans accident à Osh. Le chauffeur est réticent à nous laisser à notre auberge. D'après Maps.me, c'est uniquement à 5 min de voiture. Après 15min de débat, il se résigne à nous amener. Quelle tête de mule quand même! Ne pas vouloir faire un détour de 5 min après 13h de route!
On est déposé à quelques minutes de marche de l'hostel au niveau d'un croisement. On est accompagné vers notre dortoir ou une personne dort déjà. Je m'occupe de mes pieds, douche froide, nettoyage méticuleux puis dodo.
Samedi 21 juillet
Mes pieds me dérangent énormément et je fais un effort monumental pour ne pas me gratter. Après analyse de mes pieds et quelques recherches sur internet, il semblerait que je sois atteint d'une dyshidrose. Des cloques se sont maintenant formées sur les 2 pieds et un peu sur les doigts de ma main. La nuit s'est bien passée malgré les démangeaisons. La douleur est dans la tête, j'irais au-delà de ça.
Les dernières courses faites, un petit saut à la pharmacie pour acheter 2 bricoles pour mon pied et nous nous mettons en route pour le camp de base du Lénine. Nous arrangeons un ramassage à notre auberge par un taxi et un dépôt à Sary tash pour 2400 som. Le conducteur est agréable, paisible et conduit normalement. Ouf. 3h de trajet sans se soucier de chaque virage.
Nous sommes à 2000m d'altitude maintenant et roulant à travers la vallée. Les montagnes nous entourant sont magnifiques. Nous sommes tout petits dans cette immensité. Des yourtes et des bungalows parsèment le bord de route, arborés tantôt de chevaux, tantôt de vaches et plus rarement de chèvres. Nous croisons très rarement des voitures. Quelques fois, nous doublons des vélos. La pente est douce mais constante, ça doit être dur pour eux mais je les comprends, le paysage en vaut tellement la peine. Prendre le temps d'admirer. Planter la tente lorsque les jambes ne veulent plus pédaler. Vraiment, je les comprends. Proche des habitations, les enfants jouent au bord de la route. Leurs sourires renvoient une bonne humeur incroyable.
3200m, l'air devient plus frais, c'est agréable. En ville, la chaleur était étouffante. Cette fraîcheur me rend optimiste quant à la "survie" de mes pieds ☺. Nous venons de faire une deuxième pause car le voyant d'huile moteur s'allume. Ça monte et le moteur souffre un peu.
Ce matin, j'ai dit au revoir à mon amour, Éloïse ainsi qu'à ma maman. Des messages comme si je ne les reverrai plus. Mais j'aime trop la vie et je les aime trop pour prendre des risques inconsidérés. Tous les dangers sont connus et enrayables, mise à part les avalanches ou une météo terrible soudaine. J'espère qu'elles ne se feront pas de souci. Je crains que si. Je ne pourrais pas leur donner de nouvelles pendant au moins 15 jours.
L'amour, il peut être tellement puissant et malheureusement tellement destructeur. La peur de perdre quelqu'un est un sentiment terrible. (Bien illustré par Anakin dans Star Wars ☺).
C'est la première et sans doute la dernière fois que je réalise une telle aventure. Quitter Éloïse plus de 3 semaines n'est plus concevable. J'ai aussi une pensée pour ma sœur et ses petits. Je les aime tant. L'amour pour ma famille est inconditionnel. Non, vraiment, je pense à la mort mais elle n'est pas une option. Je veux vivre.
Nous avons passé le col à 3615m, un cirque de montagnes enneigées s'offre à nous. C'est incroyable. Et nous allons mettre nos pieds sur le toit de ce relief.
Après quelques transferts de véhicule, nous nous rapprochons de l'imposante face nord du Lénine. Une épaisseur de cumulus nous empêche de voir les 7000 mais nous les devinons. Les pics au premier plan présentent une roche rouge virant au bordeaux. La plaine et les collines précédentes vont de vert à jaune. Derrière, l'univers devient vite blanc sur une roche grise à noire. La blancheur de cette face nord est impressionnante.
Notre arrivée au lac précédant le base-camp est imminente. Le léger mal de tête de tout à l'heure est passé. C'était sûrement un combo fatigue, altitude et émotions. À mesure que nous avançons, je me rends compte que les collines vertes sont en fait de petites montagnes bien pentues.
21h24, nous sommes dans la tente, prêts à dormir. Je suis au milieu, Bonni à ma droite, Jordan à ma gauche. Bonni s'endort. Nous avons mangé notre saucisson et notre fromage avec du pain. Classique montagnard. Demain, c'est repos, petite animation locale puis montée au camp de base. (A peine 40min de marche normalement). Une agréable journée d'acclimatation en perspective en compagnie des chevaux, vaches, yack qui nous entourent.
Dimanche 22 juillet
Nous nous réveillons donc au camp de base reculé. Je n’ai pas pu dormir les jambes dans le duvet car je ne supportais pas la chaleur sur pieds irrités.
Nous avons payé pour assister au festival touristique. L'organisation a pris du retard et entre 11h et 13h, nous assistons à des représentations de musique Kirghiz. Le soleil tape fort et j'ai un léger mal de tête de temps en temps. À 13h, déjeuner organisé et préparé dans le cadre du festival. Puis Jordan et Bonni occupent la tente pour la sieste tandis que je me trouve un coin à l'ombre d'une yourte pour me reposer sans vraiment dormir. 14h, reprise du festival, je me rends sur le lieu réservé. Peu de monde. Au bout de 20 min d'attente, je me décide à partir. D'autant qu'il y a de l'agitation au loin. Je marche donc dans cette direction. Des chevaux arrivent et partent au galop. Je me dis que c'est un spectacle (L’organisateur nous ayant vendu une activité autour des chevaux et des yacks).
Sur place, une centaine de personnes regarde un petit lac tandis que des gens nagent hasardeusement aux abords. Je croise Bonni qui m'apprend qu'un gamin s'est noyé. Les Kirghizes appellent tous les occidentaux sachant nager et plonger à se joindre au "sauvetage". Nous retrouvons également Jordan. Je ne suis pas certain qu'ils se rendent compte que l'enfant est mort depuis longtemps. L'entreprise menée par un Kirghize qui semble donner les ordres manque cruellement d'organisation. Je tente d'expliquer à un Kirghize que le meilleur moyen de retrouver le corps et de faire une grande ligne et de sonder le fond. Je ne serais pas écouté malgré quelques tentatives. De même, une occidentale présentée par son ami comme quelqu'un de compétent (sûrement une maître-nageur), propose de sonder en faisant une ligne d'un côté du lac et une de l'autre. Elle ne sera pas écoutée non plus. Impuissant, je décide de partir à la tente. Jordan et Bonni reviendront plus tard trempe, ayant tenté d'aider, sans succès. Suite à cela, nous nous sommes mis à plier le camp et se préparer à partir.
40 min de marche normalement. Le sac est vraiment lourd. Pas loin de 24kg je pense. Nous progressons doucement mais sûrement. Les paysages sont uniques. Nous voyons les tentes du camp de base de l'autre côté du canyon. Le ruisseau qui passe semble difficile à traverser, voire impossible. Le débit et la vitesse de l'eau sont importants. En fait, Jordan s'était trompé de chemin, il aurait fallu être de l'autre côté du canyon. Jordan et moi descendons sans sac près du ruisseau et nous ne faisons que confirmer qu'il est impossible à traverser. Nous remontons puis rebroussons chemin pour rejoindre celui que l'on aurait dû prendre. Mon moral en prend un coup. Jour 0, nous étions juste censés nous reposer au camp de base... Finalement, il n’est pas loin de 19h lorsque l'on arrive au premier campement du camp de base. Nous devons acheter du gaz et planter la tente. Le vent se lève. Le froid arrive. Premier campement, cartouche de 230g à 9$. Là aussi j'en prends un coup car une personne du site Camptocamp que j'avais eu par téléphone m'avait dit qu'on trouverait pour pas cher au camp de base. Cela dit, nous discutons avec un guide bien sympathique, nous prenons plein d'informations utiles pour l'ascension. Prochain campement, cartouche à 10$. Nous déclinons et partons poser la tente. On trouvera dans d'autre campement les cartouches et tant pis s'il faut payer le prix fort.
Lundi 23 juillet
Nous sommes le 23 au matin. Levé 7h26 au lieu de 7h planifié. On déjeune, fait un brin de vaisselle et se dirige vers le campement le plus proche pour du gaz. Cartouche à 10$, nous acceptons, tant pis, nous n'allons pas perdre du temps et de l'énergie à retourner au premier campement. Nous nous mettons en route avec les 8 cartouches supplémentaires. Objectif camp1. Il est pas loin de 9h et quart. J'ai toujours un léger mal de tête et je n'ai pas le moral. J'ai mal dormi. Les pieds m'ont démangé et j'avais une sensation de pression dans le crâne. Je marche de façon automatique. Un pied devant l'autre, sans plaisir malgré le paysage. Nous progressons lentement. Les sacs sont tellement lourds. Des chevaux et des mules nous doublent. Je comprends l'expression "chargé comme une mule".
Il est midi passé lorsque nous arrivons au col à 4130m d'altitude. Je n'ai jamais été si haut. À nouveau un paysage magnifique se dévoile devant nous. Pour la première fois de la journée, j'ai une sensation de bonheur.
Souvent les Kirghize avec les chevaux nous proposerons de nous faire le portage. Nous refusons. Nous enchaînons les kilomètres et dénivelés et regrettons un peu cette décision.
Personne ne monte au camp1 en autonomie sans l'aide de chevaux. Je sens que je suis sans énergie, sans mental, sans physique. Je force sur mes bras pour que mes bâtons arrivent à soulever mon poids. Mes jambes ne trouvent plus de force. Le bas du dos tire. Qu'est-ce que je fais là? Je ne suis pas un sur-homme. On est rien face à la montagne. On n’a pas la force d'un Russe acclimaté et encore moins celle d'un cheval. Une fois de plus, je suis remis à ma place, je suis juste Lucas. Bonni souffre également. Jordan un peu moins. Je n'arrête pas de penser à Éloïse. Je veux tout abandonner, être à ses côtés. Je ne veux plus marcher. Je veux aussi qu'elle soit fière de moi donc je continue à marcher. Tout est brouillé dans la tête, je suis sur le point de craquer. Nous arrivons à un ruisseau. Un Kirghize sur son cheval le traverser pour nous rejoindre. Pensant qu'il nous propose de traverser, je lui fais comprendre que je suis d'accord. Une difficulté en moins à passer. Bonni et Jordan me dise que ce sera payant. En effet, 5$, nous refuseront. On traverse pied nu le ruisseau. Le débit est fort. Il faut vraiment bien planter les bâtons et rester vigilant pour ne pas se faire emporter par le courant. Il nous reste quelques kilomètres et quelques centaines de mètres de dénivelé. Je dis aux gars que je passe devant car ça me tue le moral de les voir devant moi. Je retrouve du poil de la bête et marche de façon déterminée. On s'arrête sur une bute faire une pause comme à notre habitude. Nous grignotons quelques fruits secs. Bonni s'endort, comme presque à chaque pause. Je dis à Jordan que je prends de l'avance. Je mets mon sac et repars. Je ne sais plus où je trouve l'énergie. J'en ai marre, je craque, je pleure. Éloïse envahit mon esprit encore une fois. Elle me manque tellement. Ces quelques larmes m'ont fait du bien. D'autant que les tentes du camp 1 sont visibles. Je progresse. Bonni et Jordan me rattrapent. Nous somme bientôt arrivé. Des camps nous entourent. Nous passons le premier et décidons d'aller au dernier, le plus proche de la face nord du Lénine. Nous arrivons sur un semblant de glacier. Nous devons enjamber une espèce de crevasse. Jordan passe. Bonni et moi sommes dubitatifs. On est explosé de fatigue. On réalise cet enjambé de moins d'un mètre puis nous réalisons que c'est trop pour nous. On rejoindra donc le camp le plus proche possible. Nous sommes tout 3 sans énergie, vidés complétement. Dans ma tête, le voyage s'arrête là. Je ne veux pas aller plus loin. On monte la tente. On s'installe dedans, tous KO, comme des zombies.
20h14, j’ai un mal de tête et une fatigue générale monumentale. Oh mon amour, j'aimerai tellement t'avoir dans mes bras. Dans la souffrance, tu me manques terriblement, je ne pense qu'à te rejoindre. Serais tu fière de moi même si je te disais que je souhaitais renoncer après la première journée théorique de marche.
Je trouve la force d'aller chercher de l'eau. Je vais jusqu'à la langue du glacier pour avoir de l'eau pure et au retour, je m'enfonce lamentablement dans un mélange neige-boue jusqu'au mollet. Je me déteste. Je suis maudit. Je retourne jusqu'à la tente. Ça monte, chaque pas, chaque inspiration est un effort. Le mal de tête augmente. Ni l'aspirine ni le doliprane ne me font effet. J'ai l'impression que l'on a mis sous pression ma boîte crânienne. On se met à cuisiner puis manger. Ça fait du bien même si je ne ressens pas de plaisir notoire. Soupe à l'indienne et pâtes aux trois poivres. On prend ensuite chocolat et rooibos puis « au lit ». J'ai appris des nuits précédentes. Je ne me mets pas dans mon duvet car sinon, mes pieds chauffent et me démangent. Je m'habille bien et me sert du duvet comme couverture le haut de mon corps. Pas de chaussettes évidemment
Mardi 24 juillet
Journée de repos imposée par nos corps. Il est 9h40, j'ai dormi longtemps mais mal. Un sommeil plein d'interruptions. Le mal de tête est atroce. J'ai plein de peurs. Mon état va t'il s'arranger ou au contraire se dégrader? Est-il raisonnable de continuer? Beaucoup de discussions portent autour de mon état et des options possibles. Si je suis dans le même état demain, je ne peux pas grimper. Ça serait inconscient, à mon sens. Si je ne monte pas, ça met évidemment la pagaille dans l'organisation que l'on avait prévue.
13h37. Après une deuxième aspirine, ça va un peu mieux. Nous jouons à la bataille avec le mini jeu de tarot de Marseille que j'ai acheté. C'est folklorique mais marrant. On est tous un peu dans le coltard, avec un léger mal de tête mais c'est acceptable. Une fois la partie fini, j'en profite pour soigner mes pieds.
15h30, je suis content, ça va mieux. J'envisage éventuellement le camp 2. On fait du rangement et on prépare nos sacs pour l'ascension. 2,5 jours de vivre et un peu de rabe au cas où (camp 2,camp 3 puis redescente). C'est cool, on va être ultra légers! Nous nous arrangeons avec le chef du camp ITMC pour laisser le matos non nécessaire moyennant 350 som.
Je vais aux toilettes. Mon transit n'est pas au top, malgré les anti-diarrhéiques. C'est très mou mais pas liquide. Pauvre Bonni, lui il a la chiasse depuis qu'on a quitté Osh.
D'ici, on aperçoit la trace qui monte au camp2. Elle monte sec sur le glacier puis vire à droite au-dessus d'un chaos de séracs. Ça donne la chair de poule. Il vaut mieux ne pas dévisser!
Hier, on entendait un grand fracas. Bonni nous expliquait que les effondrements de pierres et de séracs sont fréquents sur un glacier et qu'il en a souvent entendu en Patagonie. Ça aussi, ça file la chair de poule. Il faut partir du camp 1 très tôt pour éviter les avalanches et le soleil qui tape fort. Maximum 4h d'après un guide. Il faudra aussi passer tôt entre le camp 2 et 1 à la redescente.
Mercredi 25 juillet
Réveil 3h, j'ai pas trop dormi, j'avais milles pensées : l’ascension, les avalanches, mes pieds, Élo, mon appart. Le mal de tête est quasi inexistant. Après le rituel du matin, on est prêt à 4h. Il y a déjà des frontales devant nous et d'autres qui arrivent. Notre rythme est correct. Nous arrivons au campement le plus avancé du camp 1. Une odeur de fumée sort des yourtes. Ça me rappelle la tourbe en Irlande. À mon avis, ils font surtout brûler du fumier sec. Jordan nous dirige avec sa frontale qui éclaire super bien. Il repère les petits drapeaux qui servent de balisage. Heureusement car je suis trop fatigué pour m'occuper de l'itinéraire. Suivre me va bien. Au trois quart de la moraine, nous faisons une pause, Bonni doit faire caca et je sens que le mal de tête revient. Je demande un Diamox à Jordan. Quelques temps plus tard, on attaque le glacier qui monte doucement. Quelques groupes sont franchement bien avancés. On discerne clairement leur frontale sur cette face raide tandis que des premières lueurs du jour nous donne un peu de visibilité. Peu de temps après, on se décide à s'encorder. Effectivement, des crevasses peu larges mais bien profondes passent sous nos pieds. La pente se raidit de plus en plus jusqu'à arriver à des cordes fixes. Jordan passe sur la coté et commence à monter sec. Dans notre cordée, Jordan sera le premier car estimé le plus expérimenté, Bonni le second et moi le dernier. Je me demande pourquoi Jordan ne suit pas la trace où il y a tout le monde mais je suis, pas le choix. C'est parfois tellement raide que je préfère planter la pioche de mon piolet. Je ferai deux fois la remarque que doubler les gens ne me convient pas. Je ne serai pas entendu, ou plutôt pas écouté. Arrivé en haut de ces cordes fixes, il y a une large crevasse à passer. 2m50 peut être à vue d'œil. Une échelle a été placée pour l'occasion. C'est une ambiance spéciale. Nous continuons notre ascension, en passant des crevasses plus ou moins modestes. Mes maux de tête reviennent de plus belles. Notre rythme ralentit. Chaque pas devient pénible pour moi. Ça y est, je n'ai plus le moral. Physiquement, je suis déjà à bout, nous ne sommes même pas à la moitié. J'avance. Je me plains de temps à autres. Je demande des pauses. Je vois au loin une cordée descendre. Je me dis que c'est ma porte de sortie. Je redescends avec eux et basta. Nous nous questionnons, réfléchissons aux options, à la distance parcourue, à la distance à parcourir. La cordée passe. Il est trop tard. Peu de temps à près, je craquerais, versant quelques larmes mais je continue à marcher. Je suis épuisé, chaque pas fait monter mon cardio. J'inspire en montant les bâtons et j'expire en avance une jambe. C'est long mais si je fais autrement, mon cœur s'emballe. Les gars m'informent qu'on est au-dessus du niveau du mont blanc. C’était censé me réjouir? Je me dis dans ma tête "à peine!" Je fais les calculs. On est qu'à la moitié en terme de dénivelé. 500m de dénivelé positif à avaler encore. Les autres cordées nous ont bien devancées. C’était bien la peine de s’épuiser à les doubler… Il ne reste à notre vue qu'un couple qui a l'air de bien galérer et un homme seul chargé comme une mule. Nous alternons entre pause et marche. Plus le temps passe, plus j'ai l'impression que c'est Florian qui me tracte. Ce n'est d'ailleurs pas qu'une impression.
Il est maintenant objectivement mieux de souffrir et de monter que de redescendre tout le glacier crevassé. Bientôt midi et nous n'avons pas fini ce raidillon. Le soleil tabassant vient s'ajouter à tout ça. C'est un calvaire pour moi. J'essaye de me plaindre au minimum et de réclamer le moins de pauses possibles. Je somnole en marchant. Je ferme les yeux 3 secondes et les ouvrent rapidement. Je les garde plus longtemps fermés lorsque je suis persuadé qu'il n'y a pas de crevasse à enjamber. Je fais des calculs pour occuper mon esprit. Nous avons 30m de corde, si j'ai 3 m en anneaux de buste, Jordan pareil, et Bonni est à exactement demi distance, alors, (30-2x3)/2, il est à 12m de moi. Je ferai la même chose pour 4; 5 et 6m d'anneaux. Chanter occupe également mon esprit. Une longue chanson peut me faire oublier la douleur pendant 5 min. Éloïse occupe beaucoup mon esprit. Cependant, c'est à double tranchant. Imaginer des projets à deux, faire des calculs pour l'appart aident à passer le temps. Vouloir l'avoir dans mes bras, entendre sa voix sont quant à eux des pensées douloureuses car inaccessibles pour le moment. Éloïse sera toujours avec moi, en photo, près de mon cœur, dans la poche haute de ma polaire technique. Ça me paraît tellement niais et irrationnel mais ça me fait tellement de bien de la savoir contre moi (en quelque sorte). Il doit être 13h lorsqu’on achève la pente raide. On arrive maintenant sur un iso-niveau qui relie au camp 2. Il est maintenant visible. Cette partie est particulièrement exposée aux avalanches. Je n'aime pas ça. Je ne fais aucun commentaire, je n'en ai ni l'envie, ni la force, juste trône un "faut pas trainer" dans ma tête. Tout le monde est exténué mais trouve le courage d'avancer plus vite. Nous ne parlons plus. Nous ferons une pause juste avant une ancienne coulée. Puis nous repartons rapidement. Je n'aime pas être là. Le seul endroit vraiment non exposé maintenant est le camp 2. Demandant de ralentir le rythme, je finis par aller devant et carrément imposer mon allure aux autres. Nous arrivons dans les 15h, après quelques pauses. On se jette sur le premier emplacement plat, il devait y avoir une tente 2 places avant. On missionne Jordan qui est celui avec le plus de force encore. Il ira chercher de l'eau. À priori, une source coule entre 2 falaises glacées. Avec Bonni, nous nivelons et dégageons la neige pour notre tente 3 places. Après une seule pelletée, je suis exténué. Bonni commence et me dit la même chose. On s’essaye à être efficace tant l'envie d'être dans la tente est grande. Nous ne demanderons pas notre reste, le souper puis dodo.
Jeudi 26 juillet
Je me réveille en pleine nuit. J’ai l'impression que mon crâne va exploser, c'est insoutenable. Je saisis ma frontale et me met à la recherche de la trousse à pharmacie. Vite une aspirine. Je réveille Bonni et Jordan avec mes agitations. Il me semble que c'est Jordan qui me donne une aspirine. Je suis à genou, recroquevillé, le front contre le matelas froid, tel un musulman priant. Je pleure. Bonni me dit que demain, on redescend, tous. Ces mots me soulagent. Je m'apaise peu à peu malgré le mal de tête puis me rendort. Au réveil, les maux sont encore là, la fatigue aussi. On se prépare pour la redescente. L'idée de départ était une nuit au C2, une nuit au C3 pour redescente. J'ai gâché la possibilité aux gars d'aller s'acclimater au camp 3. Hier, ils discutaient le fait d'y aller en aller-retour. Dans tous les cas, je n'étais pas de la partie.
La météo est très instable. Il neige parfois, souvent l'ensemble du relief est dans un épaisse brume blanche et froide et rarement, des éclaircis font leur apparition. Nous n'allons pas souffrir de la chaleur. Nous reprenons la routine matinale: Faire bouillir de l'eau pour du thé et le petit déj (un mélange muesli, baie de goji, pignons, amandes et noix dont tout le monde en a vraiment marre).
Pour cette journée, je suis le premier de cordée. Nous marchons d'un pas assuré, plus rapide que la veille jusqu'au raidillon. Je ne m'arrêterai qu'une fois à l'abri des pentes potentiellement avalancheuses. Nous commençons la pente raide en descente. C'est nettement moins fatiguant qu'à monter. Je prends du plaisir à voir les paysages. Plus on descend, moins j'ai mal à la tête. Je suis vraiment dans la joie pour la première fois de l'aventure. De bonnes heures plus tard, nous arriverons au camp1. Les dernières montées furent difficiles, je sais que je suis encore dans un état de fatigue générale avancée mais je suis content d'être revenu là. Je fonce aux toilettes, je n'y suis pas allé depuis 2 jours. Jordan installe la tente au même emplacement tandis que Bonni prend de l'eau de ruisseau sur le glacier.
Le soir, nous mangerons du riz 3 min avec une sauce à l'oseille. Excellent. L'appétit est revenu. La petite soupe chaude Roysco me ravit également. Maintenant, le plan d'acclimatation consisterait en 1 ou 2 nuits au Yuhin peak, un 5100 à côté. Je ne sais pas si je serai en état. À voir.
Vendredi 27 juillet
Il est 7h50. Je suis réveillé par des agitations. J'ai bien dormi. J'ai un léger mal de tête mais c'est vraiment léger par rapport à ce que j'ai pu endurer. Dehors, tout est blanc et ça continue de tomber. C'est peut-être de la pluie maintenant. Je ne sais pas. Ça souffle par rafale. La toile intérieure a un peu pris l'eau et mon duvet et mouillé sur l'extérieur. C'est sûrement dû au combo météo humide et condensation.
Je suis encore indécis sur ce que je vais faire. Si ça ne se calme pas, j'espère qu'ils voudront rester ici se reposer. S'ils font le Yuhin peak, je retournerai à la civilisation. Si le ciel est vraiment bleu alors éventuellement je monterai avec eux. Tout le monde se réveille, on discute. Il a apparemment neigé beaucoup et toute la nuit. Les gars ont frappé sur la toile pour faire tomber la neige en pleine nuit. Je n'ai rien entendu. Ça veut dire que j'ai vraiment bien dormi. On discute rapidement de la journée. Dehors, météo exécrable, journée blanche, repos. On se rendort. On réouvre les yeux vers 10h30 et commençons à s'activer. On s'accorde des lyophilisés différents pour le petit-déj. Qu'est-ce que c'est plaisant de ne pas manger ce mélange de fruits secs. Fondue au chocolat pour ma part. Peut-être qu'en dehors de la montagne, ce lyophilisé doit être dégoutant mais ici et à cet instant, c'est un régal. Je me propose à aller chercher des rations de bouffe et le jeu de carte à la yourte ITMC où nous avons laissé nos affaires. J'en profite pour aller aux toilettes. Je rentre dans la yourte et commence à réorganiser les sacs laissés. Je veux avoir mes affaires séparées si je dois quitter les deux compères. Pour ne pas changer, Jordan a éparpillé ses affaires un peu de partout. Je fais connaissance avec un Polonais et nous partageons nos péripéties. Il me dit qu'une nuit au Yuhin est une bonne idée et qu'on peut y monter malgré la météo. Entre temps, le guide rencontré au base camp était entré et confirme. Une grande motivation m'envahit, je récupère deux trois bricoles et fonce vers la tente partager les infos avec les amis. Une fois fait, on est tous d'accord, on part pour une nuit au Yuhin. Je suis tout excité. Une flatulence m'oblige à aller changer de boxer, il faut que je retourne à la yourte ITMC pour prendre mon seul change. Je passe d'abord aux toilettes et décide de rester avec collant plus pantalon d'alpi. C'est trop contraignant de déchausser ces Spantiks(chaussures d'alpi doublées). Une fois le boxer récupéré, je retourne à la tente. Nous nous préparons, plions puis partons. Il neigeote. La visibilité et faible mais acceptable. Ce n'est pas un plein brouillard dans lequel il est impossible de se diriger. Nous montons à une allure beaucoup plus raisonnable que d'habitude. (À la limite d'une marche lente dans les Pyrénées). Jordan est en pleine forme. Il pourrait aller 3 fois plus vite que nous. C'est tantôt rageant, tantôt démotivant et parfois juste agréable de savoir de quoi il est capable. Nous arrivons sur un sommet relativement plat à 4710. Je suis vraiment heureux. Première journée d'ascension avec du plaisir. "La montagne, c'est deux mots, plaisir et sécurité", c'est un adage que j'ai adopté mais que je n’avais pas vraiment eu l'occasion de pratiquer au Kirghizstan. Nous marchons sur un replat sur moins d'1 km puis nous attaquons la pente finale. 350 m de D+ pour 500m linéaire. Ça monte fort. Nous faisons de grand lacées. Je peine. Les gars me prennent du poids. Bonni à l'air de ramer aussi mais il porte pas mal de poids, comme d'habitude. Jordan lui, encore plein de ressources, progresse rapidement. Le temps tourne à la tempête. Les rafales de vent sont fortes. La neige fouette mes habits. Je souhaite me couvrir l'ensemble bouche-nez avec mon tour de cou mais la condensation de la respiration atterri sur mes lunettes. À nouveau la fatigue et le mal de tête s'installent et ça devient de plus en plus dur d'avancer. Les minutes sont longues. Mes doigts deviennent froids. Je commence à maudire ces gants. J’arrive presque au niveau de Jordan qui repart rapidement sans discuter. Je rêvais d’une pause. Je lui lance un « au-revoir ». Il y répond et repart de plus belle. Plus on avance, plus je suis fatigué et plus j'ai froid. La tempête ne se calme pas. Cette fois-ci, je m’impose. Je réclame une pause à l'abri du vent. Jordan se pose derrière un maigre amas rocheux, puis Bonni puis moi, une bonne dizaine de minutes plus tard. J'ai froid. J'ai du mal à sentir mes doigts et à tenir les bâtons. Bonni me sortira quelques phrases réconfortantes et encourageantes comme il en a l'habitude. Il m'aidera à sortir mes gants polaires et les moufles. Je chausse les crampons et sort mon piolet. Déjà mes doigts se sont réchauffés. Je suis épuisé mais sentir mon corps se réchauffer m'épanouit. Jordan reprend rapidement. Bonni ne le lâchera plus, faisant la trace devant moi et m'encourageant. Je ne sais pas s'il sait à quel point je lui suis reconnaissant. Jordan revient sans sac, il a trouvé l'emplacement de tente près du sommet. Il me prend le sac puis remonte. Il est si rapide. Quelques minutes plus tard, je le vois commencer à monter la tente. Le bonheur m'envahit. Bonni me crie: " allez, plus que 2 virages". Je suis mal et heureux à la fois. L'endorphine, la sérotonine et les conneries comme ça sûrement. J'enlace les 2 compères. Ils me repoussent au-delà de mes limites. Finalement, nous n'avons pas été si lents, 6h au lieu de 4. Par contre, les deux dernières ont composé la pente sommitale et m'ont paru interminables.
Samedi 28 juillet
3h du matin, j'entends des murmures autour de moi. J'enlève les bouchons d'oreille. Les gars discutent de la météo. La montre de Bonni vient de déclencher une alerte tempête car la pression est tombée. Après un petit débat, nous décidons de plier le camp et de descendre. Nous sommes un point métallique exposé à la foudre en hauteur. Il ne vaut mieux pas jouer avec les probabilités. Sur le replat à 4800m d'altitude, il n'y aura pas de sanglier pour nous embêter! Nous sommes fatigués mais redescendons à la frontale. Il y a bien 20cm de peuf. Jordan fait la trace. Nous le suivons, un piolet d'un côté, bâton de l'autre. C'est quand même raide, il faut rester vigilant et pouvoir enrayer la chute. Nous descendons rapidement. Une grosse heure après, nous sommes sur le replat et commençons à poser la tente. Bonni fait un commentaire pertinent. "C'est pas raide la pente à côté". Je plussois et je sais où il veut en venir. J'analyse. La pente est quand même éloignée, de plus, elle était vierge de neige auparavant et vient de recevoir une couche de poudreuse. Celle-ci a un fort pouvoir de cohésion avec le sol. Il est très peu probable que cette poudreuse s'effondre. Selon l'avenir de cette première couche, le prochain épisode neigeux, quand à lui, pourra être dangereux. Je ne conclue que le risque d'avalanche et très peu probable mais pas impossible. On décide d'aller plus loin. Jordan est énervé, fatigué. On monte la tente et on file dedans. Il est 5h environ et les premières lueurs du jour ont fait leur apparition. Entre mes mains et ma doudoune, je réchauffe une barre congelée pour Jordan. Il me parait faiblard. Nous partagerons la moitié avant de s'endormir.
10h50 nous ouvrons les yeux. Grand beau temps. Je mets la moitié de mon corps à l'extérieur, couché sur mon sac. Le paysage est magnifique. Je fais la vaisselle avec la neige fraîche. Et nous déjeunons. Je picore à peine le mélange muesli de fruits secs. Cette fois ci, on y met pas d'eau. On garde nos bols pour le thé dont on se gavera. On fainéantera ainsi jusqu'au milieu d'après-midi. (Discussion, sieste, tarot, écriture, etc...).
On redescendra rapidement également. Nous irons au camp le plus au sud pour prendre les infos météo, puis à la yourte ITMC pour faire le tri des affaires. Ça me fait vraiment bizarre. Ça y est, c'est officiel, j'abandonne. J'aimerai tellement tenté le Lénine. Je suis à la fois déçu de cet échec et à la fois heureux de retourner à la civilisation. Je rêve de bon repas. Les feuilletés à la viande que Jordan m'a fait goûter sur Osh envahissent mon esprit. Hum. De toute façon, faut que je me force à être rationnel:
-Les probabilités que je marche jusqu'au camp 2 sans m'épuiser physiquement sont faibles.
-Les probabilités que je marche jusqu'au camp 3 sans problème d'acclimatation, notamment maux de tête sont faibles.
Si dans une de ces 2 étapes, je ne suis pas à la hauteur, c'est l'échec assuré pour tout le groupe. C'est sans compter les éléments météo, températures, sommeil, alimentation, digestion et problème à mes pieds qui peuvent également influer sur mon état physique. Je ne l'ai que trop bien appris. J'ai eu ma dose. J'espère que les copains réussiront.
Dimanche 29 juillet
Dernier jour avec les gars. J'ai mal dormi. J'ai eu chaud mais j'ai eu la flemme d'enlever la doudoune... Puis je l'ai enlevé. Ensuite, j'ai eu froid mais j'ai eu la flemme de remettre la doudoune... Puis je l'ai remise. J'ai pas mal cogité. J'aurais tellement voulu réussir cette ascension. "Un 7000 facile" à ce qu'on avait pu lire sur internet. Mais quand on parle ici, personne ne dit qu'il est facile. Une journée de marche en plein soleil sur un glacier, ça épuise! Cette même journée de marche dans une tempête de neige, ça épuise aussi. La météo idéale n'existe pas. On ne la choisit pas. " Bonjour, je souhaiterai des nuages clairs mais très hauts pour ne pas progresser dedans, côté vent, je souhaiterai 5km/h sauf pendant nos pauses. Je prendrai à emporter. Merci"
Je ne sais pas encore comment va se passer la journée. J'espère trouver un cheval pour me ramener jusqu'au base camp voir jusqu'à Sary Moghol. Normalement, il fait soleil les 2 prochains jours donc je peux toujours bivouaquer à l'arrache sans prendre la pluie. Ensuite, j'espère pouvoir rallier Osh en stop. J'ai 8500 som sur moi mais je vais essayer d'en dépenser le moins possible. « Au-revoir les copains, soyez prudents »
Nous sommes le 19 avril 2019. Je reprends le journal. Les souvenirs ne seront pas aussi précis. Peu importe, j’ai l’envie de raconter la suite. De vous raconter la suite.
Donc j’ai quitté Florian et Jordan au bout du camp 1 et j’ai marché jusqu’à la yourte ITMC. J’ai le cœur à la fois lourd et heureux. Je marche dans la neige, seul, admiratif du paysage, léger comme un oiseau. Je n’ai que mes affaires pour la nuit passée et quelques babioles à la main. Déjà aux loin, je peux apercevoir des chevaux se rapprocher. 2 kirghizes avec chacun 2 chevaux. Ils avancent d’un pas lent mais assuré dans ce désert blanc.
Nous nous rapprochons les uns des autres. Je les interpelle bien que je sais que je ne rentrerai pas avec eux. Ils ne vont pas dans ma direction. Après quelques échanges approximatifs, je reprends ma route. Le campement ITMC semble animé, des gens arrivent, d’autres partent, d’autres se préparent. Une personne me salue et nous échangeons quelques phrases. Nous comprenons rapidement que nous sommes tous les deux Français. C’est un breton. Fin, élancé, il a la carrure et le style d’un trailer. Nous continuons la conversation dans notre langue maternelle. Il m’explique qu’il remonte au camp 3. Ses propos sont entrecoupés de rires nerveux. Puis là, il m’apprend que « deux copains à lui viennent d’être soufflés ». Je ne comprends pas, « soufflés ? ». « Oui, emportés, dans une avalanche ». Je ne me rappelle plus des mots exacts mais sa façon de parler était étonnamment sereine et à la fois alertante. Je suis assommé par cette nouvelle. Un sentiment de peur pour mes copains m’envahit. Vais-je les prévenir ? Seront ils évaluer les risques d'avalanche? Vont ils se mettrent en danger. Apparemment, l'incident serait arrivé entre le camp 3 et le camp 2. Les 2 alpinistes, à la descente, ce seraient éloignés de la trace, perdu dans un brouillard de neige. Trop à l'Ouest, la face entière se serait décrochée, ne leur laissant alors aucune chance. Quel drame.
Je termine la conversation avec le breton. Il s'apprête à monter au camp 3. Quel courage ou quelle folie! Son état psychologique a du en prendre un sacré coup et je comprends mieux ses ricanements nerveux. Cependant il reste déterminé.
Je prends un moment de réflexion. Les copains seront certainement avertis et ils sauront prendre les bonnes décisions. Je m'en convaincs et rentre dans la yourte rassembler mes affaires. Je pacque tout ce que je dois redescendre et m'empresse de sortir dans l'espoir de voir des porteurs. Le temps passe est un cavalier arrive. On échange difficilement. Il ne semble pas parler un mot d'Anglais. Nous arrivons à conclure le trajet jusqu’au camp de base pour 700 soms. Il m'indique qu'il se restaure et que l'on part. J'acquiesce et l'attend. Le guide Polonais sort de la yourte et je discute avec lui et là surprise, j'apprends qu'il n'est pas guide mais simple touriste! Il retourne à ses occupations rapidement et l'on se dit au-revoir. J'ai faim mais j'ai l'estomac noué par cette histoire d'avalanche. Un quart d'heure plus tard, il ressort de la tente et nous rediscutons argent. Nous nous sommes mal compris, il veut 7000 soms. Je négocie mais refuserait à 3500. Je commence à partir à pied. Il me fait comprendre qu'il peut descendre à 3000. Je rejette son offre. 2500, je m'entête et refuse. Je continue ma route. Il semble en demander 2000 mais j'ai pris ma décision, je ne partirai pas avec lui. J'entame ma route à pied et entame la douce montée pour quitter les campements. Je marche sans fatigue . C'est une belle sensation. Une dizaine de minutes plus tard. Des cavaliers me rattrapent d'un pas lent. 3 chevaux pour 4 Kirghizes. Je leur fait comprendre que je veux aller au camp de base et leur tend 1000 soms. Ils m'en demande 500 de plus puis m'embarquent. Ce sont des gamins. 2 d'entre eux doivent avoir à peine 15 ans. Le plus âgé peut être 25 ans. Ils me regardent comme une bête curieuse et j'ai même l'impression qu'ils se foutent un peu de ma gueule. “Encore un con d'Occidental qui n'a que ça à faire que dépenser son argent pour aller en haute-montagne” doivent ils se dire. Les paysages sont somptueux. La neige est beaucoup plus basse qu'à aller. L'effort beaucoup moindre. On avance bien. Les chevaux sont d'une stabilité et d'une force déconcertantes Toujours 3 sabots au sol. Ils sont chargés “comme une mule” comme on dit. Un gros cabas d'un côté, une bouteille de gaz de l'autre, les reliefs rougeâtres s'invitent à nouveau à notre vue. Bientôt nous traversons la forte pente glissante de caillasses jaunes et de terre. Elle nous avait impressionné à l'aller. Nous la passons rapidement et sans encombre. Si je me débrouille bien, je suis à Osh pour 19h. J'ai parlé trop vite. Peu de temps après, le convoi s'arrête. Les Kirghizes me font comprendre que je dois descendre. Je tente de discuter. Je reste sur mon cheval. On est encore loin du col. C'est pas juste. Je m'adresse au plus âgé. “You said Base Camp Ok”. Rien à faire, ils ne veulent plus bouger. Leur seule réponse est “finish”. Je suis énervé mais je descends. Ça ne sert à rien de perdre du temps. Ils me laissent et repartent au pas. Je me remets en route à une allure rapide. En peu de temps, les chevaux me distancent tout de même. Pas grave, je relativise et admire le paysage. La météo semble tourner. Les nuages s'obscurcissent. J'arrive au pied du col et commence sa pénible ascension. Un groupe d'une demi-douzaine de personnes (des occidentaux) se sont installés sur un replat de l'autre côté du talweg, en contrebas. Ils ont l'air de passer un bon moment en bavardant. Il n'y a pour le moment qu'une seule tente et ils ne semblent pas préoccupés par leur bivouac. J'hésite un court instant à les rejoindre et demander l'hospice sous leur tente mais je poursuis la montée. Je prends un rythme rapide faisant monter mon palpitant. Il se met à neigeoter puis le vent vient vite compléter l'histoire. Au col, j'aperçois un cheval blanc et son cavalier. Un kirghize. Cela me donne encore plus de motivation, je le rejoins. L'animal est beau, fort, ses cuisses sont puissantes. Je prends quelque photos avec leurs coopérations. Je discute avec le Kirghize et négocie un retour au base camp pour 500 som. Je lui demande son prénom. “Koni”. Bon sang, je ne l'ai pas reconnu. C’est la personne avec qui j'ai refusé de monter au camp 1. Quelle ironie!
Le froid a envahi l'atmosphère alors je m'attelle à mettre tous les vêtements contre les intempéries. Je monte à l’avant tandis que Koni se tient à l’arrière et nous entamons la descente du col, au pas. La pente rouge se couvre d’un léger drap blanc qui fond rapidement puis revient, et ainsi de suite. Nous redescendons vers la vallée dans la bonne humeur. La communication n’est pas facile mais on rigole bien tout de même. Il voudrait que je lui donne mes gants d’alpi. Je lui propose plutôt mes gants polaires qui sont bas-de-gamme mais il les refuse Deux petites heures plus tard, nous arrivons au camp de base. Je souhaiterais qu’il m’amène jusqu’au lac voire jusqu’à la route. De ce que je comprends, il propose que l’on fasse cela demain et que je paye un hébergement dans une yourte.
Nous nous arrêtons dans ce qui semble être chez lui. La maisonnette est faite de tôles et de planches de bois. Autour d'elle, des fils de fer délimitent une petite parcelle dans laquelle se gambadent quelques poules. La famille de Konni est là. Une jeune femme de la trentaine et une enfant en bas âge. Ils sont tous trois souriants et paraissent proches et unis. Leur vie doit être rude. Je ne souhaite pas m'imposer et puisqu'ils ne parlent pas Anglais, je leur fait comprendre que je reprends ma route. Remerciant une nouvelle fois Konni, je commence à m'éloigner. Je traverse des ruisseaux dans lesquels vaches et taureaux s'abreuvent paisiblement. Le temps est menaçant et plusieurs options trottent dans ma tête: Partir à la recherche d'une cave ou d'une grotte pour bivouaquer, trouver un véhicule pour m'amener jusqu'à Osh, essayer d’atteindre le premier village à pied et bivouaquer si besoin. Je décide de me rendre dans le campement IMCT pour me renseigner. Je suis aidé par un jeune Kirghize.
21h, je me suis débrouillé et embarque dans un minibus pour Osh. Je fais la rencontre d'un Polonais et d'un Danois qui redescente dans la vallée pour s'acclimater. Ils viennent du camp 3 et tenteront le sommet dans quelques jours. Leur peau blanche a été brûlée par le soleil et leur visage est craquelé, laissant apparaître sous l'épiderme un rouge clair. Les joues du Polonais sont sérieusement pelées.
Une dernière personne embarque dans le bus. C'est un vieillard avec un sac de rando. Une fois installé, nous démarrons. La piste ne ressemble en rien en une route. C'est simplement une partie nivelée par le passage des véhicules, des animaux et des gens. Le chauffeur semble à l'aise sur ce terrain et ne voit même pas d’inconvénient à traverser des cours d'eau peu profond.
La route va être longue et la compagnie des 2 alpinistes Européens est agréable. Nous parlons montagne, grimpe, matos, expérience, etc. Ils concluent que mon échec est dû à un mauvais programme d'acclimatation.
Pendant le trajet, les 2 compères réalisent quelques choses. La personne âgée assise dans le bus n’est d’autre que Boris Korshunov, un célèbre alpiniste soviet qui a été récompensé neuf fois du titre de Léopard des neiges (réussite des cinq 7000 de l’ex-URSS). Dit donc, déjà que je n’ai pas réussi le plus facile des cinq, je n’arrive pas aux chevilles de ce petit vieux qui ne paye pas de mine.
Le trajet passe finalement rapidement, je somnole parfois. Le Danois parle beaucoup, peut-être un peu trop même.
Lundi 30 juillet
Nous sommes arrivés. Le Polonais, le Danois et moi-même nous dirigeons vers l’auberge de jeunesse qu’ils apprécient. Après une quinzaine de minutes de marche, nous arrivons. Le gérant nous reçoit et nous explique qu’il est complet. Il peut nous proposer une solution de secours en mettant des tapis et des draps sur la terrasse, à l’emplacement des tables Kirghizes. Au vue de notre fatigue, nous acceptons sans problème. Après la nuit, j’irai récupérer les affaires à Konok Hostel, notre première auberge. Je m’empresse de récupérer le Wi-Fi afin de donner des nouvelles à Eloise. Avec mes deux nouveaux compagnons, nous décidons d’aller manger. A cette heure tardive, pour ne pas dire matinale, les restaurants commencent à fermer. Affamés, nous nous rabattons sur un fast-food. Après plus d’une semaine de repas lyophilisés et de graines, ce sont les meilleurs wraps et meilleures frites du monde. Un supermarché encore ouvert permet de m’offrir quelques gourmandises ainsi que shampoing et savon. Étonnamment, la douche ne me manque pas tant que ça. Peut-être je me suis habitué à ma crasse. Peut-être que dans nos vies de tous les jours, on se lave bien plus que nécessaire.
De retour à l’auberge, je profite de vraies chiottes. C’est vraiment agréable d’être posé sur un trône, sans l’odeur nauséabonde d’un toilette sauvage, sans avoir les fesses frôlant la neige et gelées par le vent. Ensuite la douche et finalement, ça fait énormément de bien. L’eau chaude dans le dos, le nettoyage minutieux du visage, des cheveux, des aisselles, etc. J’essaye de tenir mes pieds à l’écart du chaud. Je ne supporte plus aucune sensation de chaleur à ce niveau. Il est presque 3h du matin, “Los dientes, la mochila y a la cama”, comme on dit dans la famille. Maintenant que je suis propre et dans des draps, je me rends vraiment compte que c’est finit pour moi. L’échec résonne. J’ai échoué le Lénine et il n’y aura certainement pas de deuxième tentative.
Réveil à 6h30 car le personnel doit installer le petit-dej où l’on dort. Ça pique un peu!
Il fait déjà très chaud. Après un petit déjeuner très laborieux, je décide de prendre mes affaires pour me réinstaller à Konok hostel. Le Polonais et le Danois en sont. Nous partageons un taxi jusqu’à l’auberge.
Nous sommes installés dans la même chambre qu’au premier jour. Faute de lit, je m’installe sur le canapé. Ma petite taille me permet d’être confortablement installé sur le lit de fortune. Il y a des voyageurs de nationalité Italienne et Japonaise. Ils sont tous très sympathiques.
Je vais à la pharmacie d'à côté à la recherche de produits pour mes pieds. La communication avec la pharmacienne n'est pas facile. Dur dur de se faire comprendre avec des gestes. Une personne parlant Anglais essaye de m'aider. Son Anglais est plutôt bon. Quelle coïncidence, c’est un dermatologue. Il me propose de le consulter dans son cabinet juste derrière. J’accepte volontiers. La consultation me coûtera l’équivalent de 3$ et je ressortirai avec une ordonnance pour une crème antimycosique. Retour à la pharmacie pour la chercher puis retour à l’auberge.
Éloise est en plein déménagement, pas loin de 40° sur Toulouse. Outch! Je m’occupe de donner des nouvelles à mes proches et aux proches de mes compagnons de cordée. Je garderai pour moi l’évènement avalancheux qui s’est produit bien que je ne cesse d’y penser. Le retour en ville est synonyme de goinfrage. Avec mes nouveaux compagnons, nous arpentons les rues de Osh, grignotant à tout va les délicieux entremets frits vendus ça et là. Notre principale préoccupation est de trouver de bons restos. Nous parlons de tout et de rien: Montagne, Europe, Seconde guerre mondiale, Langue. Les différents points de vue sont intéressants.
Les jours suivants :
J’essaye de me soigner correctement les pieds. Je me balade avec le Polonais et le Danois dans Osh.
Je me suis rendu au CBT office, une agence touristique réputée qui propose des activités, des prestations et donne des conseils aux touristes. Plusieurs options de trekking s’offrent à moi.
Je choisis de me mettre en relation avec 3 Basques pour partir en rando avec eux. Un périple de 3 à 4 jours dans le Tien Shan (de Papan à Murdash: de beaux cols entre 3000m et 4000m d'altitude à passer).
Ces quelques jours de rando me changeront les esprits. Je pense forcément aux 2 copains et aux risques d’avalanche
Le lendemain, après un trajet rapide en taxi, départ rando, les Basques ont un rythme effréné. Je les suis, non sans mal. Les paysages s'enchaînent. Je suis sans tente alors lorsqu'il se met à pleuvoir la première nuit, je me réfugie dans une vieille cabane de berger. Elle sent fortement le crottin et fuit aux quatres coins. Je m'installe sur mon matelas en prenant soin de mettre une couverture de survie dessous, afin de ne pas trop le salir. A la fin du deuxième jour de marche, je me décide à me séparer des Basques pour redescendre dans la vallée. La route étant à 7km de mon point de départ, je descends gaiement.
Un paysan passant par là avec un vieux pickup m'offre une place à l'arrière. Sans un mot, juste avec des gestes, on se comprend. Arrivée à la route principale, je fais du stop pour Osh. La première voiture qui passe s'arrête. Voyage atypique avec, comme à l'accoutumé, un Kirghize fort sympathique qui ne parle pas un mot d’Anglais
De retour sur Osh, je retourne à l'auberge. Je trouve un plan CouchSurfing pour partir à l’arrache vers Djalalabad dès le lendemain. Je prends également un billet d’avion pour Bichkek pour dans 4 jours.
Cela dit, dans la nuit, à 3h du mat, j’ai le plaisir d’être réveillé par Jordan. Je sursaute, crie de peur et réveille la moitié de l’auberge de jeunesse, puis je le prends dans mes bras et le serre fort. "Et Bonni? "Je lui demande. "Il est dehors". Un sentiment de soulagement m'envahit.
La suite des aventures continuera à trois.
Nota: Mes amis sont montés au-dessus du C3 et ont posé la tente à 6300. Ils avaient 3 jours de vivre. La météo a été en leur défaveur et ils n’ont pas fait de tentative au sommet.
Lucas
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Commentaires

Joli récit, merci ! Ca change des discours triomphants des eternal winners qui pullulent sur le net…en plus tu sais raconter et pas juste poster des images…
Qu’ont fait tes collègues par la suite ? As-tu réussi à anticiper ton vol de retour ou en as-tu profité pour te balader dans ce magnifique pays ?
J’avais aussi fait le Lénine mais il y a bien longtemps, quoique la météo pourrie semble être restée la même !
Bonjour ce récit m’a fait fait de l’effet car j’étais là haut aussi en même temps l’été dernier…mais dans les conditions d’une expé commerciale donc plus de « confort »…J’ai été au camp 3, et seul un de mes coéquipiers a pu aller la haut. j’ai pu vérifier comme toi qu’un 7 000 facile c’est pas pour nous…
Effectivement de ton récit on a l’impression que vous êtes partis haut très vite et faire chemin du camp de base au camp 1 en autonomie a du du vraiment vous user. Mais bravo pour ton courage

Bonjour à vous deux @BertrandCH @andremeu ,
Merci pour ces mots. Je ne les avais pas vu avant aujourd’hui.
Je vais prendre le temps de lire vos sorties.
Mes amis sont montés au dessus du C3 et ont posé la tente à 6300. Ils avaient 3 jours de vivre. La météo ont été en leur défaveur et ils n’ont pas fait de tentative au sommet.
En attendant, j’ai essayé de soigner mes pieds. J’ai rencontré des Basques sur Osh et j’ai fait une rando dans le secteur de 3 jours avec eux. (Papan to Murdash). De beaux cols entre 3000 et 4000 à passer. Ca m’a un peu changé les esprits. (Je pensais forcément aux 2 copains et aux risques d’avalanche!)
Ensuite, de retour sur Osh, j’ai décidé de partir à l’arrache vers Djalalabad dès le lendemain et j’ai pris un billet pour Bichkek pour 4 jours plus tard.
Cela dit, dans la nuit, à 3h du mat, j’ai eu le plaisir d’être réveillé par un des 2 copains. Après avoir sursauté, crié de peur et réveillé la moitié de l’auberge de jeunesse, je l’ai pris dans mes bras.
La suite des aventures continua à trois
Je compte l’écrire mais je n’ai pas trouvé la motivation
Je suis content d’avoir écrit quasiment au jour le jour car en essayant de reprendre, je me rends compte que les souvenirs s’estompent.
Malgré la pénibilité, ce sont des souvenirs forts. On a tenté le style alpin, entre amis, c’était fort.