Suivez le positionnement des gypaètes barbus des Alpes et signalez vos observations en remplissant la fiche d’observation
Un territoire en dessous des sommets
Les Gypaètes vivent généralement en couple dans un territoire fixe au-dessus de la limite supérieure de la forêt. Ce territoire est défendu avec détermination contre toute intrusion d'un congénère. Mais face à d'autres espèces telles que l'aigle, ils se comportent toutefois de manière assez pacifique. Les couples de Gypaètes créent généralement plusieurs aires sur leur territoire, situées dans des niches de falaises inaccessibles et protégées contre les intempéries. En automne, on peut observer les oiseaux en train de construire ou d'aménager leurs nids. Ceux-ci se composent de branches, d'herbes, de laine de mouton et de poils d'origine animale.
Ils couvent en plein hiver
Les gypaètes femelles pondent entre décembre et février. Généralement deux œufs sont pondus à 4 ou 5 jours d'intervalle, dans un nid bien rembourré. Après une durée de couvaison de 53 à 60 jours les deux jeunes éclosent, mais un seul sera élevé. Comme le premier éclos se comporte de manière agressive par rapport au plus jeune et qu'il l'écarte de la nourriture, celui-ci meurt peu de temps après. Ainsi donc le second œuf constitue une réserve biologique lorsque le premier né est malingre ou meurt après l'éclosion. Tant pour l'incubation que pour l'élevage du jeune, le mâle et la femelle se relayent. Cette période de reproduction si inhabituelle permet une offre alimentaire particulièrement riche durant l'élevage des jeunes : au printemps, à la fonte des neiges, les parents trouvent énormément d'animaux sauvages morts durant l'hiver ou accidentés dans les avalanches.
De la boue rouge comme fard
Le plumage du poitrail, du ventre et de la tête est normalement blanc chez le gypaète adulte. Mais chez les gypaètes vivant en liberté, il est coloré d'un rouge orangé vif. Cette coloration provient de la particularité du gypaète à se baigner dans de la boue rouge (oxyde de fer). Même les oiseaux immatures font déjà preuve de ce comportement intéressant. Mais chez eux le "fard" n'est pas visible en raison de la couleur foncée de leur plumage. De manière générale, les gypaètes sont très propres et aiment bien se baigner dans l'eau.
Des os comme nourriture principale
Près de 80% de la nourriture du Gypaète est faite d'os et de ligaments. Ceux-ci constituent une ressource alimentaire abondante qu'aucun autre animal ne lui conteste. A première vue, les os paraissent peu nourrissants, mais en fait ils contiennent autant d'éléments énergétiques que la viande. Seul le Gypaète, avec son appareil digestif particulièrement efficace, peut utiliser les éléments nutritifs de cet aliment.
Il laisse tomber les os les plus gros d'une hauteur de 50 à 100 m sur un plan de falaise oblique ou un pierrier, de sorte que ceux-ci se brisent. Il mange alors les débris. Le Gypaète avale néanmoins d'une seule pièce des os allant jusqu'à la taille d'une vertèbre de mouton ou d'une patte de chamois.
Extermination
Le Gypaète vivait autrefois dans presque toutes les montagnes du S de l'Europe et dans les Alpes. Aucun rapace n'impressionnait autant les gens qui le rencontraient, comme en temoignent de nombreuses fables et légendes. Le Gypaète a été présenté sous la forme d'une bête féroce n'hésitant pas à enlever les enfants. La promesse de primes de capture et de destruction a conduit à une persécution de ces oiseaux. D'autres cas ont contribué également au recul des effectifs et à son éradication partielle : appâts empoisonnés, tirs à la demande de collections zoologiques et , dans certaines régions, disparition de ressources alimentaires.
Répartition en Europe autrefois et aujourd'hui
Jaune : population naturelle au 20°S (1985)
Vert : population historique (1800)
Dans les Alpes, c'est au cours du 19 ème siècle que le Gypaète fut exterminé. À l'W des Alpes, il a pu résister plus longtemps puisque l'on a tué le dernier Gypaète en 1913 dans le val d'Aoste. Aujourd'hui en Europe, le Gypaète existe encore à l'état naturel dans les Pyrénées, en Corse, sur l'île de Crète et en Grèce où quelques individus subsistent. L'effectif européen s'élève à une centaine de couples, cependant l'espèce reste fortement menacée.
Pour en savoir plus
Pour en savoir plus sur le gypaète barbu et les tentatives de réintroduction dans les Alpes :
- http://www.gypaete-barbu.com
- http://www.gyp-monitoring.com/
- http://www.wild.unizh.ch/bg/index_f.htm
- http://www.gypaete.ch/
Bibliographie
- Le Gypaète Barbu par L. Lérolle, Revue Alpine, Section Lyonnaise CAF, vol 6, 1900, no6, p. 157-172.
Commentaires
l’article est assez court mais très intéressant
par contre, l’auteur n’évoque pas les tentatives de réintroduction (avec des succès semble-t-il) qui
sont pratiquées dans plusieurs zones des alpes du nord.
ses réintroductions sont-elles marginales, ou finalement vouées à l’échec?
si vous avez des éléments
à ciao

J’ai ajouté des liens « Pour en savoir plus » qui se centrent spécialement en les tentatives de réintroduction.
Voyez que l’article est classé « collaboratif » et que tout membre disposant d’un compte camptocamp peut le modifier/enrichir… etc.

j’ai vu un gros rapace planer au-dessus du Brudelhorn (près de Geschinen, Haut-Valais) mercredi dernier. ça avait vraiment l’envergure d’un vautour mais il n’avait pas de coloration rousse sur le poitrail. Je me demance ce que c’était? Un jeune gypaète? y’en a dans le coin? Un vautour fauve ou moine? La queue était plutôt triangulaire (et « divisée » en deux! Blessure?). Un aigle royal, peut-être? dommage que j’avais pas mon gros zoom ou mes jumelles avec moi…
Dire que toutes ces belles espèces vont finir par disparaitre sous les coups de boutoir de la colonisation humaine…