Artif : Les points en Artif

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Catégories : technique
Type d'article : collaboratif (CC by-sa)

Point de progression ou point d'assurage

En escalade artificielle, le grimpeur place différents points lui permettant de gravir une longueur donnée. Ces points retiennent au minimum le poids de son corps. La différence entre point de progression et point d'assurance réside dans cette notion de « au minimum », mais aussi dans la nature même du point.

Le point d'assurage

Le point d'assurage est un point qui, par définition, permet au grimpeur de s'assurer dans la longueur qu'il parcourt. Il s'agit de scellements, de spits, de pitons ou coinceurs résistant à un choc important lié à une chute du premier de cordée.

En escalade artificielle, il peut arriver que soit laissé en place certains points d'assurage, notamment dans les voies classiques ou les écoles d'artif. Néanmoins, on parle usuellement de points de progression pour tous les points placés par le grimpeur. Il est en effet difficile de connaître leurs résistances lorsque l'on effectue une longueur.

Le point de progression

Le point de progression est un point qui, par définition, ne sert au grimpeur qu'à progresser dans sa longueur. En cas de chute, ce point ne résiste pas à l'effort qu'il subit.

Outre ces points « éjectables », on parle de points de progression pour tous les points qui sont ôtés à chaque pas d'artif : typiquement, les crochets à goutte d'eau.

Par point de progression, on entend donc : les crochets (cam hook compris), les copperheads, les plombs, les rurps ou birdbeak, les cales de bois, ainsi que tout piton ou coinceur (mécanique ou non) mal positionné ou pouvant s'extraire relativement facilement.

Agencement de plusieurs points

Dans ce type de couplage, il est important de bien identifier les points que l'on souhaite coupler. Il peut s'agir, par exemple :

  • De plusieurs cornières s'emboitant les unes dans les autres ;
  • De cornières mises de part et d'autre d'un piton en Z de type Leepers ;
  • D'un piton butant contre une cale de bois ;
  • D'un stopper martelé au sein d'une cornière ;
  • Ou plus « scary » encore ?

Bref, tous les agencements sont bons, du moment qu'ils permettent au grimpeur de progresser.

À noter qu'il est important de cravater chacun des points d'un couplage (de manière à ne pas les perdre) ainsi que le couplage lui-même pour y passer la corde d'assurage (de manière à faire travailler au mieux le couplage).

Placer un point

L'opération peut paraître si simple qu'elle ne nécessiterait pas de commentaires. Et pourtant ! Qui n'a jamais laissé échapper un piton alors qu'il tentait de le placer. Qui ne s'est pas déjà laissé avoir par la confiance excessive qu'il avait en un point qu'il venait de placer.
Une méthode simple existe et permet d'être plus efficace lors de sa progression.

Artif: placer un point
Artif: placer un point

Identifier où et quel point placer

Il s'agit dans un premier temps d'identifier où mettre un point et quel point y placer. Pour cela, le grimpeur veillera à monter au plus haut sur ses étriers de manière à élargir son champs de vision et ouvrir ses possibilités de progression.
En outre, il est souvent souhaitable de placer un point bras légèrement fléchis et buste collé à la paroi (fifi hook placé au plus près sur le dernier point), que bras et jambes tendus. En effet, le grimpeur s'économisera et placera plus rapidement le point suivant.

Artif: placer un point
Artif: placer un point

Vacher le point

Une fois l'emplacement et le type de point identifié, le grimpeur vachera ce dernier à une daisy chain reliée au pontet central de son baudrier. Le point, notamment s'il s'agit d'un piton, pourra être cravaté à l'aide d'une sangle fine ou d'une cordelette (communément appelé « cravate »). Cette précaution permettra au grimpeur de ne pas laisser échapper le point qu'il souhaite placer quelque soit ce qu'il survient : point précédant cédant sous son poids, rebondissement du piton au fond d'un trou, etc.

Artif: placer un point
Artif: placer un point

Placer le point et le fixer

Placer le point au niveau de l'emplacement précédemment repéré et le fixer. Le cravater si nécessaire (à noter que 80% des points sont en général cravatés) et s'il ne l'était pas aupravant, y placer un mousqueton simple.

Tester le point

Placer un ou deux étriers au niveau du mousqueton du point suivant (que l'on vient de fixer).
Se mettre sur le(s) étrier(s) du point suivant, tout en restant à hauteur du point précédent. Réaliser un "agressive testing", en sautillant sur le(s) étrier(s) fixé(s) sur le point à tester. Si le point résiste, passer à l'étape suivante. Sinon, retour à la case départ.
Bounce Testing en vidéo [en]

S'assurer sur le point précédent

Le grimpeur veillera alors à s'assurer sur le point précédent en y passant sa corde d'assurage.
Ce point peut être réalisé juste avant le paragraphe précédent, c'est-à-dire avant de tester le point, ou juste après le paragraphe suivant, c'est-à-dire, après être remonté sur les marches de son (ses) étrier(s).
Il est important toutefois de veiller à limiter la longueur de corde déployée, de manière à limiter la hauteur de la chute si l'un des points venait à céder. Seul ce principe importe. C'est donc la situation qui impose d'elle-même le moment où le grimpeur mousquetonne le point précédent.

Remonter sur le point suivant et se vacher

Le grimpeur peut alors remonter les marches de son (ses) étrier(s) et venir se vacher à l'aide d'un fifi hook, par exemple, sur le mousqueton du point qu'il vient de placer.
Utilisation de 2 étriers [en]

Vidéos

Toute la séquence en vidéo [en]
Remontée sur un point en place

Couplage de points

Par couplage, on entend l'une des deux techniques suivantes :

  • l'agencement de plusieurs points, le plus souvent des pitons, au sein d'un même emplacement, souvent trop large pour que l'un d'entre eux puisse y tenir seul.
  • la liaison de deux ou plusieurs points entre eux de manière à ce que la somme des ces points puissent soutenir le poids du grimpeur.

Agencement de plusieurs points

Dans ce type de couplage, il est important de bien identifier les points que l'on souhaite coupler. Il peut s'agir, par exemple :

  • De plusieurs cornières s'emboitant les unes dans les autres ;
  • De cornières mises de part et d'autre d'un piton en Z de type Leepers ;
  • D'un piton butant contre une cale de bois ;
  • D'un stopper martelé au sein d'une cornière ;
  • Ou plus « scary » encore ?

Bref, tous les agencements sont bons, du moment qu'ils permettent au grimpeur de progresser.

À noter qu'il est important de cravater chacun des points d'un couplage (de manière à ne pas les perdre) ainsi que le couplage lui-même pour y passer la corde d'assurage (de manière à faire travailler au mieux le couplage).

Liaison de points entre eux

Beaucoup moins courant en granite que le premier, ce type de couplage est tout de même assez fréquent en escalade calcaire.

Il s'agit de placer différents points à proximités des uns et des autres, chacun d'entre eux ne pouvant soutenir à lui seul le poids du grimpeur, et de les joindre de manière à les faire travailler en même temps. Il peut s'agir, par exemple :

  • De plusieurs plombs ou copperheads reliés entre eux ;
  • D'un piton et d'un stopper ;
  • Etc.

Pour les relier entre eux, le grimpeur pourra utiliser un anneau de cordelette ou plusieurs cravates dont il adaptera la taille.
Le nœud dit d'oreille de cocker peut être particulièrement utile dans ce cas, puisqu'il permet de relier jusqu'à 4 points (2 + 2) entre eux.

Se vacher sur un point de progression

Lors de sa progression le grimpeur se vache sur chacun de ses points, ce qui lui permet de se suspendre au plus près de ce dernier afin de placer le point suivant. Différentes techniques existent. Laquelle choisir ?

À l'aide d'une daisy chain

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Placer une Daisy Chain, sur le pontet central ou sur la partie encordement du harnais (une tête d'alouette est préférable à un mousqueton).
Pour ajuster la longueur de la vache, passer un mousqueton dans l'un des anneaux de la daisy chain. Attention à ne pas passer le mousqueton dans plusieurs anneaux à la fois (ou alors, il faut vriller la daisy chain), car le mousqueton pourrait alors reposer seulement sur les coutures intermédiaires qui ont une résistance beaucoup plus faible que la sangle.
Cette technique est simple à mettre en œuvre, mais elle est assez fastidieuse si elle est répétée sur une longueur entière. Elle possède l'avantage d'être réglable, mais l'inconvénient d'utiliser un mousqueton, plus encombrant et plus difficile à clipper et à enlever qu'un fifi hook.

À l'aide d'un fifi hook

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Placer un fifi hook directement sur le pontet central du baudrier à l'aide d'une cordelette d'environ 15 cm de long.
Pour « se vacher », il suffit de positionner le fifi hook sur le point. Pour l'ajuster, le grimpeur peut le passer au travers du point et venir l'accrocher au pontet de son baudrier.
Le fifi hook est pratique à mettre et à ôter. Toutefois, il est nécessaire d'y prêter attention, car il peut arriver, en cas de relâchement de la tension, qu'il s'enlève du point sans que le grimpeur ne le remarque.
Le principal inconvénient du fifi hook réside dans le fait qu'il n'est pas réglable. Néanmoins, le fifi hook peut être accroché sur chacune des marches de l'étrier et permet ainsi au grimpeur d'ajuster là où il souhaite se vacher.
Taille du crochet fifi [en]

À l'aide d'une longe munie d'un ropeman

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À l'aide d'un morceau de corde de 10 mm et d'une longueur d'environ 1m20 (nœud d'encordement non compris), réaliser une longe. Y placer un ropeman et terminer cette longe par un nœud simple. Placer un mousqueton sur le ropeman. Votre longe est alors prête à l'emploi.
Cette longe a la particularité de se régler très facilement et de manière précise. C'est peut-être, avec le fifi hook, la méthode la plus pratique pour se vacher.
Contrairement au fifi hook, cette longe est particulièrement pratique pour déséquiper une traversée ou un surplomb.