Paysage vertical Fosséen....
Itinéraires confidentiels aux abords du village de Fos en haute vallée de la Garonne.
Le Plan d’Arem est connu comme haut lieu de l’histoire Pyrénéenne, son traité des Lies et Passeries de 1513, est considéré comme un modèle de cette « Paix des Pyrénées », émanation de la volonté de son peuple de librement circuler sur les deux versants.
Historiquement la communauté Montagnarde n’a jamais éprouvé un besoin d’auto-détermination, son privilège géographique lui confère ce droit de disposer d’elle-même.
Les Pyrénéens ont conservé depuis l’empereur Trajan des privilèges concernant l’usages des ressources, en relation à leur position géo-stratègique singulière. L’Histoire est à disposition pour nous remémorer quelques exemples de coalitions montagnardes se soulevant contre l’institution. Souvenons nous de la “Révolte des Demoiselles” Couseranaise. Durant plus de quarante années entre 1829 et 1870, deux générations de Montagnards Ariégeois ont purement harcelé l’Etat Français qui tentait d’imposer l’incohérence d’un Code Forestier préjudiciable au bien commun valléen. La coordination des actions menées par de petits “commandos” activistes dans une régularité opiniatre, prit des allures de “guerre d’usure”, qui donna gain de cause aux Couseranais.
L’affleurement rocheux qui borde ce plan d’eau qui élargit la Garonne à cet endroit, suscite une certaine curiosité. Aussi, ce jour-là avec Jean Baptiste, quand nous avons prospecté la falaise, sur le sentier de l’approche, une poussée providentielle de morille nous a offert une cueillette improbable.
Petit clin d’œil à Tonton Georges grand pourfendeur de la connerie humaine, et son œuvre réconfortante dans tous ces moments de détresse sociale.
La qualité des roches métamorphiques de cette zone offre des variations de schistosités, incluant feuillets fragiles à utiliser avec délicatesse, dalles compactes stabilisées et systèmes de fissuration géométriques. De manière générale, le rocher n’est jamais engageant, il demande bonne lecture, pour en tirer le meilleur profit.
La paroi rocheuse du Plan du Gar, connait un évènement géographique majeur fin xix° siècle en subissant un éboulement conséquent, générant un profond couloir dans sa structure.
Narcisse Candau est originaire du village de Fos, personnage atypique et doué, dixit son cousin Maurice, qui me conta de son vivant, quelques anecdotes de leur enfance qui déjà, le prédestinaient à sa vocation. Il devient guide et en toute infidélité avec ses Pyrénées natales, exercera son métier dans le massif des Ecrins. Olaf Candau, son fils, dans sa biographie paternelle, relate le désespoir de sa mère face à son guide de mari, qui ferraillant toutes les fissures de l’Oisans, était incapable de planter un clou dans les murs de la maison familiale…Dans ses montagnes d’appartenance, il nous laisse quelques traces de son activité Pyrénéiste, notamment dans la face Nord du Pic Long, au Cap de Paou en 1964, en face Nord du Maupas en 1961, ou dans la face Nord du Batoua dans la vallée du Rioumajou. La mémoire autochtone l’a injustement oublié du patrimoine local. Il se peut que Narcisse ai parcouru ces dalles qui bordaient le paysage vertical de son quotidien, pour ses exercices de reptation verticale.
Le guide et secouriste Pascal Sancho, Fosséen d’appartenance, me confia que dans sa prime jeunesse, il prospecta ces dalles défiantes, en laissant quelques clous dans les parties les plus attractives. Vestiges confidentiels du microcosme montagnard.