Escalette , "Les Jardins de Salanère" 1275 m/1380 m

Activités :
Catégories : suppléments du topoguide, récits
Type d'article : individuel (CC by-nc-nd)
Contributeur : Albero Pierre

« Traversée des Ressauts de Salanère » 100 m PD+ 4c max, 5 dégaines, sangles, corde simple 30 m

Sous-bassement face S de l’Escalette, 1275 m-1380 m

Olivier Renard, à la sortie de la “Voix du Berger, nous avait dit à Roland et moi, qu’il serait judicieux de trouver une “variante de la Bergère...”, une alternative moins sélective dédiée à l’initiation. Depuis je cherchais cette petite sœur moins exigeante, dont la vocation première en serait un usage pédagogique, afin de proposer un itinéraire ludique aux grimpeurs néophytes et jeunes publics, en quête d’apprentissage du pied montagnard et des rudiments de la « quadrumanie ». En furetant avec Jean Baptiste pour un futur projet de Via-Cordata, notre prospection nous fit découvrir ce jardin minéral composite, organisé en gradins successifs, présentant un beau cailloux de qualité homogène généreux en prises. Ici point de paroi à la raideur implacable, mais une succession de dalles, de blocs et d’éperons, offrant supports de progression diversifiées, sur lesquels l’on côtoie la verticalité progressivement. J’ai pu vérifier la valeur pédagogique de cette traversée en la proposant tour à tour à mes enfants, qui me confirmèrent le plaisir simple que leur procura, cette déambulation sur le cailloux.

Si l’on observe le sous-bassement du versant Sud de l’Escalette, on remarque cette balafre bordée d’une arête rocheuse. Le couloir de Salanère est une structure calcaire de type anticlinal-synclinal, axée Nord-Sud, s’étirant sur 350m, pour une dénivellation de 250m (entre 1200m et 1450m). La partie concave matérialise le couloir lui-même, celle-ci est bordée par l’affleurement principal orienté Ouest, d’une hauteur maximale de 20m rive gauche, constituant l’arête qui affleure. Plusieurs éperons aux calcaires “noirs” compacts et délicatement ciselés, organisent la rive droite, abrités par la hêtraie. La partie orientale composée de dalles d’un calcaire plus métamorphisé, de différentes inclinaisons, est en zone ouverte au couvert végétal composé essentiellement de Buis et de Chênes. Les sections sont entrecoupées de vires et de terrasses végétalisées, encombrées de blocs, qui en organisent la structure générale.

l’itinéraire traverse les ressauts orientaux les plus évidents, et propose plus d’une centaine de mètre d’escalade, dont la jonction est assurée par quelques courtes sections de « crapahut » dans des gradins affleurants. Cannelures, lunules et autres ornements, structurent la géomorphologie de chacun d’eux, procurant des passages d’escalade dignes d’intérêts. L’esthétique du parcours est assuré par un couvert végétal luxuriant, donnant cette tonalité particulière à la géographie minérale du secteur. Utiliser le terme d’« esca-balade » pour définir le caractère de cette course atypique, serait le plus pertinent. Cette « pasejada » (promenade en Occ) sur le cailloux, offre une rencontre privilégiée avec l’exubérance de la nature Pyrénéenne. Redimensionnée, l’on pourrait aisément comparer cette configuration, à certaines escalades Languedociennes, telle « l’Arête des Triangles » qui étage 8 ressauts successifs, au sein de la sauvagerie du maquis Carousien.

La balade s’entame par une incontournable marche d’approche dans la hêtraie-sapinière du Menté d’une trentaine de minute au grand maximum. Depuis le col éponyme à 1350m, prendre le « sentier des Goueilhes » plein Ouest sur 100m et descendre sur une piste forestière évidente à gauche. Au bout de celle-ci (200m),’on remarque un bidon métallique orange enchaîné à un sapin, délicatement laissé là, par quelques forestiers manifestement « éco-préoccupés », et l’on découvre plusieurs cairns à proximité qui matérialise la trace à suivre. A courbe de niveau l’on traverse le sous bois toujours plein Ouest et l’on franchit un talweg et son ruisseau à sec pour aborder la lisière du bois qui s’éclaircit et rejoint bientôt les premiers affleurements rocheux que l’on va désormais longer en légère descente.
Le changement radical de végétation est frappant, surgissent, Buis, Ifs, Chênes, Noisetiers Alisiers Blancs et Frênes, qui confirment la sur-exposition de cette Soulane, au caractère Méridional très marqué. La ligne de cairn louvoie entre les terrasses végétalisées et aboutit progressivement à la cote 1275m au pied du premier ressaut.

Les Jardins de Salanère, débutent à 1275m, on gravi légèrement vers la droite le premier ressaut (3a/4a, 3 goujons), pour accéder à une marche de 4m que l’on franchit (3a), pour faire relais sur un bloc à droite (25m, R1 lunule avec anneau de corde). On accède en marchant une vingtaine de mètre sur la droite, au pied du deuxième ressaut (cairn) , constitué d’une succession de dalles cannelées, entrecoupées d’une vire (3b/4b, 4 goujons, une lunule). Sur la dernière terrasse, faire relais sur un arbre (20 m, R2). Suivre à droite des cairns, qui aboutissent à un passage dans une dalle verticale sculptée (3m, 3c). On franchit des gradins intermédiaires à l’aspect ruiniforme (cairns), pour accéder à droite, au pied de deux dalles inclinées remarquables, que l’on remonte pour accéder à une plateforme (3a, 3 goujons), où l’on fait relais (20 m, R3, 2 goujons).
Ici deux options sont possibles, en fonction du niveau de la cordée. Une première possibilité est une longueur en ascendance oblique à droite (25m, 3c/4c, 3b, 5 goujons), qui traverse une partie de ce quatrième ressaut. La deuxième alternative oblige à une courte désescalade depuis la plateforme, afin de longer le pied du ressaut pour grimper la dalle dans son axe vertical (1 goujons, 1 anneaux, 1 piton 12m 3c). L’on fait relais (R4) aux deux options sur un chêne judicieusement placé sur la vire. On franchit la marche de 3m au dessus et celle qui suit (4m, 3a ), un cairn invite à poursuivre sur le ressaut suivant (10m, 3a) jusqu’à un chêne évident de l’Arête, sur lequel on fait relais (20 m, R5).
L’itinéraire s’achève par le “Grépon de Salanère”, qui affiche 1380m d’altitude. Vu de la route du Col de Menté, ce ressaut surmonté d’un « rateau de chèvre » est la forme la plus élancée de l’arête. Au-dessus du chêne, traverser à droite sur des dalles fracturées, que l’on remonte et rejoindre par une vire, un dièdre au pied du monolithe qui matérialise le sommet du « Grépon » (3c, 3 goujons), où l’on fait relais (20m, R6, 2 goujons). Prendre pied sur le monolithe et le remonter pour trouver le relais équipé sur des blocs à la cime (R7,10m, 3 goujons, 4b). On rejoint en une bonne dizaine de minute, le « sentier des Goueilhes » par la pale herbeuse au-dessus, pour effectuer le retour au col de Menté.

Certes le parcours est abordable, mais le terrain reste « aventureux » et demande vigilance en terme de déplacements, La trace d’approche côtoie de la pente raide, se faufile dans le dévers et cache quelques cailloux en équilibre qui ne demandent qu’à rouler, L’escalade requiert une attention particulière dans certaines sections, Malgré la purge, il faut tester les prises en zone fracturée, faire sonner quelques écailles au bénéfice du doute, et se méfier du bloc que l’on perçoit inébranlable, L’exercice de style « Montagne » est donc obligatoire, justifiant l’intérêt hautement pédagogique de la course,

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