"Le Triomphe des Médiocres"

Activités :
Catégories : récits
Type d'article : individuel (CC by-nc-nd)
Contributeur : Albero Pierre

“Le Triomphe des Médiocres” est le nom d’une voie de neige et mixte en face Sud du Piton de l’Escalette 1596m (Mail de la Pique).Nommer une voie, c’est un peu prolonger l’âme de l’ouvreur. et sa nature profonde. C’est un champ d’expression au sein duquel, la liberté conserve ses coudées franches...

“Le Triomphe des Médiocres” est le nom d’une voie de neige et mixte en face Sud du Piton de l’Escalette 1596m (Mail de la Pique). C’est aussi le titre d’un roman paru en 1898 de Paul Adam, écrivain, journaliste et essayiste, à la réputation sulfureuse. Nommer une voie, c’est un peu prolonger l’âme de l’ouvreur. et sa nature profonde. Une fois baptisée, elle portera une symbolique esthétique, politique, artistique, ainsi qu’un hommage, une allégorie ou un message. C’est un champ d’expression au sein duquel, la liberté conserve fort heureusement ses coudées franches; en l’occurrence ici, le choix de ce nom est le fruit de convictions montagnardes personnelles.

Aux confins de la Haute Garonne, les vallées du haut Comminges sont un modèle caricatural d’inégalité territoriale, au sein de la Cordillère Pyrénéenne. Facteurs limitants, humains et logistiques, œuvrent de concert à l’accentuation de ce phénomène, pâle reflet du modus operandi des gouvernances locales, qui semblent dans l’incapacité d’identifier évidences et priorités socio-économiques.

Nos modèles sociétaux hauts-Commingeois contemporains, juxtaposent des populations qui se révèlent souvent incompatibles.

Comment harmoniser une cohabitation constructive entre des hyper-actifs lucides donc impliqués, et des hypo-actifs immobiles et attentistes, et par conséquent démissionnaires?

Problématique posée dans une forme généraliste, certe, mais on ne peut plus réaliste, tant son expression omniprésente dans notre quotidien, est récurente.
Les situations clivantes et autres sujets contentieux entre gens du cru et néo-montagnards entravent toute dynamique et projection. Ces phénomènes fragilisant de faits, cette inconsistante cohésion sociale. L’héritage culturel du “Mauvézin” (mauvais voisin en Occitan) semble toujours de mise, la peur et la méfiance de l’autre réduit assurement la marge relationnelle.

L’idée de "dilution sociale" terrorise l’indigène, et intruse la vie du paisible retraité.
Le néo-montagnard menacera toujours ce semblant de paix locale. Pourtant cette nouveauté sociale serait porteuse de diversité et de rajeunissement démographique évidente.

Les générations de natifs autochtones, qui ont décidé par choix délibérés ou d'obligations socio-économiques de migrer professionnellement, en quête d'ascenseurs sociaux ou de rupture avec la tradition, ont quarante ans de plus quand ils sont de retour. Certains d'entre eux engagés en politique, invalident projets territoriaux de développement, car la plu-part du temps, leurs valeurs vont s’avérer surranées. La réalité de terrain révèle des besoins que ces individus responsables n'arrivent pas encore à identifier. L’inutilité publique est un savoir-faire collectif, maîtirisé au plus haut point. Le réflexe systématique de la critique sans contre- propositions constructives, reste leur signature. Autant ne pas invoquer les enjeux de demains, puisque ces personnages en cultivent un déni systématique.

On déplore une réalité démographie jouant en notre défaveur, la population de ces vaillants «bons-petits-soldats» œuvre de façon insidieuse pour la cause des «tous puissants» et accélèrent ce processus de glissement vers l’obscurantisme libéral. Ces générations de nantis, oublient qu’ils sont le fruit d’une période faste au sein de laquelle la surenchère consumériste était l’ordre nouveau. Leur capacité empathique pour les futures générations, trouvant très vite leurs limites. L’incohérence, l’ubuesque semble ne pas déranger, l’indolence et l’immobilisme sont la marque de la soumission. La déshumanisation des rapports sociaux, conjointement liée à l’effritement de ces «bastions» républicains (santé, éducation, culture) sacrifiés sur l’autel du mercantilisme par des «voyous institutionnels» de tous bords, inspire la défiance et le rapport de force.

Il est perceptible dans cette vallée, qu’une partie de la population entretient peu d’affinités avec la cause montagnarde et ses enjeux touristiques. Elle ne semble toujours pas décidée à accueillir du public en Montagne, se positionnant comme facteurs limitants notoires. Les Pyrénées Hauts Garonnaises se doivent d’être en l’état, pour amorcer ce virage vers une pratique touristique dans laquelle une qualité d’acceuil et un modèle “cinq saisons” (impliquant l’hivers sans neige), serait, comme le démontre l’exemple historique Queyrassin dans les Alpes du Sud, une alternative à forte valeur ajoutée pour ce territoire. Anticiper la réalité de nos déficit d’enneigement, serait aussi la preuve d’un certain égard pour le futur et ses générations concernées.

La vocation première du secteur, serait cette pratique touristique et économique, fondée sur une quête «éthylo-oléo-nicotino», au profit du Val d’Aran, via la RN 125 qui concentre tous les jours, des milliers de personne pour qui, la perception de la Montagne se résumera à un parking de supermarché au milieu du relief.

L'Ariège voisine a su anticiper depuis 50 ans par le recours à une forme de tolérance et d'art du consensus avec l'unique intention, de revitaliser démographiquement ses vallées. Il en est de meme des Hautes Pyrénées qui ont su créer une forme d'auto-suffisance en prenant tout simplement conscience de leur potentiel humain et environnemental. Autre exemple probant, que celui de la vallée d’Aspe aux confins du Béarn, dans laquelle le tissus associatif très dense, assure une qualité de services socio-culturels remarquables. Fort heureusement, ici en Haut-Comminges, quelques personnalités conscientes de ces potentiels, oeuvrent pour maintenir une société montagnarde vivante et active. Par le plus pur des hasards, se sont souvent des néo-montagnards qui s’engagent à promouvoir l’image de ce territoire. Tout en faisant l’apologie de cette culture Pyrénéenne, comble de l’absurde, ils oeuvrent pour leurs principaux détracteurs.

Lorsque l'on dépend professionnellement d’un tourisme, sur lequel l’économie d’une vallée est fondée, et que son avenir est entre les mains d’élus locaux indolents, inaptes à une pensée élaboratrice, la situation est plutôt fulminante. Comment ne pas fulminer, quand en 2015, la corporation des professionnels de la Montagne transfrontaliers, soutenue financièrement par l’Europe (projet POCTEFA et financement FEDER) pour la création d’un collectif de Guides de Montagne Aragonais-Aranais-Commingeois, cristallisé autour de ce sommet tutélaire commun, l’Aneto; ne puisse aboutir par mépris et désengagement des responsables de sa ratification. La réactivité Espagnole comblera nos homologues “Tras Montanha” (en Occitan “de l’autre coté de la montagne”) par une reconnaissance de la part de leurs intitutions.
Quel constat édifiant que celui de nos élus responsables de cette période, inconscients de la potentialité de ce patrimoine exceptionnel, devenir complices de ce naufrage culturel et certainement économique. “Le Royaume de l’Aneto” sera donc dénié. Pourquoi ne pas conférer à notre territoire ce label de qualité géographique et culturelle, qui le revaloriserait à sa juste valeur et lui assurerait, un avenir pérrenne? Quand les Pyrénées vont ils tendre vers une transition touristique qualitative? Historiquement, avant d’ètre consacrée “Reine des Pyrénées”, et de nos jours devenir, “Belle Endormie”, Luchon fin XIX° était, par l’entremise du professionnalisme des Guides de Montagne locaux, un épicentre du Pyrénéisme. Insidieusement les volontés politiques ont lentement effacé en la diluant, la mémoire montagnarde, au profit des mondanités et autres valeurs d’apparat.

L’erreur historique serait le modelage de cette pointe Sud de la Haute Garonne. Les vallées de la Pique et du Larboust auraient du étre par logique géographique Hauts Pyrénéennes et la Haute Vallée de la Garonne, Ariégeoise. Le choix institutionnel dévoué au plaisirs de la haute société imposa donc l'usage et la vocation de ces hautes terres, à la villegiature d’un gotha débordant de superficialité.
Quelques icones politiques locaux, portés et encensés par la candeur populaire, ont été pleinement responsables de quelques abérations, en terme de décisionnel. Se positionnant comme fossoyeurs de la vallée potentiels. L’exemple du tunnel de St Beat et de la deviation d’Arlos non coordonnés de par un différé financier, en dit long sur la malveillance des opérateurs et nous révèle une certaine opacité financière.
Ce “Cop dé Fotra” (coup de colère en Occitan) est une juste réponse à ce cumul d’incohérences, préjudiciables au bien commun. Celui-ci aura l’avantage de proposer une lecture des mécanismes relationnels intercommunautaires, afin d’en appréhender, “pathologies valléennes” et facteurs limitants. Ces réactions ainsi exposées ne signifient, que je sois pétris de convictions; elles sont avant tout, fondées uniquement à partir d’éléments factuels, vécus ou observés dans nos quotidiens de montagnards.