Vol avec les Anges

Activités :
Catégories : récits
Type d'article : individuel (CC by-nc-nd)
Contributeur : Paula Otero

L’arête qui n’aime pas les femmes

La Para 2540m (le paravent)

Pointe sommitale de la Para
Pointe sommitale de la Para

La face N de La Para fait entre 300 et 400m de haut, depuis le plus haut de sa partie sommital. Vers le sommet, elle est composée d’une falaise d’environ 80m, ensuite d’un ressaut et par la suite d’une pente raide avec plusieurs barres rocheuses, donc au premier abord inskiable… à moins d’en faire du mixte. Ensuite, une pente de 35° environ réceptionne la chaotique pente et s’adoucit au fur et à mesure qu’elle descend.

« Ce matin là, toutes les parois… les aiguilles… les falaises… étaient plâtrées, tellement blanches qui si ce n’était le fait que je sois passionnée de montagne… je me serais dit, que nous ne sommes pas dignes de poser nos pieds dessus, par respect et de peur de la tacher et de la salir. » [p]

4 mars 2007 – 14h10
Tout en avançant sur l’arête, concentrée sur l’image qui se présentait devant mes yeux, mes réflexions affluaient à haut débit. Je voyais le profil de la corniche qui descend du sommet, un gros bourrelet dentelé et large, ressortait de la paroi. Une sorte de gros mat balise le sommet, (station de mesure pour les préventions des avalanches) (ils ont oublié les corniches) il nous permet de deviner la limite de la montagne et le côté vide. Je me trouvais à 80m du sommet, sur l’arête dans une ligne droite qui mène à la dernière pente sommitale. Je regardais autour de moi, n’étant pas sûre de me trouver au bon endroit.
La neige était dure sur l’arête et il n’y avait pas de trace précise, juste quelques traits de l’arrière des skis qui se profilaient sur la neige, tantôt à droite, tantôt à gauche. Il y avait un écart de moins d’un mètre entre le trait de droite et le trait de gauche.
- Chacun faisait sont chemin !
Difficile, je dirais même impossible de savoir où c’est la fin de la montagne et le début de la corniche.
Pendant ce temps, ma pensée s’éleva vers Franziska. Au fin fond de mes tiroirs je cherchais à me souvenir son nom, je me rappelais juste qu’une sportive suisse de haut niveau était décédée suite à la cassure d’une corniche. Elle était accompagnée par deux copains guides, juste la femme avait périt…
Une sensation étrange m’envahissait.
Le lendemain, j’avais appris par les journaux que c’était notre meilleure marathonienne suisse, cela faisait tous justes cinq ans à deux jours près.
- Est-ce un rituel ? Je me posais la question.
Il fallait encore que je me rappelle de ce dit sommet, où ? Lequel ? A mon souvenir pas loin des Diablerets.
- Bon sang ! Le massif des Diablerets est à ma gauche… mais que diable… et pourquoi ce nom ?
Dans la mêlée de mes pensées, je me dis, qu’il serait bon de me déplacer à ma gauche au moins d’un mètre. Trop tard, un petit tour dans la face N m’attendait…
- Non, non, sans prétentions !
Les faces N sont souvent très agréables à skier, mais ce n’était point le cas. Je savais de quoi elle avait l’air et très franchement, je n’avais point envie.
C’est le moment le plus difficile de ma chute, le moment où je prenais conscience de la situation, le changement de trajectoire… comme… une rage d’avoir pris la bonne décision à une fraction de second trop tard.

La chute

L'arête de la Para
L'arête de la Para

Très vite j’ai eu les réponses à toutes mes questions, comme par magie.
- G-E-N-I-A-L ! Grrrrrr
- La corniche vient de lâcher sous mes skis… vous entendez ? E l l e v i e n t d e c é d e r !
- Vous E N T E N D E Z ?
- Non ! Je sais, personne ne m’entend ! Monologue sourd, tout ce passait dans ma tête.
Et je lève mes bras vers le ciel… nous avions des grandes distances, certains étaient déjà au sommet, et tant mieux, on ne progressait pas en colonne. Mais, je vous laisse imaginer, si c’était le cas… cela m’aurait évité d’écrire que l’arête n’aime pas les femmes.
Je reprends ma course.
A ma droite le vide, à ma gauche, à 2 cm de mon ski gauche, une fissure s’introduisait entre moi et la montagne… un petit vroumissement m’annonçait que je venais de la quitter.
- Bon ben… ainsi soit-Il !
Je levais les bras vers le ciel… non, pas pour remercier qui que ce soit, mais pour larguer mes battons et m’accrocher là où je pouvais. Comme un déclic automatique, tout mon être se met en mode de survie. Mon champ de vision reste net au centre et flou dans les angles. J’avais l’impression de vivre dans un rêve, je savais que j’étais là, mais pas très sure que c’était réel. Dans l’objectif, j’assistais à la scène en direct.
Toujours sur ma corniche, je prenais de l’élan au moment où je levais les bras et avais lâché les battons et je me lançais de toutes mes forces contre la cassure, la cassure était à raz de la falaise, je sentais mon corps contre le rocher et la neige. Régula et Gudrun me suivaient de loin, j’espérais qu’elles étaient assez loin, je ne les voyais pas, mon angle de vision me l’empêchait. Les bras allongés sur la neige, mes mains gantées creusaient pour s’y accrocher, le corps suspendu dans le vide… mes skis cherchaient des réglettes, des prises… à quoi tenir… exercice trop lourd. Ça ne rimait à rien de résister autant, je ne pouvais pas remonter et personne ne pouvait m’aider.
- Assez de prouesses ! J’ai toujours été une mauvaise grimpeuse, je me remémorais un de mes potes « si tu ne passes pas du 6b, bah, ce n’est pas de la grimpe » je ne sais pas dans quel voie je me trouvais, mais il fallait que je la fasse.
« Il y a des Voies, que les Voix ne comprennent pas.» Pimprenelle…

…donc, je n’avais pas le mode d’emploi, pas de topo…
PERSONNE A ÉCRIT ASSEZ AU SUJET DES CORNICHES, ÇA VAUDRAIT LA PEINE QU’UN JOUR QUELQU’UN SE PENCHE DESSUS !!!

Face NE de la Para
Face NE de la Para
  • Je lâche prise ! L’expression qui tombe à pic.
    Je suis restée à peine quelques secondes avec une sensation d’impuissance, je ne pouvais rien faire d’autre que de partir.
  • Aaaarrrg… il va falloir avertir ma marmaille… je n’ai rien préparé… et je ne suis pas prête !!! Quelqu’un m’entend… ou je cause dans le vide ? Hum !!!!
    Combien de fois j’ai voulu partir, quitter...abandonner… ouaaaais, personne n’est parfait, désolée, mais pour une fois que j’avais une bonne excuse pour partir, voilà que je m’y accroooooche à la vie !
  • Je vais bien, pas de soucis !
    Contrairement à la philosophie de certains, je conçois la ViE comme un don, un cadeau… donc, j’en prends SOIN et je n’ai point le droit, ni l’envie d’en faire n’importe quoi. Donc, je tente de me donner les moyens de surpasser mes mauvaises envies… car après l’orage… oui, nous le savons tous, une trouée de ciel bleu apparait ici et là et le soleil revient en force ! Il faut donner du temps au temps.
    Je me souvenais de vivre, dans une confrontation sincère et de lucidité avec les limites et les déchirements de mon existence y compris avec la mort… je m’y accrochais ! Paradoxalement !
    La corniche venait de se détacher complètement et une aspiration d’air violente m’arracha à la falaise. Elle grondait, mécontente et moi aussi, je plongeais dans le vide… et rejoignais la corniche qui me servait de matelas pour les prochains mètres. Mes skis se décrochèrent.
  • Bonne nouvelle une chose de faite !
    Par contre, je n’avais pas prévu de casque à cet effet, mon petit et maigre bandana ferait l’affaire, même pas, je le perdais en cour de route. Je passais le premier ressaut rocheux, si je sais qu’il était là, c’est parce qu’on me l’a dit, parce que je n’avais rien vu, ni rien senti ! Mon matelas se désintégra, je partais tête vers le bas… la sensation du vide est assez désagréable, je sentais mon ventre qui se creusais, comme si je n’avais plus d’entrailles, les jambes suivaient par instant le reste du corps.

(la sensation de vide au niveau du ventre est du surtout aux neurotransmetteurs que nous avons dans les intestins, qui font office de 2ème cerveau, voilà, pourquoi à l’attaque d’une voie, il nous arrive d’avoir le mal de la rimaye, car nos sentiments font escale par le ventre, pas nouveau, je sais que vous l’avez tous senti !)

Toujours entière, je poursuivais mon vol, une micro pause m’arrêta. Sur un petit ressaut neigeux et toujours avec la tête vers le bas, des morceaux de neige me tombaient dessus et dans un équilibre précaire me font repartir dans le vide.
Je voyais un rideau de neige qui descendait, des petites et des moyennes boules de neige dégringolaient dans la falaise, tantôt, je me trouvais entre la falaise et le rideau, tantôt, je me prenais le rideau sur la tronche.
La neige me frappa le visage comme des claques que je ramassais dans mon temps d’écolière.
- N’aurais-je pas ramassé assez ?
Deuxième petit ressaut, remicro pause… je voulais me retourner, la descente étaient immaitrisable, dos contre la falaise et tête vers le bas, rien à quoi m’accrocher… malgré la situation inconfortable, je respirais, je ne sentais pas mon nez, ni ma bouche se remplir de neige.
J’ai eu droit à des sacrés savons à la figure… très naturelles… plus tard, j’ai même eu droit à un peeling gratuit.
- Quelle chance, vous ne vous imaginez pas ! Certains payent pour l’avoir.
La descente me semblait longue, mais en même temps j’appréciais cette lenteur, que j’ai fini par traduire en douceur, mon vol se passait en douceur… je me sens ridicule d’écrire ces mots et je ne sais pas si je dois m’en réjouir… l’inconfortable était devenu confortable et le pénible était devenu supportable.
J’étais repartie de nouveau dans le vide, des gros morceaux de neige continuaient à me tomber dessus.
Au bon milieu de tout ce fracas, quelque chose est venu perturber mon vol, rien de bien important, ni avec gravité, mais tout simplement, je sens ma jambe qui se bloque entre deux blocs de neige un peu plus grands que tous ceux que j’avais ramassé sur la figure.
Mon ligament interne du genou venait de se faire asticoter… mais sans gravité, il se remettra. Repause.
Cette fois-ci, j’étais bien callée, la neige continuait de me tomber dessus mais je ne bougeais plus.
- Ça y est, c’est peut être la fin de la course !
Toujours dans la même position « in » confortable, j’attendais que la neige finisse de me couvrir, je suspendais ma respiration et je la reprends tout doucement.
- C’est génial, ça marche et sans panique !
De toute façon, il n’y avait pas de place pour la panique ou le stress, je me laissais vivre au fil des événements.
La coulée de neige, se composait de gros grumeaux pas assez consistants pour me plâtrer comme du ciment, elle laissait des espaces entre les blocs de neige et j’avais encore de l’air. J’attendais la descente complète du rideau, je me disais, c’est une falaise et non pas une pente, donc il ne doit pas y avoir des tonnes de neige.
Soudain, le silence…
- Pas trop tôt ! A moi de jouer.
Je décidais de bouger les extrémités, rien dans la main droite, libre à l’air, je l’ai dégagée facilement ainsi que ma figure, je me poussais pour basculer et me retourner. Enfin, en position assise, je faisais le constat des dégâts.
Je frottais mes mains et je touchais mon visage, j’avais l’impression que mes lèvres avaient été arrachées, ça me brulait vivement, mais je n’arrivais pas à déterminer le vrai du faux.
Je voyais quelques taches de sang sur les mains mais rien d’important. J’essayais de comprendre d’où elles venaient… ma bouche était pâteuse et un goût de fer ocre relevait de mon palais, je crachais… et des fils de sang coulaient, je fermais la bouche et je passais ma langue pour vérifier que j’avais toutes mes dents, tout y était, je recrachais… il y en avait déjà moins.
Je tâtais ma tête, un vrai champ de bosses mais pas de blessures. Juste quelques hématomes dans mes catacombes.
Après toutes ces pirouettes, dans cette face qui ne pardonne pas, je fonctionnais encore, il devait y avoir de bonnes raisons, je dois surement avoir quelque chose de très important à faire dans ce bas monde, oui, peut-être… mais quoi ?
- Si seulement, il y aurait quelqu’un pour m’expliquer… Q U O I ?
J’ai toujours eu une vie pleine et riche en turbulences… mais celle là… je ne l’avais pas imaginée, une avalanche, oui, celle-ci que tout le monde a du s’imaginer. Si ce n’est pas le cas faites-le, c’est préventif, s’imaginer dans une situation difficile permet d’anticiper ses propres réactions… bref, anticiper les risques qui font partie de l’AventurE.
Mais ce vol, non, jamais je ne l’avais imaginé… même mon rêve du matin ne m’avait pas éclairé à ce sujet. Cela c’est encore un autre chapitre que je n’aborderais point.
Je n’avais même pas mal, j’étais perplexe… je deviendrais encore plus perplexe dans les minutes qui allaient suivre. Ça me semblait bien léger tout ça.
- Il fallait que je me dégage de cet endroit !
Je sentais mon visage qui doublait de taille, je regardais vers le bas de la pente… mon champ de vision était restreint, je n’arrivais pas à ouvrir complètement les yeux, je scrutais devant moi, le soleil était loin en bas de la pente… très loin pour moi, la température allait descendre très vite.
Tremblante, j’entamais ma descente sur les fesses, très délicatement… je voulais sortir de la coulée, les bords et le bas de la coulée me semblaient à des jours de descente dans cette position.
Je n’ai pas appelé les secours, j’imaginais que mes compagnons qui étaient là haut le feraient. Il y avait peu de chances que j’eusse un réseau dans la face N et j’avais trop mal aux mains pour taper sur des minuscules touches.
J’avançais en zig zag sur cette marre à boules et je me dirigeais vers un promontoire à ma droite… enfin vers le bas de la pente, peu importe où pourvu que je sorte d’où j’étais. Il y avait presque un replat, ça pourrait rendre service à tout le monde.
Je suis descendue sur une centaine de mètres, ça devait faire 10 minutes que j’étais là. J’avais envie de tester le reste de mon anatomie… d’être sûre de ce que je pouvais… je me suis mise sur mes deux jambes.
- Hilarant ! Je titubais mais ça marchait… et je marchais… je déambulais dans ce chaos… peut-être que je pourrais rejoindre le col ainsi que mes amis, peut-être que je pourrais rentrer par mes propres moyens. Cela faisait plus de 15 minutes et il n’y avait point d’âme qui vivait dans ce versant.

Régula

Face S de la Para
Face S de la Para

Toujours dans ma marre à boules sans fin… et soudain à ma droite, j’aperçois un point noir qui bougeait droit vers moi, c’est mon bonhomme, mon compagnon de coeur et de cordée. Il venait à ma rescousse.
- Oh, c’est beau et agréable l’amour! Ca enlève toutes les douleurs, à cela j’appelle, médecine douce. Je pariais qu’il avait du se faire un malin plaisir à descendre dans la pente à plaques au NE du sommet…
- Ouais, mais c’était pour la noble cause.
Quand il m’a vu… il n’imaginait pas me voir en train de marcher sur mes 2 jambes, mais plutôt, me revoir pour la dernière fois… pour un adieu loin des foules.
J’essayais d’imaginer à quoi il devait faire face, voir ses compagnons s’effacer dans le vide ou disparaitre dans la poudre blanche.
Lorsque l’on faisait des exercices d’ARVA, on rigolait bien, c’était un jeu, mais si cela devait arriver dans une pente inaccessible où il faut sauver ses amis, le jeu prend une toute autre ampleur. Et si on perd celle ou celui où nous avons déposé notre coeur… ça doit… arracher !
Dans la pratique, nous aurions besoin de cours d’appuis de gestion du stress pour ce type de situations. Le sac à dos devient carrément lourd et nous devons garder nos nerfs et nos objectifs clairs.
Il se faufila sur la coulée et glissa jusqu’à moi… je n’osais pas trop lever la tête et je lui dis :
- Je suis défigurée !
Prince du relativisme, il me répond :
- Ça n’a pas l’air grave !
Pendant ce temps il m’ouvrait la veste et m’arrêtait l’ARVA. Sa voix tremblait chargée de sentiments, mais il maitrisait parfaitement la situation… pas la place à une éruption de sentiments, il minimisait les mots.
- Ça veut dire quoi ? Pensais-je.
Mes neurones trépignaient, je voulais comprendre. Je m’attendais qu’il me prenne dans ses bras et qu’il me dise le combien il a eu peur… et… bah, non ! Je n’ai pas eu droit à la médecine douce.
- Régula était devant ou derrière toi ? Me demanda-t-il.
Je venais de comprendre la situation.
Il déchaussa ses skis et les planta dans la coulée, il enleva sa gore-tex et me demanda de me coucher. Il me reposa la même question et me fila ses gros gants.
- Derrière ! Je lui répondis d’une voix effacée.
- Tu m’attends là, je reviens ! Il me répliqua.
Je n’avais plus envie d’aller nulle part, mon héroïsme se terminait ici, je venais de commettre une deuxième erreur grotesque.
Je me couchais en chien de fusil et je plongeais dans des pensées où ma nullité coule à flots, j’aurais rempli la terre avec tous mes sarcasmes et mon manque de compétence par rapport à la situation que je venais de vivre.
Ça devait faire 20 minutes que j’étais dans ce versant, il n’y avait personne à part Renaud, pas de bruit… rien.
Je suis quelqu’un qui en principe pense à tout… pourquoi ne m’est venu à aucun moment de me dire que je n’étais peut-être pas la seule à tomber, de me soucier, si Régula ou Gudrun, seraient descendues avec moi… de penser à dégainer mon ARVA pour vérifier au lieu de me soucier que de ma petite personne.
Peut-être qu’un jour, je pourrai me dire que c’est normal si je n’ai pas su gérer la situation de main de maitre, peut-être qu’un jour.
Je regardais mes mains, j’ai les gants de Renaud…
- Et puis, il a quoi ? Pourvu qu’il ait sa deuxième paire.
Je l’ai appris plus tard, qu’il était parti, sans gants, sans pelle… il avait juste l’ARVA, le reste du matos était resté à mes côtés. J’étais sur la neige et je commençais à avoir sérieusement froid, rien d’étonnant, ça devrait arriver.
Après mon quart d’heure de lamentations et jérémiades, j’attendais silencieusement s’il y avait du nouveau à l’horizon. Je n’entendais pas Renaud, point d’hélico, je m’empêchais de gémir des douleurs et du froid, pour affiner mon oreille et être entourée de silence, entendre se qui se passait autour.
Je tournais la tête vers le haut, je ne voyais rien, je surélevais la tête et j’apercevais Renaud à peine à 50 mètres plus haut, je voyais juste sa tête et ses épaules dans un mouvement de levier, j’imaginais qu’il creusait, il a trouvé Régula, j’attendais encore dans le silence forcé des nouvelles de Régula.
Si… si, Régula se trouvait à cet endroit… je suis passée… tout … droit… à côté… et par négligence, je ne l’ai point aidée.
J’avais de plus en plus mal, de plus en plus froid, difficile de retenir mes gémissements… mais ce n’était rien, je n’avais rien de grave.
- Rappelle-toi que tu viens de marcher, me disais-je, Régula pourra-elle marcher ?
Soudain, j’ai entendu un cri, serait-ce Renaud ? Renaud ne cri jamais. Qu’on lui coupe un doigt, une main ou une oreille… ça se passe en silence !
- Il a vu Régula ! Je me disais encore, mais qu’a-t-il vu ?
Dix minutes après, il était venu me revoir. Parait-il qu’il ne m’entendait plus et ne me voyais pas bouger.
- Je vais bien ! J’ai juste froid… peux-tu me frotter, surtout les jambes ? Il exécuta.
- Et Régula ? Je lui demande.
- Je l’ai trouvée, elle est plus haut !
Ce n’était pas la réponse que j’attendais. Un petit brin d’énervement lui échappe des lèvres.
- Ils font quoi les secours ? Pourquoi ils mettent tant de temps à venir ?
Il me réclama mon téléphone, je lui dis où le trouver. Il l’attrapa.
- Ah, merde il ne marche pas !
- Normal ! On est à l’ombre du caillou !
- Pourquoi as-tu crié ? Question qui est restée sans réponse.
Je n’arrivais à plus retenir mes émotions et mes douleurs, je claquais des dents, je tremblais en gémissant, j’avais mal à la jambe.
Renaud me frictionnait les bras et les jambes, c’était efficace mais éphémère.
Enfin, on entendit un rotor qui approchait, Renaud leur faisait des signes et les conduisît vers Régula. Je ne voyais plus grand-chose du à mon visage gonflé et surtout les yeux, j’entrevoyais à peine à un mètre devant mon nez.
Au bruit, j’entendais l’hélico se poser plus loin, j’entendais la voix de Paolo qui s’approchait, il parlait à quelqu’un… je suis restée quelques petites minutes toute seule, ensuite c’est Paolo qui m’a rejoint.
- Ça va, tu arrives à parler ?
- Oui… mais j’ai froid ! Je couinais de froid.
Il s’allongea sur moi, sans me toucher, car il ne savait pas si j’avais quelque chose de cassé, il ne m’avait pas vu marcher. Dans une position très militaire, Paolo s’est mis à faire des pompes sur moi, je sens la chaleur de son corps, c’était agréable, mais pas suffisant… pendant qu’il faisait ses pompes, d’une main, il sortait sa couverture de survie de l'autre, j’entendais le bruit de papier d’alu qui se déplie péniblement.
J’avais presque envie de lui répondre de garder sa feuille d’alu, c’est inefficace, je le savais.
Mais par respect et par manque de forces, je ne l’ai point dit. Je sortais quelques mots entre les dents :
- Peux-tu me frotter la jambe ?
- Non, peux pas te toucher la jambe, c’est plus prudent… il va arriver un autre hélico pour toi, le pire c’est passé… tu viens de descendre de 300m, tu t’en rends compte ?
Je n’arrivais pas à m’exprimer et je me suis tourné de l’autre côté.

Les hélicos

Col du Seron depuis l'Etivaz
Col du Seron depuis l'Etivaz

Un deuxième hélico arriva, un médecin s’est posé à mes côtés et me posa des questions… (J’ai un blanc, me rappelle plus) j’avais juste envie de lui dire que j’allais bien, je voulais juste une bonne couverture chaude et une bonne tasse de thé vert pour me « rebooster ». Mais dans les hélicos de sauvetage, ils n’ont pas ça dans leur trousse de secours.
Renaud arriva et a donné quelques infos au médecin. Il y avait de plus en plus de monde autour de moi, ça causait en suisse allemand et en français… mais quel brouhaha !
Le médecin m’enleva les gants et me donna une sorte de grande chaufferette.
- En taille nature vous en avez ? D’un mètre cinquante cinq, svp !? Pensais-je.
Soudain, un petit coton imbibé de désinfectant nettoyait ma main.
- Halte ! Halte !
Je puisais dans mes dernières recharges… quand on croit qu’il n’y a plus, il y en a encore !
Cela nous sert comme kit de survie, notre corps est rempli de minis accus qui entrent en action lorsque le grand accu est déchargé. C’était à mon tour de questionner. Je me sentais flasque, mon cerveau ne réagissait pas à la même fréquence que d’habitude… mais j’étais consciente et je tenais à savoir, dans quel but on se préparerait à pénétrer une aiguille dans ma main.
Je voulais tout savoir. Vous ne pensez pas que j’allais me laisser faire… après 300m de chute… elle ne m’a pas eu… pourquoi je devrais me laisser faire maintenant.
Je devenais euphorique, le fait d’être en vie me poussait à croire que j’étais indestructible, incassable, intouchable !
Je n’aimais pas et je n’aime pas… mais du tout… et carrément pas… les blouses blanches. Voui, je les évite comme la peste, tiens… les pesticides et les médicaments, je les mets dans la même corbeille. Rassurez-vous, je n’en parlerais pas, il est hors sujet dans ce récit. Quoique, avec un peu de volonté, je trouverai un lien, toute chose a un lien sur notre planète Taire.
A mon souvenir le médecin était en rouge, cela avait un effet plus atténuant sur ma personne. J’entravais un peu les démarches médicales, je voulais tout savoir et tout comprendre avant de les laisser faire.
Un troisième hélico arriva.
Jusque là, j’étais avec les suisses-allemands « airs glaciers »… ils étaient plutôt doux et à l’écoute. Les troisièmes, étaient les secouristes de la Rega, ils sont bien aussi, d’ailleurs j’en suis membre. Mais ce sont des français… enfin, des romands… donc, plus gueulards !
- Pô grave, ça tombe bien, moi aussi, je suis gueularde. Nous verrons bien qui gueule le plus.
J’étais perdante, mais je n’avais rien à perdre, ils n’étaient pas contre moi, mais avec moi et pour moi.
- Boudiou, qu’est ce qui me prenait ? Je grognais… regrognais.
Je voulais tellement leur dire que j’allais bien… mais mes compagnons leur ont dit que j’étais tombée du haut de la falaise, alors, comment leur expliquer que j’allais bien.
En plus… ouais, en plus…
Je contribuais au réchauffement des Diablerets… ça volait, ça se posait, ça redécollait… et séances de photos du sommet, de la corniche… et taxi volant pour mes compagnons. Je ne pouvais rien dire et j’étais même très mal placée pour leur dire.
Le médecin de la Rega m’adressa la parole en m’appelant par mon prénom, comme s’il s’adressait à un peloton militaire.
- P A U L A , v o u s m ’ e n t e n d e z ???
- O U I M ô s i e u r ! Je lui répondis avec toutes mes forces.
Avec une envie de lui dire que je ne voyais pas bien, mais que je n’étais pas sourde.
Il m’a dit qu’ils ne pouvaient pas tout m’expliquer… et qu’il fallait agir vite… pour mon bien. Il m’obligea à porter la minerve que j’avais refusée auparavant. J’ai demandé encore pour Régula, je cherchais une réponse claire.
Pourquoi, on ne me le disait pas, je m’en doutais de la réponse, tant de non-dits… cela voulait dire beaucoup. Tout le monde voulait m’économiser, personne savait quelle serait ma réaction donc, ils se réservaient de me dire la vérité.
- R E G U L A ? J’insistais et je gueulais.
- O n l a c h e r c h e ! Répondit le gueulard de la Rega.
Ah ! Là… il me prenait pour une idiote ! Les chiens gémissaient à côté de mes oreilles, ils n’avaient pas bougés depuis qu’ils étaient arrivés sur le terrain, Renaud avait fait ce qu’il fallait faire… et « on la cherche » ?! Humm ! Ah, ces blouses blanches teintées en rouge !
- Ne me demandez pas de me mettre à leur place, j’en serais incapable !
Ils n’ont pas dans leurs trousses de secours, la chaleur humaine… ils ont à la place de la morphine. Pourtant, c’est bien la couverture de survie par excellence, la chaleur humaine, qui ne pèse pas lourd et même pas besoin de la chercher au fond du sac, elle est prête à se déployer à tout moment et en toute circonstance.
Si je savais… peut-être que je me serais levée et j’aurais rejoint Régula… pour la réchauffer avec mon corps et prier pour quelle revienne à la vie… c’est ringard, pour certains !
Mais dans mes convictions et dans mes profondes pensées, il faut laisser une large place à l’espoir... une large plage là où tout n’est pas fini.
Contrairement, au fait d’attendre et d’accepter les décisions médicales, d’un : « C’est fini, il n’y a plus rien à faire ».
On vivra la douleur et on attendra avec patience ou impatience qu’elle s’en aille, c’est la procédure normale.
J’étais en colère, et je le suis et chaque fois que j’y repense.
Je n’ai rien fait pour Régula… ma dette est énorme envers elle. Si seulement elle pouvait me lire, si…
Inutile de rester dans les « si » maintenant c’est « ça » et c’est à ça que je dois faire face.

Quelques mois plus tard à la fonte des neiges, je suis retournée avec ma petite famille, chercher le matos et nous avons aussi planté un genévrier en pensée à Régula.
Encore un mois après, je suis retournée seule et j’en avais écrit à Régula, comme un besoin de réparer l’irréparable.
J’ai contemplé la falaise, je me suis recueilli à sont pied. J’avais très envie de monter par cette face. J’ai trouvé un couloir et je me suis engagée, j’avais une fois de plus besoin. Ma petite voix causait et il fallait lui faire de la place. Je cherchais une lumière, une voix, une parole… un chemin… mais en vain, rien trouvé… rien entendu… que du caillou pourri et instable et à peine visible les quelques traces de bouquetins.
Au sommet une famille de grands-parents, parents et enfants discutaient, riaient, mangeaient… profitaient du soleil radieux ce 1er août de 2007. Je me suis posée à leurs côtés, pas beaucoup de place au sommet, grand-père jouait de la flute de pan, je me suis laissée emporter par la mélodie, je n’entendais même plus le blablatage du restant de la famille.
Plongée dans mes pensées, le regard dans les sommets lointains, je faisais le vide et je remplissais toute aussi vite mes accus de cette énergie inexplicable, que chaque amateur de la nature retrouve dans ses exploits.

De retour à cette pente froide et glacée… je m’abandonnais à mes douleurs, comme par punition. A plusieurs mains, l’équipe de secours me surélevait et me posait sur la civière ainsi que dans une espèce de sarcophage gonflable et je me suis envolée dans un des hélicos… pour une autre étape, la plus mauvaise de toutes !
La salle de déchoquage… en d’autres termes, salle de réanimation au CHUV.
Quelques minutes plus tard : J’ai regretté n’être pas restée plâtrée dans la falaise !

CHUV

Col du Seron, vue sur Les Diablerets
Col du Seron, vue sur Les Diablerets

Je vous épargne toute description, c’est sans intérêt. J’ai été exécrable avec le « staff » et je faisais tout pour qu’on me mette dehors. Je le sais… ils ont une vie professionnelle très dure et je ne facilitais pas les choses.
Je continuais à demander pour Régula, si elle était arrivée au même endroit que moi… personne ne savait.
Je voulais contacter Renaud, mais je n’avais pas de téléphone sur moi, plus d’habits, ils avaient été déchiquetés à coup de ciseaux de haut en bas, pas de documents, plus rien… j’étais nue ! Dans le vrai sens du terme, juste un drap qui me couvrait.
L’hôpital m’avait prêté un téléphone avec lequel je pouvais appeler un autre portable.
- Bon sang ! Je ne me rappelle d’aucun numéro, quelle pagaille dans ma tête… je décide d’appeler mon portable, peut-être avec un peu de chance…
Oui, Renaud me répond, il était encore au col des Mosses avec le reste du groupe, ils devaient déposer leur rapport à la gendarmerie. Je demande pour Régula, il me demande comment j’allais.
- Ça va, rien de grave… je me porte plutôt bien ! Ligament du genou interne déchiré et petite fracture interne entre les yeux.
Renaud m’annonce que Régula n’avait pas survécue à la chute. Une sensation de sécheresse envahissait mon cerveau. On s’est dit au revoir et qu’il me rejoindrait dès qu’ils auraient terminés.
- Zarbi, pourquoi moi ? Pourquoi Franziska n’a pas survécue ainsi que Régula ? Pourquoi moi ?
J’avais vécu dans un brouillard… perplexe, confuse, j’étais avide des réponses toutes faites à ma situation, mais je ne les trouvais point.

Les jours suivants

Je ne savais pas encore de quoi mon visage avait l’air, mais cela avait l’air de soucier personne à l’hôpital. J’ai eu très peur quand je me suis regardée dans le miroir… mais j’ai assumé, pour Régula, pour moi, pour tous ceux qui font de la montagne… pour la planète entière.
La première semaine quand je sortais, les enfants qui me croisaient étaient très impressionnés, ils n’arrêtaient pas de me fixer des yeux tout en marchant.
Je sentais que je devenais un danger pour la petite enfance, mais quelques uns osaient à me demander, si je m’étais brulée. Difficile d’expliquer exactement la situation, mais quelques mots suffisaient pour répondre à leurs questions. Par la même occasion, je me libérais de cette image de film d’horreur et je le vivais plutôt bien.

J’avais appris quelques jours plus tard que Régula était tombée avant moi de la corniche. Elle avait suivi ma ligne de trajectoire et une fois arrivée sur la corniche, nos deux poids l’ont fait céder. Inconsciemment, celui qui était devant moi avait tracé sur la corniche, la corniche s’était préparée invisiblement.
Le décès de Régula est du à une fracture probablement de la cervical, confirmation que je n’ai pas eu jusqu’à ce jour.
Légèrement ensevelit, elle à été trouvée presque en surface, Renaud avait trouvé un bout de son sac en surface et accéder à sa pelle, ce qui l’a permis de la dégager complètement. Et l’apporter les premiers secours, mais Régula ne vivait plus, la couleur de sa peau avait déjà changé lorsque Renaud l’a sorti de la neige.

Remerciements

Bergerie du Seron
Bergerie du Seron
  • A Gudrun, d’avoir mise en place un contact permanent avec la famille de Régula et de leur avoir rendu visite promptement.
  • A Paolo pour ses pompes chaleureuses.
  • A Gudrun et Paolo pour les skis offerts 3 jours après mon accident, cadeau très inattendu vu mon état physique.
  • A Mag et J-P de leurs prières 3 heures après l’accident, ils l’ont appris par camptocamp, apparemment très efficace pour les nouvelles rapides de ce genre.
  • A tous mes amis montagnards qui m’ont rendu visite à la maison et pour leurs coups de fils, j’en avais besoin de leur soutien, cela m’a permis de vivre plus paisiblement.
  • A des camptocampistes, juste après avoir posté le topo de notre course, j’ai reçu des pensées d’encouragement… pour moi, chaque mot comptait, je les absorbais comme des absorbeurs de choc, les mots amortissaient mes douleurs.
  • Aux parents de Régula, malgré leurs douleurs et leurs souffrances, d’avoir accepté les événements avec noblesse. Eux-mêmes amateurs de nos montagnes et de la nature, avaient compris et acceptés les choix de leur fille.
  • A Eunice et Béatrice, mes filles, d’avoir supporté ma bouille défigurée et pour leur compréhension. Pas facile pour les ados…
  • A Renaud d’être resté à mes côtés, pour son relativisme et sa pensée positive, pour son amour et pour tout ce qu’il m’apporte chaque jour.

  • Aux ANGES « l’armée des cieux », de m’avoir portés et déposés intacte et pleine de vie au pied de la falaise. Les anges sont des êtres célestes invisibles aux yeux. Ils nous accompagnent lors de notre mandat sur cette planète TAIRE, une fois que notre mandat arrive à échéance… peut-être que ce sont eux-mêmes qui nous portent pour une ultime ascension.
    Tiens, à propos des anges, mais dans un tout autre répertoire : http://www.angesgardiens.ch

  • A la MONTAGNE, qui m’a donnée des amis, avec qui je partage des moments géniaux, qui m’a donnée la force physique et mentale, qui me permet de me ressourcer, qui m’a aidée à élever mes enfants, qui m’a apprise à faire face au stress quotidien, pour les gouttes de sueur, l’entretien de la ligne, pour la gestion de la peur, pour tout ce qu’elle contient et par Sa Beauté. Elle a tant donné… et elle reprendra !
    Bah non, je ne me suis pas refroidie, une semaine après, j’étais déjà en montagne, certes pour des sorties à l’hauteur de ma condition physique.

Epilogue

Une pensée de profonde tristesse pour tous ceux qui ont laissé leur vie dans cette face N. C’est très douloureux pour ceux qui restent, qui doivent vivre le vide et la perte d’un être cher. Mais rassurez vous, ceux qui s’en vont dans les accidents où ils vivent intensément leur passion, c’est surement le premier des endroits qu’ils choisiraient pour leur repos éternel… mais si seulement ils pouvaient choisir, ce serait probablement… vers la fin de la retraite.

Citations

Cape au Moine depuis le Col du Seron
Cape au Moine depuis le Col du Seron

« Etrange :
L’être humain recherche la certitude et la sécurité, il recherche pourtant aussi l’aventure et le risque.
Cela dit :
Plus il se sent sûr, plus il court des risques importants. »
Felix Von Cube

« Toute ignorance est dangereuse et la plupart des erreurs se paient cher. Il peut s’estimer chanceux celui jusqu’à sa mort porte en lui une erreur, sans jamais devoir en subir les conséquences. »
Arthur Schopenhauer

« Je mets ici résolument en garde contre les donneurs de leçons et les critiques trop hâtifs qui s’expriment volontiers à la suite d’accidents de montagne. Nous devrions affronter le malheur des autres avec respect, tâcher d’en apprendre quelque chose et surtout ne pas le prendre de haut. »
Klaus Hoi

« Si des skieurs possédant une technique et une expérience à peu près égales s’unissent pour réaliser une course en commun sans qu’aucun d’entre eux ne guide à proprement parler le groupe, il est alors de la responsabilité de chacun d’apprécier les dangers et si un accident se produit, il n’y a pas de responsabilité pénale. »
Parquet des Grisons, octobre 1988

« La mort d’un alpiniste constitue toujours un accident regrettable, arrachant au monde une vie qui ne cherchait pas à mourir, mais à vivre plus profondément »
Ruedi Schatz

« Se confronter à ses forces avec enthousiasme à des difficultés croissantes goûter au piquant du danger et, ici et là,
Consentir à ce que la vie soit suspendue à un fil de soie…
En un mot :
Savourer la vie dans toute sa forme, assumer son intensité et sa force,
Serait-ce peut-être cela… le BonHeuR ? »
Werner Munter