Un sac à corde pour l'alpinisme

Activités :
Catégories : matériel, technique
Type d'article : individuel (CC by-nc-nd)
Contributeur : jbl77

Quand on descend en rappel en montagne, il y a souvent un moment où on se retrouve face à un sac de nœuds, parfois au relais, parfois même en étant pendu au beau milieu de la descente. Au bout de quelques séquences de ce type on se dit qu'il serait bon de remédier au problème.

En général, les soucis commencent quand on lance la corde depuis le relais. Dans les parois très verticales, la corde arrive normalement en bas sans faire de nœuds. Dans les descentes moins verticales et/ou boisées -- en cascade de glace par exemple -- la corde finit bien souvent emmêlée dans les branches.

L'autre problème lorsqu'on descend en rappel est la présence -- ou non -- de nœuds aux bouts des deux brins. Un certain nombre d'accident (ou d'incidents) sont là pour nous montrer qu'il est réellement très dangereux des descendre sur une corde dépourvue de nœuds. Il suffit d'un élément perturbateur (corde mal équilibrée, météo...) pour qu'on soit suffisamment déconcentré pour oublier l'absence de nœuds et provoquer un accident avec bien souvent des conséquences graves voire fatales.
Descendre en rappel sur des cordes sans nœuds au bout ne devrait plus faire partie des options envisageables. (excepté bien sûr en canyon dans certaines configurations de cascades).

Problème : la présence de nœuds favorise l'emmêlement des cordes...

Une activité cousine de l'alpinisme -- la spéléologie -- a résolu ces deux problèmes en "enkittant" la corde en vrac dans un sac (un "kit bag", du nom des sacs des GI's récupérés massivement pas les spéléos d'après-guerre) avant la descente. La corde se déploie alors toute seule au cours de la descente sans faire de nœuds. Le temps passé à "enkitter" est largement compensé par le temps qu'on gagne par le fait que la corde e se déploie sans s'emmêler. On place systématiquement un nœud au bout pour être sur de s'arrêter si on va trop loin. Les kits spéléo sont de lourds sacs en toile PVC enduite.

Pour que cette technique soit transposable à l'alpinisme il faut la modifier légèrement :

  • il faut 2 sacs, un par brin.
  • les sacs doivent être suffisamment légers pour pouvoir trouver leur place dans le sac de montagne

Quelques caractéristiques du sac :

  • il doit pouvoir contenir un brin de corde de rappel. Le patron décrit plus bas permet de stocker un brin de 60mx8.1mm.
  • il doit pouvoir être suspendu au harnais par un micro mousqueton.
  • l'ouverture du sac doit être rigide pour faciliter l'enkittage, d'où le tube caoutchouc qui maintient le sac ouvert.
  • il doit être utilisable y compris sur un relais inconfortable ou suspendu.
  • léger (environ 100g).
  • il doit être suffisamment résistant pour subir les frottement sur le rocher.
  • il doit être possible de contrôler à tout moment la présence du nœud en bout de corde.
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Matériaux nécessaires

  • toile nylon (environ 80cmx45cm) type toile à sac à dos. Un tissus autour de 120g/m2 ou 150g/m2 semble un compromis raisonnable légèreté/solidité. Si possible privilégier un tissus ripstop. On en trouve facilement sur internet entre 9 et 25 €/m en 1,50m de large suivant la qualité. A 25 €/m on trouve des toiles avec les fils ripstop en dyneema donc très résistant. A 9 €/m on aura du 100 % nylon.
  • nylon ripstop léger, par exemple toile à cerf-volant (environ 70cmx15cm), 35 g/m2.
  • tube caoutchouc souple diamètre 5mmx60cm (par exemple un tuyau de fer à vapeur). Prévoir aussi un morceau de tube correspondant au diamètre intérieur du tube caoutchouc pour relier les 2 extrémités. Il est aussi possible d'utiliser du tuyau d'arrosage PVC transparent d'environ 6mm pour jardinière (magasin brico ou jardinerie).
  • cordelette (80cm) et tankas
  • sangle polyamide largeur 2cm (20cm)
  • un œillet laiton ou inox 12mm ou si possible 14mm. On doit pouvoir y passer la corde. Il est aussi possible de créer un œillet cousu.
  • un ou 2 mousquetons légers (nano ou autre...)

Fabrication du sac

  1. pièce A : fabriquer un tube en cousant (par exemple une couture anglaise) le petit côté.

  2. pièce B et C : coudre 2 renforts C au centre de la pièce B et y poser l’œillet. Ci-dessous le renfort et l'oeillet une fois le sac terminé.

  3. pièce D : réaliser un passant pour cordelette sur un des bords longs. Pour cela piquer un rabat sur chaque bord court. Réaliser le passant sur un bord long.

  4. pièce A : sur une des extrémités du tube ainsi formé, fabriquer un passant d'environ 2.5cm de côté en laissant une ouverture de 5cm sur la couture pour y entrer plus tard le tube caoutchouc. On en profite pour insérer le rabat dans la même piqûre. Le montage est relativement délicat. On peut soit bâtir soit procéder en 2 étapes avec des épingles comme sur les photos.

  5. pièce A : coudre 2 pièces de renfort C à l'emplacement où on viendra coudre la sangle de suspension

  6. pièce B : coudre une sangle de suspension pour accrocher le sac. Cette couture est fortement sollicitée car elle soutient le poids du sac et de la corde. Il est préférable de la réaliser à la main (au point arrière par exemple) avec du fil renforcé, fil de voilier par exemple. Ci-dessous, à gauche une couture entièrement à la main et à droite une couture machine renforcée par une couture à l'alène de voilier.

  7. pièce A et B : coudre le fond du sac au tube

  8. pièces B et D : coudre la pièce D à la pièce B à l'intérieur juste au niveau de la couture du passant pour le tube caoutchouc ; prendre soin de laisser l'ouverture pour insérer le tube libre.

  9. insérer le tube caoutchouc et refermer le passant

  10. piquer les bords du rabat de façon à ce que le sac soit bien fermé quand le cordon de fermeture est tiré.
  11. insérer la cordelette dans son passant et placer le tanka ; faire un nœud pour le bloquer.

Utilisation

Le sac est destiné en premier lieu à l'utilisation lors des rappels. A l'usage, il s'avère aussi utile en montagne pour stocker l’excédant de corde lors de progression en alpinisme facile. En club, il est pratique pour les cadres afin de stocker une corde d'assistance prête à être utilisée, par exemple lors d'exercices sur corde en falaise pour s'entraîner aux manœuvres de sécurité sur glacier (mouflage, remontée sur corde, etc).

Lors des manœuvres, il est impératif de longer le sac si on doit le détacher du harnais.

(Article en cours de reformatage pour C2C)

Article publié initialement le 21 août 2015 sur le site du CAF-RSF (Club Alpin Français de la Recherche Scientifique Francilienne).