Trek Choquequiraw: Cachora - Santa Teresa (Pérou)

Activités :
Catégories : récits
Type d'article : collaboratif (CC by-sa)

J1 Cachora -Santa Rossa

Le réveil sonne tôt, trop tôt : 4h45. Le temps de réorganiser les sacs et d’avaler 3 ou 4 tartines, il est déjà temps de rencontrer notre muletier : Juan Canshiu, péruvien trappu et balafré aux cheveux bouclés. Les détail du trek sont réglés un par un. Dario nous trouve du gaz et des bruleurs format industriel et Juan peut charger les trois mules. Départ à 8h00, après un dernier mate de coca, pour une journée de marche digne des plus belles épopées napoléoniennes.

Deux bonnes heures de marche au milieu des eucalyptus puis des ravins pour arriver au premier panorama, toujours en forme ! La vallée de Cachora rencontre celle de l’Apurimac (le fleuve qui parle en Quechua) qui s’écoule 1400 m plus bas. En face, deux glaciers s’enchaînent pour essayer de meubler l’espace immense qui s’offre à nous : le Padreyoc (5482 m) à gauche et le Salkantay (6271 m) à droite.
Un dernier coup d’œil sur au Salkantay avant d’amorcer une longue descente de 1400 m en plein cagnard. Une petite pause, à mi-route, dans une petite oasis afin de faire le plein d’eau et de nutriments. L’occasion pour nous de comprendre que Juan ne nous accordera pas le temps de faire notre repas du midi : la journée va être longue, il est 13h15.
Une demi-heure supplémentaire dans les lacets pour nous retrouver au niveau de l’Apurimac, du pont et accessoirement accéder à la montée de la mort. Les jambes lachent et le moral commence à flancher. À grand coup de pause à chaque virage, nous regagnons l’ombre 500 m plus haut. Alors que l’arrivée parait encore loin, la fraicheur finit par nous redonner les forces nécessaires pour arriver au camp. Une fausse alerte et la bouteille d’eau la plus chère de l’histoire de la Cristaline plus loin, on arrive au vrai camp.

Hugo et Juan ont déjà monté la première tente, et ca c’est cool. Montage express de la deuxième face à un paysage de rêve. Prise de quelques notes et préparation du thé de la victoire, il est déjà 17h45, l’heure du repas. Pas la peine de dire que dans une heure on dort.

J2 Santa Rosa – Choquequiraw

Après avoir rangé les tente et fini les sacs, nous partons, il est 8h. La journée commence comme la précédente s’est terminée : on monte. Quelques 400 m de dénivelé sur la première demi-heure.

Après une bonne de grimpe, on finit par trouver notre première pause : Maranpata. Avec le Choquequiraw en fond, c’est caramel et colibri en attendant Juan. Et c’est reparti sur un chemin serpentant dans une sorte de forêt tropicale. Arrivés au campement : montage rapide des tentes, face à la montagne, avant d’entamer nos tranches de pain au thon. Juan est ravi par la qualité de notre cuisine occidentale. Après ce repas bien mérité, nous partons vers Choque.

Après 20 minutes de marche, les premiers murs du site de Choque font office de bande-annonce, c’est franchement de bonne augure. Face à nous se découvrent 3 grandes terrasses de pierre.L’agriculture a fait place à de la pelouse et quelques beaux arbres, c’est magnifique. Après avoir longé ces longs murs, un dernier raidillon permet d’accéder au milieu du site. D’une grande place centrale recouverte de pelouse, nous pouvons observer d’un côté un bout de montagne dont le sommet a été scalpé pour être converti en place. De l’autre côté les restes de maisons se répartissent sur les hauteurs. Quelques minutes d’extase plus tard, nous allons voir la place supérieure. Vue à 360 degré sur la vallée de l’Apurimac, le Padreyoc et la vallée du rio Blanco. Un caramel et on redescend un peu de l’autre côté mais, nos gambettes ayant avalé quelques 1200 m de montée, nos pérégrinations sont vite limitées. On décide donc de faire demi-tour et on retourne à la place centrale, pour monter sur l’autre flanc au milieu des maisons. Une jolie rigole en pierre nous sert de guide au milieu des ruines. On finit par monter le long des terrasses particulièrement escarpées pour nous retrouver en haut du site. Comme d’hab, vue incroyable, à finir par en être blasés. La descente nous achève et nous nous affalons dans l’herbe de la place centrale. Le temps de récupérer et nous voulons finir notre visite en poussant jusqu’aux terrasses des lamas.

J3 Choque – Maizal

Lever vers 5h pour avoir le temps de préparer les affaires. Juan nous a mis la pression en prévision de notre grosse journée. Grand départ, il est 8h. On monte dans la salva, au-dessus du Choque pendant une heure. Avant de passer sur l’autre versant, dernier coup d’œil au site. Le panorama est splendide. La descente peut commencer et nous suivons des lacets pleins de poussière et de sable qui nous séparent du rio Blanco coulant 1400 m plus bas. En route, on rencontre des terrasses en train d’être excavées, la surprise est totale. Arrivés au Rio, un repas à base de sandwich au thon et de tartines de confiot’ nous offrent un repas mérité, il est déjà midi. La chaleur nous ayant bien calmé, un petit bain façon « les bronzés font du nudisme dans un torrent» permet de se décrasser et de réguler notre température corporelle plutôt caliente. Juan ne se sent pas encore assez intime pour venir avec nous.

Remis, nous attaquons les 1100 m de montée. Après 2h00, jambes fourbues et un peu déshydratés, nous arrivons au camp, mi-relais mi-élevage de poules, dindons et compagnie. Un thé et quelques étirements plus tard, nous sommes remis et buvons une bière avec Juan et un autre arriero.

J4 - Maizal-Yanama

Réveil particulièrement difficile ce matin. Pourtant Juan nous a préparé une sopita pour que nous ayons la patate toute la journée. La soupe est excellente mais les effets escomptés pas franchement au rendez-vous.

On commence la journée par de la montée, pour changer, et comme tout le monde est claqué, on pose notre cerveau et on monte sans broncher. On s’arrête quand même pour visiter une grotte mais vite le nombre de ramifications nous fait rebrousser chemin. Au total, 2h d’ascension dans la boue avant d’arriver au pied de la dernière barre rocheuse. Alors qu’on récupère 5 minutes, on en profite pour apercevoir notre premier condor, de loin. Trente minutes d’effort et deux condors sont encore nécessaires pour parvenir au col de Yanama, à 4170 m. La vue est extraordinaire. Derrière nous, vue plongeante sur les 2200 m qui nous séparent du rio Blanco et d’une partie de notre parcours. En face, ca tombe à pic et de magnifiques chaînes de glacier ferment l’horizon. Le fond sonore est assuré par des hirondelles qui passent à une vitesse hallucinante en émettant des bruits façon Magnicourt.

Redescente dans un paysage tout ce qu’il y a de plus alpin. Juan nous fait prendre un peu d’avance sur l’étape du lendemain et nous finissons par arriver dans une petite ferme à l’herbe particulièrement attrayante. Nous plantons nos tentes sur une terrasse bordée de murs en pierre avec vue sur le rio qui coule 30 m au-dessous et les montagnes qui bordent la vallée : c’est le rêve.

Il commence à pleuvoir et on se réfugie dans les tentes en attendant Juan qui est partie nourrir les mules. Rebondissement : la pluie s’est transformée en orage assez violent et les rafales de vent donnent à la tente des formes incongrues. Nous espérons tous qu’elles tiendront le coup. Après 30 minutes de pluie et de grèles, les premières gouttes perlent à travers la toile. Nous prions pour que l’orage cesse au plus vite, ce qui est rapidement exaucé. Pendant l’averse, Juan nous a mijoté un petit repas. Nous allons alors manger dans la maison de la famille qui nous héberge. Comme d’habitude, Juan nous a gâté. L’intérieur de la chaumière est rustique : pas d’électricité, éclairage à la lampe à huile, les deux enfants se réchauffent autour d’un feu sommaire, les cuys grouillent sur le sol : le confort minimum. Puis nuit tranquille.

J5 - Yanama-Totora

Pour bien commencer la journée, panne de réveil. On se lève donc à 6h pour se rendre compte que la toile de tente a gelé. Record du monde de rangement de tentes et on rejoint Juan qui a préparé le petit déj’ : nouilles chinoises et riz au thon, c’est délicieux. En guise de starter, on aggrémente ce repas de quelques tartines de confiture qui nous rappellent la maison. Finalement, départ à 8h. On continue à monter dans la vallée de Yanama. Plus on avance, moins il y a de maisons et plus on est entourés de glaciers. Arrivés au pied du col vers 10h, après 2h de marche dans une pampa magnifique. Une heure est nécessaire pour gravir le col de Totora. Encore une fois la vue nous surprend. Des glaciers de tous les côtés qui surplombent l’immense vallée verdoyante de Totora. Une heure et demi de descente bien raide avant d’arriver au spot à picnic : petit coin de verdure au bord d’un ruisseau, vue sur notre col d’un côté, la vallée et les glaciers de l’autre.

On ne traine pourtant pas et on arrive à Totora, charmante bourgade de 10 habitants perdue au milieu des Andes, vers 15h. Comme il est tôt et qu’on a la pêche, Juan nous propose de continuer pendant un peu plus d’une heure pour prendre de l’avance sur demain. On suit alors un chemin minuscule au bord d’un ravin, nous croisons quelques vaches puis finissons par arriver à notre dernier camp après une magnifique journée de marche. Montage rapide des tentes et petite bière tout en étant assaillis par les moustiques. Dernier repas délicieux en altitude et dernière nuit du trek.

J6 - Totora -Santa Teresa

Reveil un peu moins matinal avec Juan Canshiu qui nous a prepare de la sopita et des pates pour la journée.

La dernière étape est courte et nous croisons rapidement, après le passage d’un ou deux éboulis, les randonneurs qui effectuent le trek de Salkantay, propose par beaucoup d agences de voyages. Après 5 jours toujours seuls dans les montées et les descentes avec juste des locaux et des muletiers c’est la redescente sur Terre : le troupeau compte une cinquantaine de têtes blondes et chenues. Nous les depassons rapidement mais le chemin ressemble déjà plus a une autoroute et seules les mouches vampires, les colibris et la construction d’une route sur l’autre flanc de la rivière nous rapellent au cadre.

Après 3 heures et demi de marche le long du rio, nous arrivons a La Playa où nous quittons Juan Canshiu qui repart directement pour Cachora en 4 jours.

Nous rejoignons alors en collectivo la bourgade de Santa Theresa, une plaisante cité tout en plaques de tôles. Le climat est tout de même assez plaisant pour favoriser la pousse naturelle des bananiers et des cafeiers.

Fin d'un trek extraordinaire tant par les paysages, l'ambiance, que le site fabuleux et protégé de Choquequiraw !

Commentaires

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La_Billebaude 16 years ago

Les photos sont magnifiques! Merci!