J1 - Samedi 8 août - 6h, 28.4 km
Reykjahlid -> Selland : 11h - 18h
Nous avons pris le bus d'Akureyri jusqu'à Reykjahlid où nous avons pu nous alléger de notre dernier carton. 10 km de route nous attendent, "On part en stop jusqu'à Gardur? - Oh ben oui! ", nous sommes confiants. Et une voiture, et deux.. Nous commençons à marcher... Après 7 km, nous sommes pris en stop par 2 franco-islandaises. Elles nous posent à Gardur et c'est le Vrai Départ. Premier village dépassé, pause déjeuner, quelques moutons, peu d'herbe, c'est désertique. La piste devient de moins en moins bonne, mais doit passer près d'une rivière, nous sommes partis avec 2L chacun. Nous apercevons une rivière au loin tandis que l'on marche sur du sable, c'est limite lunaire, on s'éloigne de la rivière. Nous avons en point de mire une grosse montagne ronde que l'on doit dépasser, elle paraît très lointaine. La piste nous ramenant plus près du lit de la rivière, nous la quittons sur la droite pour aller chercher de l'eau dont nous avons peur de manquer. Nous nous rapprochons enfin de la montagne et recroisons la rivière. Nous commençons à chercher un endroit pour le bivouac car j'ai mal derrière les genoux. Nous plantons la tente dans un bel endroit au milieu de rien. Nous aurons vu un motard et deux 4×4. Nous avons le temps de commencer la soupe dehors mais finirons le repas sous la tente, interrompus par la pluie. Une accalmie pour aller se brosser les dents et DODO. J'ai déjà mal de partout...
J2 - Dimanche 9 août - 6h30, 21.8 km
Selland -> Botni : 9h - 16h40
Nous voilà repartis sur la piste. Le beau temps est au rendez-vous. C'est le désert de sable d'un côté et plutôt verdoyant de l'autre, là où coule la rivière. Les "prairies" sont parsemées de moutons. Un oiseau qui piaille beaucoup nous suit. Pause-déjeuner animée par le passage de 6 motos "enduro", à fond les ballons. C'est reparti après 20 minutes de pause... un peu courte. Et là, surprise, un gué à passer! Notre premier, le premier tout court pour moi. Ouh là là que c'est froid! En résumé c'est drôle (en tout cas sous le soleil) mais c'est froid!! Nous continuons en bifurquant à droite pour longer la rivière et avoir de l'eau en arrivant au refuge. C'est maintenant très caillouteux au travers de grands champs de lave, difficiles pour les 4×4. Enfin le refuge est en vue, petite cabane blanche en face d'un lac inattendu. Un vrai palace 4 étoiles, super mignon et tout confort. Nous buvons le thé avec 2 allemands en moto puis nous installons. Nous nous lavons dehors au lac (il fait 12°C à l'extérieur, je n'imagine pas la température de l'eau) puis faisons un peu de lessive. Tandis que nous terminons de souper, deux 4×4 arrivent avec 6 sympathiques français qui nous offrent une bière, puis au lit (mal de partout).
J3 - Lundi 10 août - 5h45, 20.5 km
Botni -> Dyngjufell : 9h15 - 15h40
Après un réveil à 4h par l'alarme anti-feu, le vrai réveil se fait tranquillement. Petit-déjeuner avec les autres français puis on remballe. Notre linge est loin d'être sec. Départ sous une pluie fine qui dure 1h30. Le paysage est plus que lunaire avec des champs de lave et de sable noir tous alentours. Nous passons une dune. Une accalmie, c'est le grand soleil, nous en profitons pour faire la pause déjeuner. Nous avons bien avancé ce matin, il nous reste 8kms. Le redémarrage est toujours difficile, les douleurs se réveillent et mes bâtons me servent de béquilles. Un gros grain nous tombe dessus. La montagne à côté de laquelle doit se trouver le refuge se rapproche.. Nous longeons maintenant une rivière. Des cailloux aux formes bizarres ressemblent à un refuge. Mais le refuge sera plus loin. Nous le voyons 1.5 km avant d'y être, les derniers mètres sont interminables. C'est une petite bicoque blanche, "copie conforme" de celui d'hier. Nous passons une petite rivière et puis arrivons au chaud dans un refuge aussi luxueux que le précédent. Cette fois-ci, nous allumons le poêle pour nous laver à l'eau chaude (!) et faire une petite lessive. Ensuite nous mangeons nos bonnes portions lyophilisées. Il est 20h, trois 4×4 se garent près du refuge. Six italiens qui dormiront finalement dans le refuge. J'ai enfin récupéré mon retard pour le journal de bord, alors repos bien mérité.
J4 - Mardi 11 août - 9h, 25.1 km, +1020m / - 890 m
Dyngjufell -> Dreki : 8h05 - 18h20
Réveil à 6h30. Dur dur. Le départ était prévu à 7h30, on ne décolle qu'à 8h. Bye bye les Italiens, en route pour Dreki via Askja et le cratère d'eau chaude de Viti. C'est parti pour une presqu'étape de montagne. La première montée sur une petite crête nous éloigne de la vallée désertique. Nous trouvons rapidement de la neige et de petits torrents. La montée de fait de plateaux en plateaux, en suivant toujours les fameux piquets jaunes. Nous passons de pierres en pierres, d'abord noires puis ocres. Rivière en vue, un gué? Non, nous passerons sans déchausser. Le col est en vue à quelques kilomètres. Arrivés de l'autre côté, c'est un panoramique sur le cratère d'Askja... fantastique et inimaginable. C'est un champ de lave hostile qui semble s'être figé hier. Nous faisons le tour par la gauche en restant bien à flanc dans les névés où il est plus facile de progresser. Au loin nous apercevons le lac Oskjuvatn. Nous nous rapprochons assez vite de la piste et du parking oiù de nombreux 4×4 sont garés. Nous bifurquons à droite pour rejoindre le sentier menant à Viti. Cela nous oblige à traverser un champ de scories abrasives, puis changement radical, de la pierre "bulleuse", lisse et d'un noir de geai. Pause déjeuner rapide et nous prenons le sentier. Nous croisons un sympathique viking qui emmène un groupe de touristes. L'arrivée sur le cratère de Viti est surprenante, une eau bleu-verte opaque, laiteuse qui fume au milieu de falises ocres. Nous descendons pour prendre un bain. Il fût rapide car l'eau n'est pas si chaude ! Séchage rhabillage et nous voilà repartis pour Dreki par la montagne. La pluie se remet à tomber de plus belle. Le chemin nous offre une belle vue sur le lac. Nous croisons d'autres fumerolles surprenantes. Le sentier se raidit et ça commence à être dur musculairement, les genoux se font sentir et le col se fait attendre. Une fois au sommet (~1300m), rien en vue, nous sommes dans le brouillard. Le sentier serpente à plat. Puis le temps se lève pour découvrir des montagnes jaunes-orangées à noires. La descente d'abord douce se raidit plus loin dans le sable. Nous apercevons au loin la rivière et la piste. Mais ce n'est qu'au détour du dernier virage que l'on voir le camp. Quatre petites maisons et des tentes. Nous sommes le troisième groupe à camper, les autres sont en refuge. Nous discutons avec un randonneur nordique à l'accent bizarre avant le repas. Je suis exténuée, la journée a été bien plus rude que prévue! Je vais demander de la colle à un couple de belge qui ont de la glue. Parfait! Ça me permet de recoller mes chaussures là où les coutures ont lâché. Ce couple est en voyage de noces. Original?! Quelques étirements, on soigne les bobos et au lit!
J5 - Mercredi 12 août - 8h, 28.8 km, 1 gué
Dreki -> Holuhraun (Middle of Nowhere): 8h45 - 18h
Réveil à 7h, mais le départ tarde. Un rapide coup d’œil aux panneaux d’information et nous voilà partis sous la pluie. Premier arrêt après 200 m près de containers à ordures pour que Sam se couvre, il est parti sans polaire ni collant et il fait froid sous la pluie et le vent. La montagne d’Askja su notre droite ne tarde pas à nous protéger du vent. Puis ce sont des km et des km de piste plate qui s’étirent à l’horizon, tout droit, tracés dans du sable noir. Nous apercevons au loin le Dyngjuvatn, la piste descend et nous craignons un gué imprévu. Mais le niveau est assez bas et nous pourrons passer sans déchausser. Nous contournons le lac. Nous pouvons apercevoir au loin le Vatnajökull, énorme et magnifique. Nous continuons sur la piste de sable noir au milieu du désert, sans fin. La météo est difficile, beaucoup de vent d’W et de pluie. Nous parlons peu, c’est dur. J’en ai déjà plein les pattes, et il nous reste encore 10 km avant la bifurcation. La pause déjeuner sera courte, mais nous avons pu profiter d’une accalmie. Enfin la bifurcation. Nous croyons voir couler de l’eau au loin, mais ce n’est qu’une zone marécageuse, recouverte de boue, fines particules de moraine beige très clair qui brillent au soleil. Nous arrivons à la rivière. Est-ce qu’on bivouaque avant ? Non, nous décidons de passer le gué (mauvaise idée). C’est un vrai bain de boue et Sam est frigorifié. Puis nous plantons la tente entre la rivière et la piste, après un rapide décrassage pour pouvoir remettre les chaussures et redescendre le pantalon afin de nous réchauffer. Sam part ensuite chercher de l’eau, il ne nous reste qu’un litre et demi. Il est impossible de faire décanter cette eau boueuse. Ce soir, pas de soupe, donc, seulement les lyoph pour garder un peu d’eau pour demain. Séance d’étirements intenses et Sam dort déjà tandis que j’écris ces quelques lignes…
J6 - Jeudi 13 août - 6h, 20 km, +400m / -120m
Holuhraun -> Kistufell : 8h50 - 15h45
Il est dur de sortir du duvet ce matin. C’est reparti sur la piste de sable noir. Le premier gué (2 prévus) doit se trouver 1 km après le bivouac, on aperçoit des flaques brillantes au loin. Mais il est tôt et le glacier n’a pas commencé à couler, c’est une immense zone marécageuse (inondable d’après la carte), nous pouvons donc passer sans déchausser. On voit au loin la piste qui monte dans la montagne. Sam pense que ce sera notre dernier point d’eau. Nous essayons donc de filtrer l’eau boueuse, avec des chaussettes, faute de mieux. Le résultat n’est guère buvable... même après 3 filtrations. Enfin, nous montons sur les flancs d’un volcan, toujours une formidable vue sur le glacier, duquel nous sommes passés très près, à peine quelques centaines de mètres. Après une bonne pause déjeuner (45min), nous repartons, difficilement pour moi. Les muscles des jambes refroidis sont affreusement douloureux, et il faut 5-10 minutes avant de reprendre un rythme correct, encore que je vais toujours plus doucement l’après-midi. Après un peu plus d’une heure, le refuge est en vue. Grand soleil à l’arrivée, mais pas d’eau. Sam part en chercher au névé plus bas, elle est claire. Nous avons 10L d’eau, un chauffage au fioul, grand luxe !! Puis 2 randonneurs surgissent de nulle part, sous la pluie. Un suisse et un autrichien, respectivement 11 et 4 séjours en Islande. La soirée à 4 aura été sympathique.
J7 - Vendredi 14 août - 5h, 19.1 km, +200 m / -300m
Kistufell -> Gaesavotn : 8h50 - 14h50
Le premier lever à 5h30 pour une pause pipi me permet de voir un paysage grandiose. Le soleil donne une lumière dorée qui chatoie sur le sable noir et crée une superbe ambiance sur la montagne. Grand ciel bleu au réveil et il fait toujours beau quand nous partons, laissant nos 2 compères qui se lèvent à peine. Nous reprenons la piste qui longe le Vatnajökull. Trois 4×4 nous dépassent. Nous n’avons pas eu à déchausser pour passer les rivières que nous avons croisé assez tôt le matin, avant que le flux ne soit trop important. Un autre 4×4 avec 2 français s’arrête pour discuter. On voit le glacier que l’on doit contourner. On passe un vallon et là, surprise, vue sur une rivière longée de végétation avec, près des deux lacs, le refuge privé de Gaesavotn. C’est un petite oasis au milieu du désert. Nous installons la tente sur un coin d’herbe. Puis nous partageons un chocolat avec une famille islandaise arrivée en 4×4 qui sa pause ici. Plus tard, tandis que nous sommes à l’abri d’une pluie battante, deux tentes se montent. Nos compères d’hier sont de l’autre côté du lac. L’un d’eux va d’ailleurs se laver dans le lac ! Et nous loin de nous, deux français qui ne déchaussent pas pour passer les gués… Les lyophs sont prêts, il est 20h, demain lever 5h.
J8 - Samedi 15 août - 7h15, 21.4 km, 8 gués, +360m/-330m
Gaesavotn -> Snapadalur : 6h50 - 15h
Record de préparation battu ce matin, malgré une demi-heure de sommeil en rab’. La journée s’annonce belle. Nous quittons la piste dès le départ. Sam fera toute la navigation au GPS, excepté un bout de piste que nous prendrons. Nous passerons au total 8 gués dont 2 pour lesquels il faudra que je quitte le pantalon. Pour le premier, dans lequel il y a beaucoup de courant, j’en ai jusqu’à mi-cuisses. La vue sur le glacier sous le soleil est toujours grandiose. Sur la droite, nous avons un autre glacier. Peu avant la pause déjeuner, c’est un paysage de montagnes rouges, orange et blanches qui se découvre. Les sources chaudes sont visibles. Nous plantons le bivouac dans un décor féérique, à côté d’une rivière qui coule tiède. Nous en profitons pour nous laver puis la pluie nous coupe dans notre élan de lessive. Une tente est plantée de l’autre côté de la rivière, nous irons les voir avant le souper.
J9 - Dimanche 16 août – 6h00, 13.2 km, +563m/-740m
Snapadalur -> Nyidalur: 9h50 - 15h20
Ce matin « grasse mat’ », on se lève vers 7h30. Il fait grand beau. Notre coturne a déjà plié sa tente et part pour les sources, tandis que nous installons le panneau solaire, le linge à sécher et que nous en profitons pour faire une petite lessive à l’eau chaude pendant que la tente sèche. Nous voilà partis pour les sources chaudes. Nous montons en suivant le lit de la rivière, une petite cascade, quelques vallons et nous découvrons un spectacle incroyable. Une terre rouge, des vasques blanches, de l’eau qui bout et des fumées qui s’envolent. C’est impressionnant mais ça sent le souffle à plein nez. La vue sur le glacier est la vallée recouverte de mousse verte est également impressionnante. Nous montons au premier col, puis au sommet du mont Eggia pour redescendre au col suivant et retrouver les piquets qui nous mèneront jusqu’au camp de Nyidalur par la crête. Nous arrivons sur un grand canyon [vallée de Vonarskard] et nous retrouvons entre trois glaciers (Vatnajökull [langue Köldukvislarjökull], Tungnafellsjökull et Hofsjökull). Puis nous apercevons le camp avec sa piste d’atterrissage. Je m’offre une bonne douche brûlante et j’en profite pour faire une nouvelle lessive. Vu le vent qui souffle, ce sera sec en peu de temps. Il ne me reste plus qu’à trouver de la colle pour réparer mes chaussures.
J10 - Lundi 17 août – 7h20, 27.8 km, +230m/-400m
Nyidalur -> Hreysilon: 8h50 – 17h
Avant tout… la petite histoire de la réparation de mes chaussures… Nous abordons (dimanche) un gars et sa mère en 4×4, des allemands pour leur demander de la colle ?? Ils nous trouvent un tube mais qui s’avère pris en masse. Nous allons donc voir les gardiens qui nous disent de les leur amener et qu’ils vont s’en occuper. Ils les prennent et disent qu’il faut les laisser sécher au chaud toute la nuit. Tout ça plus le papotage avec les allemands nous aura pris 2 bonnes heures ! Ce matin je vais récupérer mes chaussures qui ne s’avèrent pas du tout réparées… Une pâte marron qui n’a pas durci est étalée un peu partout. Nous prenons le départ et abordons au passage une famille de français en 4×4 qui nous donnent de la glue. Le collage de ce matin n’a pas tenu, cela a fait une espèce de mélasse. J’ai nettoyé et recollé avec la glue ce soir, croisons les doigts pour demain !
Revenons-en à l’étape du jour… Nous évitons le départ sous la pluie de justesse. On commence sur la F26, que l’on quitte rapidement pour prendre une piste parallèle « non officielle ». Cela s’avère assez monotone durant de longues heures. Le temps tourne à la pluie à laquelle s’ajoute le vent. Les sacs sont lourds et la lassitude s’installe. Il faut cependant garder courage car l’étape est longue. Nous aurons la chance de ne pas traverser de gué où il faudra déchausser. Des petites pierres nous ont bien dépannés ! Belle vue sur l’Hofsjökull avec les lacs au 1er plan. Mais le vent et la pluie font trouver le temps long. Nous sommes tous les deux assez fatigués aujourd’hui alors nous décidons de trouver le petit refuge qui n’est indiqué que sur la carte d’Arno. Quelques barrages puis une maisonnette. Le refuge ? Non, c’est fermé, il faut continuer. Quelques kilomètres plus loin, la piste d’atterrissage et une maisonnette rouge que nous ne croyons pas être le refuge. Elle est au moins à 1 km – détour de 2 km si ce n’est pas là… Nous décidons d’aller jusqu’au sommet de la butte devant nous, puis nous ravisons en croisant la piste qui mène à cette petite cabane rouge. Elle est posée sur pilotis au milieu d’un champ de mousse vert clair, la rivière passe non loin et au fond, les langues glaciaires. C’est irréel. Sam part devant en allongeant le pas pour voir si c’est bien le refuge, tandis que je traine à cause d’une vive douleur au mollet gauche depuis le milieu de la matinée. Ouf c’est bien là ! Petit et moins luxueux que les précédents, mais à l’abri du vent et de la pluie, ce sera parfait ! Vivement le dodo.
J11 – Mardi 18 août – 7h30, 31.5 km, +430m/-400m
Hreysilon -> Versalir: 7h40 – 16h
Nous quittons avec regret ce petit refuge rouge posé au milieu des bras de la rivière. Le soleil est au rendez-vous, c’est motivant ! Nous avons une belle vue sur les langues glaciaires de l’Hofsjökull à l’W. Plus loin quelques montagnes se dessinent et en avant-plan quelques lacs chatoyant sous le soleil. A l’est, le canal et les lacs artificiels, mais bientôt la vue sur le Vatnajökull. Le temps se dégrade dans le courant de la matinée. Le vent se lève et souffle de plus en plus fort, jusqu’à environ 80 km/h. D’abord de côté mais dans le dos, puis de ¾ face. Le paysage se bouche, les nuages approchent. Le vent ralentit notre progression. Le déjeuner sera rapide, à peine abrités du vent derrière un barrage. Puis c’est reparti, il y aura quelques averses. Enfin, au détour d’un virage, 3 maisons apparaissent. Versalir. Nous voilà arrivés. La maison refaite à neuf est fermée. Le futur refuge également. Nous passerons donc la nuit comme prévu dans la grange, à l’intérieur de la tente pour avoir plus chaud.
J12 – Mercredi 19 août – 6h45, 26.5 km, +336m/-265m
Versalir -> (près de) Thorisvatn: 8h – 15h30
Lever 6h, mais départ un peu tardif, pour cause de racommodage des gants de Sam qui se délabrent, tout comme les miens. Nous remballons la tente, mission couture puis départ. A peine 10 minutes après, la pluie commence à tomber. Il y a beaucoup de vent du N, heureusement dans le dos, ce qui est mieux qu’hier. Peu de pauses du coup, parfois dans des tuyaux prévus pour l’écoulement de l’eau… Au passage d’un pont, nous nous abritons dessous et décidons de déjeuner même s’il est tôt (11h30). Puis c’est reparti sous le vent et la pluie. L’étape est encore une fois plutôt monotone. Nous aurons suivi la F26 tout le long. Il n’y a pas trop eu de circulation. La fin d’étape se fait attendre. Il faut arriver à 43kms de Lannmanalaugaur, et ouf, en haut de la butte : je vois 43kms dessinés dans le sable. Nous planterons la tente quelques 500 m plus loin (plus que 42.5 !). Vu le vent, nous montons un petit muret de protection tout autour. Il fait 17°C ! Et ce soir, c’est au tour de mes gants d’être raccommodés. A la soupe.
J13 – Jeudi 20 août – 7h, 27.3 km, +285m/-360m
Thorisvatn -> Tungnaa, entrée du parc : 8h35 – 16h30
Ce matin, notre départ a été retardé par la pluie. Cela a plu toute la nuit et une petite accalmie nous a permis de plier une tente trempée. Aujourd’hui, nous n’aurons subi que 2 courtes averses. Le début de la matinée se passe sur la F26, au bord d’un lac. Un paysage vallonné commence à apparaître. Nous croiserons sur la route (dont une partie est goudronnée !) deux énormes centrales hydroélectriques. Passée la seconde, nous prenons un chemin parallèle à la piste. Mais nous le suivons trop longtemps vers l'E alors que nous devons nous diriger vers le S. Nous couperons à travers un champ de lave pour rattraper la piste. Cela nous aura coûté 1 ou 2 km supplémentaires. Nous plantons la tente à la limite du parc, au bord de la rivière. Nous récupérons de l’eau dans une flaque tant la rivière est boueuse. Il fait froid et il pleut, encore un repas sous la tente…
J14 – Vendredi 21 août – 4h, 17.9 km, +337m/-270m
Tungnaa -> Lanmannalaugar : 7h45 – 12h
Ce matin, lever 6h, 2°C dans la tente, le vent bât toujours. Record battu pour l’heure du départ. Au bout de quelques minutes, il commence à neiger. Les flocons ne fondent même pas sur le sol ! Le paysage de montagnes est magnifique, de volcans rouges, mousses vertes, montagnes rouges ou aux sommets parés de cercles. Un petit lac à l’eau claire reflète les montagnes puis la vue sur Lanmannalaugar se dégage. Le vent se lève de nouveau. On aperçoit les sources chaudes. Nous aurons eu pas mal de circulation sur cette route ! Enfin arrivés. Carton récupéré. Pas de place dans le refuge – « fully booked ». Ce sera tente de novo, on verra demain pour le refuge ! On prend un sandwich dans le « bus-boutique-bar », et on y boit un café, c’est sympa et à l’abri du vent… Une petite lessive et c’est la baignade dans les sources chaudes pendant une bonne heure et demi. Douche pour se décrasser et dîner. Nous avons recroisé le fils et sa mère allemands de Nyidalur.
J15 – Samedi 22 août – 7h, 20.6 km, +960m/-1010m
Lanmlannalaugar -> Altavatn : 9h – 16h30
Le vent avait faibli en fin de journée, laissant un ciel très dégagé (belle nuit étoilée lors de la pause pipi en plein nuit). La nuit a donc été très froide. Tout l’intérieur de la tente était gelé. -5°C voire -10° ? Nous avons loupé le réveil d’une heure (pas entendu) : j’vais mes boules quiès (pour cause de ronfleur et de bébé qui pleure à côté) et Sam était emmitouflé dans son duvet pour essayer de se réchauffer. Il fait encore beau. Les paysages et les couleurs sont magnifiques, tout droit sortis du film « Le seigneur des Anneaux ». On s’attend à voir surgir des elfes ou des fées à chaque détour de montagne. Toujours cette mousse verte, ces montagnes rouges, orange, grises avec des coulées blanches et bleues près des « hot spots ». Les montagnes en sont parsemées et c’est de l’eau chaude ou tiède qui coule dans les rivières au lit rouge-rouille. On a traversé une belle coulée de lave recouverte de lichen vert pâle puis découvert ces montagnes. Malheureusement, le mauvais temps a repris le dessus au bout d’une ou deux heures. Le vent se lève et s’intensifie puis la pluie commence à tomber et ce sera ainsi tout le reste de la journée, nous empêchant de profiter de paysages que l’on imagine fabuleux… Espérons que le temps sera meilleur pour les trois prochains jours. Nous avons mangé au chaud ce midi, malgré l’accueil plutôt froid du gardien. Ce soir en arrivant à Altavatn, nous avons miraculeusement trouvé 2 places au chaud dans le refuge. Ouf !! La gardienne nous annonce que le temps doit encore se dégrader pendant la nuit. Avec un peu de chance, amélioration demain dans la matinée… à voir !
J16 – Dimanche 22 août – 4h30, 15.7 km, +472m/-527m
Alftavatn -> Ermstrur : 10h30 – 15h
Ce matin, lever tardif. La tempête a battu son plein toute la nuit. Vent très fort et déluge. Nous attendons donc que la météo soit plus clémente pour partir. Vers 9h, le gardien vient aux nouvelles pour savoir qui compte partir pour quel refuge. Il nous fait 10000 recommandations pour les passages de gués qui s’annoncent difficiles, car avec toute cette eau, les rivières sont hautes. Il faut donc partir en groupe, se tenir lors du passage etc… Le gardien nous réserve même des places pour le refuge à Ermstrur. Nous partirons donc avec 3 autres couples de français rencontré hier, un couple d’allemands et Günter (dit Mr Scotch), un groupe de onze. La pluie est battante, le premier passage à gué dure 30 minutes, le temps que tout le monde s’y jette. Après 5kms, nous voilà au refuge suivant, juste après lequel se trouve LE gué à passer. Quelle bonne surprise, quand, en nous arrêtant au refuge, 2 personnes en 4×4, un sauveteur et la gardienne d’Ermstrur, nous proposent leur aide pour traverser… On charge les sacs et ce sera notre première expérience de passage à gué motorisé ! Vu la taille du lit de la rivière, j’en aurais probablement eu plus haut que la taille. En effet, Xavier et Jérôme que nous venons juste de rencontrer et qui font la même traversée que nous, nous raconterons avoir eu du mal à passer (courant fort) et de l’eau jusqu’à la taille. Une fois cette rivière franchie, nous repartons à bon train, le nez dans les bâtons pour arriver au plus vite au chaud. Ce sera le bonheur quand le refuge se dévoilera au détour d’un volcan. La gardienne nous a même préparé de l’eau chaude. Nous sommes tous ensemble dans le même refuge. Xavier et Jérôme arriveront peu de temps après. Bonne petite soirée, mais demain le mauvais temps devrait persister…
J17 – Lundi 23 août – 10h, 24 km, +1486m/-1278m
Ermstrur -> Canyon: 7h20 – 18h
On se lève tôt ce matin pour profiter de l’accalmie. Les prévisions météo pour la fin de la journée ne sont guère réjouissantes, mais nous décidons de partir vers le col tout de même. Nous partons tous ensemble, mais le groupe se scinde rapidement avec Xav & Jer loin devant, au pas de course. Nous les suivons de loin avec Marie et Jérôme tandis que Marie et Thomas sont loin derrière. Le temps est plutôt clément et nous permet de prendre de belles photos. Un passage à gué rapide où Sam va se mouiller les pieds, ayant décidé de ne pas déchausser, tandis que j’en aurais jusqu’aux genoux. Nous traversons ensuite une forêt (surprenant !) avant d’arriver au refuge où les autres s’arrêtent. Nous y ferons une bonne pause déjeuner avant de repartir pour le refuge du col avec Xavier et Jérôme. Nous franchissons le premier bras de la rivière avec un pont, mais détail inattendu, il va falloir déchausser pour atteindre le canyon que nous allons longer. En effet, nous avons décidé de prendre l’itinéraire « noir » sur les balcons du canyon, avec des passages un peu aériens, au lieu de l’itinéraire bleu initialement prévu. Nous avons bien fait, le paysage est grandiose. Malheureusement, avant la remontée au col, plus de piquets. Nous remontons donc le flanc gauche et ce n’est pas une très bonne idée, le terrain est raide et instable. Nous arrivons sur un plateau. Le vent et la pluie se lèvent. Cela souffle à plus de 100 km/h, probablement 150km/h avec des bourrasques. La traversée du plateau est difficile, on n’arrive pas toujours à tenir debout. Puis on voit le col qui fait une première petite arête d’environ 1 m de large avant d’arriver à un point plus protégé du vent et où il y a une chaîne pour se tenir. Le passage est vraiment difficile, nous avançons très lentement. Sam est déporté de 50 cm sans pouvoir s’arrêter. Enfin la chaîne. Arrivée au bout, je vois Xavier allongé par terre qui tient à peine le cap tandis que Jérôme revient sur ses pas. C’est trop dangereux. Demi-tour. Trop de vent, nous ne pourrons pas monter ce soir. Nous redescendons un peu dans le canyon pour nous abriter du vent. Xav & Jer décident de redescendre au refuge de Bazar, tandis que nous trouvons une place pour bivouaquer, la journée a déjà été longue… Ce sera la tempête toute la nuit, Sam n’en dormira pas.
J18 – Dimanche 22 août – 2h30, 6.1 km, +313m/-720m
Canyon -> Bazar : 8h40 – 11h10
On remballe rapidement avant de renfiler nos habits trempés et de repartir sous la pluie et le vent. La montée nous réchauffe vite. Les conditions sont semblables à la veille, nous ne pourrons donc toujours pas passer le col. C’est loupé pour l’étape finale . Nous redescendons donc vers Bazar, par l’itinéraire bleu cette fois-ci, un peu plus abrité que le long plateau qui sera de nove difficile à traverser avec autant de vent. Encore quelques belles photos tandis que nous espérons qu’un bus passe par Bazar pour éviter de retraverser le gué ! En arrivant au refuge, nos deux compères sont là et nous annoncent que nous sommes exaucés, bus à 14h. Le gardien nous accueille avec soulagement, nous étions un peu recherchés, apparemment. C’est ainsi que se finira cette inoubliable traversée.
(Nous aurons un bus privé avec un super chauffeur, qui nous prend pour des héros et conduit son bus 4×4 façon rallye, même dans les passages à gué. Un bon repas terminé avec des gaufres à midi avant le retour sur la capitale. Nous dormirons « chez Monique » après un festin au « Café Paris ».)
**Toutes les infos, photos et récit sur cette traversée sur : http://montagne.sam.free.fr/ **
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