Techniques et astuces en cascade de glace

Activités :
Catégories : technique
Type d'article : individuel (CC by-nc-nd)
Contributeur : FMJ

Préparation de la course

La préparation d'une course de cascade de glace n'est guère différente de celle d'une course d’alpinisme classique. A ceci près que les erreurs commises lors de la préparation d'une course hivernale peuvent avoir des conséquences beaucoup plus sérieuses que celles relatives à une course estivale.

Analyse des conditions météo

Il s'agit du paramètre n°1 a prendre en considération, celui qui conditionne à la fois la sécurité de la course et... le choix de celle-ci.
Des conditions nivologiques stables sont d'autant plus primordiales que les lignes glaciaires se trouvent la plupart du temps dans des couloirs d'avalanche. Il vaut également mieux éviter les périodes perturbées et venteuses : les cascades se trouvant dans des couloirs, des zones raides, la présence de vent et de neige entraînent l'apparition de spin-drifs, sorte de mini-avalanches particulièrement désagréables, voire dangereuses pour le grimpeur en tête.
Le suivi dans le temps des conditions météo permet également d'anticiper les spots qui peuvent ou non être en bonnes conditions. Comme tout skieur de pente raide ou grimpeur de mixte, le glaciériste est un chasseur de glaçons qui se doit d'être en permanence à l'affût des conditions. Avoir un "réseau" est également un atout non négligeable.
Pour finir, l'anticipation des conditions météo est également importante afin de déterminer le type de matériel et de vêtements à prendre.
Cette analyse est à reconduire une fois arrivé au pied de la voie (cf. [[articles/271559/fr/techniques-et-astuces-en-cascade-de-glace#Comprehension-et-analyse-des-risques-objectifs-en-cascade-de-glace|§ Compréhension et analyse des risques objectifs en cascade de glace]]).

Choix de la course

Outre l'envie de faire une ligne donnée, le choix de la course se détermine en fonction de plusieurs paramètres :

  • Lignes en conditions
  • Lignes "grimpables" avec un niveau de sécurité convenable
  • Niveau de difficulté de la course en fonction de son niveau technique
  • Ampleur de la course, niveau de forme du moment et durée du jour
  • Compagnon de cordée (niveau d'expérience, expérience commune, niveau technique, forme)

Il est conseillé également de prévoir une ou plusieurs solutions de rechange. En effet, du fait du nombre de lignes beaucoup plus faible, la probabilité de surfréquentation en escalade glacière est nettement plus forte qu'en escalade rocheuse,

Choix de l'approche

Le choix de l'approche se doit notamment de prendre en compte deux paramètres spécifiques :

  • L'approche est souvent autant soumise au risque d'avalanche que la cascade elle-même.
    Et l'approche la plus directe n'est pas forcément la plus sûre. Ne pas hésiter à faire un large détour plutôt que de traverser la gueule du loup.
  • L'approche au moindre effort
    Ne pas se cramer lors de l'approche. Savoir gérer l'effort. Prendre le matos d'approche adapté.
    Ne pas prendre froid au relais après une grosse suée lors de l'approche.

Choix du compagnon de cordée

A priori, entre une course d'alpinisme classique et une course de type cascade de glace, il n'y a pas de critères vraiment discriminants quant au choix du compagnon de cordée.
Il est toutefois conseillé d'avoir un niveau homogène, non seulement pour pouvoir idéalement grimper en réversible mais surtout pour que l'élément le plus faible ne soit pas trop "au taquet" en second.
Le collègue idéal, c'est celui avec lequel on a une solide expérience commune, dans toutes les conditions, et qui garde la tête froide quand les conditions virent au vinaigre.
Le collègue idéal, c'est surtout celui avec qui on prend une bonne tranche de plaisir à grimper sur des glaçons.

Choix du matériel

  • Règle n°1 : le bon matos, c'est celui que l'on connait bien.
  • Règle n°2 : le meilleur matos, c'est celui que l'on n'oublie pas à la maison ou dans le coffre.
  • Règle n°3 : le matos idéal, c'est celui qui est le mieux adapté aux conditions du moment.

Le mieux étant l'ennemi du bien et le poids l'ennemi du grimpeur, on tâchera de prendre un matos à "spectre" suffisant large (qui permettra de répondre à l'essentiel des situations rencontrées) mais on évitera également de tomber dans le piège du surarmement.
Donc renseignez-vous sur la ligne envisagée, sur les conditions du moment et entendez-vous avec votre collègue pour déterminer qui fournit quoi. Ca évitera des engueulades embarrassantes sur le parking.
Quant aux différentes options matérielles possibles, voir le chapitre qui leur est dédié (Le matos d'escalade et customisation).

Faire le sac

La cascade est probablement, avec la grimpe hivernale, l'activité de montagne qui demande le plus d'effort. Non seulement elle requiert beaucoup de matériel (et du matériel lourd), mais encore les conditions météo (froid, vent, etc.) et de terrain (neige, glace) ainsi que la gêne des vêtements épais la rendent plus pénible. Aussi, il est plus que recommandé de porter une attention particulière au chargement du sac à dos, à son allègement maximum et à son équilibrage.
Il vaut mieux faire le sac la veille, histoire de gagner du temps le matin et surtout de ne rien oublier dans le coffre à 7h du mat dans le halo faiblard de la frontale. Chasse à la surcharge ne veut pas dire faire l'impasse sur des équipements indispensables. A vous de savoir sur le moment trancher l'éternel dilemme de l'alpiniste !
Pour une course d'envergure, il est assez difficile de descendre en dessous de 10kg. La norme tourne plutôt autour de 11-12kg.
Sac lourd + sac volumineux + équipement rigide = bon risque de mal se charger. Donc suivez les conseils de base : mettre le max de poids en bas du sac et éviter de mettre broches ou crampons au niveau du dos.
Généralement, il vaut mieux s'arranger afin qu'une personne prenne les affaires les plus volumineuses dans un sac conséquent qui sera laissé au pied de la voie et l'autre prenne un sac plus petit qui sera pris par le second de cordée.
Attention à la gestion de l'eau dans un contexte hivernal : bizarrement l'eau ça gèle ! Évitez au maximum les pipettes. Prendre une bouteille plastique à gros goulot voire un thermos. Une astuce bateau qui marche pas trop mal une dizaine d'heures s'il ne fait pas -25°C, c'est de charger une bouteille plastique avec de l'eau tiède.
Si l'on ne veut pas partager les bouteilles et les rhumes, prendre chacun une petite bouteille plastique bien rigide de 0.5L à 1L à mettre dans le sac du second.

Petite liste non exhaustive du contenu du sac du glaciériste modèle :

  • Un sac à dos suffisamment compact et léger pour le second. Idéalement la ceinture doit être amovible
  • Frontale
  • Casque
  • Cagoule de rechange (?)
  • Lunettes de soleil, de protection voire masque
  • Doudoune
  • Gants de rechange
  • Corde
  • Baudrier
  • Mousquetons à vis
  • Appareil d'assurage
  • Appareil d'assurage en spare à garder dans le sac du second
  • Cordelettes pour Machard
  • Cordelette pour relais
  • Crochet à Abalakov
  • 2 bloqueurs (ex: Tibloc, Duck, Ropeman)
  • Piolets
  • Crampons
  • Boches
  • Sangles
  • Dégaines, voire shock absorber
  • Gourde à eau, voire thermos
  • Alimentation (ex : un petit paquet de galettes St Michel, si on est un "pur"...)
  • Petite trousse de secours
  • Rouleau de chatterton (on peut tout réparer avec un bout de chatterton !)
  • PQ, voire sac plastique pour éviter de pourrir un relais. Les suivants vous diront merci!
  • Portable (si ça porte...)
  • Talkie-walkie (très dispensable mais peut être utile en cas de vent ou de longueur tarabiscotée)

Pour une voie où il faut descendre en faisant ses propres Abalabov, n'oubliez pas de prendre 2 crochets par cordée. Car en cas de perte lors d'une manip, cela peut vous sortir d'une grosse galère.

Le rangement du baudrier

A chacun ses petites manies. Je vous livre les miennes qui sont loin d'être originales :

  • J'ai essayé différentes solutions pour porter les broches à glace : porte matériel en bandoulière, porte-matériel du sac Grivel Manu, porte tube, etc. Dans tous les cas, je n'ai pas trouvé de réel avantage par rapport à la seule utilisation d'un baudrier. Je n'utilise donc que ce dernier.
  • 4 Caritools (Petzl) sont disposés derrière chaque boucle porte-matériel. Comme les petites sangles du baudrier BD servant à soutenir ces mousquetons porte-broche ont toutes pété les unes après les autres, j'ai fixé les Caritools avec du scotch américain. Simple, solide et efficace. Ca n'a jamais bougé et je peux facilement les enlever quand je le souhaite.
  • Les dégaines sont positionnées sur les boucles avant (4 à 6 de chaque côté généralement), devant les broches.
  • Vient ensuite les broches de progression. En fonction de la longueur et de la physionomie de la longueur, j'en choisis le nombre et l'ordre selon lequel je compte les utiliser en fonction de leur taille. D'habitude, pour une longueur de 60m, je prends 7-8 broches, dont une de spare en cas de perte ou pour renforcer un relais merdeux.
  • J'essaye de mettre les broches Grivel 360° en haut du rack, histoire de s'en débarrasser en premier (elles prennent pas mal de place avec leur manivelle).
  • Etant droitier, je broche davantage de la main droite. Je mets donc plus de broche à droite qu'à gauche.
  • Je fais en sorte de poser au moins 2 broches de 17cm en premier. Je garde les broches de 13cm en dessous, pour une utilisation en fin de longueur.
  • Les 2 broches réservées au relais sont mises sur les Caritools arrière. Pour éviter de les utiliser en progression par erreur et de se retrouver "à poil" au relais. Le second garde les deux autres broches de relais (une de 22cm et une de 17cm), si elles ne servent pas déjà au relais.
  • Les Caritools arrière servent également à ranger les piolets lors des rappels.
  • Les mousquetons à vis et la plaquette sont mis sur une boucle arrière.
  • Je regroupe couteau, minibloqueurs et cordelette de Machard sur un même mousqueton en plastique et les mets également sur une boucle arrière.
  • Le crochet à Abalakov est attaché tout seul sur un autre mousqueton plastique et est mis sur une boucle arrière. Cela permet de la manipuler plus simplement (si on rajoutait d'autres équipements sur le même mousqueton, une manip avec les gants risque d'aboutir à une perte).
  • Par habitude, ces différents matériels sont toujours mis du même côté. Les manips avec gant sont suffisamment laborieuses, autant éviter en plus les tâtonnements.
  • Quand je grimpe en tête, je prends assez souvent un petite doudoune pour le relais (on se refroidit pas mal lorsque le second part en tête dans sa longueur). Pour son transport, j'utilise un sac étanche de type Dry Bag de SeatoSummit en 8 ou 12L avec un petit mousqueton plastique. Ce petit sac est accroché sur une boucle arrière. Plusieurs avantages : léger, volume facilement variable, la doudoune est bien rangée (donc pas de gêne pour grimper et moins de risque de l'abîmer), on peut facilement la compresser tout en laissant le sac attaché (moins de perte), elle est à l'abri de l'humidité si on traverse une zone arrosée. On peut également y mettre d'autres équipements (gants, cagoule, etc.).
  • Éviter d'attacher à l'arrière du baudrier du matériel trop long, comme une sangle non lovée ou une doudoune qui pendouille. Vous risquez de les coincer dans les pointes arrières de vos crampons et de les déchirer, voire pire, de vous retrouver dans une position très inconfortable (un crampon retenu) au moment inopportun...

Planification du retour

Calcul de l'horaire
Avertissement d'un proche
Anticipation d'une réchappe

Gérer l'approche

Ne pas prendre de risque inutile en passant trop près de couloirs d'avalanche ou en traversant des pentes exposées. Ne pas hésiter à faire un détour salvateur.
Ne pas se cramer dans de la neige profonde : bien gérer l'effort et prendre le matos adéquat (raquettes, ski d'approche)
Effort excessif = sudation = risque de prendre un coup de froid au premier relais, voire une onglée sévère.
Déterminer si des cordées vous précèdent dans la voie ciblée et le cas échéant analyser les lignes alternatives.
Anticiper le choix de R0.

Au pied de la voie

  • Au pied de la voie, il est important de réévaluer l'objectif que l'on s'était fixé lors de la préparation de la course. C'est le moment de changer d'objectif si un des voyants est au rouge, voire de renoncer tout court :
    • Y a-t-il une cordée qui est déjà partie dans la voie ?
    • La glace a-t-elle une physionomie défavorable ? Est-ce que la cascade coule ? Est-elle noyée sous la neige ? Est-elle de couleur turquoise (i.e. très humide) ou très blanche, avec des traces noirâtres (i.e. fonte importante avec décollage du rocher) ?
    • Y a-t-il des éléments patents faisant peser des risques subjectifs non prévus ? Structure suspendue qui domine ? Pentes supérieures qui paraissent très chargées ? Traces récentes de chutes de glace ou de coulées dans le cône de déjection de la cascade ?
    • Météo qui s'est dégradée par rapport aux prévisions ?
    • Mauvaises sensations de forme de l'un des grimpeurs ?
    • Etc.
  • Ne pas stationner dans l'axe de la cascade mais dans une zone protégée sur les côtés. Autant réduire l'exposition surtout quand cela ne coûte rien.
  • Lorsque l'on s'équipe au pied de la voie, faire une bonne gestion des gants afin de ne pas se refroidir. Attention à la tentation des mains nues. Sur le moment, on n'a généralement pas froid mais une fois que l'escalade démarre, l'onglée a tendance à se produire plus facilement. Les transitions phase statique / phase active sont mortellement favorable pour ce petit inconvénient du froid.
  • Se concerter pour déterminer l'itinéraire à suivre et les relais à faire.
  • En fonction du plan de route, du niveau visuel de difficulté et de l'état de forme après l'approche, déterminer le premier leader à s'élancer
  • On délove consciencieusement la corde. Cela prend 3 minutes et évite de prendre une bonne quinte devant un sac de nouilles inextricables ! Pour les longues cordes lovées en boucle, j'ai l'habitude de
    les mettre autour d'un genou et de les délover à deux mains. Le délovage, c'est également l'occasion de vérifier si la corde ne présente pas un pet passé inaperçu jusque là. Tant que l'on est sur le plancher des vaches, il est toujours temps et plus simple de couper la corde qu'en milieu de voie.
  • On s'encorde. Personnellement, j'utilise un noeud de 8, comme 99.99% des cascadeurs je présume. Ce noeud simple et efficace présente le grand avantage de ne jamais se défaire, pour peu que l'on ait pris la précaution de laisser 8cm de corde sortir du noeud.
  • Profiter de cet arrêt pour s'alimenter et s'hydrater un maximum.
  • Avant de partir, procéder à une vérification mutuelle : matériel de grimpe, noeuds, gants, sac à dos et matos à emporter (alimentation, affaires de rechange), etc.
  • Si l'on prend un sac à dos, généralement j'emporte 2 petites sacoches BD porte-broches. Pour les rappels, cela permet de ne pas conserver toutes les broches sur soi (pour ne pas se déchirer les vêtements, voire pire se blesser) et de ne pas les fourrer en vrac dans le sac (évite de le déchirer et de se blesser en récupérant les broches).
  • Les sacs, bâtons, etc., sont à laisser dans un endroit bien protégé des blocs de glace et des coulées. Mettre les ouvertures côté neige pour décourager la curiosité des éventuels chocars. En Amérique du Nord, mieux vaut carrément enterrer ses sacs vu la perspicacité des volatiles indigènes à les ouvrir, voire à les éventrer (c'est du vécu !).
  • Une astuce toute bête : pour la montée, ne serrer pas trop vos chaussures, pour marcher plus confortablement et efficacement. Mais resserrez-les une fois au pied de la voie. Il faut trouver le bon dosage entre un serrage fort qui coupe la circulation (et entraîne la sensation de fourmillement, voire des gelures) et un serrage trop lâche qui favorise l'éclatement des orteils contre le bout de la chaussure (sans parler de la perte de sensation en grimpe).
  • Un des facteurs clés à savoir bien gérer au pied de la voie, c'est le refroidissement. On y arrive bien chaud voire transpirant après une bonne approche. La durée de la préparation est suffisante pour se refroidir les extrémités, surtout lorsque l'on est obligé d'enlever les gants pour des manœuvres nécessitant de la dextérité. Cette phase a souvent pour conséquence une bonne grosse onglée, surtout pour le second qui va rester 30min de plus à être inactif en assurant. L'onglée survient généralement 5 à 15 min après avoir repris l'escalade. Vous noterez d'ailleurs que votre second arrive souvent à R1 avec l'onglée.
  • Pour le leader comme pour le second, les premiers contacts avec la glace permettent de la jauger, d'estimer son propre état de forme et ses sensations. Cette vérification se fait d'autant mieux que l'on part tranquillement, sans se presser, ce qui permet par la même de réaliser un échauffement en douceur. C'est un moment privilégié pour prendre confiance en soi, état d'esprit important pour passer une course agréable.

Compréhension et analyse des risques objectifs en cascade de glace

[A compléter]

Je ne saurais trop vous conseiller d'acquérir LA référence sur le sujet : Glaces - arts, expériences et techniques. Le bouquin est excessivement intéressant et richement illustré (ce qui, outre le travail de réflexion réalisé durant 4-5 ans, justifie amplement le tarif).

Gestuelle du glaciériste

Technique de base

La gestuelle du glaciériste n'est pas très différente de celle du "rochassier". Son objectif n°1 est de progresser avec une recherche permanente du moindre effort et du moindre risque. Les différences sont de 4 ordres :

  • Le forage de ses ancrages
    D'un côté le glaciériste peut créer ses propres "prises", virtuellement où il le souhaite, avec le souci permanent que celles-ci soient solides.
    D'un autre côté, le forage de ces prises est très consommateur en énergie et nécessite une gestion de l'effort particulière.
  • La possibilité de poser une protection lorsqu'on le souhaite (ou à peu près)
    C'est un stress de moins par rapport à l'escalade sur rocher.
  • Les conséquences d'une chute sont a priori potentiellement beaucoup plus sérieuses
    C'est un stress de plus par rapport à l'escalade sur rocher.
  • Le poids et la gêne inhérents au matériel et aux vêtements
    Ces facteurs, plus l'approche et les conditions hivernales, rendent l'activité particulièrement physique. Ce qui rend la gestion de l'effort une donnée primordiale et la technique la voie royale pour minimiser cet effort (ou le prolonger).

Comme tout grimpeur, le glaciériste va chercher en tout premier lieu à se placer au mieux afin de transférer le maximum de poids sur les pieds. Idéalement, on cherchera à réaliser avec les pieds la position dite "en 10h10" ou "en 11h05", c'est-à-dire avec les pieds décrivant un angle légèrement aigu. Celle-ci permet d'obtenir le meilleur équilibre possible. L'effort porte donc avant tout sur la pointe avant du crampon qui est côté carre interne. Les pieds doivent être le plus possible à l'horizontale. Cette position est naturelle lorsque la paroi est verticale mais cela l'est moins pour des pente de 65-75°. Même si cette position est plus exigeante pour les mollets, on veillera à la respecter : elle offre la meilleure tenue des ancrages de crampon et minimise les risques de ripper.
Plus la paroi est raide, plus le haut du corps est repoussé en arrière et moins l'assise sur ses pieds est confortable. surtout quand la glace est lisse et dure. Aussi, dans ces conditions on recherchera le plus possible une position en écartement, par exemple entre deux colonnes. On obtient ainsi plus de force au niveau des pieds et une position de repos infiniment plus avantageuse.
En position d'équilibre, les jambes doivent rester légèrement fléchies, en évitant que les genoux ne touchent la glace. De même on veillera à ne pas aboutir à un état où tout le corps est complètement tendu. On essayera d'avoir le maximum d'amplitude dans les gestes tout en restant relativement relâché.
Il ne faut pas hésiter à cambrer le dos afin de rapprocher les hanches au maximum de la paroi, en laissant à la charge des bras de maintenir le haut du corps qui est bien détaché de la paroi (valable entre 80 et 90°). Ceci permet notamment d'avoir une meilleure vision périphérique supérieure (pour voir où l'on va passer) et inférieure (pour voir où l'on pose les pieds) que si on a le nez collé à la glace.
Dans du raide, il sera plus facile de passer dans des creux, des alcôves, que sur le fil d'une colonne ou d'un pilier. En effet, il est alors possible d'avoir les pieds en semi grand écart, ce qui d'une part réduit très significativement le dévers (les pieds peuvent être plus en arrière) et d'autre part confère un bien meilleur équilibre. Pour maintenir cet équilibre, on est obligé de grimper par a-coup, avec un petit saut pour faire progresser un pied car l'autre pied n'est dans l'axe de gravité du corps. Et généralement il n'est pas utile de bouriner avec les crampons, un simple griffage de la glace suffit. C'est une gestuelle très proche de la grimpe rocher adhérence sur rocher. Sur le papier, ça peut sembler hasardeux mais dans les faits c'est nettement plus facile, y compris dans du 90°.

Il y a schématiquement 2 écoles concernant la cinématique de progression :

  • Soit avec des ancrages alternatifs de haut en bas
    • Bras droit
    • Bras gauche
    • Jambe droite --> on monte
    • Jambe gauche --> On stabilise
    • etc.

L'objectif est d'avoir toujours 3 ancrages en place et simultanément. C'est la méthode la plus sûre, mais également la plus lente.

  • Soit avec des ancrages alternatifs croisés
    • Bras droit
    • Jambe gauche --> on monte
    • Jambe droite + bras gauche --> on stabilise
    • etc.

Cette seconde méthode est plus dynamique donc plus rapide. Si elle est bien maîtrisée, elle peut être moins consommatrice que la précédente. Par contre il faut être sûr de ses ancrages car on se retrouve fréquemment avec seulement deux ancrages effectifs (bras droit et jambe gauche dans l'exemple donné ci-dessus).
Elle permet également de prendre une position d'équilibre efficace dans certaines situations, lorsque la position "10h10" n'offre pas un équilibre satisfaisant. Il s'agit par exemple de monter bras droit et jambe gauche, en faisant reposer l'essentiel du poids sur le bras et la jambe droite, le pied gauche remonté servant à endiguer le ballant.

Gestuelle avancée

De plus en plus, j'ai tendance à combiner cette méthode avec la technique décrite ci-dessous pour grimper dans les alcôves, les pieds en écarts. J'ai de plus en plus tendance à grimper comme on le ferait en rocher sur un mur raide à grattons. En levant assez haut les pieds, en les écartant pas mal et en étant la plupart du temps en charge sur un seul axe piolet-crampon.
Ce ne sont plus les deux pointes frontales qui sont plus contact avec la glace mais uniquement la pointe frontale interne et la pointe avant inférieure interne (celle qui est inversée sur les Grivel Rambo 3 comp). Cela me permet de gagner énormément en amplitude et d'aller beaucoup plus vite. Cela donne la séquence suivante :

  • Planter du piolet gauche (le plus haut possible, bras tendu), dans l'axe de l'épaule
  • Montée du pied gauche, dans l'axe du piolet gauche, le plus haut possible (donc avec un bon fléchissement de la jambe gauche). Le pied présente une forte angulation vers la gauche.
  • Transfert du poids et montée sur la jambe gauche - Avec une grosse traction sur le bras gauche qui est désormais bien fléchi
  • La jambe droite qui est trop courte quitte sa position. Au lieu de la planter à l'horizontal sous moi, elle est mise en griffage le plus haut possible à droite, sous le piolet droit. Elle ne porte pas le poids (c'est la jambe gauche qui s'en charge) mais sert à équilibrer l'ensemble (toujours avec pointe frontale interne et pointe avant inférieure interne). Le pied présente une forte angulation vers la droite.
  • Le centre de gravité du corps est désormais dans l'axe Piolet gauche - jambe gauche
  • Déplanter et planter du piolet droit le plus haut possible, dans l'axe du pied droit
  • Etc. on continue le mouvement symétrique

Si le pied angule um peu trop vers l'extérieur, on peut être amené à le replanter plus perpendiculaire à la paroi avant de charger le pied, histoire de mieux supporter le poids du corps.

C'est une gestuelle très dynamique, très efficace, très très rapide, qui demande de la puissance dans les bras, de la précision dans les pieds et une bonne coordination. De plus il faut être bien sûr de ses ancrages de piolets car il arrive assez souvent que l'on "zippe" d'un crampon (au mieux du pied équilibreur, au pire du pied qui supporte le poids). Par contre elle ne souffre pas d'un décrochage du piolet fort, celui qui est dans l'axe du centre de gravité. C'est une technique qui demande également une très bon niveau de confiance pour que les enchaînements soient déliées et s'enchaînent bien. Mais dans du 85-90° avec une bonne glace, elle permet de ne pas passer 2h dans la longueur et c'est un régal de gestuelle.

Grimper dans des dévers

Grimper des free-standings à 90° constitue déjà un niveau de difficulté technique et surtout physique très relevé. Mais lorsque l'on en vient à devoir franchir des sections en dévers, telle que de grosses méduses surplombantes, on entre alors dans un niveau nettement supérieur de difficulté. Et généralement, si vous en êtes là, c'est que vous n'avez pas besoin de ces lignes pour vous débrouillez. Néanmoins, je glisserai quelques conseils de base pour les autres.

  • A l'instar de l'informaticien, le glaciériste est fainéant. Ou en tout cas pas suicidaire. En premier lieu, si le dévers est évitable par la droite ou la gauche, il n'hésitera pas l'éviter. Ou alors, c'est vraiment histoire de taquiner.
  • Il s'agit donc de bien analyser la section avant de l'aborder et d'imaginer le passage de moindre difficulté : en principe, on ne réfléchit jamais très sereinement et efficacement en live, suspendu à ces deux pioches, les pieds dans le vide. Bien repérer à l'avance les endroits où vous allez brocher, pour éviter de vous dauber durant l'action. De plus, les structures en méduses sont généralement peu favorables à la pose des broches : on est donc souvent contraint de franchir l'obstacle la dernière protection un peu loin derrière soi...
  • Si l'on doit obligatoirement passer par le dévers, l'idéal consiste à pouvoir s'aider au niveau des pieds en faisant une lolotte, i.e. en prenant appui sur les côtés du dévers, en se mettant légèrement de profil. L'idée étant de pouvoir ancrer les piolets le plus haut possible de telle sorte que l'on puisse venir remonter au moins un pied au-dessus du dévers. La vraie difficulté est souvent de pouvoir dépasser ce regroupement particulièrement incommode, ce d'autant plus que le haut de la méduse n'est pas toujours de bonne qualité, avec des ancrages qui ne donnent pas forcément confiance.
  • Si l'on ne peut faire une lolotte car il n'y a pas de glace sur l'un des côtés, on peut faire une sorte de Dülfer en utilisant seulement l'autre côté. L'idée est toujours la même : s'élever le plus haut possible afin de pouvoir ramener le pied opposé au-dessus du dévers. C'est déjà nettement plus physique.
  • Enfin, s'il n'y a pas de moyen de moyenner et s'il faut franchir le dévers de front... bon courage. On peut soit gainer comme un fou en essayant de griffer avec les pied ce l'on peut sous le devers, soit sortir le Yaniro. Le Yaniro, c'est un mouvement très spécifique emprunté à l'escalade rocheuse. Il consiste à faire passer la jambe au-dessus du bras opposé. Via cette jambe, le corps prend alors appui, ce qui permet de le remonter et d'aller chercher un ancrage très haut avec le bras libre. L'autre jambe reste dans le vide.
    Une illustration est donnée dans la photo suivante.
    De la théorie à la pratique, il y a un pas. D'abord il n'est pas tout tout aisé avec des "grosses" alourdies d'une paire de crampons, de monter aussi haut le pied. Avec le risque de mettre un coup de crampon au bras qui va soutenir le Yaniro. Et surtout, il n'est pas du tout évitant de faire le geste inverse pour dégager la jambe. C'est très physique et le principal risque, c'est de rester coincé dans la position Yaniro et de ne plus avoir la caisse pour en sortir. A moins d'avoir les ressources pour poser une broche, c'est alors la chute assurée. Bref, le Yaniro, c'est un peu le quitte ou double. Ca passe ou ça casse. Est-il nécessaire de préciser qu'exécuter ce mouvement avec des dragonnes n'arrange pas les choses et qu'il vaut mieux le tester tranquillement en moulinette avant de s'y engager en tête.
    Personnellement, je n'ai jamais eu à l'utiliser en situation, i.e. en tête dans une voie. Je l'ai juste testé en moulinette. Compte tenu de mon niveau modeste, il faudra vraiment être acculé pour devoir l'utiliser un jour !
  • Et puis si vraiment vous ne le sentez pas, on pose une broche et on redescend. Votre compagnon sera peut-être plus inspiré ce jour-là ?!

Grimper en tête

Analyse de la glace

De toutes les compétences nécessaires à la pratique de la "cascade", la faculté d'analyser la glace est certainement la plus importante. Cette analyse sollicite 3 sens :

L'observation
  • C'est la première des démarches : observer l'état de la glace avant la frappe.
  • Celle-ci peut prendre différentes formes et différentes textures. La qualité et la facilité d'ancrage en dépendent énormément.
  • Une glace lisse sans aspérité, nécessite de forer "son trou". Plus la glace est froide, dure et compacte, plus on est tenté de frapper fort et plus on a de chance d'éclater la glace. Ce qui veut dire soit la fragiliser en surface, soit carrément la faire exploser (i.e. faire partir des "assiettes", des "plateaux", des "blocs", des "bus", etc..), ce qui nécessite des efforts supplémentaires pour forer davantage le trou.
  • Bref, même quand la glace est lisse, il faut essayer de rechercher des mini creux, mini aspérités, des vaguelettes, le dessus d'une bossette, etc. qui se révéleront des points de faiblesse de la glace : celle-ci aura moins tendance à éclater à ces endroits qu'au niveau d'une surface totalement lisse.
  • Plus la glace est transparente, homogène et froide, plus elle a tendance à exploser en très gros pains. Il faut alors s'en méfier, autant pour les autres que pour soi (un bloc de 5kg qui tombe même de seulement 50cm sur votre pif, ça fait toujours des dégâts) et il faut paradoxalement frapper avec davantage de finesse pour forer ses trous. Mieux vaut 3 petits coups à moyenne puissance qu'un seul à pleine puissance.
  • Si la glace est "formée" à "très formée", on privilégiera bien entendu les zones de trous, de rigoles, de stalagmites, etc. pour faire des crochetage. C'est généralement aussi (si ce n'est plus) solide que de forer son propre trou. Et surtout ça économise énormément d'énergie et c'est plus rapide.
  • Il faut essayer d'éviter le plus possible la glace-neige (= transformation de la neige au contact de la glace). Elle se repère facilement car elle a un aspect blanchâtre (alors que la "bonne" glace est bleutée, transparente voire grise). Elle a également un texture de type gros sel, contrairement à la vrai glace qui a un aspect généralement lisse. Ce type de glace est relativement traître. Au mieux on enfonce toute la lame, voire la tête : on sait ainsi que ça tient pas grand chose. Au pire elle peut donner l'impression de tenir mais elle explose à la moindre rotation/sollicitation de la lame. De toutes les glaces, c'est celle qui requiert le plus de vigilance (hormis bien entendu les structures suspendues en bonne glace).
  • Une glace beau turquoise-verte trahit le fait qu'elle soit pourrie en profondeur par le redoux. Généralement les premiers centimètres sont inconsistants : il faut dégager cette couche pour attendre la glace plus dense (si elle l'est encore)
  • La meilleure glace à grimper est une glace légèrement sorbet (sans l'être trop) : une frappe normale doit faire pénétrer la lame assez profondément. Celle-ci doit être bien enchâssée dans son orifice. Ni trop ni trop peu. Attention à ne pas trop frapper car le désancrage peut être rendu difficile par la qualité de la glace et la profondeur à laquelle la lame s'est enfoncée.
  • La couleur n'est toutefois pas toujours un indication pertinente. Par exemple, en Norvège la glace peut prendre un panel très surprenant de couleur du fait des résurgences chargées en minéraux).

  • L'observation a également une grande importance après la frappe. Il faut bien regarder le changement d'aspect de la glace tout autour du trou que l'on vient de forer.

  • Au mieux la surface de la glace de change du tout pas d'aspect.
  • Ou alors la glace éclate carrément ce qui impose de reforer le trou.
  • Mais plus généralement la frappe entraîne une irisation blanche autour de l'orifice que demande une analyse plus fine.
  • C'est là que l'expérience intervient. Car tantôt on sait que l'on peut faire confiance au trou. Tantôt on sait qu'il est plus prudent de le forer plus profondément. Et généralement, si on a bien jugé la fragilisation de la glace, celle-ci éclate au désancrage, voire à la seconde frappe.
  • Plus la glace est dure et trop homogène, plus l'onde de choc entraînée par la frappe est importante et plus l'irisation est large et profonde, ce qui trahit une importante fragilisation de la structure de la glace.
  • Il arrive également que la frappe entraîne l'apparition de fissure très longue. Tant que celles-ci ne sont pas "larges", cela ne pose pas de souci. Mais dans le cas contraire, c'est un signal d'alerte à prendre urgemment en compte.
  • Mais l'analyse visuelle n'est pas grand chose sans l'associer étroitement avec l'analyse sonore. C'est l'analyse combinée de ces deux paramètres qui permet de déterminer le niveau de confiance à accorder au trou que l'on vient de forer.
L'écoute

L'analyse de la sonorité produite par la pénétration de la lame dans la glace est tout aussi importante que l'analyse visuelle. D'ailleurs avec une bonne expérience, il est quasiment possible de savoir les yeux fermés si le planter est bon ou pas. Par contre, c'est l'analyse la moins simple à décrire du fait de la retranscription des diverses sonorités mais nous allons nous y essayer !

  • Un bon planté se caractérise généralement par un son ferme, légèrement aigu, avec un zeste de vibration rémanente. Même à 10m de distance, on "sait" que ça tient bien.
  • Un planté dans une glace dure qui s'éclate en profondeur donne un son étouffé, grave, une sorte de ploufffff... C'est un signe d'alerte important impliquant de refaire un planter.
  • Il y a également le planter qui donne une sonorité entre les deux. Il faut s'en méfier. Généralement on complète par l'analyse visuelle autour de l'impact afin de déterminer si la frappe est bonne ou non.
    Dans le doute, on en refait une.
  • Un planté dans une glace sorbet produit peu de son (et peu de modification de la surface de la glace). C'est essentielle la profondeur de pénétration ainsi que la sensation de bonne tenue en tirant sur le manche qui indiquent que l'ancrage est bon.
  • Il y a aussi le cas des glaces pourries en glace-neige, qui produisent des sonorités diverses. Comme l'aspect visuel est lui aussi bâtard et comme il vaut mieux ne pas trop tester sur le manche de peur d'affaiblir l'ancrage, mieux vaut continuer à creuser. Il s'agit du type de glace le plus piégeux et le plus fatiguant à grimper (au sens propre comme au figuré).
Le toucher

Les sensations de toucher ont déjà été abordées ci-dessus.
Ces sensations sont de trois ordres :

  • Lors de la frappe
  • Lors du test de tenue avec mouvement de bas en haut
  • Lors de la première mise en charge
    Lors de la frappe, l'indication d'un bon ancrage se traduit généralement par un bon retour de force du planter (le piolet est arrêté net) et par l'absence de rotation du piolet à droite où à gauche (cf. ci-dessous le § La frappe). Des sensations contraires constitue un indice de mauvais planter (à part les glaces sorbet ou les glaces-neiges où la sensation de pénétration est généralement molle).
    Le test de tenue avec un mouvement de bas en haut est une opération sensible et pas forcément conseillée. Si on la pratique, le test doit être suffisamment ample pour indiquer quelque chose. Si l'ancrage n'est pas bon, le mouvement de va et vient est généralement d'autant plus aisé qu'il fait un peu plus éclaté la glace (voire partir des assiettes). On est alors bon pour une nouvelle frappe. Si par contre le mouvement est très contraint et que les indications visuelles et sonores ne sont pas au rouge, a priori c'est que l'ancrage est béton.
    Lors de la première mise en charge, si on estime que l'ancrage est moyen, il est conseillé d'être sûr de l'ancrage de son second piolet. On procède ensuite à une mise en charge par à-coups bien prononcés. Il faut bien anticiper un éventuel décrochage par une vigilance sur les 3 autres ancrages. Si ça tient, on serre les fesse et on charge réellement....

Attention : les lames modernes possèdent une dentition qui est designée pour se verrouiller dans la glace. Aussi il ne faut pas s'effrayer du fait qu'un à-coup se produise lorsque l'on charge pour la première fois le piolet. Au contraire, si celui-ci ne se produit pas, ce n'est pas normal.

Je n'ai pas la prétention d'avoir une expérience exhaustive mais sur l'ensemble de mes sorties cascades de ces dernières années, sur des dizaines de milliers de mètres parcourus sur tous types de glace (et dans les Pyrénées, on a pas forcément la meilleure glace ni les meilleures marches), sur des dizaines de milliers de frappes, je n'ai pas le souvenir d'avoir subi une seule fois un désancrage intempestif dans du raide (ça peut arriver dans des sections peu raides car la marge aidant on soigne beaucoup moins les ancrages). Sûrement la chance mais je pense que l'observation des conseils d'analyse prodigués ci-dessus ne doit y être totalement étrangère.

[Aux dernières nouvelles, le goût et l'odorat ne seraient pas mobilisés. Mais le 6 sens ....]

Les ancrages

Ancrage de piolet

Le GraaaaAAAaaal du glaciériste ! Le planté de pioche.

Avant de planter il faut viser. Il est peu utile de faire une thèse sur la façon de viser. C'est le bon sens qui s'impose. Quelques conseils tout de même. Une fois que l'on a déterminé la zone où l'on veut faire son ancrage, il est intéressant de la "pré-viser" en la pointant avec la lame, le bras ayant la même allonge que celle que l'on utilise habituellement pour ses frappes. Pour les débutant, une simulation de frappe (on fait le geste sans taper réellement la glace) est un bon test pour savoir si l'on a bien estimé son allonge. Là aussi c'est la pratique et l'expérience qui permettent de viser correctement sans plus y penser.

Il y a autant de manières de planter ses pioches que de bonshommes. Ca dépend énormément de la physionomie de tout un chacun. Mais globalement, on peut distinguer deux écoles :

  • La frappe avec l'épaule
  • La frappe avec le poignée

La première méthode est généralement la plus utilisée tandis que la seconde est plutôt employée par ceux ayant un poignée un peu plus puissant.
Les deux méthodes commencent de la même façon : en armant le piolet derrière l'épaule. Pas la peine de descendre trop bas et d'essayer de toucher les fesses : ça sert à rien et ça consomme de l'énergie en pure perte.
Il faut résister à la tentation naturelle d'ouvrir l'épaule vers l'extérieur et de tourner le poignée, la lame se retrouvant derrière la nuque. Lors de cet armement, on doit essayer de conserver le piolet et sa lame dans l'axe selon lequel on va frapper et pénétrer la glace. Pour les initier, ça ressemble au lancer de javelot ou de boomerang. Même combat.
Dans le cas de la frappe avec l'épaule, le déclenchement de la frappe se fait par l'épaule, puis par un abaissement du bras vers l'avant, suivi d'une extension du bras et pour finir d'une rotation du poignée vers l'avant juste avant l'impact.
Mieux on synchronise ces 4 temps, plus la frappe est fluide, efficace (elle reste dans l'axe) et moins on consonne d'énergie.
Dans le cas de la frappe avec le poignée, je vais décrire la façon dont je procède, ce qui n'est pas forcément une généralité. J'arme assez peu le piolet. Il arrive grosso modo juste au-dessus de l'épaule (pas dans le dos). Ce n'est pas le basculement l'épaule qui déclenche la frappe mais le basculement du bras à l'avant. Le geste correspond aux 3 derniers temps décrits ci-dessus sauf que la phase de rotation du poignée est réalisée avec beaucoup plus de puissance. J'utilise à fond l'effet de rotation permis par le poids en tête des piolets. La rotation du poignée donne 80% de l'impulsion. Il est d'ailleurs possible de frapper avec une bonne puissance quasiment sans bouger le bras et l'épaule. Et je m'applique à faire en sorte que le bras soit tendu en fin de course (gain en puissance et en hauteur - cf. ci-dessous) et à relâcher le poignée pour laisser "travailler" le piolet tout seul (cf. astuce ci-dessous). Un autre avantage de cette technique : en limitant la course de la frappe, on est beaucoup plus précis.
Instant crucial : les quelques millièmes de secondes où la lame pénètre la glace. Il est très important que la lame pénètre la glace de façon perpendiculaire et surtout qu'elle reste dans l'axe de la frappe. Il ne faut pas qu'elle tourne vers la droite ou la gauche. Ou alors la sanction est immédiate : la glace éclate ! Si l'accompagnement de la frappe est mal parti, qu'initialement le piolet n'était pas dans l'axe de la frappe, il y a toutes les chances pour que le piolet n'arrive pas pile poil perpendiculaire à la glace et que au finale l'ancrage ne soit pas bon.
Ce point est déterminant, infiniment plus que la force mise dans la frappe. Il vaut mieux consommer de l'énergie pour se concentrer sur ce mouvement que de frapper comme un âne.

Il faut essayer d'avoir une philosophie "d'une seule frappe", où le premier planté est le bon. C'est pas facile, ça demande une bonne expérience, un bon niveau technique et un bon moral mais au final on économise énormément d'énergie. Dans un 80° "bien formé", ça va, on peut se permettre de taper comme un sourd et de forer des puits. Mais quand on est dans du 90-95°, que la glace est très dure et cassante, qu'il n'y a pas un seul trou déjà fait, entre une stratégie à seule frappe et une stratégie visant à enfoncer la lame jusqu'à la garde, il n'y a pas photo. Soit vous êtes humain et vous explosez au bout de 10m, soit vous êtes un extraterrestre et vous n'avez pas besoin de lire ces lignes. Sans parler du désancrage.

Plus le bras est tendu en fin de frappe, meilleure sera la transmission de la puissance et plus on gagne en hauteur. C'est très con mais 5cm gagner à chaque frappe, ça fait dans les 10% de gagné sans effort. Sur une ligne de 300m, ça fait 30m gratos. Pas négligeable !

Généralement il n'est pas productif d'enfoncer la lame jusqu'à la garde (sauf dans certaines glaces pourries). Au contraire ! Dans une bonne glace, si celle-ci n'est pas fragilisée par la frappe, il suffit de faire pénétrer les 3-4 premières dents. La tenue de l'ancrage est alors bien suffisante pour tenir les 20 à 100kg de contraintes que l'on y applique. Trop enfoncer la lame, c'est la garantie d'un gros effort à fournir pour la désancrer. Là aussi c'est l'expérience et la gestion du mental qui permet de résister à cette tendance naturelle à enfoncer profondément la lame pour avoir le sentiment d'avoir un ancrage béton.

Les lames modernes sont conçues de telle façon que sur la première traction les dents pénètrent dans la glace (donc vers le bas), ce qui entraîne une sensation d'à-coup. Ce phénomène (normal) permet de verrouiller la lame dans le trou et d'éviter un arrachage involontaire. Par contre ce verrouillage peut compliquer le désancrage.

Attention aux assiettes géantes en glace dure : ne pas faire ses ancrages droite-gauche trop proches l'un de l'autre. Faire le second ancrage loin des lignes de fracture du premier (sachant qu'elles ont toutes les chances de se propager).

Un astuce pour diminuer l'éclatement de la glace. Juste avant l'impact, il faut légèrement relâcher son emprise sur la manche. Ceci permet d'avoir une frappe plus sèche, pour perforante. Ainsi livré à lui-même, la force en tête du piolet va mieux travailler, moins vibrer, on a un moindre tendance à "déviser" la frappe d'un côté ou l'autre. Au final, le trou ne sera pas forcément plus profond mais la glace éclatera moins. C'est un phénomène qui est particulièrement sensible sur les piolets modernes (de type Nomic par exemple) pour lesquels le poids en-tête est important.
Par contre, si on pratique ce relâchement, attention à la glace dure et aux frappes qui rebondissent : ne pas se laisser surprendre et lâcher son piolet !

Si suite à la première frappe, l'ancrage est jugé non fiable, on désancre (cf. ci-dessous) et on refrappe. Pas de différence particulière dans le technique. Si ce n'est que l'on frappe peut-être un peu moins fort (le trou est déjà amorcé) et que bien entendu il faut bien visé le premier trou. En retour, il faut être bien attentif au son produit et à l'absence de ploufff traduisant l'éclatement sous-jacent de la glace. Généralement on décroche des assiettes soit lors du désancrage de la première frappe, soit lors de la seconde frappe.

La capacité à "bien frapper", c'est à dire à ancrer au bon endroit, sans trop éclater, à avoir un ancrage fiable sans trop consommer d'énergie constitue assurément la qualité principale du glaciériste (avec la capacité de gérer son effort, le risque et son mental, ainsi que la faculté de brocher utile et dans une position économe).

Ancrage de crampon

Il y a beaucoup moins à dire que pour celui des piolets.
La qualité et la facilité d'ancrage dépendent en fait surtout du modèle de crampons. C'est le jour et la nuit entre des crampons couloir "classiques" et des crampons spécifiques cascade de glace. Ces derniers sont généralement rigides (pas de dispositif de flexion entre la plante du pied et le talon) et la pointes avant ressemblent à de mini-piolets. Leur capacité de pénétration et leur faculté à moins éclater la glace est sans commune mesure. Pour le confort, ils disposent pour certains modèles de dispositifs d'absorption de chocs très efficace qui économise beaucoup les orteils.
Comme en escalade, la priorité des priorités techniques en cascade de glace consiste à apprendre à faire confiance à ses pieds. Pas forcément facile quand on porte des chaussures hivernales, lourdes, rigides et épaisses, qui gomment la plupart des sensations. De plus, avoir des sensations lorsqu'on utilise un intermédiaire (les crampons) avec le média glace ne rajoute rien à la facilité. Un atelier "sans piolet" est vivement conseillé pour apprendre tout de même à sentir ses crampons et à améliorer la confiance que l'on peut accorder à leur ancrage (cf. § Spécial débutant ci-dessous).

Tout comme un planter de piolet, il faut viser avec son crampon une zone qui s'y prête bien : glace assez homogène, ondulation de la surface, trou laissé par un piolet etc.. Le but est de trouver la prise qui s'apparente le plus à une (mini-)marche. Plus la marche permet de poser la seconde rangée de pointes (celles derrière les 2 pointes frontales), moins on aura à solliciter les mollets et moins on forcera sur les bras. C'est comme l'escalade en rocher : la clé c'est de faire reposer l'essentiel du poids sur les pieds. Et comme en cascade on est encore plus lourdement chargé qu'en escalade rocheuse, c'est encore plus primordial.
On frappe les deux pointes perpendiculaire à la surface de la glace. On frappe pas en "canard", avec la pointe extérieur non plantée. Un crampon de bonne qualité s'enfonce sans problème même dans un glace dure. Il arrive toutefois que le crampon puisse rebondir sur une glace dure. Pas la peine de taper comme un sourd : on éclate la glace et on se fait mal aux orteils. Comme un piolet, il vaut mieux deux coups moyens qu'un seul grand coup.

Une fois le piolet planté, on veillera à conserver la semelle à l'horizontale. On a souvent trop tendance à lever trop haut le talon (impression inconsciente de mieux tenir sur les pointe, allègement de l'effort sur les mollets) ce qui peut :

  • Soit faire éclater la glace par effet de levier
  • Soit dans les cas extrêmes, faire ripper les pointes avant sur la glace.

On recherchera au maximum les positions où l'on peut grimper en opposition, les pieds de chaque côté. Surtout dans le raide. Par exemple, il est est beaucoup facile et moins fatiguant de grimper dans le creux entre deux stalactites que de grimper une stalactite de front.

En crampons, il y a également deux écoles :

  • Les "bi-pointes"
    Il y a donc deux pointes avant très spécialisées. Cette configuration est celle que l'on retrouve le plus souvent. C'est celle qui est la plus polyvalente. Elle s'adapte aussi bien à des glaces homogènes et dures, à des glaces pourries, qu'à du raide et du plus couché. Pour ma part, grimpant essentiellement dans les Pyrénées où dans la même voie les conditions de glace changent énormément, je préfère rester en bi-pointes.
  • Les "mono-pointes"
    Il y a donc une seule pointe avant spécialisée. Au-delà du fait que cette configuration fait "pro", elle se prête très bien aux glace dures et raides. La force d'impact se concentre en un seul point : la pointe est donc plus perforante. Par contre, dans du moins raide et surtout dans des glaces pourries, la portance est deux fois moindre, ce qui peut être très handicapant.

C'est un bon reflex que de vérifier à chaque longueur que les sangles de ses crampons sont bien serrées. Il arrive de temps à temps qu'elles se desserrent en pleine voie, ce qui n'est jamais très agréable ni très confortable pour les remettre.

Comme les piolets, comme les broches, n'hésitez pas à bien investir dans des crampons spécialisés : votre facilité de grimpe et votre plaisir s'y retrouveront très rapidement. Mais ceux-ci ne seront rien sans une paire de chaussures de montagne où vous serez à l'aise même en tapant 2000 ancrages avec vos pieds dans la journée.

Le désancrage

Le désancrage de crampons ne posant jamais de problème (sauf quand on se les a planté dans le mollet ...), nous nous concentrerons sur le désancrage des piolets.

Le premier axiome, c'est : "Plus t'as bourriné pour planter, plus tu vas en ch.. pour désancrer !".
Le deuxième axiome, c'est : "Si ça part trop facilement en désancrant, c'est que l'ancrage était pourri !".
Et le troisième : "en glace y a jamais de vérité absolue"

Sur ce beau cours de philo, on va tâcher d'y voir un peu plus clair.
Le premier axiome est vrai. Plus on met de frappes, plus on enfonce la lame et plus il est difficile de la désancrer. Et cet effort peut être plus consommateur que celui d'ancrer (pour le bras qui tient l'autre piolet).
Si l'on voit que la lame est profondément enfoncée, il faut le cas échéant correctement se replacer afin d'optimiser la suspension sur l'autre piolet (principe du triangle, sans être trop éloigné du piolet à désancrer) On peut ensuite s'occuper du désancrage avec un moindre effort.
On peut utiliser deux mouvements de va et vient : de haut en bas et droite-gauche. Privilégier avant tout le mouvement de bas en haut : en glace dure, si le haut de la tête ne cogne pas contre la glace, il doit suffire au désancrage. En glace plus molle, il arrive fréquemment que cela ne suffise pas et que l'on soit amené à utiliser le mouvement droite-gauche. Attention à ce dernier : les lames et la façon dont celles-ci sont fixées à la tête du piolet ne sont pas faites pour ce type d'effort. Allez-y mollo ou vous risquez de casser une lame (au mieux ...). Ensuite l'alternance haut-bas et droite-gauche doit parvenir à décoincer la situation. Si ça se passe pas bien, ne pas s'énerver ni paniquer, ne pas faire d'effort désespérer, délayer en alternance sur l'autre piolet et conserver une bonne marge pour tenir plus longtemps. Au pire poser une broche (c'est pas honteux). Dans des glaces très molles, il peut être utile de se positionner légèrement plus haut pour saisir le piolet juste sous la tête et de procéder à un mouvement d'arrachage vers soi et légèrement vers le haut. Dans tous les cas, la façon dont la lame est affûtée joue beaucoup sur la facilité de désancrage (cf. § Matos).

Ensuite le désancrage est un bon laboratoire pour juger de la tenue d'un ancrage. Si un désancrage de faible amplitude nécessitant peu d'effort entraîne un éclatement important et profond de la, cela signifie la plupart du temps que l'ancrage était affaibli et pas vraiment digne d'intérêt. Ne pas négliger de capitaliser sur ce retour d'expérience permanent.

Et puis, comme le désancrage d'un coinceur en rocher, il est difficile d'établir des généralités. Faites preuve de bon sens, laisser parler votre intelligence situationnelle et s'exprimer votre ingéniosité :)

Si avec tous ces conseils, vous réussissez pas votre désancrage, eh bien laissez votre pioche en place, quelqu'un d'autre s'en chargera :)

Autres conseils relatifs aux ancrages/désancrages

  • Se méfier comme de la peste des rétas en haut d'une section raide. Vous savez, ces rétas bien arrondis et bien lisses, alors que les pieds sont encore dans du très raide. D'une part les piolets très arqués sont particulièrement mal à l'aise pour frapper sous cet angle. D'autres parts, la glace lisse de ces rétas est généralement très cassante et les assiettes produites sont très épaisses. Faire bien attention à écarter d'au moins 50-60cm les ancrages des deux piolets. Il arrive très souvent que l'on décapite complètement ce bombés sur 10 voire 15cm de profondeur. C'est l'une des rares phases où j'ai déjà connu des gros moments de solitude (car en plus j'ai la mauvaise habitude de ne pas brocher avant le réta, donc vol de 10-20m assuré).

Protections

En glace, les protections sont de deux types :

  • Les broches à glace
  • Les lunules (sèches ou avec cordelette), alias Abalakovs
    Pour les lunules, à moins qu'elles ne soient déjà en place, on est obligé de se vacher sur une broche pour les faire. Voir l'article suivant Les ancrages en glace pour la réalisation de lunules en glace.
Brochage

Les conseils suivants portent donc sur la pose de broches à glace.
A l'instar de toutes les étapes du cheminement en cascade de glace, la pose des broches doit avant tout s'anticiper. Lorsque l'on regarde les 15-20m au-dessus de soi par lesquels on a décidé de passer, il faut déjà programmer à quels endroits on va poser les protections. Ceux-ci dépendent de plusieurs facteurs :

  • la qualité de la glace
  • la difficulté du passage
  • la marge que l'on a et sa capacité à monter plus ou moins haut au-dessus des points

Pour le facteur qualité de la glace, voir ci-dessus le chapitre sur l'analyse visuelle de la glace.
Même si la tentation naturelle va à l'encontre de ce conseil, il est vivement conseillé de poser une protection avant et après la difficulté (si elle est pas trop longue), pas pendant. OK, c'est beaucoup moins confortable mais dans les faits on s'occit beaucoup moins avec cette approche. C'est plus stressant mentalement mais plus facile physiquement.
Par exemple, lorsque l'on arrive en haut d'une chandelle verticale, à 2-4m du réta, si on a un point solide 2-3m en dessous et que l'on est pas taquet, il faut mieux faire l'effort d'arriver au réta, d'avoir de bons ancrages au niveau des piolets et des pieds et de poser plus facilement la broche. Cela fait partie de la gestion triptyque effort/risque/mental.
En terme d'anticipation, il est également bon de racker ses broches dans l'ordre inverse où l'on compte les utiliser. En principe, je mets en tête de gondole deux bonnes broches de 17cm, pour protéger le relais. J'utilise pas de 13cm que j'utilise au bout de 20-25m. Plus c'est petit, plus la qualité de la glace doit être irréprochable.
Dans le même esprit, il faut se réserver 2 à 3 broches pour le relais. D'une part, on s'épargne la mésaventure de se retrouver avec 1 seule broche pour le relais et d'autre part ça évite de se retrouver avec 2 broches de 13cm pour le relais. Je mets systématiquement ces broches derrière mon baudard.
D'ailleurs, lorsque j'emmène des broches de 10cm (utilisation pas vraiment recommandée), je les mets également à l'arrière, histoire de pouvoir les utiliser lorsque j'en ai besoin et pas me voir imposer leur usage par l'ordre du rackage des broches.

Il faut savoir que sur une chute les broches peuvent travailler selon deux axes différents :

  • L'axe horizontal --> cela conduit à un arrache dans le sens du trou de la broche. Normalement ceci ne doit jamais arriver. Le pas de vis des broches n'est pas prévu pour cet type d'effort. Si cela se produit, c'est généralement que la glace était de très mauvaise qualité et que la broche a été visée selon un axe trop dirigée vers le bas.
  • L'axe vertical --> c'est l'axe de travail pour lequel les broches ont été conçues. En fait il n'y a pas que la corde et l'assureur qui peuvent amortir le choc d'une chute. Le complexe broche-glace y participe également. Lors de la chute, la partie de la broche la plus proche de la surface se défonce vers le bas, compressant au passage la glace en dessous. Elle exerce alors un très fort effet de levier sur le cône de glace situé au-dessus de la broche. C'est lui au final qui va se rompre et libérer la broche. Pour en arriver là, si la glace est de bonne qualité et que la broche a été bien posée, il faut une force de choc entre 1.5 et 2.5 tonnes. Autant dire qu'un arrachage de ce type arrive rarement (notez bien les deux "si" qui précèdent).

Préparation

  • Se positionner "en triangle" et que la pioche sur laquelle on va se suspendre soit béton. Il est primordial d'avoir le bras qui ne va pas brocher qui soit bien tendu. Une suspension de 2 minutes sur un bras raccourci est beaucoup plus pénible qu'avec le bras tendu. C'est la meilleure des façons de se le tétaniser.
  • Bien ancrer le piolet qui ne va pas servir et ne pas le laisser à proximité de la zone de brochage : 1. pour ne pas gêner 2. pour ne pas le faire tomber lors d'un geste maladroit. C'est la principale cause de perte des piolets.
  • Vérité de la palice : si le brochage a toutes les chances d'être tendu, il vaut mieux brocher avec sa main forte, celle en tout cas avec laquelle on est le plus habile.
  • Visser à hauteur de hanche. On a souvent tendance à visser trop haut, ce qui est beaucoup plus difficile, plus long, donc ce qui pète encore plus le bras sur lequel on est suspendu.
  • L'idéal, c'est de placer un petit coup de pioche à l'endroit où l'on souhaite poser la broche, monter un peu plus haut et avoir ce petit trou pile à hauteur de la hanche. Ainsi il est beaucoup plus facile d'amorcer la broche, notamment dans des glaces très dures

Brochage
Pour l'opération de vissage proprement dit, on peut distinguer 3 phases :

  • L'amorce
    On applique les dents sur la glace et on fait 3-5 demi-tours en revenant à la position initiale. Avant le dernier demi-tour, si l'on voit que le pas de vis n'a pas encore commencé à suffisamment pénétrer la glace, ne pas hésiter à sortir la broche de l'amorce de trou et à tapoter le côté de la broche au niveau des dents pour faire en partir la glace. J'ai bien dit tapoté, pas taper comme un sourd.
    On remet la broche dans le trou et on refait un quart de tour en appuyant bien fort. Le but étant que la broche tienne quelques secondes toute seule dans le trou, le temps de changer la position de la main.
    Si ça veut toujours pas tenir, il peut être intéressant de sortir la broche, de la maintenir avec soi d'une façon ou d'une autre et de changer la position de la main sur la patte (d'un quart de tour par
    exemple). Et de recommencer l'opération d'amorçage décrite ci-dessus.
    Entre une broche bien affutée et une broche dont une des dents est bien amochée, c'est le jour et la nuit au niveau de l'amorçage. Donc vérifier son matériel avant chaque course et affûter ses broches si nécessaire (c'est pas si difficile et cela n'est pas vraiment long).
  • Le verrouillage
    C'est l'opération la plus sensible, là où le risque de laisser tomber la broche est le plus grand. Lorsque la broche tient à peine dans son trou, il faut la lâcher une seconde puis la reprendre une demi-tour sur la gauche. Comme cela on peut refaire un autre demi-tour en appuyant bien fort. La broche est alors généralement bien amorcée dans le trou et le risque de la perdre beaucoup plus faible. Faire alors un ou deux deux à la main pour être bien sûr. Attention il arrive de temps en temps lors de cette phase que la glace éclate. Si la broche tient toujours dans le trou, il faut alors reprendre le début de cette phase. Et si elle ne tient pas, il faut alors refaire la phase d'amorçage.
    Pour cette opération, la forme des broches Grivel 360° leur confère une facilité d'utilisation supérieure aux autres modèles. en effet l'absence de patte permet de prendre la tête de la broche avec la pomme de la main de repositionner la main avec un moindre risque de faire tomber la broche.
  • Le vissage
    Une fois la broche bien verrouillée dans son logement, on peut alors la lâcher et finir de la visser avec sa manivelle (interne ou externe).
    Lorsque l'on est moyennement confiant dans l'épaisseur de la glace, on finira de visser avec beaucoup de douceur et surtout on ne forcera pas lorsque l'on ressentira un point dur. Sinon on risque de flinguer extrêmement facilement une ou plusieurs dents (mais même avec un peu d'expérience et pas mal de prudence j'arrive quand même à dézinguer des dents chaque saison).
    La difficulté de la chose, c'est que souvent la glace n'est pas homogène en profondeur et que la résistance au vissage n'est pas continue. Là aussi ce sera une question d'expérience pour savoir s'il faut forcer un peut plus ou s'il faut aller rebrocher ailleurs car on pense que l'épaisseur n'est pas suffisante.
    Dans le cas où l'ensemble du manteau est de faible épaisseur et qu'aucune broche ne se visse jusqu'au bout, on peut toujours cravater avec une sangle le corps de la broche (plutôt vissée tête vers le haut pour éviter le glissement). Ceci afin de limiter l'effet de levier par rapport à un clippage sur la patte de la broche. Pour autant, c'est à éviter le plus possible.
    Attention : Lors de la phase de visage, alors que l'on croit que la broche est déjà bien amorcée et que l'on visse allègrement, il arrive qu'en glace bien dure toute la circonférence autour de la broche explose et s'effritte : la broche ne tient alors plus dans son logement. Il faut donc prêter attention à stopper son mouvement de rotation et à bien tenir la manivelle de la broche sous peine de la faire tomber (c'est particulièrement le cas des broches Turbo Black Diamond dont le manivelle est relativement petite à tenir avec des gants). C'est un cas fréquent de perte de broche !

Autres conseils

  • Pour une broche avec manivelle, rabattre cette dernière dans sa position de rangement. Il m'est déjà arrivé en cours de longueur d'avoir la corde qui forme un noeud au niveau de la manivelle, ce qui n'est pas simple à gérer ....
  • En règle générale, la broche est visée perpendiculairement à la surface de la glace. Ce qui donne soit un angle légèrement orienté vers le haut, soit à l'horizontal.
  • Si la glace est plutôt molle, ne pas hésiter à donner un angle de 10-15° vers le haut (par rapport à l'horizontale), pour limiter les risques d'arrachage dans le sens du trou de la broche.
  • Lorsque la glace est très dure, il est recommandé par Black Diamond de donner un angle de 10° (par rapport à l'horizontale) vers le bas. En effet le risque d'arrachage dans le sens du trou de la broche est moindre mais celui d'éclater le cône au-dessus augmente. Cet angle permet de mieux répartir les efforts.
  • Attention, il faut toujours que la patte de la broche touche la glace.
  • En glace dure et lisse, j'utilise de préférence les broches BD Express qui ont une amorce très agressive.
  • Pour des glaces plus formées, avec des trous, des cannelures, j'utilise de préférence des broches Grivel 360°. Leur capacité à être visé n'importe où est inégalée. De plus si leurs dents peuvent paraître moins agressives que celles des broches BD, elles amorcent très bien aussi. Les 360° ont l'inconvénient de prendre beaucoup de place dans le rack et d'être un peu plus lourdes.
  • Si la glace n'est pas très bonne, ne pas hésiter à creuser la surface avec la panne ou avec la lame pour atteindre la glace dure.
  • Je broche souvent dans des petites surfaces concaves, des sortes de début de trous. L'amorce est plus facile.
  • Par contre lorsque la glace est très structurée, il faut anticiper les bouts de glace qui vont gêner la rotation de la patte en fin de course. Faire le ménage avec la panne du piolet avant de viser (ou pendant).
  • Important : si au cours du vissage la broche traverse une poche d'air ou de glace importante (le vissage est alors beaucoup plus facile ... trop !), il ne faut pas hésiter à rebrocher plus loin car l'ancrage n'est pas sûr.
  • L'acquisition de broches avec manivelle intégrée est plus que conseillée. C'est le jour et la nuit par rapport aux broches simples où il faut utiliser une manivelle externe. Vu la différence de prix, ne pas hésiter à faire le "petit" investissement en plus.
  • Plus la section est raide plus l'amorce du brochage est difficile. Dès les 75-80°, on est déjà dans une position où le corps est dans une position surplombante. Lorsque les pieds ne tiennent que par les pointes avant, on a une capacité de gainage amoindrie et donc beaucoup moins de force pour exercer un appui perpendiculaire à la paroi et donc pour réaliser l'amorçage. La position d'équilibre est alors primordiale, il faut être le mieux posé possible sur ses pieds et amorcer la broche au plus près de sa hanche.
  • Le brochage est l'une des deux phases de la grimpe sur glace où la pratique du sans-dragonne (leashless pour les english) apporte le plus. Non seulement il n'y a pas de manip à faire pour libérer la main qui va brocher mais surtout on peut sans contrainte changer le bras en suspension. Cette alternance permet de mieux gérer et ne pas se cramer le bras qui ne broche pas.
  • Attention aux manipulations des broches avec les gants : c'est généralement durant ces phases là que l'on échappe ces petits bijoux
  • Attention également aux manipulations où l'on change les broches de main. Généralement on utilise la bouche comme intermédiaire. Le bon sens recommande de se saisir de la patte plutôt que de mettre l'extrémité dentée dans la bouche. Mais prescrire ce type de manip lorsque la température est inférieure à -5°C : c'est l'assurance de laisser la peau de ses lèvre sur le métal. A bon entendeur ... !

Pour finir, je transposerai un excellente formule du mythique Livanos : "il vaut mieux une broche de plus qu'un glaciériste de moins ! Surtout quand ce glaciériste, c'est moi ..."

(la lecteur de "Au-delà de la verticale" devrait être O-B-L-I-G-A-T-O-I-R-E ! Allez z'y les yeux fermés, c'est un pur moment de bonheur.)

Débrochage

Il n'y a pas des paragraphes à écrire sur lé débrochage. On peut cependant retenir les points suivants :

  • Le débrochage se découpe en 3 phases (ou 3 si on paume la broche) :
    • Ancrage sûr du ou des piolets (il faut que cet ancrage tienne bien et que celui-ci ne gêne pas l'opération de débrochage).
    • Déclippage de la corde, puis de la dégaine (sangle) et rangement des deux sur le baudrier
    • Dévissage de la broche. Si on débroche à une seule main, on fera attention sur les tours de ne pas lâcher la manivelle lorsque la broche sort du logement. A ce titre, les petites manivelles des broches BD Express n'ont pas une grande tenue manipulées avec des gants.
  • Pour un débrochage sans assistance, la position à adopter pour le second est identique à celle du brochage
  • Pour un débrochage avec assistance, le second gueule un sec bien senti et se vache comme un jambon
  • Penser systématiquement à faire sortir le bouchon de glace de l'intérieur de la broche. Plusieurs méthodes :
    • De préférence prendre la broche côté dents et taper la patte soit contre une glace dure, soit contre le haut de la lame de piolet ou le marteau, voire contre un rocher
    • Si cela ne suffit pas, reprendre la broche côté patte et tapoter gentillement le filetage sans l'abîmer.
    • Si cela ne suffit pas, garder la broche pour essayer plus sereinement au relais.
    • Et si au relais on n'y parvient toujours pas, mettre la broche dans une poche de sa veste (attention à ne pas l'abîmer et se faire mal). Au bout de 15mn, sortez la broche et retapez-là : le bouchon ne devrait plus résister.
  • Dans le cas de broches à manivelle proéminente (ex: les Grivel 360), penser à rabattre la manivelle sous peine de ne pouvoir mettre que 2-3 broches par porte-broche.

Clippage

Le clipagge comprend deux phases !

  • Le clippage de la dégaine ou la sangle sur la broche
  • Le clippage de la corde dans le mousqueton
    Ces deux opérations n'ont rien de très différent par rapport à l'activité rocheuse. Si ce n'est qu'elles sont réalisées avec des gants, ce qui demande un peu d'habitude.
    On suit les préconisations habituelles :

  • Le doigt du mousqueton doit se retrouver en sens inverse de la progression

  • La corde doit être clippé du dessous du mousqueton : le brin qui va vers le grimpeur doit sortir à l'opposé de la paroi
  • Mousquetonner un brin sur deux. Il est d'autant plus important de respecter cette préconisation que généralement les cordes que l'on utilise en cascade sont spécialement faites pour avoir une force de choc faible. Mousquetonner les deux brins en même temps, c'est réduire considérablement cet avantage.
  • Dès le départ du relais, bien choisir un côté pour une corde donnée et s'y tenir durant toute la longueur. Beaucoup trop de personne fond du méli-mélo entre leurs cordes. Ca augmente le tirage (on cascade on peut généralement faire des plus longues qu'en rocher), on risque de faire des noeuds sur les manivelles des broches, on risque de se retrouver avec une nouille torsadée qui sort du baudrier, ce qui rend plus difficile le choix et le tirage de la corde pour la clipper sur un point, et pour finir c'est le bazar assuré si l'on a deux seconds.

Quelques autres conseils :

  • Si la broche est posée au sommet d'un petit bombé, il peut arriver que l'extrémité de sa patte soit très décollée de la surface de la glace. Il faut alors clipper l'orifice de clippage de la patte le plus proche de l'axe de la broche. Ceci permet de diminuer l'effet de levier à l'origine de l'arrachage des broches.
  • La mode de l'ultra léger, c'est bien. Mais quand on se retrouve à manipuler des mousquetons minuscules avec des gants, ça devient vite pénible. Celui qui s'est déjà trouvé dans une situation où, au taquet, il essaye désespérément d'ouvrir le doigt du mousquif pour y faire passer la corde voit ce dont je veut parler... Bref, il faut choisir de préférence des mousquetons qui se manipulent facilement avec des gants, même épais.
  • Je suis pas méga fan non plus de la mode des broches avec dégaines et mousqueton intégré. D'une part, le poids supérieur de la broche rend plus sensible la transition entre amorçage et verrouillage de la broche. D'autre part la dégaine et la mousqueton finissent toujours par tourner quand on visse avec la manivelle, ce qui est toujours gênant. Pour finir ce type de broche prend plus de place dans le rack. Mais il faut reconnaitre que cela supprimer une phase du clippage et qu'au final broches + dégaines = moins de poids.
  • Dans le cas des broches Grivel 360, attention à bien rabattre la manivelle. Il m'est déjà arrivé (je ne sais comment) de voir la corde faire un nœud autour de celle-ci. Toujours emmerdant quand on est 20m au-dessus de cette broche ....

Se vacher sur un piolet

Certes, a priori la méthode n'est pas glorieuse mais elle permet surtout d'éviter ce qu'il est absolument proscrit en cascade de glace : la fuite en avant.
Pas mal de personnes se vachent aussi sur leur piolet afin de pouvoir brocher tranquillement, ce qui permet de bien choisir l'endroit où poser la broche et de ne pas se cramer le bras qui aurait tenu la suspension. On repart ainsi plus frais.
Et puis, il serait ballot de s'en priver puisque, contrairement à l'escalade rocheuse, la cascade de glace permet de se vacher à peu près où l'on veut.

Selon le piolet utilisé, il y a deux écoles, avec leurs avantages et leurs inconvénients. Dans les deux cas, le seul pré-requis est d'avoir ancré très solidement son piolet. Un bon ancrage est susceptible de tenir entre 200 et 400kg.

  • Clipper sa vache sur le piolet
    • Il faut d'une part que le piolet dispose d'un orifice suffisamment grand pour être clippable et d'autre part que le grimpeur ait une vache à demeure sur son baudrier.
    • Il vaut mieux que l'orifice soit situé le plus bas possible au niveau du manche. Éviter les orifices au niveau de la tête qui peuvent entraîner un brusque décrochage de la lame par effet de levier sur le manche.
    • Sur des piolets qui n'ont pas ce type de trou, ou si leur orifice est incommode (ex: Nomic), Il est généralement possible de créer une petite boucle avec une cordelette de 4-5mm passée dans un orifice beaucoup plus petit que celui nécessaire pour un mousqueton.
    • On peut également citer le cas des longes qui simplifie très significativement la manœuvre puisqu'elles sont à la fois déjà en place et à la bonne longueur. Les longes sont homologués à 200kg.
    • Le principal souci, c'est que la longueur "classique" de la vache est inappropriée avec un ancrage qui se trouve généralement au-dessus de la tête. Il faut donc soit prévoir une vache plus longue (voire à deux longueurs comme les vaches Beal), soit remonter au niveau du piolet ancré. Une autre solution consiste à utiliser une daisy chain en tant que vache. Il est alors très simple de la rallonger à une main (attention pour ce type de vache : toujours faire un nœud d'arrêt à son extrémité et ne jamais monter au-dessus du point d'attache)
  • Renvoi d'un brin sur la poignée
    • Il faut disposer d'un piolet ayant une large poignée en bas du manche (ex: Nomic)
    • Il suffit de passer un des brins d'encordement au-dessus de cette poignée et de demander à l'assureur de vous prendre sur ce brin.
    • C'est la méthode la plus simple et la plus rapide
    • Cependant, elle nécessite d'avoir un très bon ancrage car la force conjuguée (poids du grimpeur + tirage de l'assureur) est comprise entre 150 et 200kg.
    • De plus, comme indiquée par les fabricants, cette contrainte importante n'a pas été prise en compte lors de la conception des poignées. Il y a donc risque d'abimer voire de casser la poignée. Les fabricants déconseillent donc cette utilisation. Toutefois, jusqu'à présent, je n'ai pas eu connaissance d'accidents consécutifs à ce type d'utilisation.

C'est une technique dont je n'abuse pas. Mais il est toujours conseillé de la connaître et de la maîtriser avant d'y avoir recours en situation.

Gestion du risque, de l'effort et du stress en grimpant

C'est un chapitre subjectif. Il procède plus du ressenti et de l'expérience personnelle que d'un traitement analytique. Abordez-le en conséquence.

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** Cette section est à reporter dans le § Compréhension et analyse des risques objectifs en cascade de glace *****
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Les dangers objectifs et subjectifs en cascade de glace

  • Dangers subjectifs
    On entend par dangers subjectifs tous les risques qui dépendent directement d'une action (ou d'une inaction) du sujet, c'est à dire du glaciériste. Bref, un comportement différent aurait entraîné un niveau de danger plus faible (et le cas échéant aurait évité l'accident). Le plus souvent on qualifie ce type de risque de déterministe (donc a priori évitable).
    Ce type de risque comprend un champ très large. Par exemple :
    • Une chute en grimpant
    • Un coup de crampon dans les molets
    • On se pend sur un rappel
    • Et des bien plus banales !
    • Dangers objectifs
      Au contraire, les dangers objectifs sont dépendants de l'objet, soit de l'environnement montagneux. Avalanches, éclairs, chute de séracs, de cailloux.

Entre ces deux définitions règne un certain flou quant à la paternité de certains risques mixtes. Exemple : l'alpiniste qui fait partir une plaque. Danger objectif parce qu'il s'agit de la mise en mouvement d'un élément de l'environnement. Ou risque subjectif car sans la présence de l'alpiniste la plaque ne serait pas partir. Le débat peut durer un moment.

Bref, en faisant abstraction de l'approche et des ballade sur les pentes de neige, les principaux risques encourus en cascade pure sont les suivants (sans ordre de probabilité ou même préférence ...) :

  • Coulée se déclenchant en amont
  • Chute de glaçon naturelle
  • Chute de glaçon provoquée par un grimpeur
  • Effondrement d'un structure de glace
  • Chute suite du fait que l'un de ses ancrages lâche
  • Chute suite à une défaillance physique (limite physique, malaise, etc.)
  • Chute suite à l'arrachage d'un point de protection
  • Chute suite à un bris matériel
  • Blessure sur un coup de crampons, de piolets, de broches, etc.
  • Etc.

Selon ma petite expérience, de tous les accidents que j'ai vus ou vécus, le classement des plus fréquents serait le suivant :

  • Chute de glaçon.
    Suite à l'augmentation de la fréquentation des lignes, les alpinistes n'hésitent plus à monter les cordées les unes derrière les autres.
    Quant on sait ce qu'un petit glaçon de la taille d'une balle de ping-pong, lancé de 100m de haut, est capable de faire comme dommage à un casque, c'est tout simplement absolument aberrant !
    Ca doit être comme à ski : on sort dans de mauvaises conditions, on sait souvent que c'est limite, mais comme la plupart du temps on passe entre les gouttes, on s'habitue, jusqu'au jour où on tombe sur la mauvaise case.
    Il faut mieux attendre 2 heures, ou aller chercher une autre ligne, voire faire demi-tour, que de ramener le corps de son compagnon de cordée à son épouse. Des cascades, il y en aura toujours ! Et si c'est pas la semaine prochaine, ça sera l'année prochaine.
    Attention également à l'ilussion d'être dans une zone protégée, par exemple lorsque l'on grimpe les uns au-dessus des autres. Il est impressionnant de voir à quel point un bloc de glace est capable de tomber n'importe où, y compris dans de petits surplombs (c'est du vécu ... douloureux!). Attention donc à l'excès de confiance.
  • Coulée de neige
    Les couloirs où se forment les cascades sont la plupart du temps des couloirs d'avalanche. Et contrairement au ski, c'est insidieux car les départs se produisent souvent au-dessus des lignes, sans que les glaciéristes aient conscience des conditions de neige 500-1000m au-dessus.
    Les plus grands se sont faits avoir (ex: Guy Lancel qui a défié x fois la mort sur des structures hautement improbables a fini sous une coulée en 2009), alors la plus grande prudence est de mise.
  • Excès de confiance dans la solidité d'une structure de glace.

Le Leitmotiv en cascade de glace, c'est "ON-NE-TOMBE-PAS !!!!".
Les conséquences d'une chute sont souvent plus sérieuses qu'en rocher. Points de protection plus espacés, capacité à accompagner la chute amoindrie par le port de vêtements épais et la tenue des piolets, présence d'outils tranchants/pénétrants (piolet, crampons, broches), plus grande difficulté pour être secouru, etc., tout concourt à ce que la chute soit traumatogène.

Donc il faut constamment gérer son escalade dans l'optique de na pas tomber. Bien plus qu'en escalade rocher où l'on peut parfois se permettre d'avoir une attitude un peu plus banzaï, parce que c'est raide et que le point est béton, il faut apprendre à anticiper EN CONSERVANT TOUJOURS LA MARGE NECESSAIRE pour :

  • encaisser un décrochage d'un piolet de part la bonne tenue de l'autre piolet (l'autre bras ne doit pas être au taquet)
  • être capable de se refaire la cerise en délayant
  • être capable de poser un point

Généralement les gros coups de chaud sont consécutifs soit à des désancrages difficiles qui durent. On grille des cartouches que l'on paye cash dans les minutes qui suivent. Et c'est généralement trop tard. Il est préférable d'anticiper !

Il y a d'autres facteurs de risque que la chute du grimpeur :

  • les chutes de glaçon
  • les coulées
    [à terminer]

Gestion de l'effort
En comparaison de l'escalade sur rocher, la cascade de glace nécessite un effort typé continuité. Les filière rési voire puissance ne sont utilisées que pour des lignes de très hautes difficultés, voire en compétition (sujets non abordés ici). En effet il n'est pas rare que le grimpeur de tête passe une heure dans une longueur dure ou peu commode.
Le mot d'ordre est donc à l'économie d'effort. Et celui-ci est d'autant plus important à suivre que l'on grimpe sans dragonne. Il est en effet particulièrement désagréable de se mettre au taquet, d'avoir les avant-bras exploser et de sentir ses mains commencer à s'ouvrir alors que l'on se trouve à 3m au-dessus du dernier point ....

Pour se faire, il convient de se connaître, de bien analyser son état de forme, de choisir un objectif "raisonnable" et raisonné, et de bien le gérer de bas en haut. Il est permis de commencer à sentir les bras chauffer mais on ne doit jamais arriver au stade où l'on commence à avoir "des bouteilles" (i.e. avoir les avant-bras qui commencent à se tétaniser).

En dehors d'un objectif au-dessus de ses moyens, il y a plusieurs situations favoriser la venue des bouteilles, situation où en règle générale un seul bras est lié à un piolet, et donc une grand partie du poids du corps :

  • Avant tout, un clippage réalisé dans une mauvaise situation
    Pieds mal posés, mauvaise position d'équilibre, etc. Bref, l'amorçage est difficile car on a moins de force à exercer sur la broche perpendiculairement à la paroi.
    Il faut donc mieux anticiper son placement avant de commencer à brocher.
  • Utilisation d'un broche mal affûtée
    C'est une situation redoutable quand on est dans du très raide.
    A l'instar du choix à l'avance des zones de brochages, on choisit à l'avance l'ordre de rackage des broches en fonction de l'ordre dans lequel on va l'utiliser, de leur taille et de leur affûtage. Anticipation, anticipation ...
  • Surbrochage
    Encore une fois, il vaut mieux moins brocher, brocher utile plutôt que brocher psychologique.
    Brocher psychologique, c'est poser une broche là où c'est dur, histoire de se donner un peu de courage pour continuer. Par exemple brocher au niveau du crux alors que 1-2m plus haut il y a une bonne position de repos est une très mauvaise stratégie. Sauf bien sûr si le point précédent est 10m en-dessous. Mais dans ce cas, c'est qu'à la base vous avez mal anticipé vos brochages.
    Brocher utile, c'est brocher là où la glace est la plus solide et là où la protection est la plus utile pour éviter de se faire très mal en cas de chute. Donc ce n'est pas forcément brocher au niveau du crux.
    Cette stratégie correspond un peu à la filière dynamique est escalade rocheuse où il est souvent plus facile de franchir un enchaînement de pas difficiles de façon dynamique, en enchaînant, plutôt que de les grimper de façon statique "un par un".
  • Surplantage de piolet
    Quand on surplante une lame de piolet, on peut avoir la mauvaise surprise d'avoir pas mal de difficulté à la sortir. Et pendant ce temps là, comme pour le brochage, c'est le seul bras qui sous-tend le corps qui trinque. La solution ? Ne pas planter comme une mule, faire pénétrer les 3-4 premiers centimètres qui apportant un support suffisant tout en étant beaucoup moins pénible à désancer.
  • Mauvaise technique de pied
    Comme l'escalade, grimper en cascade c'est 80% de pieds et 20% de mains. Et si on merdouille au niveau de la technique de pieds et que l'on colle 30-40% de la charge au bras, on s'explose très rapidement. Quand la glace comporte des trous, des bosses, c'est assez évident. Dès que la glace devient lisse et dure, c'est tout de suite plus difficile. On a tendance à trop focaliser son attention sur les piolets alors qu'il faudrait redoubler d'attention et d'imagination au niveau des pieds. Retenir qu'un pied bien calé, c'est 80% du boulot qui est réalisé !

Dans du très raide (85/90° et +), l'effort passe du côté de la filière rési. On alterne alors des phases courtes très actives et rési de progression où l'on mobilise généralement un seul bras, et des phases plus longues, statiques, où l'on se refait la cerise en délayant alternativement les bras. Le petit jeu consiste à bien se connaître et savoir ce que l'on peut faire comme effort de type rési, combien de temps on peut tenir, sans se mettre totalement dans le rouge, jusqu'aux bouteilles.
Il n'est pas possible de tout anticiper. Il arrive que dans une phase rési, un ancrage éclate et nécessiterait de multiples coups de piolet, ce qui ferait exposer le bras en suspension. un des gros avantages du leashless est de pouvoir reposer le piolet non ancré sur l'épaule et de changer de bras en suspension. Cela permet de faire récupérer le bras carbonisé, le temps nécessaire pour éloigner le spectre de la tétanisation et reprendre l'opération d'ancrage après un nouveau changement de main. On peut faire la même chose dans le cas d'un déplantage ou d'un brochage difficiles.

Et surtout, avant d'arriver à une phase de bouteille aiguë, ne pas hésiter à se vacher sur une broche ou sur le piolet, le temps de se refaire une cerise physique et mentale. La fierté en prendra peut-être un coup mais ça vaut mieux que de se prendre un bon gros vol crampons aux pieds, piolets en main et broches à la taille !

Pour finir, à l'instant de la grimpe rocheuse (voire encore plus), la cascade est une activité éminemment psychologique, où la gestion de l'effort passe avant tout par une escalade relâchée. Grimper tendu, en serrant excessivement ses pioches est la meilleure stratégie pour se coller dans bouteilles avant la première moitié de la longueur. Il est donc super important de savoir gérer son stress, thème développé dans le chapitre suivant.

Gestion du stress
Bien adapter ses objectifs à son niveau technique, physique et de motivation.
Gestion par la respiration
Le délayage
Se vacher
Passer la main si nécessaire

Pour finir, la grimpe doit être du plaisir. S'il s'agit de se mettre "terreur" juste histoire de se dire "je suis passé, je l'ai fait", au final vous vous apercevrez qu'on en retient pas grand chose.
Le mieux, c'est de ne pas hésiter à faire demi-tour au bon moment.
Retenir qu'un bon alpiniste est un alpiniste vivant, qui revient à la maison sain et sauf. Y compris avec un but dans la musette ! Ca fait partie du cursus de formation.

Relais, assurage, rappels et Abalakov

Le relais

Comme beaucoup d'aspects de la grimpe en cascade, la détermination de l'endroit où le relais va être installé requiert pas mal d'anticipation. Car celles-ci doit répondre à 3 conditions :

  • Le relais doit être "inarrachable"
    Cette condition suppose :
    • Que la qualité de la glace ne doit pas faire l'objet de doute. Si en vissage une broche, on tombe sur une poche d'air ou que de grosses fissures apparaissent --> on rebroche plus loin.
    • Qu'on ne lésine ni sur le nombre de broches, ni sur leur taille. Je pense raisonnable de fixer à deux broches de 17cm le minima syndical.
    • Il est tout à fait possible de faire un abalakov pour le relais. C'est tout aussi solide qu'une broche (voire plus s'il est bien fait) mais plus long à réaliser.
    • qu'on s'assure de bien répartir les efforts sur les points :
      • L'idée étant que si un point vient à s'arracher, les autres points ne subissent pas un gros à-coup mais prennent le relais de façon linéaire
      • Idéalement, utiliser la technique du V décalé. Les broches sont écartées d'au moins 30cm en hauteur, ne sont pas pile dans le même axe vertical, l'angle broche-assureur-broche doit être le plus aigu possible et on utilise une sangle qui passe par tous les points et qui présente un noeud verrouillant l'assureur.
    • Personnellement je procède comme suit :
  • Je visse une broche de 22cm sur laquelle je mets un mousqueton à vis sur lequel je mets ma vache
  • Je visse ensuite une broche de 17cm une trentaine de cm au-dessus de la précédente mais de façon décalée. Je m'aide d'une dégaine pour calculer le bon écartement. C'est la seulement difficulté de la manip.
  • Je relie la broche du haut au mousqueton à vis du bas par une dégaine. La positionnement des 2 dégaines est tel que la dégaine doit être quasiment tendu. De sorte que c'est la broche du bas qui commence à travailler et si elle s'arrache vers le bas, il suffit de 2-3cm pour que la broche du haut prenne le relais.
  • Je fais un cab sur le point du haut avec l'une de mes cordes.
  • Bref le tout c'est d'avoir sa technique à soi, de bien la connaître, de savoir l'appliquer rapidement sur le terrain sans perdre 1/4 d'heure.
  • On demande à son leader de poser au plus tôt un point après être parti du relais
  • Il y a les partisans et opposants à l'utilisation d'un point de renvoi sur le relais. Perso j'en mets un sur la dégaine du haut, que je retire lorsque le leader a posé 3 ou 4 broches.
  • Le relais doit être sûr pour la personne qui assure
  • Il s'agit d'éviter de se prendre trop de blocs de glace lorsque le second passera en tête.
  • Il faut donc anticiper le cheminement de la longueur suivante. Voire l'imposer à son second (dans le mesure du possible) car une fois qu'on est en tête, on a d'autres préoccupations que les petits glaçon que se prennent les petits camarades en dessous.
  • Le relais doit être confortable
  • On passe pas mal de temps au relais et cette inactivité mine.
  • D'une part on se refroidit, donc il est conseillé de fermer la veste et de mettre des gants plus chauds
  • D'autre part, on est souvent sur des relais pendus. Et ceci a deux conséquences :
  • On s'abîme les pieds dont seulement une partie des pointes mordent la glace. On se consomment aussi les mollets et cuisses car le poids est rarement bien réparti sur les deux membres.
  • Quand on commence à en avoir marre des douleurs de pieds ou des crampes, on commence à davantage se vacher sur la baudrier. Ce qui a tôt fait de couper la circulation des jambes, augmentant le risque de gelures au niveau des pieds.
    Bref, une fois le relais installé, on a tout intérêt à prendre deux minutes pour se tailler des marches. C'est pas très long, ça consomme pas beaucoup d'effort mais le bénéfice est très important. Surtout quand la longueur dure ...
  • Il est plus judicieux de tailler les marches dès l'installation du relais. Et pas attendre de les tailler à l'apparition des douleurs, soit juste quand le second se trouve 20m sous le relais. Il appréciera !
  • On en profitera pour suspendre le sac à dos et se détendre les épaules ainsi que de s'hydrater et de s'alimenter.

Les transitions au relais

Une bonne gestion des transitions permet de gagner pas mal de temps sur l'ensemble d'une course.
Pour peu que l'on perdre 5-7min par longueur pour chacune des transitions, c'est près de 35-40min en moins pour une voie de 6 longueurs. Sur une course de 6h, cela représente plus de 20%. Cette perte de temps est tout sauf négligeable compte tenu de la brièveté des journées en hiver.

  • Transition "Pose d'un relais par le leader --> Départ du second"
    Nota : Les conseils donnés ci-dessus sont quelques fois éloignés de l'état de l'art en terme de sécurité. Ils sont indiqués à titre informatif. Ne les mettez en œuvre que si vous maîtrisez très bien les manœuvres et connaissez très bien votre compagnon.
  • C'est généralement durant cette transition que l'on perd le plus de temps
    Arrivé à la zone du relais, le leader pose une première broche, se vache dessus avec sa vache à demeure et crie "relais" à ton second
    Ce dernier ne lâche pas encore la corde mais commence à se préparer, par exemple en mettant le sac à dos ou en rangeant le matériel.
  • Pendant ce temps, le leader pose une seconde broche (en-dessous de la précédente), la relie à la précédente, fait dessus un cabestan avec un brin et commence à avaler la corde
  • S'il y a risque de coincement, le second avale la corde en même temps que le leader.
  • Le plus tôt possible, le second retire la broche du dessus avec la liaison d'attache à l'autre broche et le cabestan. Il reste donc attaché à une seule broche avec sa seule vache. Cette opération est souvent toujours en cours alors que la suivante est terminée.
    Nota : Cette anticipation n'est pas recommandée. Ne l'entreprendre que si vous êtes sûr que le second et la corde sont attachés à un relais béton, et que la dernière broche de votre relais l'est aussi. Si le relais du second est pourri, je ne m'y amuserais pas.
  • Une fois la corde entièrement avalée, le leader la fixe sur son système d'assurage pour le second et il crie "OK" pour indiquer au second que l'assurage est près et que le second peut partir. Si la voie ne porte pas, le second est de toute façon déjà au courant du fait des deux brins tendus.
  • Le second met ses piolets en position, se met sur les crampons, se dévache de la la seconde broche, le retire, range son matériel et crie "Parti" à l'attention du leader.
  • Si l'on est bien synchronisé et si la transition est bien exécutée, celle-ci peut se faire en 3-4min.
  • Transition "Arrivée du grimpeur en second --> Départ du leader"
  • Le leader a préalablement calculé par où le second arrivera au relais
  • Le second doit pouvoir se vacher facilement et confortablement
  • La corde lovée ne doit pas le gêner
  • Faire bien attention par où passe les deux brins par rapport au brin avec cabestan sur lequel est vaché le leader. On se retrouve souvent avec un brin qui fait un angle dessus une fois le nouveau leader parti.
  • Parfois, on ne peut faire autrement que d'avoir le second qui arrive à gauche alors qu'il partira à droite. Il faut encore mieux calculer son coup.
  • Le second s'attache avec sa vache sur la broche du haut. Ceci permet au leader de déverrouiller plus facilement son système d'assurage.
  • L'ancien leader met son système d'assurage au pontet afin d'assurer le nouveau leader. La plupart du temps, on a l'habitude de faire tourner son système dans le même sens que lors de la transition précédente. C'est ce qui entraîne le fait que les brins toronnent l'un sur l'autre. Il faudra donc tourner le système dans le sens opposé une fois sur deux. Si l'on ne sait plus les sens à suivre où que la nouille est trop importante, l'ancien second ne doit pas hésiter à défaire l'un de ses noeuds d'encordement pour démêler la corde. C'est bien plus rapide et efficace que d'essayer d'imiter les ballerines en faisant des tours sur soi ....
  • L'ancien leader passe un des brins de l'ancien second en renvoi sur une des broches du relais. Cette pratique ne fait pas l'unanimité. On peut retirer ce renvoi quand le nouveau leader aura poser 3 ou 4 broches.
  • L'ancien second passe le sac l'ancien leader (qui l'attache ou le met sur lui)
  • L'ancien second prend le matériel restant sur le baudrier de l'ancien leader, celui qui se trouve de son côté. Tandis que l'ancien leader fait la même chose avec le matériel se trouvant de l'autre côté de son baudrier et le met sur celui de son nouveau leader. Il faut donc connaître un minimum les habitudes de rangement de son compagnon.
  • L'ancien second anticipe le premier brochage et met en haut du rack la broche qu'il va utiliser, du côté où il va brocher.
  • Le nouveau leader se met sur ses piolets et ses crampons et indique qu'il est prêt.
  • Après validation du nouveau second, le nouveau leader peut détacher sa vache et commencer à partir.
  • Si le nouveau leader doit partir u côté opposé, c'est le terrain qui décide.
  • Pour une paroi peu raide, avec de bons ancrages au niveau des pieds, on privilégie généralement de passer dessous le second
  • Pour une paroi plus raide, passe plutôt par dessus le nouveau second. Il faut bénéficier de très bon ancrages au niveau des piolets, sans affaiblir les broches qui le compose. Le passage des crampons entre le relais et le nouveau leader, par dessus ses liaisons d'attache, est une phase délicate et potentiellement dangereuse. Il faut être sûrt de ses ancrages et faire des gestes précis, non précipités, tout en faisant en sorte qu'un crampon ne reste pas une heure au-dessus du second.
  • Si l'on est bien synchronisé et si la transition est bien exécutée, celle-ci peut se faire en 1-2min.

Autres conseils :

  • En cascade de glace plus qu'en rocher, on veillera a bien lové sa corde.
  • En effet cordes plus fines + cordes humides = nouilles infernales garanties !
  • Probablement la meilleure méthode est la technique dite de lovage en oreilles de cocker, des grandes boucles vers des petites, les cordes étant passées de part et d'autre d'un pied (d'où l'utilité des marches car alors il est difficile de délayer le pied utilisé pour le lovage).
  • Sur certaines configurations de glace (lisse et visible sur toute la longueur de la corde), il est possible de laisser prendre la corde complètement. Il faut quand même conservé une certaine boucle afin que le poids de la corde ne vous empêche pas de donner du mou rapidement. Cette boucle permet également de prévenir un possible coincement de la corde qui pend : il doit rester suffisamment de mou pour pouvoir la débloquer sans stopper le leader.
  • Et encore une fois, attention de ne pas s'appuyer sur un brin avec les crampons. Une corde s'abime excessivement vite.

L'assurage

Pas des tonnes non plus à écrire sur le sujet pas vraiment différent du TA sur rocher :

  • [A compléter]

Rappels et Abalakov

Plusieurs possibilités pour les rappels :

  • Rappel sur relais fixe équipé
  • Rappel sur Abalokov existant
    Même pour un Abalakov déjà fait, même après inspection des trous et de leur environnement, même après vérification de la cordelette, je pose systématiquement une broche avec une dégaine pour procéder à un contre. On ne sait jamais. Et puis on n'est pas à 30s près ...
  • Rappel sur Abalokov à faire

Procédure pour la réalisation d'un Abalakov :

  • Dans votre rack, ranger ensemble les deux broches servant aux Abalakov. Une des deux doit faire 22cm. L'autre doit faire au moins 17cm, l'idéal étant que les soient en 22cm.
  • En bout du rappel, il faut sélectionner un endroit où la glace soit homogène et solide. Pouvoir poser ses pieds à plat est également un atout non négligeable.
  • Si possible, choisir un relais un peu décalé par rapport à l'axe du rappel précédent. Certes on fait moins tomber de glace en rappelant, mais un petit glaçon qui tombe de 50m, ça fait toujours un peu mal ....
  • Identifier l'endroit exact où vous comptez réaliser les trous de l'Abalakov. Poser une broche de telle façon qu'en s'y vachant le regard soit au niveau du trou supérieur. La broche doit se trouver à une ou deux dégaines de distance, au-dessus du futur trou de l'Abalakov. Poser une seconde dégaine pour votre compagnon et la relier à la première.
    Faire bien attention lors de cette manœuvre si vos brins ne comportent pas de noeud à leur extrémité.
  • Par habitude, je privilégie la réalisation d'Abalakov verticaux. Il me semble avoir lu une étude là-dessus privilégiant cette approche. Mais franchement, je pense qu'un Abalakov bien fait, qu'il soit vertical ou horizontal, est béton. L'argumentaire avance que dans le cas de l'arrachement d'un Abalakov horizontal, c'est le cône supérieur reliant les deux trous qui cède. Alors que dans le cas d'un Abalakov vertical, les contraintes sont réparties entre les deux cônes latéraux. Par contre, dans le cas d'une lunule sèche, je trouve que les Abalakov verticaux glissent mieux lorsque l'on tire la corde (la somme des angles est moins importante).
  • Idéalement, privilégier une zone bombée présentant une partie supérieure un peu plus horizontale qui accueillera le trou supérieur. La partie inférieure peut être verticale pour le trou inférieur. On peut être amené à accentuer ce plan horizontale en creusant avec le piolet, afin que la manivelle de la broche soit moins gênée.
  • Pour cette question de facilité de vissage de broche selon un angle qui n'est pas perpendiculaire à la glace, j'utilise de façon préférentielle des broches Grivel 360. L'aisance de leur poignée quelle que soit la position est incomparable.
  • Commencer par le trou du bas avec la broche de 17cm en lui donnant un angle d'environ 20-30°. La positionner environ 15cm en dessous de l'orifice que l'on prévoit pour le trou supérieur. Visser la broche de 5-7cm afin qu'elle tienne bien. La partie non vissée servira de repère pour la pose de la broche supérieure.
  • Continuer avec le trou du haut et la broche de 22cm. Donner-lui également un angle de 20-30° mais vers le bas ce coup-ci. Généralement, on a peur d'appliquer un angle trop faible et que le point d'intersection des deux trous soit trop profond alors qu'il est possible de diminuer l'épaisseur de la glace avec le piolet pour y remédier. Par contre, le problème le plus courant consiste à ne pas réaliser le trou du haut dans le plan du trou du bas. Il est absolument essentiel de s'aider de la direction donnée par la broche de 17cm pour amorcer la broche du haut. Plus on réalise un Abalakov profond, plus le risque de commettre cette erreur de parallaxe est important. Visser la broche du haut jusqu'au bout puis la sortir et la vider.
  • Si l'angle et la direction vous paraissent corrects, finir de visser la broche du bas (ou échanger la broche de 17cm par celle de 22cm au besoin). Si tout se passe bien, on doit sentir le vide lorsque la broche atteint le point d'intersection. Vérifier visuellement par le trou du haut que l'on voit bien la broche du bas.
  • Il arrive souvent qu'en glace très froide, plein de bris de glace restent au fond des trous. Il faut alors revisser une ou deux fois la broche, voir utiliser le crochet à Abalakov, pour vider le trou du bas. Dans tous les cas, il faut pouvoir voir la broche ou le crochet d'un trou par l'autre trou. Sinon, les scories de glace ne permettront pas au bout de corde de passer.
  • Black Diamond a sorti il y a quelques années un outil d'aide à la réalisation des Abalakov : le First Shot. L'idée est intéressante mais au final, cet outil ne s'avère pas vraiment indispensable. Certes il permet de réaliser un Abalakov avec l'angle optimal en fonction de la longueur des broches utilisées. Mais du fait d'un certain manque de rigidité, il n'est permet pas de s'affranchir du problème n°1 : l'erreur de parallaxe. Je dirais même que, comme on réalise des Abalakov plus profonds, les erreurs de parallaxe sont plus fréquentes. Ensuite son crochet est particulièrement mauvais car trop flexible, et dangereux à cause de la lame qui y est incorporée. En plus, il se tord quasi immanquablement lorsqu'on le replie dans le corps de l'outil. Sans compter que le produit n'est pas léger. Bref on peut le prendre si l'on n'est pas confiant dans ses capacités pour faire des Abalakov mais cela ne dispense pas d'apprendre à bien l'utiliser. Cela ne s'improvise pas en situation.
  • Je ne réalise que des Abalakov de type lunule sèche. D'une part il est absolument stupide de laisser en place une cordelette qui finira pas polluer un torrent dès le printemps alors que dans les fait la dite cordelette est parfaitement inutile. D'autre part, il n'est pas dit que les cordées ultérieures pourront réutiliser cet Abalakov, la formation de glace ayant tendance à les recouvrir. Ensuite, il est plus rapide de faire une lunule sèche que de devoir couper une cordelette à la bonne longueur, la passer dans le trou et faire un noeud. Sans compter que le frottement corde sur cordelette n'est jamais très recommandé. Pour finir, ce n'est pas rendre service aux cordées suivantes que de leur mâcher le travail et de leur éviter de savoir être autonome.
  • Les lunules sèches ont la mauvaise réputation de favoriser le coincement de la corde qui gèlerait à l'intérieur des trous. Ayant fait entre 50 et 100 Abalakov dans tous les types de glace, de +10°C à -25°C, je n'ai jamais connu le plus petit début de ce type de mésaventure, et je n'ai jamais entendu un récit vécu évoquant ce type d'incident.
  • Si on n'arrive pas à voir l'intersection entre les deux trous, ne pas s'y entêter 3h et refaire un autre Abalakov à côté. Au contraire, on y gagnera généralement du temps.
  • Lorsque les orifices sont bien dégagés, introduire un bout de corde par le trou du haut et le crocheter par le trou du bas. Bien crocheter l'extrême bout de la corde. Cela facilite le passage de l'angle et limite le risque de tirer un fil. Tirer le corde jusqu'au noeud et pratiquer 2-3 allers-retours afin s'assurer qu'elle coulisse facilement.
    En terme de crochet à Abalakov, après pas mal d'essais, je privilégie le modèle Simond (qui n'est en fait pas du tout fabriqué par Simond puisqu'on le trouve sous d'autres marques dans d'autres pays). Sa pointe est la plus fine et agressive tandis que son câble présente le meilleur compromis souplesse/rigidité. Sa longueur est un plus et son capuchon est excellent. Enfin, c'est un vrai poids mouche. Un must-have !
  • Lors des manipulations du crochet, il est prudent de le laisser accroché à une sangle.
  • Il est conseillé que chacun des grimpeurs dispose de son propre crochet individuel. En cas de perte, il vaut toujours mieux avoir un second fer au feu ...
  • Enfin, relier la corde à une broche avec une dégaine, sans que celle-ci soit en tension. On sait jamais et puis ça serait ballot d'avoir un accident en ayant deux broches non utilisées à quelques centimètres....
  • Faire passer en premier le plus lourd, en lui confiant le max de matériel. Ca permet de se dire : "si ça tient pour lui, ça doit pouvoir tenir pour moi !".
  • Quand au second, il ne lui reste plus qu'à faire un signe de croix quand son tour est arrivé. En fait, je grossis le trait car, après des années de pratique, je ne ressens désormais quasiment plus d'appréhension à rappeler sur un Abalakov et leur fait confiance les yeux (presque) fermés.
  • Lorsque cette manip est bien maîtrisée, on peut enchaîner les rappels sur Abalakov très rapidement, le second arrivant au relais alors que l'Abalakov suivant est déjà réalisé.

Le franchissement de la lèvre d'une pente neigeuse est une cause majeure de coincement du rappel. Autant que possible, il faut pré-creuser le sillon et faire passer le noeud du rappel en-dessous de la lèvre.
Lorsque la corde est coincée par une lèvre neigeuse, j'utilise un bloqueur Kong Duck (que je trouve très bien) associé à un Tibloc. Facile à positionner, le Duck est relié par une dégaine (pour la préhension) complétée d'une sangle reliée à mon baudrier. Le Tibloc est installé en dessous et relié au baudrier de mon collègue (pour retenir la corde et me permettre de remonter le Duck). On peut arriver à une puissance de tirage de 100-150kg qui est généralement suffisante pour passer une lèvre.
Si le tirage est trop dur, on se résigne à remonter en piolets-crampons :

  • soit en s'assurant sur la corde avec un bloqueur si le deux brins arrivent au relais. On fixe les deux brins sur le relais pour éviter un glissement. Si on peut, on s'assure sur les deux brins mais c'est plus contraignant.
  • soit en s'assurant en posant des broches. Et comme a priori, il n'y a pas assez de corde pour s'encorder en bout et remonter jusqu'au relais du rappel coincé, il faut remonter le long de la corde coincée en s'assurant avec un bloqueur qui bloque vers le haut. c'est bien entendu une solution à envisager en dernier recours.

Grimper sans dragonne

On peut distinguer 4 écoles :

  • Les accros à la dragonne
  • Les adeptes de la longe
  • Les aficionados du leashless (i.e. du "sans-dragonne")
  • Les banzaïs du "sans piolet" (on délaissera la description de cette catégorie pour une autre fois ....)

On va essayer de détailler ci-dessous les avantages et inconvénients de ces 3 pratiques mais il faut bien reconnaître que depuis les années 2000 (et surtout la sortie du Nomic), il y a eu un formidable essor de la pratique du leashless. Parmi les causes de ce phénomène, on pourrait avancer : évolution du matériel, phénomène de transposition entre grimpe et cascade, banalisation de l'activité cascade, augmentation du niveau moyen, etc.. Mais force est de constater qu'il ne s'agit vraiment pas d'un effet de mode mais bel et bien d'une nouvelle approche de la pratique.

Avec Dragonne
Je passe sur tous les types de dragonnes, les fabricants se montrant particulièrement ingénieux à ce niveau.
Avantages :

  • Argument n°1 : c'est psychologiquement plus rassurant.
  • En grimpant, pas de risque de chute si la main lâche le manche pour une raison ou une autre.
  • On reste suspendu à ses pioches même si on a les avant-bras complètement carbonisés.
  • Pas de risque de perte d'un piolet (faux dans la pratique cf. ci-dessous).

Inconvénients :

  • Tous modèles de dragonnes entravent le poignée et fatalement gère le swing de la frappe (encore que certaines soient bien meilleures que d'autres).
  • La dragonne entrave également la possibilité de "monter" sur la seconde poignée du manche.
  • Sécurité réelle mais souvent trompeuse qui peut endormir l'attention.
  • Je n'ai vu que des pertes de piolets après avoir détaché la dragonne, jamais en leashless.
  • Si on est carbonisé suspendu à ses pioches, certes on ne tombe pas mais on est en croix : impossible de bouger, avec les dragonnes qui vous coupent un peu plus la circulation des avant-bras.
  • Il n'est pas possible de faire des changement de piolet, ce qui limite les possibilités gestuelles (cf. ci-dessous explication § leashless).
  • En traversée, on est plus lent (cf. ci-dessous explication § leashless).
  • Lors du brochage, la phase pour attacher et détacher la dragonne du piolet est une phase de risque supplémentaire de le faire tomber.
  • La dragonne gêne l'utilisation de la panne pour nettoyer la glace avant de brocher.
  • Selon les modèles, son usage n'est pas toujours flexible : il est par exemple souvent difficile de l'utiliser en piolet canne.
  • Et surtout il est beaucoup plus difficile qu'en leashless de gérer son effort en délayant les bras alternativement.

Avec longe
Il existe plusieurs modèles de longes spécialisées pour la glace et l'alpinisme (BD Spinner Leash, Grivel Double Spring, etc.). L'idée étant d'essayer de combiner les avantages du "avec dragonne" et du leashless en gommant leurs principaux inconvénients.
Une longe se compose d'une attache (simple ou avec émerillon) au niveau du pontet du baudrier, de sangles élastiques qui vont vers chaque piolet et d'un système d'attache au niveau des manches (généralement un mousqueton plus ou moins spécifique).

Avantages :

  • En phase de grimpe, la longe est censée moins entraver la gestuelle qu'une dragonne (très relatif).
  • Elle est également plus flexible : on peut facilement la retirer si on en a envie, elle permet un usage en piolet canne, etc..
  • Elle permet de se vacher sur le piolet alors que les mains restent libres (de poser une broche par exemple).
  • Elle peut servir de vache au relais.
  • Virtuellement, elle permet de retrouver toutes la gestuelle du leashless (changement de mains, piolet sur l'épaule, délayage, brochage sans détacher le piolet).

Inconvénients :

  • Dans les faits, en grimpant le swing du piolet est tout de même gêné par la sangle, son élasticité et son mousqueton. Le poids et l'inertie en sont modifiés, rendant la frappe moins désagréable, moins
    fluide.
  • La taille de la longe est fixe une fois l'élastique déplié. Donc une taille de longe ne convient pas à tout le monde (soit elle est trop courte et l'élasticité gêne la frappe, soit trop longue et la boucle gêne les crampons, voire ne permet pas de se vacher sans à-coup).
    On peut faire des noeuds pour ajouter mais cela ne fait qu'amplifier la gêne de la gestuelle.
  • Quand on broche, on est souvent obligé de détacher la longe du piolet afin de ne pas avoir sa sangle qui pandouille dans la zone de la broche.
  • Quand on grimpe en second, la longe est plus gênante qu'en tête
  • Si on met le mousqueton dans le trou de la poignée, c'est très gênant pour la tenue de la main.
  • Autrement il faut fabriquer une petite boucle en cordelette et l'ajuster au mieux pour que le mousqueton branquebalotte le moins possible.
  • Si on fait pas mal de changements de main, au bout d'un moment il faut gérer le toron qui se crée (et qui raccourcit et rigidifie la longe).

Leashless
Globalement, on regarde le paragraphe "Avec dragonne" et on inverse tout.

Avantages :

  • Libération de la gestion. Tout est permis .... à condition de pas faire tomber le piolet.
  • Changement de main.
  • Pose de la pioche sur l'épaule.
  • Pioche entre les dents :o)
  • Par exemple pour une traversée vers la droite, la main gauche réutilise le piolet de droite = 2 fois moins de frappes.
  • On peut monter à loisir sur la seconde poignée du manche.
  • On peut passer d'une position poignée à un position piolet-cane sans transition.
  • etc.
  • En pouvant délayer quand bon nous semble, alternativement, sur le piolet qui s'y prête le mieux, il est possible de bien mieux gérer son effort.
    A part les toutes premières sorties de la saison où parfois on est un peu optimiste, j'ai rarement connu ou vu des situations où il fallait se vacher en urgence sur le piolet, parce que les bras étaient en croix.
  • Lors du brochage, on plante le piolet à distance et la main est complètement libre. Y compris de reprendre l'autre piolet pour délayer le bras opposé.
  • On peut totalement se concentrer sur la grimpe. Pas de sangle, ni de mousquetons, ni de méli-mélo qui perturbent. Son piolet et la glace. Rien d'autre !

Inconvénients :

  • Comme en rocher : si les bras sont cramés, que l'on tienne plus rien et que les mains s'ouvrent, alors mauvais temps! Mais dans les faits, ça (doit) n'arrive jamais !
    Cela ne s'apprend pas du premier coup mais à force d'expériences. Petit à petit on se prend à repousser les limites (en gardant une bonne grosse marge) pour voir jusqu'où on peut aller. Et ces limites sont bien éloignées de ce que la trouille initiale nous laissait augurer.
    De toute façon, en dernier recours, il y a toujours la possibilité de se vacher sur la piolet (cf. le paragraphe ci-dessous qui y est consacré).
  • Possibilité de perdre son piolet
    Certes. Sur un rebond de la lame, un ancrage qui lâche, un mauvais geste, il est toujours possible que cela arrive.
    Personnellement, sur une centaine de sorties leashless, cela ne m'est jamais arrivé. Pourtant je suis maladroit. Ou alors les pieds au niveau du sol. Ou à moitié : la tête du piolet s'était cassée dans une longueur (l'utilisation de de dragonnes n'aurait pas changé grand chose à la situation).
    Par contre j'ai déjà vu au moins deux fois des grimpeurs avec dragonnes pedrent leur piolet au relais ou en brochant ! Sur un mauvais geste.
    Est-ce ce petit stress ou bien l'habitude d'évoluer piolet non attaché qui rendent cette probabilité moins fréquente ?
  • Un petit supplément de concentration, d'influx, pour pouvoir gérer cette petite pression et ce petit risque supplémentaire.
    Au fil du temps, on s'habitue et on n'y fait plus attention. Peut-être même que cela améliore la grimpe. En tout cas, cela donne un peu plus de sel à l'activité.
  • Il faut bien avouer que pour la pratique du leashless il est fortement conseillé d'acquérir une paire de piolet plutôt conçus pour cette activité. C'est à dire avec simple ou double poignée, de préférence à un manche droit. Piolets qui bien entendu se révèle être plus chers que les modèles plus simples. Il est possible de faire du leashless avec des piolets à manche droit mais c'est plus difficile et on se sent moins en confiance.

Globalement trois choses fondamentales changent en leashless :

  • On peut mieux se jouer des particularités du terrain et faire jouer sa technique.
    On se sent moins limité, moins bridé, on peut faire plus de choses.
    Bref, on sent vraiment que la grimpe se libère un peu du carcan matériel.
  • On est encore plus à l'écoute de ses sensations.
    Les sensations physiques d'abord. Il faut anticiper nettement mieux sa réserve d'énergie. Il est exclut de tirer comme un âne et de se retrouver comme un andouille, 10m au-dessus du point, les bras cramés, plus capable de tenir les manches !
    Mais également les sensations de tenue, de grip. On "quiche" moins les manches, on utilise davantage le grip du revêtement et des gants. On est plus à l'écoute de l'interface poignée-main qu'en utilisant une dragonne. On sent mieux son piolet, sa lame.
  • Et puis surtout le fait de ne plus être vaché à quelque chose, cette absence d'assurance tout risque, ce petit pincement au creux de l'estomac, cette liberté, bref tout cela nous rapproche bien davantage de la grimpe libre, option TA, que de l'artif. Pour ma pomme, la saveur n'est clairement pas la même.

En leashless, c'est vraiment les premiers pas qui coûtent. La suite n'est que du plaisir. Je pense n'avoir jamais croisé un glaciériste qui, une fois cette pratique adoptée, ait fait machine arrière.

Grimper en second

  • Attention aux cordes qui se coincent dans des stalactites
  • Faire attention aux brins de corde, ne pas taper n'importe où (attention aux cannelures où la corde pourrait se trouver et où la lame serait guider vers une collision fatale - cela m'est déjà arrivé dans un gros toit, en moulinette sur un seul brin dans L2, l'âme ayant été tranchée et la lame restant coincée dans la corde - gros coup de stress assuré)
  • Attention également à la corde qui se tend d'un coup et fait d'un coup un écart non anticipé : on peut soit y planter la lame, soit déséquilibrer un piolet que l'on ne tient plus au moment de débrocher.
  • C'est souvent dans la longueur où l'on grimpe en second que l'on se prend une bonne onglée (ou alors juste au début de la longueur suivante). Ne pas hésiter à se suspendre à la corde pour se réchauffer les doigts.
  • Grimper en second, c'est le moment privilégié pour améliorer son apprentissage des sensations. Contrairement, à la grimpe en tête, on peut se permettre d'être plus qu'à la limite, en ayant notamment des ancrages très light. Cela permet d'apprendre ce qui tient, ce qui est possible, de ce qu'il vaut mieux éviter.
  • Grimper en second, c'est également l'occasion de s'économiser en vue de la longueur suivante que l'on fera a priori en tête. Sans oublier que l'on porte le sac. Là aussi il suffit d'une part d'avoir des ancrages légers et d'autre part de rechercher systématiquement les trous laissés par votre leader.
  • L'inconvénient de rechercher la limite et des ancrages légers, c'est qu'il arrive plus souvent que l'on chute en second qu'en tête. Et pour peu que l'on ne soit pas stresser sur ses manches, on peut très bien se retrouver 5-7m sous ses deux pioches (voire pire, une pioche en bas de la voie).
  • Bien penser à vider les broches au fur et à mesure.
  • Si l'on n'est pas au taquet, ranger convenablement broches et dégaines au fur et à mesure afin de gagner du temps au relais.

Grimper en corde tendue

Il s'agit d'un mode de progression où les deux grimpeurs progressent de concert, espacés de la longueur de leur corde, en posant des points de protection entre eux.
Pourquoi ce mode de progression : pour aller plus vite sur des sections où ils sont très à l'aise.

Plusieurs conseils :

  • Avant tout, ne pratiquer de ce mode de progression que si vous avez déjà un bon niveau de pratique.
  • A pratiquer sur un terrain où l'on sera très à l'aise en progression classique (donc en ayant une très bonne marge).
  • Bannir toute éventuelle prise de risque, côté leader comme second. On prend l'itinéraire le plus facile et là où la glace est la meilleure.
  • Le leader doit progresser en ascendance droite ou gauche selon le terrain, de telle façon que les éclats de glace qu'il fait partir aient le moins de chance possible de toucher le second.
  • Le leader essaye de brocher un peu plus que lors d'une progression classique avec relais.
  • Le second essaye de se claquer sur le rythme de progression du leader, l'idée étant que la corde présente le moins de mou possible sans jamais tirer sur le leader.
  • Le second mettra un petit coup d'accélérateur avant une broche, afin d'avoir le temps de débrocher sans "stopper" le leader (= risque de le déséquilibrer)
  • Attention aux cordes à double qui n'ont pas exactement la même longueur. Le second se retrouve avec une boucle sur la corde la plus longue, ce qui gênera sa progression. Avant de quitter le relais, le second fera un nœud sur celle-ci pour égaliser la longueur des deux cordes.
  • Si le leader ne sent plus le terrain, ne pas hésiter à poser un relais, même si on n'a pas atteint la zone de relais prévue.

Grimper à 3 (voire plus si affinité ...)

Je plaisante à peine. J'ai d'ailleurs connu dans le Cirque de Gavarnie une expérience où deux cordées parties simultanément ont fusionné en court de route pour n'en former qu'une (cordée dont je faisais partie).

Alors une première recommandation : autant il peut être sympa et pas vraiment risqué de grimper à 3 en grande voie rocher (le temps passe plus vite au relais), autant la grimpe en cascade s'y prête généralement mal. D'une part le dernier à grimper a toutes les chances de se prendre sur la tête les blocs de glace que fait partir l'autre second. Au pire en cas de chute du premier second, l'autre grimpeur peut également se prendre des coups de crampons (en plein visage, je préfère pas tester !). Mais d'autre part, en cas de chute des deux seconds, le relais peut se prendre un force de choc au moins du double de celle correspondant à la chute d'un seul grimpeur.

Si on grimpe à trois, il est recommandé de suivre les préconisations suivantes :
* Au mieux, les deux seconds grimpe de concert, en parallèle et non l'un au-dessus de l'autre.
* Au pire, ils grimpent l'un après l'autre, le dernier ne partant que lorsque celui qui le précède s'arrête ou s'il est totalement hors de portée des chutes de glaçon.
* Une attention sympa du premier second consiste à chaque broche à déclipper sa corde et à clipper le point sur la corde de celui qui suit. Il appréciera ....
* Le leader veillera encore plus à ne pas croiser les cordes en montant.
* Le leader portera également une attention toute particulière à la préparation du rappel
* Plate-forme large et confortable pour accueillir 3 gaillards
* En règle général je mets 3 broches au relais quand on est 3 : par confort et par sécurité
* Pour le passage de corde de l'ex leader vers le second qui va partir en tête, généralement on procè-de comme suit :
* Le leader défait l'un de ses brins et le donne au second qui restera au relais.
* Celui-ci se vache dessus et défait le brin qu'il avait précédemment et le donne au second qui va partir en tête.
* C'est tout bête, c'est sûr, mais attention au emméli-mélo de cordes
* Si on est deux en second, on peut quand même mieux se répartir le poids à chaque relais. Suffit d'y penser.
* Grimper à 3 c'est également l'occasion d'avoir des plans photo originaux (et non uniquement à partir du relais) et de pouvoir faire des vidéos qui tremblent moins
* Attention à ne pas coincer son brin de corde dans une stalactite : il est difficile pour l'assureur de donner du mou sur un seul brin

Une mise en garde lorsque l'on est relié à un seul brin :

  • Il m'est déjà arrivé de mettre un coup de piolet à la corde, voire même de la transpercer et de trancher net l'âme. Quand on est en plein surplomb, que l'on ne peut plus sortir son piolet de la corde, qu'on sait que celle-ci ne tiendra plus aucun choc, .... on peut pas dire que l'on soit super zen...
  • Bref, pour l'éviter, faite très attention où vous tapez, et notamment de ne pas taper dans une cannelure où se trouve déjà la corde
  • Attention également à la corde qui se tend d'un coup et fait d'un coup un écart qui n'était pas prévu
  • Si cela arrive, plusieurs solutions :
  • Continuer à grimper en veillant à ce que la corde reste résolution tendue et à ne lui imposer absolument aucun choc. Blinder les ancrages. Autant dire que c'est la plus mauavaise solution
  • Se vacher et attendre que l'autre second arrive au relais (ou en fasse un intermédiaire) et vous fasse passer son brin de corde
  • Se vacher et attendre des secours

Bien que grimper à 4 soit plus que déconseillé (mais cela peut être une mesure de réchappe), voici quelques conseils afin que ça se passe pas trop mal :

  • (à compléter)

Grimper en solo

Pour l'avoir pratiqué, le tout premier conseil sera : "A ne pratiquer que si vous y êtes obligé, et encore ...".
On ne va pas disserter sur les raisons motivants le solo mais sur la pratique elle-même.
D'ailleurs, ce paragraphe ne va être guère original car il va reprendre la structure et les thèmes de cet excellent article de Andy Kirkpatrick.

  • Point 1 : Bien connaître ses limites. Physiques, techniques et surtout mentales. Et bien savoir pourquoi on se lance dans un solo.
  • Point 2 : Bien connaître les dangers. En solo, il est plutôt rare que le grimpeur tombe sur une erreur de grimpe (mauvais ancrage, grimpe aux limites, etc.). Les dangers sont principalement inhérents aux chutes de glaçon et aux coulées. Aussi, ne jamais partir après une cordée ou lorsque les conditions ne sont pas parfaites. Et bien entendu, prendre son casque, ne serait-ce que pour ne pas s'assommer soi-même.
  • Point 3 : Toujours prendre le minimum de matos. Ca commence par un baudrier, quelques broches, mousquetons, un crochet à abalakov, le matos de rappel et surtout une corde ! Car au moins en glace, il est quasiment toujours possible de faire demi-tour en rappel, même si c'est long. Prendre un rappel de 2x50m peut poser un problème au niveau du poids. Perso je prends plutôt une corde de 60m., ce qui diminue le poids mais augmente le nombre de rappels. Le rack de broches à porter de main permet de se vacher rapidement en cas de coups de chaud. Le matos permet également d'effectuer un auto-assurage si on ne sent pas du tout un passage (faut-il encore connaître les bases de l'auto-assurage).
  • Point 4 : Ne pas faire de solo à deux en parallèle. On s'auto-déconcentre, on flippe pour l'autre et on peut se gêner.
  • Point 5 : Garder le contrôle de la situation. Quoi qu'il arrive, toujours garder son calme, ne jamais paniquer. Si on ne le "sent" plus, si on se trouve dans une mauvaise situation, NE JAMAIS APPLIQUER LA STRATEGIE DE LA FUITE EN AVANT. Il vaut mieux prendre un pet à l'amour-propre en s'auto-assurant, en faisant demi-tour ou même en appelant des secours que faire le grand plouf sur 200m.

Un solo, c'est tout cela, mais c'est avant tout un bon gros combat mental avec un ration plaisir/risques qui est finalement assez faible.

La communication

  • En hiver encore plus qu'en TA rocher l'été, le vent et la neige gênent très fortement la communication entre leader et assureur.
  • C'est déjà pas mal de définir une code oral pour les actions et situations de base, par exemple :
  • "Relais" = Le leader a posé le relais et est vaché
  • "Prêt" = Le leader est prêt à assurer la montée du second
  • "Parti" = Le second part
  • "Du mou" = Bin faut donner du mou !
  • "Avale" = Le leader traîne un peu trop à avaler la corde qui reste dans les chaussettes du second (particulièrement pénible en cascade de glace avec les crampons)
  • "Sec" = Tout le monde connaît ! (pour les autres faut tirer et tendre la corde un maximum)
  • "Attention" = Le leader est un peu taquet, le second est invité à anticiper la dynamisation de la chute éventuelle
  • "Glace" = Chute de blocs de glace
  • " 10m" = Il reste 10m de corde pour que le leader fasse relais
  • Dans les cas où tout dialogue est impossible, alors vaut convenir avant de codes "câblés". Exemple :
  • Le second tire un coup long sur une corde = "Il te reste 10m avant de faire relais"
  • Le second tire trois coups longs sur une corde = "Il ne te reste quasiment plus de mou pour faire relais"
  • Le leader tire fort trois coups brefs sur une corde = "Essaye de me donner un peu de mou"
  • Le leader tire fort un long coup les 2 cordes = "Je suis au relais, vaché et prêt à t'assurer" (relâcher ensuite pour que le second puisse défaire son relais)
  • le second tire fort un long coup une corde ="Donne-moi du mou sur cette corde"
  • Et si on s'entend vraiment pas, le leader assure toujours bien sec le second
  • J'ai déjà essayé les talkie-walkies. Manipulation difficile avec les gants, mauvais son quand il y a du vent, froid qui met les batteries à mal + problème du stockage. Bref c'est pas la panacée et si on les attache pas à une ficelle, on peut être sûr qu'ils finiront en bas.
  • Et quand on grimpe, on évite de raconter sa vie (c'est la réplique préférée de Clint avant de tirer !)

Réchappe et accident

Les conseils qui suivent ne sont pas paroles d'évangile. Ils ne sont que le fruit de ma propre réflexion. Alors informez-vous et nourrissez votre propre réflexion avant d'en avoir besoin.
Mes conseils de base sont les suivants :

  • A l'instar d'un secours en crevasse, un secours en paroi en s'improvise pas. On a tous une certaine aversion à imaginer ce cas de figure mais mieux vaut avoir imaginer AVANT quoi faire dans une situation d'urgence plutôt que d'improviser sur le moment, avec le stress qui vous ronge et la montre qui fait tic-tac.
  • La première des réchappes à savoir pratiquer, c'est le renoncement au pied de la voie. Il faut savoir faire un peu confiance à son instinct : les conneries, on les sent souvent arriver avant qu'elles ne se produisent. Le problème, c'est qu'elles ne se concrétisent finalement que rarement, d'où une certaine tendance à ne plus considérer ces signaux négatifs.
  • Dans le cas où votre partenaire de cordée est accidenté, considérez bien tous les conséquences de vos actes. N'aggravez pas la situation.
  • Les 3 axes du guide de survie (...) :
  • Ne pas occasionner de suraccident qui neutraliserait complètement la cordée
  • Sécuriser l'accidenté pour assurer sa survie dans les conditions les moins mauvaises
  • Prévenir les secours au plus tôt

Cas de figure :

  • Cordée à deux
  • Accident du leader
  • Le leader peut réaliser des actions
  • Le leader est incapable de faire quoique ce soit ou est inconscient (voire pire)
  • Accident du second
  • Le second peut réaliser des actions
  • Le second est incapable de faire quoique ce soit ou est inconscient (voire pire)
  • Cordée à trois ou plus
  • Accident du leader
  • Le leader peut réaliser des actions
  • Le leader est incapable de faire quoique ce soit ou est inconscient (voire pire)
  • Accident du second
  • Le second peut réaliser des actions
  • Le second est incapable de faire quoique ce soit ou est inconscient (voire pire)

Le matos d'escalade et sa customisation

Piolets

  • Une banalité : les piolets spécialisés pour la cascade de glace sont plus efficaces que les piolets polyvalents :
  • Leur lames sont plus travaillées, plus affûtées et généralement plus fines (voire dentées sur le dessus pour les modèles orientés DryTooling comme le Nomic).
  • Le manche est beaucoup plus galbé, ce qui permet d'aller crocheter plus facilement des gros pétales et d'avoir une frappe plus efficace dans du très raide (voire déversant).
  • Ils disposent généralement d'une grande poignée et d'un ergot proéminent ce qui permet d'une part de moins se bousiller les phalanges et d'autre part d'avoir une maintien autrement plus performant (et reposant dans du raide) qu'un manche droit.
  • Certains modèles disposent même d'une second poignée, voire de "gâchettes" plus haut sur le manche (permet de se regrouper plus haut, de gagner quelques dizaines de centimètres sans nouvel ancrage).
  • La répartition de leur masse est complètement orientée vers une fort poids en tête, ce qui favorise la facilité d'ancrage.
  • Conseils de customisation :
  • Il est hautement utile de renforcer le grip de ses poignées et du bas du manche par de la gaine électrique auto-soudante :
  • 3COM n°23 (le top en terme de grip/solidité)
  • Velleman T10RUB (excellent grip mais assez fragile)
  • Grip vendu par Petzl (très cher)
    En leashless, c'est tout aussi important que d'avoir de bon gants.
  • Si on utilise des leash, plutôt que de clipper les mousquetons des leash dans le trou du manche ou de la poignée, il est préférable de faire une petite boucle avec un cordelette de 4mm et de la passer dans un trou du manche ou de la poignée (le plus bas possible donc) et de clipper le mousqueton dessus (bien veiller à ce que la boucle soit la plus courte que possible pour éviter que le mousqueton ne ballotte). Ainsi on est moins gêné dans le maitien de la poignée.
  • L'affûtage des lames mériterait à lui seul un article
  • L'affûtage le plus important est celui du dessus de la lame, jusqu'au manche. Afin de faciliter les désancrages. Mais attention alors à une utilisation en piolet canne !
  • Lorsque la lame est bien émoussée, on peut également rendre plus aigu l'angle de la pointe et retendre les côtés. Il vaut mieux avoir le coup de lime léger et ne pas trop faire diminuer la longueur de la lame. De doute façon, à part pour la glace hyper dure, la différence de pénétration n'est pas très très importante. Au pire, on peut subir quelques rebonds de la lame sur la glace.
  • Si vous n'êtes pas un sagouin, normalement les dents du dessous ne devraient pas être abîmées. Les deux premières dents sont essentielles pour éviter les décrochages. Y toucher modifier la comportement de l'ancrage.
  • Les lames modernes ont également leurs dents biaisées vers le bas. Pour faciliter le désencrage.
  • Le mieux à faire est de prendre exemple sur des lames neuves. Les lames Petzl pour Nomic (Dry ou Cascade) sont probablement ce qui se fait de mieux.

Modèles conseillés:

  • La plupart des pioches modernes sont largement suffisantes pour du grade 4-5.
  • Quand la paroi s'approche de la verticale ou que la glace est très structurée, des piolets à fort galbe et à poignée spécifique deviennent très utiles, notamment en leashless
  • Je ne saurais tarif d'éloge sur le modèle Petzl Nomic (v1, et v2 Ergo) d'une efficacité redoutable. Personnellement je les préfère avec la lame Dry.
  • Le meilleur piolet est celui que l'on connaît bien, dont on connait les limites et dans lequel on a confiance.

Masselottes or not masselottes ?

Pas la peine de lire Shakespeare pour trouver la réponse. La meilleure des approches consiste ... à se forger son propre avis et donc à tester avec et sans. L’adoption des masselottes va dépendre du gabarit et de la manière de grimper du glaciériste, voire des conditions de glace.

Perso je ne grimpe qu'avec les masselottes pour 3 raisons :

  • Je trouve que l'utilisation des masselottes éclate beaucoup moins la glace lorsque celle-ci est très froide.
  • Grâce au poids en tête, je ne frappe quasiment pas avec un mouvement d'épaule mais juste avec un cassé du poignée, l'inertie faisant le reste. C'est plus précis et moins fatiguant. Mais je ne suis pas un adepte de la lame enfoncée jusqu'à la garde. Cet usage est donc adapté à mon style de grimpe.
  • Avec un piolet trop léger, j'ai l'impression de grimper avec une brindille dans les doigts. Mais c'est uns sensation surement liée au gabarit.

Donc contrairement aux idées reçues, les masselottes ne me servent pas à taper "plus fort" mais à mieux frapper.

Crampons

  • Vérifier avant chaque course :
  • Le serrage des différents écrous. On ne mesure pas à quel point les crampons subissent des contraintes importantes. En ne respectant pas cette consigne, il m'est arrivé de me retrouver avec des Rambo complètement desserrés. Les sensations ne sont alors plus du tout les mêmes ...
  • La fixation des antibots. Il est assez gênant d'avoir un antibot qui pendouille au cours d'une sortie.
  • Si votre modèle de crampons ne dispose pas d'antibot, vous pouvez vous en fabriquer avec du scotch américain (toile forte). Ca ne dure pas des années mais ça fonctionne bien et c'est pas cher.
  • L'état des sangles de serrage. Une sangle qui pète et c'est la course qui s'arrête. A propos des sangles, j'ai un grand faible pour les sangles Grivel et leur boucle de serrage : plutôt souples, elles résistent très bien au gel et je ne galère jamais pour les défaire. Contrairement aux sangles Petzl que je trouve trop raides (en plus d'une boucle trop rigide).
  • L'état d'usure des pointes. Encore que, l'affutage des pointes ne fait vraiment la différence que dans le cas d'une glace lisse, très froide et donc très dure. Autrement, même avec des pointes très arrondies, je ne vois guère la différence.
  • Au pied de la voie, en mettant ses crampons, bien vérifier que la bride avant soit bien positionnée au-dessus du débord de la chaussure et que la tension de serrage soit suffisamment forte. Lorsque les chaussures sont enneigées, il arrive que l'on place mal cette bride, avec à la clé la possible perte du crampon quand on grimpe. Je n'en ai jamais perdu en cours de route, mais il m'est arrivé à plusieurs reprise que la bride avant saute : il ne reste plus qu'à poser une broche, se vacher dessus et remettre le crampon, en veillant de ne pas le perdre durant la manœuvre.
  • Pour se prémunir de ce problème, vérifier à chaque relais l'état de serrage des crampons. Cela doit devenir un réflexe.

Personnellement, j'utilise exclusivement des crampons Rambo (II et III Comp) de chez Grivel, et ce pour plusieurs raisons :

  • Ce sont non seulement les précurseurs des crampons modernes mais à mon sens ils étaient tellement aboutis que l'on n'a jamais fait mieux depuis (en dehors des crampons hyper allégers que l'on visse sur la chaussure)
  • Leurs pointes avant, totalement révolutionnaires à l'époque, étaient tellement efficaces que tous les autres fabricants les ont impunément copiées. Elles ancrent comme du beurre (et de façon béton) quelque soit la glace : de la plus dure à la plus pourrie.
  • La version Comp possède au 3eme rang des pointes inversées (dirigées vers l'arrière) qui sont super utiles, en grimpe comme au relais.
  • Ils ont inventé la possibilité de choisir entre mono et bi-pointe. Alors certes, ce n'est pas le système le plus simple et rapide pour passer de l'un à l'autre, mais personne ne le faisait auparavant.
  • Ils possèdent une petite bride métallique qui relie l'étrier avant à la sangle de serrage. Celle-ci est sensé atténuer les vibrations lorsque l'on frappe la glace. Je ne sais pas s'il ne s'agit que d'un pur argument marketing mais force est de constater que les Rambo sont des crampons qui transmettent très peu de vibrations. Possédant des crampons d'une autre marque, c'est le jour et la nuit en comparaison des Rambo. Il faut par contre veiller à bien centrer cette bride lorsque l'on met les crampons et surveiller qu'elle ne glisse pas d'un côté au de l'autre durant la course.
  • Je dispose de 3 paires : une en bi-pointe avec des pointes neuves que je n'utilise que sur de la pure glace, une montée en mono-pointe utilisée soit en glace très dure soit pour du dry (pour du vrai mixte, je préfère le bi-pointe, surtout quand la glace est un peu pourri ou très sculptée) et une dernière, vieille, en bi-pointe émoussée utilisée pour le mixte.
  • Le système de serrage (bride avant et talon arrière) O-Matic est un modèle du genre : simple et hyper efficace.
  • Comme dirait Manu Ibarra, le Rambo c'est un véritable mécano. A partir du moment où l'on a plusieurs modèles, on peut jouer en croisant les pièces et en faire à peut près ce que l'on veut. Il n'y a aucun crampon qui soit autant adaptatif.
  • Ce qui m'a permis de personnaliser les Rambo 3 bipointes en copiant le Rambo 2 : rendre les pointes avant les plus proéminentes possible et les écarter le plus possible en jouant sur les entretoises. Je trouve que cette configuration fonctionne bien dans les Pyrénées où l'on rencontre très souvent une glace neige très structurée et molle en surface.
  • C'est l'un des rares modèles à disposer d'un éperon arrière (que je n'utilise jamais, pas l'usage - et puis je trouve que les crampons sont déjà suffisamment dangereux de base).
  • 20 ans après sa commercialisation, il est toujours possible de se procurer des pointes avant. Si cela n'est pas un modèle de développement durable !!!....
  • Les Rambo ont aussi leurs petits inconvénients : ce ne sont pas les plus légers, leur réglage n'est pas le plus simple, il n'est pas aisé de trouver leurs anti-bots (à l'efficacité toute relative), ils ne sont pas faits pour cramponner "à plat", ils ne sont pas compacts question rangement (mais rares sont les crampons spécialisés en glace qui le soient)

Quelques remarques :

  • Pas de commentaire particulier sur le rangement des crampons. Une petite poche dans un matériau solide suffit. Avoir un sac à dos qui permet facilement d'accrocher à l'arrière les crampons est un plus.
  • Une lapalissade : Avant de ranger les crampons, j'enlève le max de neige et de glace, sans taper sur l'extrémité des pointes (je tape sur le dessus de la pointe qui est plate sur
    les Rambo)
  • Une fois rentrée à la maison, les crampons sont mis sur un radiateur. Ne pas les laisser rouiller dans leur poche de rangement.
  • Ne pas attendre le dernier moment pour acheter une paire de pointes de rechange (le fabricant peut avoir arrêter leur fabrication). Le plus tôt le mieux.

Broches

Ce paragraphe ne fait que synthétiser tout ce qui a été dit sur les broches dans cet article.

  • Les broches sont des équipements de sécurité fragiles : il convient d'en prendre soin. Lors des phases de rangement comme d'utilisation.
  • Toujours avoir des broches de 20-22cm pour les relais et les éventuels Abalakov
  • N'acheter que des broches à manivelle intégrée. Le surcoût par rapport aux modèles qui en sont dénués vaut très largement le gain en confort et en rapidité.
  • Ne pas ranger les broches en vrac dans le sac à dos : on peut les abimer, abimer le sac voire se faire mal. Utiliser une pochette de rangement dédiée (j'utilise les poches Black Diamond)
  • Pour la progression, j'utilise des broches Black Diamond Turbo qui présente le meilleur compromis efficacité/compacité/prix. C'est le top quand la glace est lisse. Quand elle est très structurée, fluttée, etc., j'utilise des broches Grivel 360 qui sont redoutables lorsqu'il y a peu de place pour faire tourner la manivelle. Je recommande aussi les broches e-Climb qui présente un poids tout à fait remarquable.
  • Il faut vérifier souvent l'état des dents et ne pas hésiter à les réaffuter. Une broche mal affutée est la garantie de passer plus de temps au brochage, et donc de davantage se dauber les bras. Surtout dans le raide.
  • Une fois rentré, il faut entretenir ses broches : séchage sur un radiateur, voire graissage léger en fin de saison.

Affutage des broches

En glace raide, avoir des broches parfaitement affutées est un très gros atout. Rien n'est plus énervant que de se dauber un bras parce que l'on passe 3 plombes à essayer d'amorcer une broche qui est aussi agressive qu'une cuillère....
Pour avoir des broches bien affutées, le premier conseil sera ....d'éviter de les abimer ! En les vissant jusqu'au rocher, en les laissant tomber, en les laissant rouiller, etc.

Si une ou plusieurs dents de la broche sont abimées, il est temps de les réaffuter. Deux approches :

  • Soit passer par les services d'un professionnel (cf. article C2C ci-dessous)
  • Soit réaffuter vous-même
    Sans être un Michel-Ange de la lime, j'ai toujours réaffuté les broches moi-même et ne suis pas trop mécontent du résultat. A partir du moment où l'on a la bonne technique et les bons outils, tout un chacun peut y arriver.

Pour réaffuter ses broches soi-même, je vous renvoie tout d'abord vers cet article C2C dédié aux broches qui comporte un tutoriel sur le réaffutage.

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J'utilise une technique plus personnelle décrite pas à pas ci-dessous.
Attention : ces manipulations sont susceptibles d'abimer irrémédiablement vos broches si elles sont exécutées de façon inappropriées. Les entreprendre à vos risques et périls.

  • Avant tout, ne pas utiliser de machine de type meuleuse à moins qu'elle ne dispose d'un refroidissement par eau. De toute façon, à part un Dremel, je ne vois pas d'outil pour particulier suffisamment petit et maniable pour affuter un objet aussi petit de la dent d'une broche.
  • Je ne travaille qu'avec un étau muni d'une mordache en bois. Je ne dois pas être doué mais je trouve l'affutage broche tenue en main beaucoup trop imprécis.
  • Il faut se procurer un set de limes très petite taille comportant des formes plates (dont une faisant 4mm sur 2mm d'épaisseur), rondes (diamètre de 2-3mm) et demi-rondes (4mm). Si possible les rondes et demi-rondes doivent être de diamètre constant, surtout en bout. Des limes diamantées sont un plus mais ce n'est pas obligatoire, l'alliage des broches n'étant pas très dur. On trouve des set autour de 15€, sans manche.
  • La méthode que j'ai développée de façon empire au fur à mesure des années modifie très significativement le profil des dents d'origine pour deux raisons :
  • Pour une dent enfoncée de 1mm, le travail de limage pour retrouver exactement le profil d'origine est assez important. En plus cela bouffe rapidement la hauteur de la dent puisqu'il faut généreusement en limer le dessus.
  • Changer le profil de la dent permet d'obtenir un résultat tout aussi efficace (si ce n'est plus) que le profil d'origine pour un travail moins important, donc plus rapide.
  • Je ne suis pas les préconisations Black Diamond qui vaudraient qu'une fois les dents réaffutées, leurs pointes doivent être toutes à la même hauteur, i.e. qu'elles passent par le même plan perpendiculaire au corps de la broche. Lorsqu'une broche est abimée, c'est généralement une à deux dents qui prennent. Je trouve ballot de devoir limer les autres dents qui sont encore nickel : plus on lime, plus la hauteur de dent diminue, moins on aura de marge pour les réaffutage ultérieurs, plus la broche se rapprochera de la mise au rebut. Sans parler du boulot que cela demande. Et puis surtout, je n'ai constaté aucune baisse d'efficacité lorsque les dents n'avaient pas la même hauteur.
  • J'applique la même technique à tous les modèles de broche, sauf les e-Climb qui ont une structure tout à fait particulière (qui n'autorise d'ailleurs qu'une faible plage de réaffutage - normal, ces proches permettent de carrément en changer les dents pour retrouver une broche toute neuve).

Méthodologie d'affutage :
* Etape 1 : Le tranchant vertical
* Passer la lime verticalement et sans retenue sur le tranchant vertical de la dent qui est orienté vers l'intérieur du tube. J'utilise une lime plate de 6mm. Je donne à ce tranchant un angle beaucoup plus aigu que celui d'origine. Typiquement, la lime suit un axe passant par ce tranchant et la pointe de la dent suivante.
* Il faut conserver l'angle d'avancée de la dent (le pointe est avancée par rapport au tranchant).
* Je procède jusqu'à ce que la lime suive la totalité de la hauteur du tranchant. Je tolère un petit arrondi en haut si la pointe était très abimée.
* Faire bien attention à ne pas toucher la pointe de la dent suivante.
* Ce limage peut créer une petite rainure dans le tube. Ce n'est pas grave et cela peut être gommé à l'étape suivante.
* Limer dans les deux sens

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  • Etape 2 : La gorge d'évacuation
  • Certaines réflexions sur le forum m'ont poussé à expérimenté cette modification
  • Lorsque l'on regarde la gorge entre deux dents qui sert à évacuer les scories de glace créés par la dent, on se rend compte que celle-ci présente un front plat sur quasiment toute l'épaisseur du tube.
  • L'objectif est donné un profil en biseau à cette gorge en limant l'intérieur du tube. Utiliser pour cela la lime ronde (2-3mm). La gorge étant plus large que la lime, je crée d'abord un sillon central jusqu'à ce que le front de la gorge ne soit plus plat et ensuite j’élargis les côté.
  • L'opération est plus facile si le diamètre de la lime est constant et surtout on est moins limité dans le va et vient en cogne moins dans le côté opposé du tube.
  • L'axe du limage suit l'angle du tranchant de la dent de gauche.
  • Le cas échéant, je gomme la petite rainure crée dans le tube à l'étape précédente.
  • Limer dans les deux sens
  • Etape 3 : Le biseau supérieur
  • Passer à la partie supérieure de la dent. Celle-ci présente un léger angle, l'intérieur du tube étant moins haut que l'extérieur. J'accentue très sensiblement cet angle en utilisant soit une lime plate de 4mm, soit idéalement une lime demi-ronde de 6-7mm max.
  • La dent taillée dans le tube présente un rayon de courbure. Lorsque l'on passe la lime plate dans cette courbure creuse, ce sont donc les bords de la lime qui travaillent. Pour ne pas créer de sillon dans la dent, il faut donc ne pas limer longtemps au même endroit mais balader la lime le long de la dent.
  • Pour amplifier l'effet de biseau, j'insiste particulièrement sur la zone proche de la pointe. L'idée étant de diminuer la hauteur le moins possible tout en s'efforçant de redonner un aspect assez pointu à l'extrémité de la dent.
  • Limer dans les deux sens

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  • Etape 4 : Finition de la griffe

  • Les étapes 1 et 3 ont permis de rattraper l'écrasement de la pointe en enlever pas mal de matière au niveau des deux profils de la dent (face et dessus). Cette étape consiste à donner un petit coup de finition pour obtenir une pointe la plus possible.
  • Ne pas essayer d'obtenir une pointe aussi effilée que celle d'origine : cela demanderait de trop enlever de matière. Et puis dans les faits, cela ne sert à rien question efficacité. Il faut juste faire en sorte que la pointe ne soit pas trop arrondie.
  • Pour savoir si l'on a obtenu le bon résultat, il suffit de faire un test en passant le pouce sur la pointe. Si l'on sent que celle-ci "gratte" la peau, c'est suffisant. Pas besoin qu'elle la pique comme une aiguille.
  • Utiliser la lime plate de 4mm en soignant les 3 faces : taillant avant, face supérieure et face extérieure du tube.
  • Important  : contrairement aux phases 1 et 3, limer le plus légèrement possible, dans le sens de déplacement de la glace sur la broche. 3 ou 4 passages doux suffisent. Il s'agit d'une finition !
  • On peut s'autoriser un petit effet biseau, juste pour accentuer la pointe. Mais léger.
  • Pour la face extérieure, cela doit être encore plus léger. Il faut essayer de faire en sorte que la lime reste la plus tangente possible au tube. Si la pointe est très abimée, je m'autorise un léger biseau.
  • C'est également l'occasion de faire en sorte qu'aucune irrégularité ne subsiste sur la surface de la dent : celle-ci doit être totalement lisse.

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  • Etape 5 : Attaque du filet

  • Repérer la dent qui comporte le filet qui va mordre en premier la glace (il n'y en a qu'un). Ce filet présente une face d'attaque qui est soit plate, soit aplanie. L'objectif est de rendre plus agressive cette face.
  • Avec la lime plate de 4mm, donner un profil en biseau à cette extrémité du filet en le limant par dessus et par dessous. Il n'est pas utile de lui donner un biseau sur la hauteur du filet.
  • Même si cela est de moindre importante, procéder de même pour la dent suivante où le filet reprend. Normalement, les autres dents ne comportent pas de filet.

Porte-broches "sur soi"

  • Attention aux mousquetons en plastic que Black Diamond (Ice Clipper) : la dureté du doigt à fil n'est pas suffisante et il a tendance à rester ouvert. Il m'est arrivé plusieurs de prendre des broches à cause lui. On peut renforcer la fermeté du doigt en l'entourant de chatterton (2 tours) mais ce n'est pas suffisant.
  • Les Petzl Caritool sont par contre très bien : plus grand, doigt plus ferme, la zone du dessus du mousquif pour stocker temporairement un broche et aller chercher celle du dessous est également mieux réalisée que le précurseur BD. Sans compter qu'il a un vrai système d'attache au baudrier (et pas seulement des Petzl).
  • Il existe des tubes range-broche (Petzl, Grivel). Je suis très moyennement convaincu. Ca apporte du poids et un encombrement certain sans un apport décisif au niveau du rangement.
  • Quant au système de double mousqueton solidaire Simon, alors certes ça permet de racker du monde , certe le doigt ne s'ouvre pas intempestivement mais à quel poids !!!
  • Quel que soit le modèle choisi, veiller à ce qu'il vous apporte les services suivants :
  • Capacité à racker au moins 4-5 broches, dont 2-3 volumineuses (genre Grivel 360°)
  • Facilité à sortir une broche d'une seule main (vaut mieux !). Ce qui veut dire large ouverture et doigt avec un ressort bien dosé.
  • Possibilité de faire un tri dans le porte-broche, pour choisir la bonne taille. L'Ice Clipper et le Caritool permettent de ranger une broche sur le dessus du mousqueton et d'aller chercher la broche du dessous. Le Caritool étant plus convaincant dans cet exercice.
  • Fiabilité du doigt et du système de fixation au baudrier. En effet, rien n'est plus énervant que de voir une broche s'envoler toute seul parce que le doigt est resté ouvert, ou pire de voir tout le porte-broches se faire la malle parce l'attache à péter. Sans compter qu'on peut être rapidement assez mal en se retrouvant à poil de broche !

Porte-broches "pour le transport"

  • Je ne jure que par les Ice Screwup de Black Diamond. C'est pas cher, résistant, on peut mettre 10 broches dedans si on veut, ça permet de ne pas se faire mal ou abîmer avec les dents et ça permet de préserver le filetage des broches des chocs entre elles. Et comme c'est léger et peu encombrant, j'en prends deux dans le sac pour les rappels.

Baudrier et rackage

Longes

Cordes

Dégaines/ Mousquetons/sangles

  • Ne prenez pas des dégaines avec de tout petits mousquetons (type Helium de WC, Oz BD, Angel Petzl ou Nano Camp).
    Privilégie des mousquetons un peu plus grand, que vous puissiez les manipuler plus facilement avec des gants.
  • J'utilisais 2 - 3 dégaines explose pour les 2-3 premiers points et puis au fur à mesure j'ai perdu cette habitude. D'une part, c'est lourd et d'autre part je soigne systématiquement les deux ancrages suivants le relais : ils doivent être béton !
  • J'utilisais des dégaines explose Petzl, Camp et Salewa. Comme je ne suis jamais tombé dessus, il est difficile de faire une différence entre ces modèles. Pour autant, le Petzl T3 est vraiment plus gros et lourd que les autres. En tout cas, un collègue que j'assurai est tombé au-dessus du premier point où il avait mis une dégaine explose. La dégaine s'est bien déchirée et je n'ai rien senti au niveau du relais. A cause de la corde (Ice Line) ou de la dégaine ???
  • Ne lésiner pas sur la qualité des mousquetons à vis
    En cascade comme en alpi hivernale, on fait beaucoup de manips de corde. Et comme les mousquetons à vis sont tout le temps au contact de la glace et de la neige, leur virole a tendance à geler. Et même si le mécanisme n'est pas totalement gelé, il est suffisamment entravé pour gêner lors des manips.
    D'expérience, Petzl propose certainement les mousquetons à vis qui résistent le mieux au gel. Je suis particulièrement fan de l'Attach 3D. Non seulement il gèle jamais mais son pas de vis est hyper court et le revêtement de sa virole est particulièrement agressif, ce qui facilite grandement son ouverture/fermeture avec des gants.
  • En terme de sangles, on en a jamais assez. Relais, gestion du tirage, etc. Aussi, ces derniers temps, je privilégie les sangles fines en Dynema. C'est léger, très souple, sans problème de résistance. Et puis en cascade, généralement on n'a pas les mêmes problèmes d'abrasion qu'en rocher. Faite simplement attention au nœud : finesse + humidité + gel = grosse difficulté pour défaire les nœuds, surtout si on s'est vaché sur la sangle !

Petit matériel

En petit matériel, j'emmène généralement :

  • Avant tout, un bon crochet à lunule. C'est l'outil vital du glaciériste ! Le meilleur que j'ai trouvé, c'est le crochet Simon. Il faut mieux que chaque grimpeur ait le sien.
    ATTENTION à ne pas se blesser ni faire d'accro à sa belle surveste avec ce crochet. Veiller à avoir un capuchon efficace et à bien le mettre en place.
  • Désormais j'emmène aussi un First Shot de BD. C'est pas très lourd, ça permet de faire des Abalakovs optimums avec des broches de 22cm. Il double également crochet et couteau (mais c'est juste du dépannage).
  • De la cordelette fine, que je n'utilise jamais ... sauf en début de saison pour renforcer un relais, sauf pour rappeler sur un arbre, sauf ... Bref, faut toujours en avoir sur soi !
  • Un couteau. Ne serait-ce que pour pouvoir un jour faire comme Joe Simpson. Cela permet au moins de nettoyer les relais des vieilles cordes, voire ses veilles dents si le pâté accroche...
  • Au minimum un Tibloc de Petzl, mais deux c'est mieux. Ce petit bout de métal qui pèse quasiment rien est super utile. Avant tout pour tirer la corde quand elle est bloquée. ce qui arrive assez souvent avec une corde fine, qui plus est quand elle est mouillée. C'est infiniment plus facile de le faire avec son propre poids, en étant vaché sur un tibloc, qu'avec les mains, notamment avec la finesse des cordes actuelles pour la cascade. Ce gadget m'a tiré plus d'une fois du pétrin. Ca peut également servir à remonter sur une corde, bien plus facilement qu'avec un machard. Ca permet aussi de mettre son sac sous soi, attaché à la corde, lorsque l'on doit renfougner dans une fissure, cheminée, goulotte, etc..

Pour finir, il est conseillé de garder ce petit matériel à portée de main, sur l'arrière de son baudrier.

Sac à Dos

Chaussures

Vêtements

Gants

De tous les vêtements, les gants sont assurément l'élément le plus important pour grimper en cas cascade de glace. Car ils doivent remplir 3 fonctions :

  • Protection thermique suffisante afin d'éviter de finir la course avec quelques doigts en moins.
  • Dextérité suffisante afin de pouvoir exécuter les manips de corde dans trop de difficulté
  • Finesse, dextérité et grip suffisants afin de pouvoir tenir le manche des piolets avec une effort minimal

L'ensemble de ces paramètres fait du choix de la "bonne" paire de gants une équation infernale. Le 3eme point est particulièrement important si l'on grimpe en leashless.

Après 10000 tests, après l'acquisition d'une vingtaine de paires, aussi bien des grands "haut de gamme" que des premiers prix, j'en suis venu à la conclusion suivante :

  • Il est inutile de mettre 1000€ dans une paire de gants spécial cascade. Il faut juste adopter la bonne stratégie suivante
  • Le mieux à faire est d'acheter plusieurs paires, même pas très chères. Chacune ayant son usage.
  • Je prends une voire deux paires de gants fins, quasiment sans protection thermique, pour les sections raides. Deux paires si les sections raides résurgent.
    Pour ces gants, je privilégie le fait qu'ils soient très bien ajustés à la main et qu'ils possèdent un très bon grip au niveau des doigts et des paumes. Surtout pas de membrane imperméable : ça épaissit le gant, le rend moins ajusté par effet "chaussette" et en plus c'est plus cher.
    Quand il fait un peu froid, j'utilise en dessous des sous-gants très fin. Je n'utilise pas des sous-gants en soie, je trouve qu'ils font glisser la main dans le gant.
    De tous les modèles de gants fins essayés, les meilleurs fonctionnellement (mais aussi en qualité/prix) sont les Torque de Black Diamond. Un must have !
  • Je prends une autre paire plus épaisse, thermique et imperméable pour les sections plus faciles et humides (voire deux pour les longues voies ou si les conditions sont mauvaises)
    En terme qualité prix, je privilégie les gants Outdoor Design. J'ai rarement été déçu part cette marque.
  • Et pour le relais, une bonne paire de moufles imperméables. C'est encore ce qu'il y a de mieux pour se réchauffer ou pour tenir les mains au chaud (sauf pour les manips) .

Cette fusée à 3 étages est de loin la stratégie la plus efficace que j'ai trouvée. Et croyez-moi, j'en ai fait des expériences question gants !

Alors certes tout cela fait du poids et du volume, mais c'est à mon sens d'une part la condition sine qua none pour grimper confortablement et efficacement, avec le moins d'onglée et le plus de plaisir possibles. Mais c'est également le prix de la sécurité. Car autant on "peut" se permettre de perdre un ou deux orteils sans que le quotidien n'en soit fondamentalement bouleversé, autant perdre un doigt est autrement plus pénalisant, notamment côté boulot.

Et surtout, ce qu'il convient de ne pas faire, c'est de grimper avec des gants super chauds et super épais. D'une part, plus l'épaisseur de tissu au niveau de la paume et des doigts est importante, plus on est obligé de "quicher" le manche, et plus les bouteilles arrivent vite. D'autre part, plus on serre fort le manche et plus les onglées arrivent vite aussi. Bref c'est un cercle infernal.

Pour finir, ne jamais rester au relais avec une paire de gants humides. Se changer systématiquement les gants et mettre les gants humides dans une poches de sa veste. Autrement c'est la meilleure assurance de se manger une onglée carabinée dès que l'on recommencera à grimper.

Et attention à cette mauvaise habitude de mettre les gants dans la veste. Combien de gants tombés de cette façon. Bien les mettre dans une poche (grandes poches = caractéristique importante d'une surveste pour la cascade).

Surveste
Surpantalon
Polaire
Sous-vêtements
Chaussette
Bonnet/cagoule
Guêtres

Même philosophie que les gants : ça ne sert à rien d'avoir des guêtres à 100€ hyper techniques, avec la dernière membrane Gore-tex : elles se trouent aussi bien que les autres. Il faut prendre un modèle peu cher, pas forcément à membrane, qui réponde aux critères suivants :

  • Le tissu doit être le plus solide possible sans que la guêtre ne pèse 3kg
  • Un crochet à l'avant pour attacher la guêtre à une des boucles du lacet
  • Une ouverture frontale avec scratch et/ou fermeture éclair. Généralement un bon scratch suffit. Par contre il est bon que les extrémités soient verrouillés via un bouton pression.
  • La base qui entoure la chaussure doit disposer d'un support adhérent (pour que la guêtre n'ait pas tendance à remonter le long de la chaussure)
  • La hauteur est question de goût. Perso, je préfère qu'elle m'arrive au-dessus du mollet.
  • Le haut de la guêtre doit disposer d'un réglage élastique et d'un revêtement anti-dérapant. Le réglage doit être suffamment distribué pour le pas couper la circulation, ni trop lâche pour la guêtre ne glisse pas.
  • Pour peu que l'on ait des chaussures avec une bonne aération, une membrane et/ou un système d'aération sont superflus pour des pieds normaux. Il ne faut pas perdre de vue que les chaussures trempinnent toute la journée dans la neige. Dans des conditions "hivernales normales", l'un échauffement des pieds et une forte transpiration sont rarement un problème.
  • Il vaut mieux privilégier les matières synthétiques pour les sangles passant sous la chaussure (par rapport aux câbles métalliques qui finissent toujours par s'effilocher et par trouer les gants, voire piquer les doigts).
  • Il vaut également mieux que la sangle soit réglable des deux côtés (et non cousue d'un côté) afin de pouvoir être complètement remplacée

Divers

Thermos
Thermos

Chaussures

Santé et bobologie

Onglée

  • Ahhhh LE compagnon de route favori du glaciériste ! Qui n'a jamais eu d'onglée en cascade ne connait rien aux joies et plaisirs de l'activité .....
  • L'onglée ? Il s'agit d'un phénomène physiologique normal qui se déroule en deux étapes. Tout d'abord, lors du refroidissement du corps et des extrémités, l'organisme réagit avec une vasoconstriction des petits vaisseaux cutanés afin de réserver le maximum de sang pour les organes vitaux. En somme, l'organisme décide de sacrifier les extrémités pour sauver l'essentiel. Les doigts deviennent alors gourds et insensibles. C'est également la première étape d'une gelure (mais il faut plusieurs heures dans cet état pour la gelure s'installe définitivement). Sauf que l'onglée prend tout son sens au cours de la seconde étape qui se produit lorsque les extrémités se réchauffent. L'organisme déclenche alors un phénomène de vasodilatation des vaisseaux pour récupérer les tissus. L'inconvénient du procédé, c'est qu'il est douloureux à très douloureux lorsque les nerfs sont de nouveau vascularisés. Cela peut durer de quelques secondes à plus de dix minutes. Pour certains, c'est très supportable, pour d'autres c'est au limite de la nausée. L'avantage, c'est qu'une fois la phase de crise passée, on a une douce impression de chaleur au niveau des extrémités. Jusqu'à l'onglée suivante ....
  • Premier postulat de base : une bon onglée, c'est douloureux à très douloureux. C'est tout à fait normal, pas de panique. Tout le monde en a et ce sera pas le dernière !
  • Une fois l'onglée déclarée, il n'y a pas grand chose à faire sauf à essayer de bouger les doigts pour faire revenir plus rapidement le sang mais surtout à serrer les dents !
  • Quelques conseils préventifs :
  • En préventif number one : arrivé en forme et bien s'hydrater avant et au cours de la course. Pour fluidifier le sang.
  • Dans le même ordre d'idée, il est possible de prendre une aspirine avant de partir. Pas le tube, histoire qu'une petite coupure de dégénère pas en hémorragie ...
  • Le stress semble avoir également une action sur la vasoconstriction. Aller attaquer vous à des objectifs raisonnables et grimper plus relax.
  • Un hyper sensibilité à ce phénomène peut signifier que vous êtes affecté du syndrome de Raynaud. Consulter alors un spécialiste.
  • Si le curatif est très limité, il n'en est pas de même du préventif. Quelques conseils de mesures permettant de limiter la survenance et les effets de l'onglée :
  • Une autre lapalissade : bien se ganter. Plus les gants sont fins, plus on ressent le froid, plus la probabilité de voir ses doigts se refroidir est importante.
  • Si des gants plus fins sont très utiles en phase d'escalade, il est important de mettre des gants plus chauds au relais.
  • De plus, lorsque l'on grimpe, on humidifie souvent les gants (glace avec résurgence, neige, transpiration). Au relais, ceux-ci refroidissent par manque d'activité et la déperdition énergique des doigts est alors encore plus importante
  • J'ai également remarqué qu'une petite paire de sous-gant limitait la survenance de ce problème. Plutôt de gants en textile technique qu'en soie.
  • Il faut savoir que la montée l'onglée touche le plus souvent le second de cordée à partir du milieu de sa longueur, avec un climax lorsqu'il arrive au relais. Ca fait un bon sujet de conversation quand on se retrouve.
  • Activer la circulation en se tapotant les doigts et en les agitant la main par des moulinet, style "aie aie aie !". Ces mouvements activant aussi la douleur, moduler en fonction de vos sensations.
  • Une fois la crise passée, alors qu'une douce sensation de chaleur envahit vos petits boudins, éviter de ressortir les mains à l'air libre. Gardez les aux chauds pour éviter une remonter d'onglée 30 minutes plus tard.
  • Éviter les dragonnes qui coupent la circulation au niveau des poignées et contraint de conserver les bras levés
  • A contrario, grimper en leashless permet à la fois de ne pas comprimer les poignées mais également de favoriser la circulation sanguine en délayant les bras et les mains vers le bas, en faisant des petites tapes sur les cuisses ou des moulinets.
  • La recette miracle "on combat le mal par le mal" en plongeant les doigts dans la neige est une vaste escroquerie (dangereuse de surcroit). A éviter d'urgence ...
  • Outre une bonne hydratation, il peut être intéressant de se graisser les mains le matin de la course si celles-ci sont sèches. C'est une bonne méthode de lutte contre le froid et de prévention des engelures.

Gelure, engelure et perte de sensibilité

Sujet plus emmerdant que le précédent. Aux conséquences plus durables et surtout qui peuvent s'avérer beaucoup plus sérieuses.
[ ############# petit laïus médicale en parlant de la maladie de Raynaud #################]
Plusieurs petits conseils pour essayer de d'éviter ces désagréments :

  • Faire une cure de vitamine D durant toute la période hivernale (novembre-mars). Prendre une gélule par jour et non la grosse dose d'un seul coup.
  • Une aspirine avant la course (genre 500mg). Attention à ne pas se blesser durant .....
  • Ne pas lésiner sur la qualité des chaussettes, ni sur celle des chaussures.
  • Si on a vraiment de gros problème d'insensibilisation ou d'engelure, prendre des coques.
  • Prendre des chaussures 0.5 à 1 pointure au-dessus.
  • Se couper les ongles des orteils bien courts. Si ça ne prémunie pas forcément contre une mauvaise circulation, ça permet au moins de ne pas se flinguer les ongles par les coups répétés (qui entraînent des hématomes au niveau de la matrice et la chute des ongles 5-6 mois plus tard).
  • Ne pas trop serrer le coup de pied mais plutôt les chevilles. On ne doit pas avoir de fourmis sous la plante durant la course.
  • Soigner les plate-formes pour les pieds aux relais. Rester les pieds tordus durant des heures est bien plus traumatisant que de grimper en position frontale.
  • Boire et manger durant la course. Et surtout boire, ce que l'on fait rarement en hiver alors que, non seulement l'hydratation par la respiration est quasi nulle mais en plus la respiration fait perdre de la vapeur ! Bref, il faut se forcer à boire.
  • Et puis si après une sortie on ressort avec une grosse insensibilité, être raisonnable et ne pas ressortir tant que les sensations ne sont pas revenues. D'une part, ça permettra de ne pas aggraver le phénomène et d'autre part on évitera d'augmenter fortement le risque de gelure (eh oui, sans sensation, c'est encore plus difficile de la sentir venir).

Focus du la gelure
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Petite traumatologie courante

  • Doigts
  • Genoux
  • Chute de glaçon
  • Coupure

Trousse de secours conseillée

Alimentation et hydratation

Les erreurs à éviter / Conseils de bonne pratique

Comme toutes activités montagne, il y a pléthores de recommandations pour qu'une course se passe bien. Voici un classement subjectifs des principales recommandation à suivre :

  • Rester humble et raisonnable, et savoir faire demi-tour le cas échéant
    OK, il n'y a pas tant que ça d'occas de faire de la cascade dans une saison.
    OK, quand on a programmé son week-end et qu'on a fait 300km pour être au pied des lignes, on a tout sauf envie de tourner les talons.
    OK, on vis de plus en plus dans une société de l'instantanéité.
    OK, ça me tente trop grave de cocher enfin une ligne en 6 machin sur mon carnet de courses
    Etc.
    Mais ....
    Mais il faut toujours être capable de faire passer la raison devant la passion.
    C'est l'éternel dilemme des sports à risque : trouver la bonne carburation, sans y laisser la peau.
    Se méfier comme de la peste de l'excès de confiance.
    Se dire qu'on peut toujours revenir plus tard.
    Un bon alpiniste est un alpiniste qui sait faire demi-tour quand il faut et qui est toujours là pour raconter ses souvenir de sortie à ses petits-enfants.
  • Bien analyser les dangers objectifs
  • Bien apprendre à connaître ses capacités et son matériel
  • Bien choisir ses objectifs en fonction de ses capacités et celles de son compagnon de cordée
  • Avoir une approche itérative afin de se forger une solide expérience
  • Et surtout NE JAMAIS HESITER A RENONCER AU BON MOMENT. On peut toujours y revenir ultérieurement. Sauf lorsqu'on est mort (enfin jusqu'à preuve du contraire ...) !

Cascades de glace : mythes et réalité

  • L'Ariège, c'est la Mecque du glaciériste. Écoutez pas les locaux et prenez plutôt vos chaussons.

Spécial débutant

  • Il est très formateur de faire des ateliers "sans piolet". Cela permet de prendre beaucoup mieux conscience de la tenue, du "griffage" et des sensations que l'on peut avoir au niveau des crampons.
  • Il faut choisir un paroi un peu raide (70-80°) dont la glace soit pas trop lisse, pour laisser un minimum de points d'appui pour les mains
  • C'est clair que l'on envoie pas un débutant en tête dans ces conditions (même un confirmé) : on pose bien sagement une moulinette
  • Le plus difficile, c'est souvent de vaincre l'appréhension du candidat. Faut y aller mollo !
  • On rappelle au grimpeur de se tenir le plus droit possible et de positionner les pieds afin que les crampons soient à l'horizontale
  • Les mains doivent servir à s'équilibrer, pas à se tracter
  • Dans du peu raide, les débutants ont tendance à se coucher sur la pente et à lever les talons : c'est meilleure méthode pour faire ripper une pointe de crampon. Toujours s'efforcer de maintenir les cramons à l'horizontale.
  • Une astuce pour une transition plus soft du "avec dragonne" vers le "leashless", c'est de déserrer fortement ses dragonnes et de se mettre dans une disposition d'esprit où l'on est pas vaché aux piolets. L'utilisation d'une longe est également une bonne solution. Mais le mieux est bien de franchir carrément le pas, de passer directement au leashless, quitte à grimper dans du moins raide que ce dont on est capable ordinairement.

Cascade de glace et photographie

Dans cette section, je vais tâcher d'indiquer un max de petits trucs et astuces glanés au cours de mes multiples sorties. Ca vaut pas tripette, ça ne rend pas mes photos extraordinaires mais quand je vois que nombre de photos complètement gâchées auraient pu être infiniment mieux avec trois fois rien de précaution, ça vaut surement le coup de gratter ce qui suit.

Le matériel

  • Pour de bonnes photos, la règle number one, c'est ... de ne pas oublier l'appareil photo. Ballot mais cela m'est arrivé tant de fois. Et bien sûr souvent lors de sorties où je n'arrêtais pas de me dire "p... là ça uaurait fait un sacré bon shoot !". Bref, penser à l'appareil dans le checking général lorsque vous partez en course.
  • Question appareil, j'utilise la gamme TZ de Panasonic depuis des années et en suis relativement satisfait. Pour l'instant, car visiblement depuis 2 ans, elle stagne, voire elle régresse, à tel point que j'ai préféré prendre l'an dernier un TZ d'occaz plutôt que de prendre les derniers modèles.
  • Mes critères de choix pour un appareil, dans l'ordre décroissant d'importance : un appareil robuste qui supporte bien des environnements humides, résistance de la pupille de protection de l'objectif au gel, grand angle, optique qualitative, bonne qualité d'image et de vidéo, une bonne stabilisation, réactivité de la mise au point et entre deux photos, des commandes bien placées et bien préhensiles notamment avec des gants, taille peu encombrante, peu de bruit sur les photos, un grand écran bien contrasté et lumineux, que les molettes de commandes ne bougent pas lors du rangement, autonomie, le zoom un peu long est un plus (même si la vitesse et la précision de zooming est plus importante), zoom actif pour les vidéos et silencieux, de même que la stabilisation
  • Même s'ils représentent la quasiment totalité des appareils anti-choc et de petit format, je déconseille les petits ayant une optique périscopique. La qualité de cette dernière est généralement rédhibitoire, le grand angle est souvent riquiqui et ce sont des appareils où le bruit est important.
  • Éviter comme la peste les appareils tactiles sans touche. Injouable avec des gants.
  • Pour éviter les déconvenues avec le froid, la petite sacoche photo contient une seconde batterie. Je prends des génériques sur eBay : jamais eu de problème. L'autonomie est même souvent meilleur que la batterie d'origine et elles tiennent aussi bien dans le temps.
  • C'est con mais ... vérifier la veille que la carte mémoire soit bien dans l'appareil et non dans le lecteur du PC. Comme je suis tête en l'air, pour parer ce pb je laisse également une petite carte mémoire dans la sacoche de l'appareil. Au cas où.
  • Toujours dans les lapalissades : vérifier que vous avez vidé les photos de votre dernière sortie et que la carte ne soit pas pleine (on allume l'appareil et on regarde combien de photos il reste - ça coûte pas cher comme vérif ...).
  • Un conseil plus large : si vous souhaitez conserver vos photos un peu durablement, ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier. Stockez les photos sur deux supports. Le moins cher : sur le PC et sur un disque externe. La difficulté, c'est de penser régulièrement à faire la copie sur le DD externe. Autrement, si vous n'avez pas des Tera de photos, pensez à la possibilité de faire une copie sur le "cloud" (DropBox, Googledrive, Live de Microsoft pour du gratuit ou sur des sites payants).
  • Utiliser une sacoche pas trop fine : elle va se prendre des chocs dans sa vie de grimpeuse.
  • L'appareil photo est en permanence relié à une longe elle même attachée au baudrier. Avec au milieu la sacoche qui peut se balader librement sur cette longe. La sacoche dispose d'un mousqueton plastique facilement manipulable avec les gants et l'extrémité de la longe un autre mousqueton beaucoup plus petit pour s'attacher à l'une des boucles du baudrier. J'ai fait tomber plusieurs appareils photos, et bizarrement depuis j'observe scrupuleusement ce dispositif.
  • Il vaut mieux que la longe, soit un peu épaisse et rigide qu'une petite ficelle. En effet, quand l'appareil est ainsi attaché sur le côté du baudrier, une cordelette a tendance à s'entortiller autour des broches, du crochet à Abalakov, etc. Et comme par hasard, toujours quand on est au taquet et qu'on aurait autre chose à faire qu'à démêler les nouilles. Idéalement, utiliser une cordelette élastique d'un diamètre de 5mm.
  • Bien faire gaffe à ne pas mettre de neige et à ne pas mouiller la lentille frontale et ses lamelles de protection. D'une part pour éviter d'avoir une lentille sale et un objectif flou. D'autre part, pour le pas geler les lamelles et ne plus pouvoir les ouvrir ou les fermer.
  • Conserver à porter de main un petit chiffon sac en microfibre : c'est nettement plus adapter pour essuyer une lentille mouillée avec les gants ou le revers d'une polaire.
  • Laisser l'appareil de photo dans sa housse à l'air libre. Ne pas le garder dans la poche interne de la veste. Si c'est meilleur pour la durée de la batterie, l'appareil va chauffer puis condenser lorsque vous le sortirez. Pas top de faire des photos avec de la buée sur l'objectif. Vous aurez beau l'essayer, la buée reviendra tant que la lentille n'aura pas refroidi.
  • IMPORTANT : Une fois rentré le soir à la maison, sortir l'appareil de sa housse, ouvrir la trappe à carte et à batterie et placer le tout près d'une source de chaleur (les balancez pas dans le feu hein !!!). Cela permet de bien les sécher et limite les effets de la corrosion sur les soudures de l'électronique.
  • Pour nettoyer au mieux la lentille frontale, j'utilise un stylo au carbone de la gamme Lenspen. Le MiniPro est parfait pour les compacts. Cette solution que j'utilise également pour les objectifs de mes reflexs est de loin la plus efficace de toutes (microfibre, papier d'ophtalmologie, solution alcoolique, etc.). Après traitement, un objectif ressort comme à neuf. C'est d'ailleurs ce qu'utilise les SAV des grandes marques.

La prise de vue

  • Conseil à deux balles que je ferais bien de m'appliquer plus souvent : la meilleure photo du monde ne vaut pas la peine que l'on se prenne un carton pour elle. Donc pensez d'abord à votre sécurité, à celle de votre(vos) partenaire(s), et en dernier à la photo qui va bien.
  • Il est bien entendu beaucoup plus facile de faire des photos pour une cordée de 3 lorsque l'on n'assure pas. Ce qui m'arrive rarement.
  • Si l'on prend des photos lorsque l'on assure, il faut TOUJOURS tenir fermement la corde d'une main, en laissant celle-ci SOUS le dispositif d'assurage. Ne pas viser à deux mains en portant la main qui assure au niveau du visage, même en continuant à tenir la corde. Cette disposition a toute les chances de ne pas résister à un gros choc et on risque de laisser filer la corde. Il faut donc s'entraîner à viser à une seule main.
  • Autant ce conseil est facile à suivre pour prendre une photo, autant c'est beaucoup moins évident lorsque l'on filme une vidéo. Car au bout de 30s-1min, il devient difficile de conserver le bras tendu, au-dessus de la tête. Je n'ai pas de recette miracle à cet inconvénient mais essaye de procéder comme suit :
  • Viser le plus bas possible au-dessous de la la tête.
  • Viser bras raccourci
  • S'appuyer si possible contre la paroi
  • Fuir les plans zoomés et privilégier le grand angle : les plans seront beaucoup moins saccadés
  • Avoir un appareil photo avec une très bonne stabilisation (et qui soit active pour les vidéos)
  • Faire des clips courts et les multiplier. En plus, cela sera plus simple pour le montage.
  • Hiver, neige et température de couleur
  • RAW
  • Ouverture
  • Vitesse
  • Sensibilité
  • Photographier à pleine résolution : il sera toujours temps de réduire la résolution en post-traitement si besoin. Mais autant partir avec le max de détails.
  • En cascade, les thème à photographier ne sont pas très diversifiés : paysage, action, photo sociale, macro sur un détail
  • En photo de paysage, généralement plus l'appareil est grand angle, plus c'est pratique. Avec la résolution des capteurs actuels, on peut ensuite cropper (i.e. recadrer la photo en diminuant sa taille et en éliminant le cadre externe) comme on souhaite.
  • En photo d'action, respecter le sens de lecture et les points de fuite. Voici quelques propositions qui ne sont pas des règles absolues. Il faut s'adapter en fonction de la physionomie de la cascade, de l'environnement et de la lumière.
  • Lorsque le grimpeur est proche, utiliser le grand angle, placer le grimpeur en bas sur l'un des côtés et le haut de la cascade en haut de la composition, sur le côté opposé au grimpeur. Idéalement de gauche à droite en montant. L'idée étant de guider le regard du grimpeur vers l'endroit qu'il va grimper. L'attitude du grimpeur est d'autant plus importante que le grimpeur occupe une grande partie de l'image.
  • Quand le départ est raide et que le grimpeur se déporte sur le côté, il est sympa d'inclure le paysage environnant dans la composition, surtout si celui-ci est ensoleillé (attention à la surexposition, faire le point sur le paysage ensoleillé et non sur le grimpeur dans l'ombre).
  • Lorsque le grimpeur est plus haut dans la ligne, on peut soit conserver le grand angle, soit zoomer légèrement. En grand angle, il s'agit d'inverser la composition décrite précédemment : le grimpeur se place en haut et le bas de la cascade se place en dessous, la corde servant à guider le regard vers le grimpeur. Avec un zoom léger, on peut choisir l'une des deux compositions. Ou si la ligne est large ou entourée de stalactites esthétiques, on peut cadre paysage grand angle en plaçant la grimpeur au centre en haut.
  • Pour la majorité de ces photos où l'acteur est au-dessus du relais, le cadrage portrait est utilisé.
  • Les photos du second en train de gripper sont souvent décevant, surtout si l'on est dans l'axe et qu'il est à 30m du relais. Autant cadrer en paysage et inclure des éléments du décor. Autrement, attendre qu'il soit proche du relais et shootez-le plein champ avec des attitudes bien dynamiques.
  • Il est important que le grimpeur comporte des couleurs qui "pètent" pour être bien visible sur l'image. Ne vous en faites pas si à la visualisation sur l'appareil, le grimpeur est très sombre. Si l'appareil ne génère pas trop de bruit, le post-traitement permettra de bien relever les couleurs.
  • Faites attention à ce que la totalité de la silhouette du grimpeur se découpe entièrement sur la glace ou la neige, et non sur un rocher de couleur sombre. Attention lors de l'armement du piolet.
  • Privilégier les poses dynamiques. Principalement, je shoote le grimpeur lorsqu'il arme son piolet pour frapper. Mais également lorsqu'il se pose pour observer le cheminement qu'il va suivre, avec membres et tête bien dégagés.
  • Il est important d'avoir une silhouette qui ne soit pas étêtée (tête masquée par le corps, ou penchée). Veiller à ce qu'un bras ne la cache pas non plus.
  • Petite astuce pour s’affranchir du manque de réactivité de l'appareil au déclenchement. La plupart du temps, lorsque l'on essaye de shooter quand le grimpeur arme son bras, on ne le prend que quand il vient de planter le piolet. Pour y remédier, cadrer la photo et faire la mise au point en appuyant à mi-distance et garder la pause. Ne regarder plus le grimper à travers l'écran mais directement. Il est ainsi beaucoup plus facile d'anticiper son coup et de déclencher au moment que l'on souhaite (toujours sans regarder l'écran). Cela marche bien en grand angle (tolérance au bouger) mais peut lorsque l'on zoome.
  • N'hésiter pas à multiplier les points de vue. Ce d'autant plus que les compacts ne sont pas très réactifs au déclenchement et qu'en photo d'action on loupe souvent la pose que l'on souhaitait prendre. A l'ère du numérique, 10 photos ou 100 photos, ça ne change gère le prix.
  • Il vaut mieux sous-exposer que sur-exposer. La sous-expo peut se rattraper en post-traitement, pas la sur-exposition (impossible de rattraper des détails cramés).
  • Méfiez-vous de ces fieffées molettes multi-modes qui ont tendance à bouger toute seule et vérifier toujours sa bonne position avant une série de shoot. Surtout quand on sort l'appareil de sa sacoche.
  • Il n'y a pas "photo" (....) : comme toujours en photographie, le top c'est lorsqu'il y a de la lumière et idéalement du soleil incident. Conditions pas toujours facile à réunir en cascade de glace sous nos contrées.

Post-traitement

Divers

Commentaires

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Rozenn 14 years ago

Ah bon…? C’est une information que je n’avais jamais lue nulle part et je commence effectivement à me demander sir ce n’est pas au printemps que j’ai vu ce genre de glace (sur des gros débits - ce qui est peut être encore moins rassurant - comme les larmes du chaos ou à la colère du ciel)…

Est-ce que quelqu’un peut confirmer?

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FMJ 14 years ago

C’est pas une vérité absolue mais par exemple c’est une caractéristique que tu retrouves chaque fin de saison au 2eme étage du cirque de Gavarnie. Lorsque les lignes sont turquoises, c’est pas bon signe.

D’un autre côté il existe surement des résurgences fortement chargées en minéraux qui peuvent donner un aspect turquoise à la glace. Mais même en Norvège, j’en ai jamais croisé.

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leslie1961 8 years ago

" Guy Lancel " … c’est peut etre un parfum mais surement pas un glaciériste connu… Le glaciériste qui est mort en 2009, s’appelle Guy Lacelle!