En libre, l'exposition renvoie aux conséquences probables d'une chute sur l'intégrité physique du grimpeur. Il existe plusieurs systèmes de cotation, preuve que ce n'est pas une chose aisée à définir. Ceux-ci ont cependant tous en commun de caractériser l'exposition uniquement à partir d'éléments objectifs (qualité du rocher, espacement des points en place, possibilité de rajouter ses propres protections, configuration de la paroi...). L'exposition ne doit en effet pas être confondue avec le malaise que ressent parfois le grimpeur, du fait de sa technique, de son physique et de son moral. Cette catégorie d'éléments subjectifs et singuliers joue un rôle dans toute ascension mais elle n'intervient pas dans l'exposition.
Voici quelques systèmes de cotation de l'exposition.
L'espacement entre les points
L'espacement entre les points est sans doute la mesure la plus objective et simple de l'exposition : il est facile et précis d'indiquer l'espacement moyen (rapport entre le nombre de point et la longueur) et/ou l'espacement maximum entre deux points. La contrepartie de cette facilité de cotation est son caractère très réducteur : elle ne prend pas en compte des éléments tels que la réception de la chute.
Les cotations R et X américaines système à 4 niveaux
Dans les pays utilisant le système américain de cotation de la difficulté en escalade rocheuse (1 à 4 puis de 5.1 à 5.9 puis de 5.10a et au-delà), il est courant de rajouter un "R" ou un "X" à la cotation selon qu'une chute pourrait entrainer des blessures (R) ou la mort (X).
L'American Safe Climbing Association décrit les cotations ainsi :
- R: runout, where a fall would likely result in serious injury
- R/X: very runout, where a fall at the wrong place will likely result in at least serious injury and possibly death
- X: extremely runout, where a fall at the wrong place will likely result in death
Le R est fréquent dans des voies à protéger soi-même qui comportent des sections de dalle compacte sans protection à demeure. Toutefois, une grande distance entre les protections n'est pas nécessaire pour qu'une voie ou une longueur acquière le label "R" ou "X". Il suffit qu'une chute, même courte, au mauvais endroit, puisse causer une blessure grave ou la mort. Un "R" peut ainsi indiquer un retour sur vire ou un pendule dangereux.
De nombreux débats portent sur l'interprétation du R ou du X : est-ce qu'il s'agit d'une chute dans le crux ou d'une chute dans des sections dont la difficulté est nettement plus facile que la difficulté maximale obligatoire de la longueur ? Ça dépend évidemment beaucoup des auteurs... et il faut donc faire attention pour attribuer un sens à une cotation.
Exemples
Snake Dike au Half Dome (Yosemite) est cotée R. Il y a 2 spits à chaque relais et quelques spits par endroits mais il faut parfois grimper 20 m sans rien poser de sérieux. Les cravates sur les morceaux de silex sont des assurances purement psychologiques. Ce type de voie existe en Italie ou même en France à l'époque des premier spits de Michel Piola.
La proteggibilità italienne système à 2 x 6 niveaux
Cette échelle de cotation a été proposée par Maurizio Oviglia, Erik Svab et Nicola Tondini, et utilisée la 1re fois dans l'édition 2002 du topo Pietra di Luna. Ensuite, de nombreux topos italiens ont adopté le même système, indiquant le type de protection (R, S ou RS) et la distance entre les protections, sur une échelle de 1 à 6. La revue espagnole Desnivel a également adopté - ou plutôt adapté - cette cotation dans certains de ses topos récents.
R indique une voie ou une longueur à protéger soi-même, ou en tout cas sur protections traditionnelles (pitons). Si la voie est protégée par de l'équipement à demeure (spits ou broches), alors le R est remplacé par un S. Les voies mixtes, où la protection à demeure est à compléter ou est hétérogène (quelques spits et nombreux pitons), sont indiquées par RS.
(nb: selon le topo, l'interprétation du signifié de "R", "S" et "RS" peut changer légèrement. originalement, R est la pour risque et S pour spit)
La distance entre les protections est décrite sur une échelle de 1 à 6 (mais ouverte vers le haut), modulable à coups de "+". L'échelle peut se résumer ainsi :
- 1 : Longueur bien protégée et faiblement exposée, correspondant au standard des falaises-écoles bien équipées ou faciles à protéger avec des protections toujours solides. Une chute de quelques mètres est possible mais sans conséquences.
- 2 : Longueur moyennement protégée. La distance entre les protections est de moins de 4 m. Certains passages sont "obligatoires" entre les protections. La chute peut atteindre 10 m, avec un faible risque de se faire mal en cas de chute.
- 3 : Longueur mal protégée ou dont certaines protections sont peu fiables. Les sections "obligatoires" peuvent être longues. La distance entre les protection peut dépasser 5 m. La chute peut atteindre 10-15 m, avec un certain risque de se faire mal.
- 4 : Longueur mal protégée. La distance entre les protections peut atteindre 7 m. La chute peut atteindre 15 à 20 m et pourrait facilement causer des blessures.
- 5 : La distance entre les protections peut atteindre 10 m. Une chute causera probablement des blessures graves ou entrainera un retour sur vire (ou au sol).
- 6 : La totalité ou la quasi totalité de la longueur est improtégeable, avec des points de protection séparés de plus de 20 m. La protection est toujours loin des passages difficiles. Une chute pourrait entrainer la mort.
Il semblerait qu'il y ait une correspondance entre les niveaux 4, 5 et 6 de l'échelle italienne et les niveaux R, R/X et X de l'échelle américaine (respectivement). L'avantage de l'échelle italienne est donc de mieux distinguer l'exposition dans les voies plutôt bien protégées (niveaux 1 à 3).
Exemples
à compléter
L'adjectival grade britannique
Le système de cotation britannique couple une cotation de la difficulté technique du pas le plus dur d'une voie ou d'une longueur (technical grade) avec une appréciation de la difficulté "globale" de celle-ci. C'est l'adjectival grade : VS, HVS, E1, E2 etc. L'adjectival grade prend en compte la facilité à protéger l'escalade et la fiabilité des protections. Elle incorpore ainsi l'exposition. C'est en regardant la cohérence entre l'adjectival grade et la technical grade que le grimpeur saura s'il va se faire peur ou non.
La cotation alpine globale peut s'utiliser de la même manière. Une voie TD dont la difficulté technique ne dépasse pas le 4 en rocher risque d'être très engagée ou exposée.
Sur c2c : cotation "exposition escalade"
Voir la cotation "exposition escalade"
Références
- Une discussion sur le forum
- Le système italien décrit sur www.scuolaguidodellatorre.it (en italien)
- Les cotations sur le site de l'American Safe Climbing Association (en anglais)
- Le système de cotation britannique sur le site UKClimbing.com (en anglais)
Commentaires

Je sais pas ce que vous en pensez mais pour ma pomme, l’expo ne correspond pas tout à fait « au malaise du grimpeur quand il imagine les conséquences d’une chute éventuelle » mais bel et bien aux conséquences elle-même si la chute se produisait !
Alors oui je suis d’accord sur le fait que l’expo dépend des caractéristiques de la voie et de son équipement (ou de la façon de l’équiper).
Mais là où je suis moins en phase avec l’article, c’est sur le fait que le niveau d’exposition d’un passage ou d’une voie serait relatif au grimpeur et dépendrait « de sa technique, son physique et son moral ». Que le grimpeur ait ou pas la technique, le physique ou le moral, si une prise pète au moment où il faut pas, les conséquences seront les mêmes ! L’évaluation, la « cotation » de l’expo de la voie serait la même pour tout le monde. L’expo est un facteur objectif et non subjectif.
Alors après, le ressenti de l’expo varie effectivement en fonction de l’individu et de sa capacité à faire abstraction du sentiment légitime de peur que peut susciter toute situation de danger. C’est communément lié à la notion de marge que tout un chacun peut ressentir entre son niveau physique et technique et celui requis pour franchir le passage. Et ce sentiment de marge, je l’appellerai le moral. Certains peuvent grimper quasiment à leur niveau max sans « se mettre terreur » dans des passages avec une bonne probabilité de chutes sérieuses. Tandis que, dans les mêmes conditions de risque, pour d’autres c’est tout simplement insupportable, même en grimpant 10 grades en dessous de leur niveau max.
Après, outre le fait que l’on mixte souvent joyeusement engagement et exposition, généralement on y amalgame aussi une peu l’impression du grimpeur par rapport au fait que le passage soit intimidant, impressionnant, voire effrayant. Mais bien que le dit passage puisse être flippant, inconfortable voire effrayant, cela n’implique pas forcément qu’il soit expo en cela qu’une possible chute n’entraînerait pas forcément des conséquences sérieuses (à part pour le calbut …).
Bref, dans l’absolu, la cotation d’une voie porterait sur un bon paquet de paramètres :
Engagement
Exposition
Coef de flippage
Niveau d’équipement (et oui, tout protégé ou clipper un piton tous les 3m, c’est pas pareil !)
Difficulté technique max
Sustainability (à quel point la difficulté est soutenue, ou pas)
L’intérêt de la voie (mais là-dessus, il va y avoir du crêpage de chignons …)
etc…

Je suis assez d’accord avec FMJ.
J’avais participé à la réécriture du propos mais en ne me souciant que de la clarté d’expression et de points de grammaire. Après relecture, le caractère subjectif de l’exposition me semble effectivement erroné. Tout le reste de l’article semble d’ailleurs aller dans le sens d’une objectivisation de l’exposition.
Autre commentaire sur la cotation italienne. Quelle différence y-a-t-il entre « se faire mal » (niveaux 2 et 3) et se faire des « blessures » (niveau 4)? A mon sens aucune.

Rozenn,
La première partie n’est qu’une introduction générale sur la nécessite d’introduire une cotation exposition /articles/240818/fr/article-de-preparation#pourquoi-une-echelle-exposition
La définition c2c vient après
J’ai ajouté un paragraphe pour mentionner la cotation c2c, et le fait qu’elle soit en cours d’élaboration.

Krist@f, il me semble que ta lecture est biaisée parce que tu connais les intentions du texte.
Le texte est le suivant:
Si on le fait lire, indépendamment du reste du texte (et une introduction doit pouvoir se lire ainsi) par une personne qui ignore l’intention du texte, elle estimera qu’il est affirmé que l’exposition est reliée en partie à des éléments subjectifs. Le texte ne suggère pas qu’il est nécessaire d’introduire une cotation expo mais que c’est un exercice difficile.
Il faut donc réécrire le texte pour montrer que la seconde partie, si c’est un processus mental qui existe dans l’esprit du grimpeur, il ne rentre pas en considération dans la tentative de cotation de l’exposition qui, au contraire, ce fonde uniquement sur les éléments objectifs de la voie. Je m’y colle ultérieurement si vous le voulez.

J’ai lu rapidos. Ma remarque est la suivante: si on veut coter qq chose, il faut absolument en sortir les facteurs subjectifs, sinon on aura autant de cotations que de bonhommes.

Avec plaisir!

Pas de soucis, vas y .

J’ai réécrit le 1er paragraphe et introduit quelques modif. Qu’en pensez-vous?
Par ailleurs, je repose la question: