La voie « pèlerinage »
« je vais t’emmener faire une voie facile, tu verras, 4 , 5 longueurs, pas plus, une voie que j’ai faite « dans une autre vie » avec les « copains , de la vallée» . Bon , s’il s’agit d’une voie « que j’avais faite avec des « copains » ,qui en plus n’étaient pas des grimpeurs … ils faisaient comme tout le monde de la rando, mais pas de grimpe vraiment » …
Me voilà rassurée, une heure et demi d’approche, quand même, mais ensuite 4 ou 5 longueurs sur un calcaire
« trrrèèèès bon » à plus de 1000 mètres d’altitude, donc pas de canicule en vue et pas l’obligation de prendre des litres d’eau …
La météo est avec nous .Une de ces claires journées de ciel pur , même dans la fond de la vallée pourtant écrasée de chaleur en ce mois d’août qui se comporte comme un mois de juillet caniculaire … Nous allons donc caresser la falaise du petit Bargy , incroyable anticlinal couché, un rouleau qui se déploie aussi vers le col de la colombière !
Nous nous sommes levés tôt , partis de chez l’ami de toujours – le mien cette fois ! - avant 8 heures, la montagne sacrée du Mole qui occupe tout l’horizon W de l’appartement , est déjà enluminée et le petit enfant de la vallée qui me sert de premier de cordée , ne peut détacher son regard de ce symbole à la fois familial et sentimental .
L’ami de toujours, me dit en partant, avec la mine peu réjouie « fais attention à toi, ça ne me plait pas trop quand tu vas gratouiller les falaises et les arêtes » .
L’Arve une fois traversée , commence la quête du bon itinéraire ! ce sera le lot de la journée ! … « vous verrez après le bar , un peu plus loin à gauche , ensuite c’est tout droit . La route monte, monte, jusqu’à Mont Saxonnez et c’est vrai , nous sommes dans un décor de calendrier suisse … On s’élève au-dessus du monde industriel pour gagner celui des alpages . Et quels alpages ! une splendide croupe à l’adret , constellée de petits chalets anciennement granges ou écuries , un camaïeu de verts tendres … Mais nous n’allons pas là , nous nous devrons monter le long du télésiège de Morsullaz , par un chemin en marches d’escaliers géantes, façonnées par des alpinistes hommes , géants ! Pourtant il doit y avoir normalement un chemin autre que ces marches-là ! une description disait
« du parking (1220 m), vous avez déjà une vue magnifique sur la Pointe du Midi. Départ en suivant le sentier qui débute sur la droite, derrière le télésiège. Vous traversez un bout de forêt et le chemin monte ensuite sur votre gauche, dans une prairie bordée de forêts (piste de ski).
Jamais trouvé ce chemin « sur la droite » Le nôtre montait droit … .
Les marches de géants auront vite eu raison de ma foulée que je m’évertue à rendre régulière .J’ai beau prononcer la formule magique « taici , taiii » en posant doucettement le pied sur la pointe et m’efforçant de dérouler, tout en régulant ma respiration au rythme de mes pieds … Je suis déjà dans l’orange et mon partenaire commence à prendre la fameuse avance d’un quart d’heure qui lui permet de m’attendre patiemment , mais en effet sans jamais formuler de reproches , le dos appuyé contre un rocher à l’ombre, contemplant l’infini et ne regardant jamais celui qu’en fait il attend … Il prend ainsi systématiquement un peu de repos qui moi ne m’est pas octroyé car dès que j’arrive à son niveau il repart ! Je ne peux bénéficier de ces petites haltes- respiration qui me sont indispensables , que si mon guide s’arrête pour se déshabiller ou pour une urgence … Soleil rasant en pleine figure, je me maudis l’oubli de ma casquette .
On arrive sur l’unique piste de ski du Bargy toute «encallaissée », brûlante … Une jeune femme qui est montée à vive allure en nous dépassant allègrement est affalée au bord de la piste et essaye de retrouver son souffle « ah ! ça monte dur ! je suis allée trop vite »
Je ne commente pas !
J’ai perdu de vue V. comme d’habitude , et je monte avec la jeune femme sur la piste nue, caillouteuse qui sent la pierre à fusil .
Le soleil est largement passé au-dessus des falaises et a inondé le sommet de la piste que nous atteignons ; Un « rond-point » nommé curieusement « l’Anténiou » avec des bancs : une vue fabuleuse sur un petit lac vert que l’on dit « bénit » , de quels dieux ??? , transparent, brillant. Je soupire d’aise et …d’énervement . V n’est pas là ! Immédiatement je maugrée « ne pas s’être arrêté là c’est criminel » . Un petit sentier part dans la forêt en direction du cirque de falaises, sinon il faut descendre droit devant jusqu’au lac et ensuite … remonter les éboulis … ouf ! … Une heure de montée ,tu parles , 300 mètres de dénivelé= une heure ! Voilà le critère de tous les topos faits par de jeunes grimpeur pour des jeunes grimpeurs , qui ne tiennent aucun compte de l’âge des pratiquants .Une heure ! que tu aies 20 ans ou 70 ans !!! Je pense qu’il va falloir vraiment faire quelque chose dans ce sens …
L’heure est déjà dernière nous . Une fois de plus « on » a sous-évalué les distances …Quelques semaines après je lis sur un topo retrouvé dans la bibliothèque
« le télésiège ( premier départ à 9 heures ) permet de gagner 350 mètres de dénivelé !!! » Ah bon ??? cela doit être en hiver alors ! la gare de départ était plus que déserte, elle semblait complètement désertée …
Et là où aller maintenant ??
Je commence à m’engager dans le petit sentier qui court parallèlement à la pente sous les sapins à l’ombre réconfortante . Avec un peu de chance et son sens intuitif du raccourci mon premier de cordée préféré se sera engagé là , car à vue d’œil, on reste à l’altitude des éboulis qui au loin sur la gauche s’étalent au pied de la paroi. Je fais vingt mètres sur le sentier bien tracé, prise de remords je reviens sur mes pas .Je pousse le cri de ralliement personnel , le youhouhou qui permet phonétiquement de donner de la puissance à la voix , la fameux youhouhou de la bande à Tignes des années 60 ! qu’en fait, tous les amis et la famille ont adopté .V lui n’ayant pas connu la bande à Tignes est resté sur son « coucouoouououo » . Je pousse donc mon youhou dans les aigus qui fait sursauter les jeunes en extase devant le spectacle ; eux ont déjà fini leur périple puisqu’armés de cannes à pêche ils n’ont qu’à descendre au miroir d’émeraude 200 mètres en contrebas . j’insiste , youhouhou .. no anwser … et puis soudain venant de la gauche, donc à l’opposé du belvédère naturel un faible « coucoucouu » se fait entendre .
« mais j’étais là , bien en vue ou bord du chemin, …comment tu ne m’as pas vu ? » ,
Non la jeune femme et moi ne l’avons pas vu , il était au bord de son chemin et sûrement pas tourné vers l’arrivée de la piste, sinon il m’aurait vu … Bon nous avons perdu encore un peu de temps . hésitation : descend on vers le lac pour remonter ensuite ??? Prend-on le chemin de la forêt qui semble mener tout droit vers les éboulis ??? Comme d’habitude je n’émets pas d’avis , je ne connais pas le coin et le topo « d’autrefois » n’indique rien , d’autant plus que la perspective de descendre et de remonter ne m’enchante guère.
Toujours vu , à postériori, un topo « escalades faciles » de thierry marguertat , il est indiqué clairement :
« du télésiège redescendre vers le lac puis prendre le pierre du col d’Encrenaz »
Pourtant nous tentons ce chemin en forêt qui semble « naturel » . Au début tout va bien , le chemin est bien tracé et tout à fait parallèle à la pente , mais très vite cela se gâte, ça monte, ça descend, ça glisse, il faut escalader des racines , descendre sur de la glaise avec pour toute assurance de vagues touffes d’herbes, mes bâtons commencent à me gêner . «on voit que nous n’avons pas été les premiers à vouloir couper court » … je pense surtout « on voit que ceux qui sont passés par là n’avaient pas de matos lourd dans le dos … ». Un passage délicat où je me fais presque engueuler parce que je ne tiens pas et qu’en contrebas, je « sens » qu’il y a des barres et un beau couloir cafouilleux … Nous avançons bien doucement, enfin moi bien sûr …
Je n’ose pas imaginer qu’il faudra peut être faire demi-tour . Et bien si !, c’est pourtant ce que V décide de faire non sans avouer « c’est un piège, et je ne vois pas du tout où ça mène et qui peut bien avoir tracé ce chemin » Devant nous tout s’arrête d’un seul coup et à l’évidence de grandes barres mettent fin au rêve du raccourci .Je tente une explication pour plaisanter et détendre l’atmosphère « ce sont des chemins de chercheurs de champignons ou de chasseurs de chamois, mais sûrement pas de grimpeurs » …
Retour au belvédère, une demi-heure de perdue … « je suis navré » ! il n’y est pour rien … descente express vers le lac, il a mis le turbo cette fois, je cours pour ne pas me laisser distancer. Tentative de traversée pour « couper « et arriver dans les éboulis sur un chemin peu accorte, petits gravillons glissants, j’adore … je ne veux pas lever les yeux, le soleil d’ailleurs m’éblouit pour mesurer les 100 autres mètres au moins qui nous reste à gravir pour atteindre le pied de la paroi . V sort du « chemin » et s’engage pour une de ces traversées hyper chiantes, en plein éboulis « vivant » pentu, où chaque pied posé est un pied potentiellement glissé, ou même en prenant la technique des crampons , le pied aval pointé tourné vers la pente, le pied amont parallèle, tu te ramasses une fois sur deux et te raccroches désespérément à quelques vagues touffes d’herbes en priant les dieux des lieux qu’elles soient bien enracinées . Je me tords les chevilles , mes chaussures trop larges devant , forment une virgule instable, je resserre à mort mes lacets . « ne monte pas trop après ce ne sera pas facile pour longer la falaise » . Je m’en fou, je monte un peu .. En fait on constatera une fois au « vrai pied » qu’ il existait bien un tracé qui partait du bas et non pas du chemin que nous avions abandonné, et qui permettait de monter sur ce foutu éboulis et c’est celui que je finis par rejoindre en étant « montée trop haut » . A la décharge de mon guide , le sentier ne se voyait pas de là où nous étions … Le topo de camp to camp dit à ce propos ;
Trouver, sur la gauche, un sentier qui plonge sur le lac Bénit. Dans la descente, tirer à droite pour rejoindre les sentes remontant la rive gauche de l'éboulis issu du col de l'Encrenaz. Passer à proximité d'une arche et couper bientôt l'éboulis pour rejoindre le pied du pilier (plus de trace, pénible).
L’arche je l’ai vue effectivement, mais mon compagnon absorbé par le bout de ses pieds et la nécessité de traverser ne la verra qu’au retour et comme il était déjà hors de portée de voix je n’avais pas pu la lui montrer …
Le pied de la voie !
Enfin ! nous avons somptueusement dépensé plus de deux heures sur le crédit du temps prévu pour la journée … Bon il va falloir admettre que le souvenir de l’itinéraire d’accès s’est perdu dans les méandres de la mémoire du passé … « c’était dans une autre vie » a – t-il dit aux deux jeunes hommes ( la quarantaine ! ), qui nous avait précédé, pour tout dire « dépassé » et qui déjà grimpaient la première longueur .
Je pense déjà au retour après avoir aperçu la belle combe sur la droite qui sert de descente ! car bien entendu , pas de rappels prévus au programme .
Pendant le cérémonial de la préparation j’avise le deuxième de cordée des jeunes hommes ( la quarantaine ! ) qui n’avance pas très vite, il fait même du surplace depuis un moment dans une trace noirâtre que j’identifie comme devant être une échelle à poules… je viens de les tester avec intérêt et de belles crispations de mollets en Espagne ; Est il « débutant » ou vraiment en difficulté ? ou bien son premier l’ a –t-il laissé dans la « terrible solitude du second ??? » Ce n’est pas pour moi de très bonne augure … « c’est du 4 annoncé ,rien de plus » … Et de plus si la copine et son mari d’autrefois, ne faisaient pas vraiment d’escalade, avec le matos d’il y a un siècle c’est que cela ne doit pas être trop tordu .De toute façon 4 ou 5 longueurs, et ensuite de « la marche encordée « pour atteindre la vire salvatrice , parcours même pas décrit dans le topo, longueurs, dénivelés, difficultés … Ce sera vite fait et la promesse de ne plus me faire faire de très longues voies pénibles et des acheminements d’enfer sera tenue… . La température est exquise, la vue sublime sur le miroir vert d’en bas, la géologie du lieu exceptionnelle, apparemment le soleil ne devrait pas nous assaillir puisque nous sommes une face NW … Apparemment !
Comme toujours je suis heureuse et fébrile à la fois avant de mettre les mains sur le rocher en attendant que mon premier de cordée m’ait lancé le «tu peux venir » enfin quand je l’entends, sinon c’est un hypothétique « j’y vais » qui aura suivi de quelques minutes mon « au boooouuuuut » entendu ou pas , et les premières tensions des deux cordes, (du moins une seule ,car l’autre trop longue n’est parfois pas avalée complètement …) « il va vraiment falloir en racheter une , ne serait ce que pour ne pas se retrouver avec un mètre manquant en rappel » oui il va falloir, mais pour l’instant les deux sont de longueur différente … et quand l’une d’entre elles , la plus longue de préférence est seule sur un mousqueton pour éviter un gentil pendule dans une traversée, je ne sais jamais si je suis bien « tirée » … SEC ! ce sont des « secs » un peu souples ! Mais habituellement tout est fait pour me faciliter les choses .Malgré quelques « oublis » parfois , l’intention est toujours là…
Ça y est , V est parti, léger comme un chat, « le point d’assurage est diablement haut » ,comme toujours me semble t-il pour les premiers points d’ancrage, pourtant pas de glaciers en retrait et une paroi qui a gagné 1 ou 2 mètres en hauteur … . J’ai le sensation que l’on se prépare à devoir rajouter pas mal d’assurages au pied des voies d’ici à quelques années … De vieux clous rouillés par endroits, quelques spits neufs parfois éloignés des vieux clous de
« l’autre vie » ! … V arrive au passage noirâtre qui avait transformé le deuxième de cordée en danseuse avec un pied qui tâtonnait désespérément , ayant amorcé ensuite une énorme enjambée avec l’autre pied et le genou qui remontait au niveau du menton ,pied qu’il a reposé en catastrophe au niveau inférieur … le pauvre, je sais ce que c’est ! « ah tu verras ! tu vas aimer une vraie échelle à poules » … je ne sais pas si « je vais aimer » mais en attendant je vois V faire un bel effort pour atteindre un piton au-dessus de l’échelle, redescendre ensuite un peu en pendule (et comment je vais faire moi si je ne suis plus tenue par l’assurage que je vais forcément devoir enlever ?) , et calmement traverser …
« ASSURAGES SUR LES ARBRES » spécifiait le topo ! Tu parles , ce n’est pas une voie c’est un parc régional de pins, peut être alep, sûrement très odorants, gracieusement tordus parfois, mais surtout pourvus de charmants moignons pointus à tous les étages qui te rentrent insidieusement dans les mollets, les genoux et évidemment dans celui que tu n’as pas protégé avec ton-protège-genou-fétiche-censé-te-soulager « pour la descente »…
« Vous pouvez faire le premier relais sur le premier arbre parce qu’après il y aura trop de tirage »
Bon conseil du premier de l’autre cordée qui a une longueur d’avance sur nous .
C’est à moi . Facile, de bonnes marches, de belles écailles, si c’est comme ça tout le long ce sera vraiment une promenade de santé . las !… L’échelle de poule et ses picos !!! dépassant de quelques centimètres seulement, ce n’est pas une échelle , c’est un nid de poules hérissé de mini pointes acérées …
« échappe toi un peu vers la gauche , ne laisse qu’un pied dedans et tu y retourneras ensuite quand tu auras pris un peu de hauteur » …
Un appui salvateur à gauche, je râpe mon genou au passage, il commence bien la journée lui ! – j’étire mon bras gauche très au-dessus dans la coulée noire et pince une dent de scie … : j’évite le pas « sans rien » que V avait passé sans problème … (du 4 ça ??? , humm ? du 4 espagnol sans doute ) … Je défais le mousqueton , et hop je pendule , non sans avoir auparavant désescaladé un peu … j’ai senti la tension salvatrice venue d’en haut ! pré pendule , et pour tout dire carrément jouissive !
La longueur est en effet minuscule mais la prochaine sera … très longue et hors de portée de voix . J’adore …
Surtout pour demander du mou et pour crier au secours « sec ! » surtout que la corde noire sera à un moment donné dissociée de l’autre et immanquablement la rouge me tirera en sens inverse , ô joie du second ! .Ile me faudra alors hurler « du mouououou » pour aller défaire le subtil assurage-tronc-de-pin, placé à perpète et tellement hors de portée de ma petite hauteur , que je vais devoir connaître les plaisirs de l’ escalade du tronc lui-même et priant le seigneur que les branches tiennent à la descente, le tout avec une corde qui ne sera de nouveau tendue que lorsque j’aurai atteint le niveau de la rouge loin là-bas .
« Ah c’est très beau » le cri du cœur de V dans la …. 4e , et supposée avant- dernière … longueur ! Là je crains toujours le pire ! Une fois passée, avec ou sans difficulté , oui j’arrive à articuler le « très beau » avec sincérité , mais avant je m’attends souvent à du « très beau » c'est-à-dire , une belle qualité de rocher, compact et qui ne te dégringole pas dessus au moindre appui des mains , mais pour mériter le qualificatif il faut pour moi qu’en plus, il n’y ait pas de « piège à mains ou surtout à pied , avec des réglettes qui te cachent gentiment l’endroit où tu aurais du prévoir avant, bien entendu , de poser le pied ! » .
Mais j’en conviens au final, ces quatre premières longueurs sont belles, de mon niveau et en attendant mon tour, je n’arrive pas à décoller mes yeux du lac qui devient maintenant une petite flaque brillante sous le soleil.
De mon niveau ??? Enfin pas partout ! … Pour tout dire, la voie des « vieux copains » garde bien ses secrets de passages , de relais francs, et il y faut toute l’expérience du « vieux guide » qui avoue avoir en effet un peu oublié l’itinéraire – mais les pins ont grandi mon cher, et les pitons ont pris de la rouille ou se sont enfouis dans la végétation – Bref on « merdouille » à plusieurs reprises pour rester « dans la voie » . ou dans ce qui est supposé « être la voie » …
Au pied de je ne sais plus vraiment quelle longueur mais encore dans les 4 ou 5 prévues ! le topo dit
« le départ se fait SUR LE PIN, jusqu’au sommet des branches et ensuite basculer dans une cheminée » …
Bon ! V. s’assure sur l’une des branches, ou sur le tronc et « va voir » un peu plus loin au-delà de l’arête, on ne sait jamais… Rien … Retour . « non c’est bien là » . Vu du relais la « cheminée » que d’aucun auront nommé gentiment « fissure » dans laquelle il faut « basculer » du tronc, me semble colossale .Un pas lui aussi colossal . à se faire péter l’entrejambe ..et en plus, une fois le pied sur le bord de la cheminée, un « léger dévers » qui te renvoie … dans le vide » …
« mets moi bien des tonnes de sangles pour sauter du « du pin au trou » !
« oui oui ne t’inquiète pas » ;
V Monte d’un cran de plus sur l’arbre, un autre , maintenant il va falloir quitter le tronc salvateur ! et trouver à poser un pied quelque part ! et puis surtout il va falloir se retourner pour que le sac soit du bon côté … je le vois s’écarteler , poser un pied , et s’apprêter à sauter pour choper une belle écaille , plus haut … je ne la vois pas d’où je suis « ah tu verras, ce n’est finalement pas difficile , même pas impressionnant » ! Puisqu’il le dit …
« tu sais il y a aussi un tronc là, à ma droite » , un peu rabougri certes, plus sec , mais pas de cheminée … j’ai bedrouillé sans conviction … Bon le topo a décrit une cheminée, c’est donc bien là … On ne m’avait pas dit que c’était une voie d’accrobranche , mais sans câble …
Je n’entends pas le « relais… » au bout d’une éternité pendant laquelle j’ai évité de regarder le tronc ! ( ça doit être méchant plus haut…) la corde noire se tend . C’est le signal … J’attends les 3 , 4 minutes conventionnelles, je hurle dans la paroi, vers le bord S qui tombe à pic dans la combe , donc qui devrait répercuter mon cri «j’y vais ai ai aiai » … mes oreilles n’entendent pas de réponses, mon cœur si !! ça y est , je suis tirée vers le haut (oh ! sublime pensée du moment, tirée vers le haut … ) C’est le moment, mais surtout celui de faire vite car s’il tire trop je vais rester pendue sans avoir atteint les dernières branches du pin .
Cette fois-ci je ne jette même pas un œil attendri sur le lac … je grimpe, je m’accroche au tronc, me poisse les doigts à la résine qui a été libérée par les frottements des mousquetons – saloperie- je me retourne , pose un pied en plein dans la dalle sous les fesses, je retiens mon souffle, je pose le pied droit loin, loin, contre la paroi opposée, miracle ça tient ! j’ai évité le grand écart de fou … Je me retourne complètement, mon sac évidemment me pousse vers le vide de la cheminée, je me baisse un peu ! le dévers passe au-dessus de mes épaules, j’avise l’écaille là-haut ! Crotte ! elle est trop loin . le petit appui salvateur sur lequel V avait réussi à mettre le premier pied ?? Il est là , je pose mon pied gauche délicatement sur les « carres » et remonte mon pied droit , j’ai gagné 20 centimètres ! je passe la sangle que j’avais préparée dans le mousqueton, on ne sait jamais , je pourrais ne pas avoir la force de me tracter sur l’ écaille …
Non , c’est bon ! je me hisse sans trop d’efforts , et je ne me sers même pas de la sangle … ouf !!! fière de moi … et même si là-haut « ça » tractait dur tous les centimètres !!! Je n’ai pas empoigné la corde ni aucune sangle …
« ouais en fait c’était impressionnant mais pas dur » …je frime en arrivant en haut …
Le piège
Le descriptif longueur par longueur manque sur cette partie du topo : avis aux amateurs... Signale le topo … Oui merci !
Là je commence à ruminer , et m’ imagine déjà de descendre en rappel , mais « on ne sait pas où il faut passer « et surtout on ne sait pas quelle longueur de corde il faut ; et , argument sans appel , « il y a trop de végétation »,ce qui est vrai « c’est un coup à rester planter sur un arbre et à devoir remonter etc etc … » c’est vrai aussi .Je ne souhaite pas me retrouver dans cette maudite voie de Chartreuse , par une canicule idiote, au bout du rouleau , subissant une déshydratation carabinée, à devoir remonter pour dégager la corde … Pourtant le topo de camp to camp indique que l’on peut faire un rappel …
Je ne discute même pas il faut sortir par le haut , point barre .
Sauf que j’en ai marre , que j’ai déjà bien bu pensant que ma réserve d’eau suffisait pour 4 ou 5 voies , une descente d’une demi-heure et après le lac , donc de l’eau … Je commence à rêver d’un plongeon dans l’émeraude .. Je vois en bas de touts petits points qui sautillent autour du lac … les veinards : qu’est ce que je fous ici dans un univers de pierre et de pins mugot ou autre, poisseux de résine, qui n’attendent qu’une chose : t’embrocher ! … d’ailleurs je m’embroche salement le genou gauche non protégé : dans une manœuvre pour défaire un assurage-pin bien calé vers la racine , je ne vois pas le moignon de branche au ras du sol . Sur le coup je hurle ! pas le temps de m’arrêter prendre une dose d’arnica ou mettre un peu de gaultérie salvateur , l’essence qui fait vomir V , qui le met carrément en transe , en rupture de tout contrôle, oubliant la plus simple, la plus élémentaire tolérance pour celui à qui ces quelques gouttes de potion magique vont procurer un soulagement immédiat … De toute façon je ne suis pas en position pour défaire mon sac … Je n’en aurais d’ailleurs plus le temps jusqu’au soir ! Je me contente de changer plus tard mon protège genou de genou !
Voilà que maintenant le soleil commence aussi à cogner car la face NW au sommet a en fait de vagues orientations plein W, … comme je l’avais délicatement souligné le matin en partant et je lis à postériori sur un topo :
« si on aime grimper au soleil on entreprendra l’escalade en fin de mâtinéee »
et BING !!! nous avons du commencer à grimper vers 11 heures …Je me prends le soleil à contre-jour en pleine poire au point de pas voir les ancrages et de me retrouver coincée deux fois au niveau du harnais avec le mousqueton non défait … ça , ça m’arrivait quand même de moins en moins …
Tel le cheval qui sent l’écurie , on ne s’arrête plus , nous poursuivons , tête baissée , 6ième , 7 ième longueur .. et pas des moindres ! du III ! sûrement pas partout . Une fois de plus , on ne sait plus dans quelle voie nous sommes ! un piton vieux , tordu, aperçu dans un dièdre servira d’appât et pour moi de piège … Cette fois je ne passe pas … et rien n’a été mis en haut pour me permettre de me tirer , de mettre une sangle ou mon adorable petit « escalier » offert par une copine ! Rien , je ne trouve rien pour me hisser ne serait ce que de quelques centimètres !!! pour comble de bonheur , deux jeunes anglais qui de temps en temps glapissaient derrière moi , signe que ce n’était quand même pas partout du gentil petit 4 des familles, arrivent au relais que je viens de quitter à 4 mètres en dessous et je m’exclame joyeuse : « ah très bien je vais vous laisser passer et si cela ne vous dérange pas vous pourrez peut être me mettre quelque chose » ! Làs … « no sorry , we stop here » « ah bon, vous descendez en rappel » « oui oui, parce que au-dessus ce n’est pas intéressant, c’est encore long et il commence à être tard » …
!
C’est le coup de massue . J’en pleurerai ! quand je pense qu'en s’ étant trompé de lecture de topo hier au soir , et m’ayant décrit une autre voie dans cette paroi de 7 longueurs avec « quelques passages seulement en 5b »j’avais rappelé qu’il était convenu que je ne voulais plus de voie longue et je m’étais entendu dire méchamment « bon , et bien je la ferai avec d’autres » … et c’est en m’attardant sur les topos que j’avais trouvé en fait, la vraie voie « d’autrefois » celle que l’on voulait faire avec ses 4 ou 5 longueurs et quelques-unes en 3 pour atteindre la vire etc etc …
Maintenant là, devant ce petits pas , hélas, Je prends conscience qu’il faut agir , non plus avec l’énergie de la joie , mais avec celle de la hargne .
Je me tire désespérément à la corde sans complexe, sans rechercher la moindre solution « élégante » . L’heure n’est pas à l’élégance, Je suis même prête à mettre mon tibloc sur une corde et à me hisser pour atteindre l’ancrage.Tout en réalisant qu’en tirant sur la corde, je m’éloigne dangeureusement de la paroi et que j’entends la voix du Maître me dire « mais dans ce cas il faut tirer sur les bras c’est tout, bras tendus le plus haut possible , sinon forcément tu bascules »
Oui, je bascule . Je parviens malgré tout à poser un pied quelque part et à me redresser . ouffa … Il ne faudrait pas que cela se reproduise toutes les minutes ,moi qui avais décidé de plus vouloir forcer … j’arrive un peu exténuée, il faut que je mange un peu . « on va bientôt arriver à la vire , là il ne faut plus que marcher maintenant » .
Non on me l’a déjà faite, je mange MAINTENANT . je n’y arrive d’ailleurs pas ; comme dab , la fatigue coupe la faim , mais au moins je prends mes doses de fructose et je bois « sur les réserves de V »
La halte « restaurant au sommet de la voie » se limite à 5 minutes assis sur un caillou sous un pin rabougri et en limitant l’eau qui pour moi est déjà presque terminée … j’annonce clairement : « il faudra obligatoirement passer au lac, on ne pourra pas remonter au niveau de la piste et redescendre ensuite sans eau » . « oui , oui » …
Je tiens à avertir que je me fous de l’heure … qui pourtant tourne comme le soleil, descendu déjà presque derrière l’immense barrière à droite , aux strates couchées,.. Impressionnant vu d’ici .
« je suis un peu désolé .. mais ce n’est quand même pas évident évident cet itinéraire … » , oui je pardonne, on peut avoir oublié après tant d’années , et il a lui aussi du courage de continuer avec entrain .
Encore un piège camouflé, dans ce qui est de toute évidence « la sortie » … « tu verras c’est une très belle sortie » belle dalle inclinée, truffée de cupules, de belles fissures, sauf que la partie juste avant ( à moins que je confonde avec une variante inattendue d’une autre longueur ) a été carrément «nulle » , roche effritée, blocs qui ne demandent qu’à tomber, friends qui me tombent sur les bras avant que j’arrive …
Oui mais ! ce n’est pas LA sortie !!! Il faudra encore rester encordés sur une dalle dont on doit prendre l’arête , qui donne sur le vide immense de la combe à droite (200 ou 300 Mètres ) … et pas grand-chose pour mettre les pieds, de l’adhérence c’est tout ; Tu parles à cette heure et dans la 9ième longueur peut être ( depuis un moment je ne compte plus ) , et un assurage sur un autre tronc salvateur qui oblige à monter trop haut , pour ensuite traverser plus bas … Bref je n’apprécie même plus le gaz en dessous … et je marche à pas comptés …
De plus je sens mon maître un peu tendu car la vire n’apparaît toujours pas , pourtant elle est forcément là ! sinon ce sont encore ces 100 mètres de paroi devant nous ?... NON IMPOSSIBLE .
Nous restons encordés, et soudain un chemin se dessine … étroit et qui file … vers le col que nous apercevons au fond … oui !!! c’est la vire …
Je n’ose pas compter combien nous avons fait de longueurs , avec la première demi, les fausses longueurs mais encordés, les morceaux de longueurs sans doute « hors voie » … Je marche comme un crabe, le long de la vire, puis de l’éboulis , au loin des êtres humains sortent du col et empruntent le sentier, l’espoir renaît ! . Nous tenons le bon bout . Nous y sommes ! Enfin … pas tout à fait
Le soleil disparaît de la combe de retour, ou plutôt du traquenard de retour , le lac sera déjà dans l’ombre … Je veux courir, me dépêcher … V aussi , mais je le vois très très prudent , qui descend pour une fois très lentement … le sentier est carrément craignos …
( le topo le mentionne en effet : Un sentier part au NW. Elle traverse sous un cirque rocheux (risques de chutes de pierres déclenchées par les animaux arpentant les vires) puis emprunte une croupe rocailleuse en rive gauche du couloir. Quelques pas de désescalade (I+) permettent de rejoindre le pierrier.)
Mais on n’a pas ce topo là avec nous !
Au bout de mes bâtons je m’appuie désespérément et mon épaule qui pourtant m’avait foutu une paix royale commence à me faire souffrir . Le sac est abominablement lourd .très gentiment V me prend la corde ça va mieux je garde mieux mon équilibre .Toute une portion de ce sentier pourtant fréquenté se fait sur le c.. .. rochers lisses, et glissade assurée à 50 mètres plus bas si tu te laisses aller . La géologie du lieu fait oublier un instant l’épreuve , elle révèle fabuleusement les mouvements tectoniques qui ont affecté les différentes couches géologiques et qui expliquent comme un livre ouvert , ce qui s’est passé entre et les plis couchés du hauterivien à la racine et lau-dessus les falaises de l’urgonien, orangées à cette heure , … le rouleau de l’anticlinal de l’Urgonien sommital du Bargy d’W en est , et dessous les plis couchés N S de l’hauterivien complètement décapés par le glacier de la combe … Je ne tente même pas une explication à V , qui pourtant s’interroge et me la demande : cela ne sera jamais assez pertinent et j’ai d’autres chiens à fouetter ;
Un petit chamois, à quelques mètres de nous , avec maman en dessous nous ignore complètement , mais il adoucit notre descente …
Il faut encore passer l’immense éboulis, heureusement de temps en temps on peut ‘ « faire du ski sur les talons » dans les cailloux , sans se tordre les pieds
« tu veux donc passer au lac ? »
J’insiste « IL FAUT QUE JE BOIVE , excuse moi mais moi je ne suis pas un chameau , et si nous ne trouvons rien nous irons boire l’eau du lac même si de toutes évidences elle est pleine de bouze de vaches »… C’est dit . V ne discute plus et … met le turbo tout en me faisant passer dans une sagne salement bouzeuse … pour couper !
Le miracle a lieu une fois encore, au niveau du petit chalet au bord du lac une fontaine !! … je me plonge le genou dedans, énervement de V parce que je ne trouve pas mes bouteilles vides, au fond du sac évidemment .
« pars si tu veux , moi je prends mon temps, je ne veux pas remonter au sommet , le sentier le long du télésiège a des marches trop hautes, mon genou etc … etc … » il y a comme de l’eau dans le gaz . Il sort la carte pour me montrer que c’est encore le plus court chemin que nous n’allons pas nous séparer et nous retrouver hypothétiquement sur la route quelque part à une heure de là …
« je ne veux pas moi arriver à la nuit » me dit_il . Tu parles il fait déjà presque nuit ! le soleil ne frappe plus la paroi , La paroi ne se mire plus dans le lac, la luminosité extraordinaire qui envahissait le vallon et donnait l’illusion d’une heure « normale » vient subitement de disparaître . Même pas eu le temps de prendre une photo de cette fabuleuse falaise . La lampe s’est éteinte . la vie semble s’être arrêtée. Dans un quart d’heure à pein , il fera nuit et la voiture est encore à presque une heure de descente …
J’envie des jeunes au bord du lac qui font un barbecue . Pourquoi ne prévoyons nous jamais de bivouaquer la veille ou le soir ? en prenant le temps de monter ou de descendre , même avec du matos en plus , si on va doucement ….
Je cède « bon ça va on reste ensemble , mais ne cours pas » …
Nous remontons le long des prés à vaches , qui ont façonné de faux sentiers … Il faut galérer encore … mais heureusement je suis gaillardie , ma soif étanchée … V s’empale le bras sur une basse branche dénudée de sapin il ne l’a pas vu … gentiment il l’a retient à mon passage .
25 minutes… nous sommes au sommet de la piste de ski … les vaches commencent à se planquer sous les arbres, mauvais signe, elles se cherchent un lit pour la nuit . Un couple prend des photos portrait de ces belles ! à cette heure alors que l’on ne voit presque plus . rigolo . Incidemment je demande l’heure ! 9h20 ! …. Je tombe des nues … V cherche le plus court chemin pour arriver à la voiture . le sentier le long du télésiège , évidemment … Non , décidément non je ne veux pas le faire , chaque pas sur la jambe gauche me fait mal, l’épée du moignon de pin plantée dans mon genou se fait sentir … j’ai pris une dose d’arnica , je vais descendre par la piste, ce sera plus long , mais au moins il n’y aura pas de grandes marches … Et de toute façon j’ai une lampe ! … Oui, j’ai toujours une petite lampe torche … « non une frontale » , je continue à parler de lampe torche , d’ailleurs la petitoute que j’ai en mains n’est pas une frontale … Pour cette fois on ne tergiverse pas .
« bon alors rendez vous à la voiture, on reste en contact téléphonique » …
La piste de cailloux blancs se voit très bien , il suffit de ne pas regarder à l’horizon le ciel encore clair …
Certes elle est longue et part complètement vers le S .il y aura bien un virage à un moment donné pour retourner au parking .Maintenant c’est de l’herbe et des buissons … Je ralentis, je ne distingue plus grand-chose, à peine la clairière devant , avec loin encore, un virage … je ne peux pas aller plus vite … Au bout d’une éternité, la piste tourne , je me rapproche de la forêt car il va falloir trouver le sentier qui mène au parking . J’allume de temps en temps ma loupiotte . Le téléphone … « tu en es où ? »
« je suis là en haut , ah attends je vois une lumière c’est toi ?? avec la voiture , ??? je fais glignoter ma lampe
« oui , ça y est je te vois , mais il faut vraiment que tu longes la forêt sinon tu vas t’enfoncer dans un creux » .
je fixe la lumière en bas, qui remonte un peu … Sympa il remonte le sentier … je rentre dans la forêt au pif et trouve le sentier tout de suite malgré la nuit noire sous les pins !! ça y est , plus que 10 ou 15 minutes et je suis en bas, le sentier est bon, pas de grosses marches,sans doute celui que nous n’avons pas trouvé ce matin …
J’arrive près de la voiture aux phares allumée ; nous sommes les seuls évidemment !!! « mais ce n’était pas toi là qui montais le sentier ??? » « non ! » « tu es resté à la voiture ??? « oui ! » « alors ce n’est pas toi que j’ai vu ? monter à ma rencontre »
Donc ce n’est pas lui qui répondait à mes appels ! et qui remontait le sentier , mais il avait vu ma lampe… Passons … baiser, caresse … « bravo ! tu l’as fait quand même… »
Là c’est le moment le plus doux de la journée , compliments, gentillesse .
L’essentiel maintenant c’est de trouver un bistrot ouvert de s’attabler devant la meilleure bière du monde ! Ce sera au bar de l’hôtel du coin qui évidemment n’a plus rien à manger , même pas un bout de pain .Pensez donc nous sommes en plein mois d’Août à peut être 10 heures du soir, on ne peut plus avoir le moindre bout de pain ou de sauc dans un hôtel de la vallée de l’Arve ; le bar est ouvert pour les ivrognes du coin ( d’ailleurs présents et complètement beurrés) , mais le barman ne saurait pas où trouver le frigo . Pauvre France .
Pas besoin, boire nous suffira , laisser pétiller la bière sur les lèvres , laisser couler , couler , couler … comme se sont écoulés les ans sur la pierre de la voie des copains … .
Et ben si les « copains de l’époque n’étaient pas des grimpeurs » ils étaient quand même costauds, car avec pas entraînés et qui ne faisant que de la rando, il lui a quand même fallu qu’ils s’accrochernt plus d’une fois ! Je mets sérieusement en doute le fait ‘ « qu’ils ne grimpaient pas » De simple randonneurs, même habitant la vallée de l’Arve , ne sont pas capables de faire cette voie sans au moins une petite technique et savoir se tirer au clou le cas échéant : On n’arrive pas là-dedans la « gueule enfarinée » même en ayant moins de 30 ans et en jouant au pagus !
« Très formateur pour ce qui est de la recherche d'itinéraire...
« tu parles !!! ça oui !!! même un vieux baroudeur doté d’une mémoire incroyable « dès que j’ai fait une voie je me rappelle de tous les passages, de tous les trous, les écailles … » s’est retrouvé un peu pommé dans cette voie …
Et maintenant ? , Il faudra essayer toute affaire cessante, de convaincre que le Bargy n’est pas plus loin que le S du Vercors (malgré les presque deux heures de route et l’heure et demi d’acheminement plus la bonne heure et demi de descente et l’autre heure et demi de route de retour !!!sans compter les 3 heures d’escalades si tu connais l’itinéraire ! ) Essayer donc d’emmener les copains d’aujourd’hui , pour faire l’autre voie, celle qui trop longue pour moi, n’était faisable qu’avec les autres copains …Ce jour là, moi , j’irai faire … du kayak !...
AU FAIT L A VOIE S APPELLE LA VOIE DES ANNECIENS ! pas des GENS D’EN DESSOUS . ; ceci explique cela !
JE LIS SUR LE TOPO Trouvé à postériorité ,
« temps total : 1h30 montée le long du télé jusqu’au pied de la voie, 3h30 d’escalade, 1 heure de descente = 6 heures !!!
En faisant la descente en rappel peut être ! pas à pied par la combe … en désescalade sur la moitié du parcours !!!
On se fout du monde sur ces topos !!
Mais ou lit aussi :
Belle voie en bon rocher. Une superbe voie d'initiation à ce genre de terrain, réservant de nombreux très jolis pas.
Je suis heureuse de l’avoir faite , un décor splendide, et malgré tout un premier de cordée attentionné , heureux de te faire revivre « sa vie d’autrefois » c’est bien là l’essentiel non ???