[MEDECINE] Le mal aigu des montagnes

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Catégories : technique
Type d'article : collaboratif (CC by-sa)

Le mal aigu des montagnes

Une affection fréquente que tout alpiniste rencontre au moins une fois dans sa vie, le plus souvent bénigne, mais qui peut aussi se compliquer en œdème pulmonaire (eau dans les alvéoles pulmonaires) et en œdème cérébral (hyperpression intra-crânienne à cause de l’œdème).

Facteurs de risques favorisant le développement du mal aigu des montagnes

  • hypertension artérielle
  • haute altitude et ascension rapide (devient significatif au-delà de 3500 m)
  • altitude à laquelle on dort
  • effort soutenu chez une personne non acclimatée qui réside d’ordinaire en basse altitude

Lutter contre les idées reçues :

  • même prévalence chez les hommes que chez les femmes
  • ne dépend pas de la forme physique ou de l’entraînement.
  • dépend principalement de l’ACCLIMATATION

Les SYMPTOMES typiques du mal aigu des montagnes

  • sensation de faiblesse
  • maux de tête
  • insomnies, souvent mises sur le compte du manque de confort du campement…
  • anorexie (= perte d’appétit et non pas amaigrissement), nausée, vomissements
  • vertiges, sensation de glisser même avec des crampons (je sais de quoi je parle)…
  • essoufflement anormal à l’effort (très subjectif, surtout que le stress joue beaucoup la dessus, si vous vous dites que vous êtes essoufflés, vous le serez forcément)
  • diminution du débit urinaire
    La forme bénigne classique du MAM ne présente pas de signes neurologiques : confusion, spasmes, vomissements en jet qui témoignent d’un œdème cérébral, complication grave et rare.

LES SIGNAUX D’ALARMES de complications graves du MAM

  • vomissements en jet, coma, confusion, mouvements anormalement saccadés : témoignent d’une hyperpression intra-crânienne
  • sensation de crépitements à la respiration, crachat mousseux et rosés, essoufflement très intense surtout en position couchée : témoignent d’un œdème aigu des poumons.
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Les symptômes qui n’y sont pas associés pouvant prêter à confusion
  • fièvre
  • douleurs musculaires
    Souvent ces symptômes sont tout simplement la conséquence d’une petite infection virale, à ne pas confondre avec un MAM.
Mais alors, à quoi sont dus ces symptômes ?

Comprendre simplement les mécanismes physiopathologiques : En altitude, la pression en oxygène de l’air diminue. Le corps s’en aperçoit grâce à des récepteurs à l’oxygène sanguin situé dans les artères carotides et provoque une adaptation : une hyperventilation, qui, à long terme, change le pH du sang le rendant plus basique, responsable des symptômes observés. Ce phénomène est le même que celui observé dans les crises de tétanies mais se fait progressivement sur 24 à 48h avant de rentrer dans l’ordre en restant à la même altitude.

Prévenir le mal aigu des montagnes :

1/ tout d’abord, surveiller l’apparition des signes, ne pas les ignorer sans non plus ne penser qu’à ça
2/ en cas d’apparition de signes, arrêter l’ascension pendant 1 à 3 jours pour s’acclimater.
3/ l’apport d’oxygène peut soulager efficacement le malade, surtout la nuit.
4/ éviter l’activité physique intense pendant la période d’acclimatation en altitude, l’exercice léger est conseillé.
5/ Les chambres hyperbares portables peuvent soulager les symptômes mais ne permettent pas une acclimatation, elles ne sont utilisées que pour les complications graves.

Note : les caissons hyperbares portables sont louables dans les hôpitaux normalement.

CONDUITE A TENIR DEVANT UNE COMPLICATION GRAVE DU MAL AIGU DES MONTAGNES

devant des signes neurologiques énoncés ci-dessus ou des signes d’œdème pulmonaire, il convient IMPERATIVEMENT de :
- faire descendre immédiatement le malade en plus basse altitude (au moins 1 000 m), ou si impossible, utilisez le caisson hyperbare portable
- si le caisson n’est pas disponible, utilisez de l’acetazolamide, médicament augmentant le débit urinaire et diminuant la sécrétion de liquide céphalo-rachidien, luttant donc contre la formation d’œdème. (Médicament sur ordonnance que vous pouvez demander à votre médecin avant de partir).
- le dexaméthasone est un corticostéroïde anti-inflammatoire également utile dans le traitement du MAM.
- faire descendre tout malade dont le traitement ne fonctionne pas où les signes ne régressent pas.

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Traitement des symptômes bénins du MAM

  • anti-émétique pour les nausées
  • ibuprofène pour les maux de tête.
  • AIDER ses coéquipiers, ça peut paraître con mais un grimpeur qui ressent des vertiges sur une ascension peut se blesser tout seul en tombant s'il n'est pas soutenu...

CHOSES A NE PAS FAIRE :

  • prendre de l’aspirine avant l’ascension : malheureusement, c’est quelque chose que l’on voit fréquemment, l’aspirine n’est pas un médicament anodin, c’est un antiagrégant plaquettaire qui empêche la coagulation, les conséquences pour un surdosage peuvent être dramatiques en cas d’hémorragie (un coup de piolet dans l’avant-bras ou n’importe quoi c’est vite arrivé). Sachant que le gros risque est l'hémorragie intra-crânienne sur un choc (chute de glace/ pierre etc...) facilité par la prise d'aspirine.
  • prendre de la réglisse et d’autres substances provoquant une augmentation de la pression artérielle.

Voilà, j'espère que cet article vous a plu, si vous avez des questions, je reste à votre disposition...

Cordialement
Psycho

Commentaires

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neric 10 years ago

pour la réglisse est ce que les rouleaux en bonbons peuvent faire l’affaire ? Ou ce n’est pas assez concentré ?
J’aime pas trop les autres formes disponibles de la réglisse et j’essayerais bien pour voir si ça marche !

Est ce que la déshydratation peut provoquer le MAM ? J’ai remarqué que si j’étais bien hydraté je n’étais pas malade.

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champikarotte 10 years ago

Il est bien précisé que manger de la réglisse fait partie des choses à ne PAS faire, car elle provoque une augmentation de la pression artérielle et donc des risques d’apparition de MAM.
Donc pas de réglisse, quelle que soit la forme :wink:

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neric 10 years ago

oups j’ai lu trop vite ! :rolleyes:

et concernant l’hydratation ? Comme il s’agit d’une modification du PH du sang est ce que boire beaucoup (d’eau) peut permettre de tamponner le PH du sang ?

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moladed 10 years ago

je pense être « sensible » à l’altitude sans toutefois pouvoir parler de MAM (céphalées très intenses, nausées, faiblesse…). J’ai découvert par hasard qu’une marque de soda

bien connue (emballage rouge avec lettres en blanc), en préventif ( le matin avant la course) et pendant la course diminuait très largement cette symptomatologie.

Suis je le seul à bénéficier de cette astuce? effet placebo? en tous cas, cela fonctionne