Histoire d’un clou !
Certes me direz vous, qu’est-ce donc que l’histoire d’un clou ? Et qui donc cela peut-il intéresser ?
Patience lecteur, patience...
Jusque là, donc tout allait bien.
Arrivé assez tôt somme toute au lac du Grand Fond, nous avons trouvé avec un indiscutable plaisir une sente confortable qui remonte ces abominables schistes noirs et mouvants,jusqu'au au pied de notre arête.
Sans perdre de temps, peut être parce-que l’envie du jouer les funambules sur un bout de caillou est revenue, nous nous équipons.
Diantre, nous voilà bardés de sangles, friends et autres cordes pour monter en haut de ces cent mètres de caillou.
Oui d’accord, mais il est beau ce rocher, ocre fauve, ouvragé à souhait, il laisse présager d’une grimpette amusante.
J’attaque donc, une dalle peu inclinée et lisse qui m’amène en une petite longueur sur l’arête proprement dite.
Une traversée pénible et hop ! sur les dents qui hérissent la parcours.
Il fait grand bleu, il fait très, trop chaud. Mais on est bien.
Corde tendue nous passons les clochetons, vires et arêtes, prenons le temps de prendre notre temps, photos avec la pause qui va bien...
Ben quoi ? Faut bien impressionner son monde, non ?
Bref, donc, jusque là tout allait bien.
L’arête sommitale est là, on voit les randonneurs se prélasser au sommet.
Il nous reste à passer ce ressaut, en fait le plus marqué du parcours.
-- Ça passe ou ?
-- Je vais voir sur l’autre face... C’est bon y a une vire... Et puis y a un ressaut avec une dalle, ça doit l’faire... t’assures ?... Parti....
Beau passage aérien sur une vire pile poil au dessus du lac, hum... J’adore.
-- Bon on la prend comment c’te dalle ?... Non le couloir passe pas... Oh regarde y a un clou... Ça doit être là !
Un randonneur, sympa certes mais curieux, nous observe quelques 10m plus haut sur son perchoir et nous indique qu’il y a de grosses bassines, et que ça monte bien.
-- Bon j’y vais... au clou, j’mets un kif, tu tiens ? Oh dit y a un pas ! pfff, bon j’essaie... c’ est bon, j’me cale et tu viens, j’pose pas de relais, ça passe mais faut faire gaffe, tu tires au clou au cas où.
-- Parti !...
Jérôme est au clou et s’engage dans la pas.
Il faut faire une grande enjambée sur une prise qui semble une bassine mais qui n’en n’est pas du tout une, et puis se lever sur un pied, tirer fort et se rétablir, tout ça les fesses dans le vide au dessus du lac avec une corde qui déporte. Tous ce qu’il aime.
Mais ça va. Au moment de se lever il trie sur le clou... qui docilement sort de son encrage.
Pourtant on lui avait rien demandé à celui-là. Il a quoi à vouloir se barrer ? Hein ?
Du coup Jérôme part en arrière pendule corde tendue et viens s’éclater contre la paroi du couloir quelques mètres à droite... Un beau saucisson qui pendouille au dessus du lac !
-- Jé ça va ? Hein dis ça va ?
-- Sec sec bordel...
-- Vas-y j’te tiens.
Soufflant, hoquetant Jé sors du couloir qu’il a remonté comme il a pu en ramonant, en s’accrochant à tout ce qu’il a trouvé et sort sur la vire,un grand sourie au lèvre tenant comme trophée cet abruti de clou à qui on n’avait vraiment rien demandé à part de rester ou il était !.
Plus de peur, ça c’est sur, que de mal.
Pour ma part je reste stupéfait d’avoir réussi à le retenir en assurage à l’épaule sans relais...
Fièrement accroché à une sangle de son sac, le clou redescend avec nous, cliquetant au gré de la marche sous les yeux interrogateurs des promeneur...
Bien fait pour lui, il n’a plus rien à faire là-haut cet abruti et traître de clou.
Ah au fait, comme Jé a déboutonné la dalle, il n’y a plus de point de protection dans ce pas, qui quand même est un peu expo !