Le Hibou
Le Hibou
Rencontre inédite, rencontre rêvée de longue date.
Cette belle journée en Chartreuse se déroule comme dans un rêve sur cette belle arête d’un magnifique calcaire blanc.
Il fait chaud, il fait beau, l’escalade s’enchaîne le plus naturellement possible, gestes de pur plaisir, on est bien.
Nous suivons le fil de rocher au gré des nos inspirations juste au-dessus de la canopée des arbres effeuillés par l’hiver qui n’arrive pas.
Autre façon d’observer à loisir les habitants à poils et à plumes de la profonde forêt cartusienne.
Et c’est amusant, ils ne semblent pas, pour les "à quatre pattes" avoir conscience que nous les observons d’en haut.
À loisir nous voyons passer Biches, Chevreuils, un sanglier occupé à labourer la forêt.
Au sortir de la forêt, une cordée venue de nulle part nous double.
Nous sommes en contrebas des rochers quand, à une vitesse fulgurante, une gros cailloux gris me frôle.
Instinctivement je gueule "PIERREEEEE !".
Mais curieusement je ne l’entends pas débarouler dans le raide couloir que nous longeons.
Tout à mon énervement je questionne les jeunes qui viennent de passer... Non ils n’ont rien fait partir.
Étrange !
Pourtant quand je l’ai vu partir ce gadin, il ne faisait pas comme d’habitude... La méchante pierre qui vous vise...
Celui-là bien que gros, est passé trop vite, il est passé sans bruit.
Il m’a frôlé dans un bruissement d’air, comme si c’était volontaire.
Et puis à bien y penser, il avait deux yeux ronds ce caillou, et puis comme une tête mélange de gris, jaune ou brun.
Une fraction de seconde, ça n’a pas duré plus, mais l’image s’est imprimée dans ma tête.
Un superbe Hibou, ou grand duc peut être, c’est allé trop vite.
Mais oui c’était lui, qui dans une savante trajectoire calculée au plus près des arbres touffus, s’est enfui dans les profondeurs du couloir sans autres bruits qu’un bruissement d’air.
Quelques instant plus tard, un faible "hou hou" quelque part dans la forêt. C’est peut être lui, je n’ai pas rêvé !