Trek dans l'Himalaya : l'amère expérience

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Catégories : expéditions
Type d'article : collaboratif (CC by-sa)

Pour cet été, ce sera l' Himalaya ! Des montagnes colossales, une nature sublime, des villages traditionnels disséminés sur l'abrupte des pentes, des gens accueillants et la cuture sherpa qui domine la vallée du Khumbu. Mon frère et moi sommes enchantés. Transporter ses godasses sur les montagnes himalayennes est une perspective que tout amoureux de montagne se doit d'embrasser une fois dans sa vie. Par-dessus le marché, les treks de la région de l'Everest passent pour offrir de vraies « bavantes » et cela n'est pas pour nous déplaire. Il est vrai que le mois d'août n'est pas la saison idéale pour explorer l'Himalaya. La fin de la saison des pluies rime avec ciel couvert et force grisaille. L'absence de perspective et de vue sur les sommets pourrait être une vraie catastrophe. Qu'à cela ne tienne, nous croyons à notre chance. Sur les forums, beaucoup rapportent avoir vu de belles choses en été ; pourquoi pas nous ? Sans compter que nous éviterons les hordes de trekkers qui envahissent les sentiers lors des mois d'affluence. La montagne rien que pour nous : le bonheur !

Les sacs à dos sont faits. Ils pèsent entre 11 et 12kgs. Un poids tout à fait raisonnable et que nous sommes habitués à tracter dans nos Alpes. Nous sommes fin prêts à partir. Le voyage depuis Genève se déroule bien. A notre arrivée, nous décidons de faire le trek du lac Gokyo, avec comme point de mire l'ascension du Gokyo Ri (5400 m), dans la région de l'Everest. Nous craignons de manquer de temps pour l'EBC, d'autant qu'avec la météo incertaine nombre de trekkers sont forcés de rester à Lukla pendant quelque temps avant de pouvoir redescendre vers Katmandou. Au bout de deux jours nous nous extirpons de la crasseuse et irrespirable Katmandou, direction l'aéroport de Lukla. L'avion bringuebale dans les airs et se pose sur un mouchoir de poche. Nous voici à Lukla. Les choses sérieuses peuvent commencer. Nous nous lançons sur les sentiers de pierre, pleins d'espoir et convaincus que toutes nos espérances seront satisfaites.

Et en fait d'espérances nous avons été gâtés ! Détaillons :

1/ Des paysages standards.

Qui n'a aucune expérience des randonnées en montagnes reviendra sûrement enchanté d'un trek dans l'Himalaya. Pour notre part, nous n'avons pas été spécialement éblouis. Il est vrai que les montagnes sont bien plus hautes que dans nos Alpes mais les dénivelés n'y sont pas plus importants. En effet, les treks commencent à des attitudes élevées (Lukla, 2900 m) et jusqu'à une altitude de 4000 m le trekker a plutôt l'impression d'évoluer à moyenne altitude dans les Alpes. En termes de sensation et de paysages, la forêt ce n'est pas la panacée ! Ça devient même très ennuyeux, surtout au fur et à mesure que les jours passent. Il est vrai qu'au-delà de 5000 m la vue commence à devenir un peu plus intéressante. Le panorama à 360° du haute du Gokyo Ri (5400 m) est pas mal - quatre des sommets de plus de 8000 m au lever du soleil, etc – cela donne un peu de signification au trek. Sans cette vue l'expérience aurait été totalement décevante. Dix jours de trek pour trente minutes d'extase, ça fait un peu juste au final.

2/ Des treks 100 % domestiqués.

Partis à la recherche d'aventures authentiques, nous n'avons trouvé qu'une usine à touristes : des centaines de lodges disséminées le long des routes pratiquent des prix scandaleux au niveau de l'alimentation et des besoins de premières nécessités. Pour garder un semblant d'hygiène il faut mettre la main au porte-monnaie, et généreusement ! Un plat de riz insipide accompagné d'œufs tout aussi insipides revient à environ 7 €, à 5000 m la bouteille d'eau peut coûter entre 3 et 5 €. C'est normal, nous dira-t-on : les marchandises sont acheminées à dos de porteurs depuis Lukla et Namche. Cela est vrai. Est-il pourtant normal de devoir payer le chargement de son portable (3 € pour 1h!) et de payer sa douche une fortune alors même qu'on est client de la lodge ? Sans compter qu'on est forcés de prendre petit-dej et dîner dans la lodge, sous peine de payer une lourde charge. La nuit en elle-même ne coûte rien (entre 1 € et 3 €), mais cela est une vaste arnaque. Il faudra compter environ 20 € de budget pour nuitée, petit dej, dîner, le tout dans des conditions d'hygiène et de services souvent déplorables. Si vous êtes en panne de slip et de chaussettes, vous devrez faire une machine payable à la pièce, sur le même modèle et tarif que des palaces européens (80cts la chaussette, 1,50 € le caleçon, ..). À ce tarif-là on a préféré garder nos slips sales, d'autant plus qu'il est très difficile de laver ses vêtements par soi-même. Il est vrai qu'on ne va pas dans l'Himalaya pour trouver son confort habituel mais la sensation de se faire enfumer en permanence est très désagréable et plus épuisante que le trek en lui-même.

3/ Un trek ou une randonnette ?

Une grosse partie du sentier (très linéaire!) que l'on suit est faite d'escaliers, de pavés inégaux, d'excréments de yaks et autres bêtes (y compris des humains dont le ventre est probablement tordu par la nourriture servie dans les lodges). Mais pour un randonneur un tant soit peu entraîné, le défi sportif est quasiment inexistant. L'acclimation est très progressive et s'il vrai qu'à 5000 m la respiration peut devenir plus difficile l'ascension se passe néanmoins sans encombre. Il est donc inutile de faire un trek dans l'Himalaya pour pousser son corps dans ses derniers retranchements.

4/ Des gens pas si accueillants.

Nous n'avons jamais eu l'impression d'être particulièrement bien accueillis. Au contraire, nous avons parfois eu l'impression de déranger. Cela s'explique probablement par le fait que nous avons fait le trek hors saison et que préparer une piaule et chauffer les fourneaux pour deux pauvres hères, c'est quand même la corvée ! Nous ne jetons pas la pierre à tout le monde bien sûr, nous avons rencontré quelques personnes charmantes. Mais globalement nous ne nous sommes pas sentis couverts d'amour comme les images des gentils enfants népalais souriants à côté des touristes niaisement ravis pouvaient le laisser supposer.

Sur ce, allez voir par vous-même. Et « Namaste » !

Commentaires

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MMDemont 9 years ago

Il en est du Népal et des treks comme des auberges espagnoles: on n’y trouve que ce qu’on y apporte.

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Yayo 9 years ago

Bonjour lgmontagne et bienvenue sur Camptocamp ! :slight_smile:

votre retour d’expérience est intéressant (bien qu’un peu naïf je crois), mais il va se perdre dans les articles Camptocamp.
A la place il vous faut simplement renseigner une « sortie » sur l’itinéraire de la voie normale du Gokyo Ri. Pour cela cliquer sur « Ajoutez votre sortie » en bas de la page en question (ou directement ici).

renseignez la date, les champs conditions/fréquentation/etc.
copier/coller votre texte dans la rubrique « commentaires personnels ».
cliquer sur « créer »

ainsi vous créerez votre première « sortie » et surtout permettrez aux futurs trekkers se renseignant sur Camptocamp de lire votre retour d’expérience.
Merci
Yayo

PS : C2C étant un site collaboratif, vous pouvez tout à fait compléter la description de l’itinéraire du GokyoRi.

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mick_heul 9 years ago

Je n’aurais pas pu mieux résumer ! J’y ajoute qu’en Inde également, pour la peine :slight_smile:

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Berny145690 9 years ago

En choisissant le trek le moins original qui soit, le lieu le plus rebattu par les touristes, et en plus en période de mousson, en tout cas pas à une époque où les beaux sommets ne sont pas dégagés et le ciel bleu lumineux, il n’est pas étonnant que l’expérience ne soit pas exceptionnelle !
Evidemment le trek du camp de base de l’Everest est très parcouru et c’est effectivement une usine à touristes avec les désagréments qui vont avec.
Mais il faudra m’expliquer pourquoi un randonneur aurait besoin de se faire laver son slip ou ses chaussettes, il n’y a pas d’eau dans l’Himalaya ? Pour le chargement des portables, les batteries solaires que l’on porte sur le sac existent, surtout que vous étiez deux !

Paysages « standards » cela ne veut rien dire, tu ne parles même pas du choc quand soudain tu vois l’Ama Dablam se dresser au-dessus de ta tête si haut que l’on a peine à y croire, normal, le sommet est plus de 4000 m au-dessus de Namche.

Je te cite : « Des treks 100 % domestiqués. » : tu n’as pas fait DES treks, mais un seul et le plus domestiqué avec le Tour des Annapurnas.
« Partis à la recherche d’aventures authentiques, nous n’avons trouvé qu’une usine à touristes » : il aurait fallu prendre un endroit plus sauvage tout simplement, et dans ces endroits là pas de lodges, ni de laveurs de slips !
Quant aux douches il y a nombre de refuges en Europe qui n’en ont pas et d’autres où celles-ci est payante également, cela me parait donc légitime que dans ces zones reculées il en soit de même. Mais il y a souvent un torrent où l’on peut se laver non ?

« Un trek ou une randonnette ? » : un trek n’est pas nécessairement un défi sportif, que ce soit en France ou à l’étranger. Avec la grande quantité de lodges sur ce parcours on doit pouvoir le découper comme on l’entend et faire des grosses étapes si on le veut.

En tout cas c’est sûr que l’on ne va pas sur le trek du Camp de base de l’Everest pour y trouver le calme et l’isolement et être tout seul sur les chemins, pour cela tu as l’Oisans hors saison mais on y va pour profiter des vues permanentes sur les grands sommets et rencontrer une population qui sait être charmante pour peu que l’on ne les considère pas comme des larbins bon marché. Mais je me demande si en été les sommets ne sont pas tout simplement dans les nuages la plupart du temps !

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JeromeG 8 years ago

C’est un peu dommage de rédiger cet article sans prendre un peu plus de recul, car en effet vous tombez dans presque tous les clichés et les conditions que vous avez choisies/subies n’étaient pas vraiment des plus favorables pour faire le trek de votre vie. Je ne suis jamais allé au Népal, mais en août j’aurais choisi Dolpo ou Mustang.
A cette même période de l’année allez plutôt par exemple au Pérou ou Bolivie, évitez le trek le plus couru de la Cordillère Blanche (il y en a beaucoup d’autres !), prenez un muletier pour porter bouffe et tente, et là vous pourrez ouvrir les yeux en grand !!!