Grand beau.
Températures de saison.
Pas de vent.

Après les températures incroyablement élevées du mois de février et la fonte prématurée qu'elles ont engendré, l'Oisans a du composer avec une météo instable n'apportant pourtant que très peu de précipitations. L'enneigement dans les Ecrins est donc particulièrement faible en ce début de printemps.

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Pas de portage pour l'instant, juste un court déchaussage au niveau du ravin de la Ruinette. Mais vu les faibles quantités de neige, ça ne va pas durer longtemps. Les conditions sont printanières avec un manteau totalement humidifié (grains ronds) et un regel nocturne optimal.

Le Vallon du Chardon (rive gauche jusqu'à 2200m)

Son fond est correctement enneigé, alors que les pentes raides d'altitude qui l'entourent ont vraiment mauvaise mine (Chéret, Says, Vaccivier, etc...). La neige est humidifiée sur 20cm en surface - d'où une croûte de regel bien dure - mais en profondeur ça reste encore froid et sec. Après réchauffement diurne, la skiabilité se révèle excellente (et ce à toutes heures).

Les Côtes du Rival et les pentes rocheuses en amont

C'est la déception du jour. Ce réseau de petits couloirs qui tire généralement si bien son épingle du jeu lors de printemps secs (comme 2011 et 2015) apparaît déjà en piètre état (nombreux rochers, ressauts de glace). La neige - humidifiée, sale, irrégulière - s'y fait rare et deux sections doivent déjà se négocier en crampons / piolets à la descente.
Aujourd'hui, la goulotte permettant l'accès à la face SE suspendue de l'Encoula peut être contournée skis aux pieds par une minuscule bande de névé sur sa gauche.
Bonne skiabilité de l'ensemble toutefois malgré ces interruptions malvenues.

Le couloir E de la brèche 3410 / Bastion oriental de la Cime de Clot Châtel

Il est bien rempli et intégralement skiable.
Un manteau neigeux froid, sec et le plus souvent sans cohésion, comporte une croûte de regel en surface (portante à ski, pas à pied). Cela présente tous les inconvénients possibles, d'autant que le soleil et la fraîcheur du jour ne suffisent pas à la faire disparaître : montée exténuante avec enfoncement systématique jusqu'aux genoux + descente délicate avec des carres qui accrochent parfois mal sur cette surface dure...
Seul le final présente une neige bien décaillée, très agréable à skier. Pour le reste, c'est moyen...

—> Aucune activité avalancheuse n'a été observée pendant cette sortie. Le risque dans les Ecrins est annoncé à 1/5 (faible) au dessous de 2400m, et à 2/5 (limité) au dessus.

De 7h40 à 16h00 (horaire global).
Montée (laborieuse) en 5h20.

La route est encore officiellement fermée (ouverture prévue le week-end prochain).

Cet itinéraire me trotte dans la tête depuis 2011, date à laquelle je l'ai aperçu du Pic Nord du Says. Mais son importante exposition supposée a toujours eu tendance à refroidir mes ardeurs ; la moindre petite plaque dans ce réseau de barres pouvant offrir un aller simple pour le Paradis des Skieurs...
La nivologie actuellement bien stable et le faible enneigement associé, m'incitent toutefois à tenter le coup ce matin. Avec succès et une certaine euphorie a posteriori !
Un seul bémol : j'avais l'espoir qu'un couloir dérobé aux regards (ou une vire dont l'Oisans a le secret) me permettent opportunément de rejoindre la Cime de Clot Châtel... mais non, pas de cerise sur le gâteau. Tout est essentiellement rocheux et vertical aux environs de la brèche 3410m, alors il faut stopper là.
Sacrée ambiance en tout cas dans ces hauts-lieux : de la "Grande Sauvagerie" (terminologie empruntée à un certain RFG) ! On se sentirait presque une âme de chamois, à louvoyer allègrement par ce cheminement tortueux. Malheureusement cela est bref... car même si l'affaire n'est jamais vraiment raide elle reste quand même salement exposé pour un petit bipède esseulé !