Grande Aiguille Rousse : Face SSunday 2 March 2008
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Weather
Grand beau avec un vent violent (80 à 100 km/h) de N-O.
Conditions
Neige de printemps avec un bon regel nocturne sur l'ensemble de
l'itinéraire, recouverte d'accumulations de neige fraîche (de la
veille) dans les combes. Accumulations pouvant atteindre plusieurs
dizaines de centimètres.
Le choix du couloir pour accéder aux pentes terminales s'est faite car
il était abrité du vent de N-O violent, qui soufflait alors, et donc
relativement peu comblé de neige fraîche accumulée et plaquée.
Par contre j'ai voulu monter directement dans les pentes sous le
sommet sans passer par le col et la crête qui fumaient sous l'effet du
vent violent. Erreur ! Je traçais dans une couche de neige accumulée
par le vent sur une pente d'environ 30 degrés, qui se redressait de
quelques degrés au-dessus de moi. À la troisième conversion, un
"wouff" caractéritique me tétanisa sur place. Rien ne
bougea. J'incurvais alors ma trace vers les rochers affleurant sous le
col. Une cassure a zébré la couche de neige devant mes skis. La pente
n'était pas suffisante pour que la plaque glisse. Ouf ! Nous avons
donc rejoint le col à pieds, au milieu des rochers et de la neige
ancienne transformée. La neige transportée par le vent sur la crête
venait se déposer exactement là où j'avais commencé à tracer...
Timing
Départ de Bonneval : 6h40, sommet à 12h55, départ du sommet 13h04,
arrivée à Bonneval à 15h00.
Access_comment
Course complètement accessible en transports en commun : le bus
[url=http://www.cg73.fr/index.php?id=447]TransSavoie[/url] dessert
Bonneval à partir de la gare SNCF de Modane.
Pour les parisiens : un train de nuit dessert Modane.
Commentaires personnels
Partis de Paris en train-couchette, nous sommes arrivés à Modane
samedi vers 6h40. Après une petite balade touristique dans le car qui
nous amenait à Bonneval, nous sommes allés titiller le mauvais temps
du côté de la Pointe Sud de Bézin.
Samedi soir, logement à Bonneval dans une chambre d'hôte sympathique,
nous étions plutôt content d'avoir opté pour cette solution plutôt
qu'à celle de bivouaquer sous la tente : un vent à décorner les boeufs
soufflait dehors.
Dimanche, réveil à 5h30. Le vent s'est calmé. Le petit-déjeuner nous
attend. Nous partons sur la piste de ski de fond vers le petit village
de l'Écot. On trace. C'est relativement plat, mes pieds s'échauffent
douloureusement. L'Ecot, un petit village perché sur la rive droite de
l'Arc, tout de pierres vêtu. Nous quittons les pistes de ski pour
emprunter une trace de raquette. La neige est dure, le regel nocturne
a bien fonctionné. Il fait beau. Dans le fond de la vallée tout est
calme. Mais on sent que ce n'est qu'une question d'altitude : les
sommets alentours fument sous les assauts des bourrasques. À droite le
Mont Séti qui me fait
penser à un vaisseau spatial sur le point de décoller, se détache sur
les volutes matutinales.
En arrivant vers les maisons du hameau de Turlière, nous apercevons le
sommet de la Grande Aiguille Rousse, droit devant nous. Superbe et
majestueux, tel un prince sur son trône. Le topo stipule de poursuivre
sur le plat avant d'embrayer sur la montée. Un coup d'oeil sur la
carte me montre que l'on peut éviter ça. Des traces anciennes nous
confirme que la diagonale est bonne. Nous contournons un petit
ruisseau qui a creusé un véritable canyon au fil du temps. Plus haut,
sur un replat, la traversée se fait sans problème. Cap sur le
sommet. De vallonnement en vallonements, nous nous hissons sur
l'échelle des altitudes. Le vent commence à se faire sentir. Ici et
là, des combes comblées de neige fraîche, déposée là par l'impétuosité
d'Éole. Je tâche d'éviter ce genre d'accumulations, plaques
traitresse en suspension, dans les pentes un peu raides.
Une barre rocheuse dresse un dernier obstacle pour atteindre les
pentes sommitales. De nombreux couloirs la sillonnent, mais raides et
gorgés de neige ventée, ils ne m'inspirent pas. Nous finissons par
dénicher le bon chemin, l'intuition fut bonne : au pied de l'arête
sud-est qui descend du sommet, un superbe couloir encaissé, en forme
de banane est à l'abri du vent. Peu de neige fraîche s'y est
faufilée. Rapidement, il devient trop étroit et accessoirement trop
raide pour aller de conversion en conversion efficacement. Nous
mettons les skis sur le sac et poursuivons à pieds, le piolet à la
main : sous une couche meuble, la neige est dure, gelée, glacée. Au
sommet du couloir, des bourrasques nous accueillent. Nous
rechaussons.
Le petit col entre les deux Aiguilles Rousses, la Petite et la Grande,
est juste là. L'itinéraire du topo passe par là. Mais les pentes, à
droite, qui mènent directement au sommet ne sont pas si
raide. Pourquoi passer par cette crête qui de surcroît se trouve
exposée en plein vent ? Je décide de grimper directement vers notre
objectif. Je trace dans la neige meuble, congère déposée là
récemment. Ce n'était pas raide. À peine 30 degrés. Heureusement. Au
troisième virage, un « wouff » me glace le sang. Je reste pétrifié deux
secondes. Ouf, ça a tenu, ce n'est pas parti. Bon, on va changer de
tactique, hein ! Après tout, la crête est en plein vent, mais ça ne
doit pas être si dramatique ! Je rejoins une zone de neige ancienne
parsemée de rochers, sous le col. Je marche sur des oeufs. Devant mes
skis, une fissure s'ouvre dans le manteau neigeux. La plaque ne bouge
pas. Je mesure l'inclinaison de la pente. Trente degrés. Anne-Soisig
qui était un peu plus bas, incurve sa trajectoire pour rejoindre elle
aussi cet îlot de sécurité. Nous poursuivons à pieds. Le passage de la
corniche est impressionnant : à peine mes oreilles dépassent-elles que
j'ai l'impression d'émerger dans une puissante soufflerie. Air froid
qui plus est.
La crête est sèche. Le vent dans le dos, nous gagnons le sommet
arc-boutés sur nos bâtons. Sommet marqué d'une petite croix qui se
trouve être relativement abrité du pilonnage éolien. Nous ne nous
attardons pas. Pour redescendre, nous revenons à pieds au col. Cette
fois, le vent dans le nez. Enfin sur la narine, plus exactement. La
droite. Je ne sens plus ma narine droite. J'allonge le pas. Je plonge
littéralement derrière la corniche. Le calme revient. Impression
d'être passé dans une machine à laver. Anne-Soisig me rejoint
bientôt. Là, nous chaussons. La neige est bonne, nous arrivons
rapidement en haut du couloir.
Superbe descente dans une neige excellente, même si Anne-Soisig ne
s'en rendra pas compte pour cause de technique alternative... En bas
du couloir, nous poursuivons, de platitudes en vallonements. Au niveau
des chalets du Montet nous nous posons sur un rocher pour casser la
croûte. Le dernier car pour Modane part de Bonneval à 17h00. Nous
sommes largement dans les temps.
Nous rejoignons les pistes de fond après une petite traversée dans une
neige trempée qui ne portait plus. La descente sur les pistes est
rapide et bientôt nous arrivons à Bonneval... Nous avons même le temps
d'aller boire un coup !
Cette sortie est réalisée dans le cadre du concours
[url=http://www.mountainwilderness.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=2305]changer d'approche[/url].
Nous avons pu laisser du matériel (vêtements de rechange, baskets...)
au gîte ou nous avons passé la nuit (Les Rhodos, tel: 04 79 05 04 62,
accueil très sympathique, 25 euros la nuit plus petit-déj, 15 euros le
repas du soir, copieux).