Obiou : Face NW (parcours hivernal)7 - Feb 8, 2022
TODO box images
TODO box map
Route_description
Jour 1 : Nous laissons la voiture 200m sous le col de la Samblue pour monter aux yeux de l'Obiou afin d'y bivouaquer.
Jour 2 : Descente des cordes fixes des yeux - abandon du matos de bivouac au petit endroit - face nord en suivant le topo - descente par les chatières puis voie normale - remontée au petit endroit pour récupérer le matos de bivouac et retour voiture.
Weather
Grand temps, beau bleu et à peine de vent
Conditions
La face était très sèche, toute la première traversée s'effectue dans une neige sans consistance ou presque et de nombreux pas de mixte ponctuent de manière régulière cette avancée vers la droite. Après quelques pas de mixte-dry, jamais très dur mais impressionnant, nous prenons pied sur la double vire, elle aussi peu enneigée et en mauvaise neige lorsqu'elle l'est. En revanche à partir d'ici, autrement dit à la naissance des difficultés, la neige devient bonne et nous arrivons à faire de bons ancrages de pioches. La longueur en traversée vers la gauche et celle qui la suit sont complétement sèches. Et pour finir la sortie est peu enneigée ce qui nous permet de franchir la corniche sommitale sans s'en apercevoir ou presque. C'est ce pourquoi nous avons mis "bonne condition", les difficultés n'étaient pas si difficile.
Pour l'équipement, un seul piton rencontré dans la voie, à L3, la traversée, mais l'on pouvait bien protéger à chaque fois que la falaise se dressait.
Timing
Jour 1 : départ de la voiture à 18h
Voiture-bivouac : 3h10
Jour 2 : Départ du bivouac à 9h10/arrivée voiture à 18h45
Bivouac-sommet : 5h
Sommet-voiture : 4h30 (en comptant la remontée au petit endroit pour récupérer le bivouac)
Commentaires personnels
Nous avons fait le choix, ici, de ne pas trop développer, longueur par longueur, la voie, les cotations etc. pour nous concentrer sur l'à côté, sur ce qui n'est pas dans la vidéo, qui elle, aborde les difficultés, se rapprochant de l'idée que nous nous faisons d'un topo vidéo. Aussi avant de parcourir ces quelques lignes je vous encourage vivement à regarder notre vidéo.
L'idée de parcourir cette belle face Nord Ouest en hivernale trainait dans nos têtes depuis quelques temps déjà. Et le faire en dormant aux yeux pour se couper l'approche et passer du temps loin de tout nous motivait encore plus. Alors ce 7 et 8 février 2022, grand beau et sans vent, se sont révélés être de fidèles alliés dans notre quête de face nord.
7 février 2022 - Les visiteurs du soir : Il est 18h00, le jour commence franchement à se laisser mourir, on est sous le col de la Samblue et la voiture nous demande de sortir pour continuer à pied, on s'exécute. On part avec le mal au crane, le nez qui coule, des courbatures et un peu de fièvre, de plus on vient d'apprendre dans la journée que le pote avec qui on a passé 3 jours, la semaine précédente, est positif au covid. On a pas fait Paces mais on a assez vite compris ce qu'on avait. On prend donc des précautions, on mangera chacun avec notre fourchette respective, on s'encordera le moins possible, histoire que le virus ne se balade pas entre nous durant toute la voie et surtout pas de bise au sommet. On est d'accord là dessus, on décide donc de se mettre en route.
Après 3h de combat dans de la neige profonde on arrive enfin à ces putains d'yeux de l'Obiou. N'ayant pas trouvé le sauna on a choisi de directement passer à table et déçu du menu on a vite rejoint nos duvets afin de gigoter allongés en attendant que le soleil se lève (dormir diront certains).
8 février - Le jour se lève : Il est 7h du matin, nos yeux s'ouvrent en même temps que ceux de l'Obiou s'éclairent. De notre perchoir le monde change (de couleur) de minute en minute. Ce doux spectacle combiné à l'agréable d'une communion homme-soleil, entrevue toute la nuit, nous pousse à rester dans le confort de notre bivouac. Ce réveil c'était le pied aux yeux, tout en ne nous coutant pas un bras même si on s'est pelé les couilles...
Mais comme on est pas monté là haut pour faire un bilan ophtalmologique à l'Obiou on décide tout de même de partir du bivouac vers 9h10. La face est sèche comme nous l'attendions, et le peu de neige qu'il y a n'est pas extraordinaire. Tout les 3 mètres celui qui trace se retourne, regarde l'autre dans le blanc des yeux, et fait des pieds et des mains pour échanger de place. Ok, on arrête les blagues avec les yeux . On arrive finalement à se tirer jusqu'au début des difficultés sans trop de mal, ni de corde.
Maintenant la face se raidit, il va falloir s'employer un peu plus. On décide de sortir la corde, faisant une première entorse à nos gestes barrières prédéfinis. On alterne les longueurs en échangeant de premier, et sans vraiment de difficultés que ce soit de grimpe, de protection ou d'itinéraire nous sommes finalement au sommet de l'Obiou, et de fait, du Dévoluy !
Dans l'euphorie on décide de se faire une bise, violant une fois de plus notre code d'honneur de samouraï sanitaire.
Putain mais c'est trop beau là haut ! Et cette face, est elle géniale ! Et la voie, si facile ! Au cœur pourtant, de cet enchâssement, vertical et bien plus encore, d'un calcaire pour le moins douteux. Ouah on a de belles choses à la maison quand même !
On décide malgré nous de quitter le crane plus que partiellement dégarni de notre grande tête de l'Obiou. La descente n'est pas aisée, nous l'avons lu dans les précédents CR, de plus la voie normale est paumatoire, on prend donc la variante des chatières, plus directe. Après un rappel et un peu de spéléo nous sommes au col de l'Obiou, tout deux fascinés de la différence de cette voie en hiver. Malgré nos nombreux parcours estivaux, nous avons eu du mal à nous repérer tant le remplissage de celle-ci en modifiait l'apparence.
On s'engage donc dans la descente du col, les strates dépourvues de neige mais clafies de fins galets ne rendent pas la descente en crampons des plus agréables et rapides. Nous finissons tout de même par arriver au bas de cette pente mais également en bas de la montée du petit endroit, passage obligatoire pour récupérer notre matériel de bivouac, dont nous nous sommes délestés le matin même. La montée casse les pattes, mais on ne regrette pas cette option, ç'aurait été pire de grimper avec tout le matos.
Vers 18h45 nous atteignons enfin la voiture, elle nous avait attendu, nous la remercions pour cela. L'instant orgasmique de poser le sac venait d'arriver, il ne fût pas plus retardé que ça. On peut maintenant mettre les voiles et rentrer pioncer dans nos chaumières. Nous n'avions plus qu'à aller rêver de chaud, de doux, de confort tout en sachant très bien que notre plus grand fantasme serait d'y retourner...
Commentaires

Belle aventure !
Chouette idée ce bivouac dans la grotte, et vidéo très sympa !
Merci pour ton retour Thierry !

super les nouilles périmées hallucinogènes !
Bonsoir les Gavots,
Vraiment super bien faite votre vidéo : pleine d’humour, de belles musiques, et surtout sur un fond montagnard de grande classe ! Ce n’est pas tout le monde qui va faire l’Obiou NO en hiver, et qui le réussi aussi bien que vous venez de le réussir. Chapeau !
Quand les bonnes conditions sont là, cela fait une sortie qui est sublime : merci de pouvoir nous la faire partager avec ce film. Les panoramas sont vraiment magnifiques.
Et puis je ne vais pas oublier l’introduction « paysane » à votre balade. Quelle créativité ! Avec le tracteur, vous auriez pu monter plus haut qu’avec la voiture, sur la piste du col des Faysses…
J’oubliais une autre remarque : le texte est lui aussi une belle réussite. J’ai adoré !
Plein de subtilités et de bons mots. Vraiment, vous devriez vous lancer dans des films plus longs encore.
En attendant, que pourriez-vous nous proposer d’autre à aller faire dans le Dévoluy…???
Merci beaucoup François ! Votre message nous pousse vraiment à nous creuser la tête pour sortir une vidéo encore mieux réalisée rapidement. Nous sommes également fier que notre vidéo d’introduction vous plaise. Quant à faire des films plus longs, nous n’y manquerons pas si nous avons assez de matière ce qui devrait se profiler avec l’été qui arrive.
Ah dans le Dévoluy il y a tout à faire ! Si vous aimez grimper il y a les Gicons, avec couenne et grande voie, avec trad et escalade sportive, la voie Desmaison à Bure évidemment. En alpinisme facile (Dévoluisme dira-t-on) il y nombre d’arête intéressante comme celle de Truziaud en passant par le pic ponsin, ou la traversée des Garnesier. Et puis si vous aimez le trail ou la randonnée vous pouvez aller parcourir les nombreux sommets, déjà haut pour certain, par leur sentiers les plus aisés. Le pic de Bure, le Grand Ferrand et L’Obiou même, pour lequel il faudra cependant, attendre un peu. Peut être que nous nous croiserons là haut !