Aiguille d'Argentière : Traversée Couloir en Y >> Glacier du MilieuSunday 31 May 2009
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Weather
Nappes de brouillard avec quelques flocons le matin lors de l'approche, puis grand beau. Vue phénoménale depuis le sommet ! Bourgeonnements de cumulus dans les lointains.
Conditions
[b]Montée au refuge[/b] (fermé) : on chausse les skis vers 2150 m. Le glacier d'Argentière passe encore bien en rive gauche, sous les échelles, mais ça fond très vite. De grandes parties du replat sous le refuge à 2500 m sont déjà en glace. La remontée au refuge est sèche.
[b]Montée dans le couloir en Y[/b] : la rimaye passe très bien. Le ressaut rocheux est en glace pourrie (brochage aléatoire, mais taillage de marche facilité), il nous a fallu une petite heure pour en venir à bout (avec un seul piolet, et peu d'expérience de glace !). Sinon, couloir en neige dure bien dure, conditions idéales pour cramponner. En revanche, pour une descente à skis, conditions pas terribles, avec une belle goulotte au milieu. Nous sommes passés par la branche de gauche.
[b]Descente sur le glacier du Milieu[/b] : neige très dure jusqu'à la rimaye (qui passe très bien). Boulettes dures à partir du haut du rétrécissement. Sous la rimaye, fantastique moquette. Le bas du glacier est assez déneigé, pierres apparentes, on déchausse vers 2700 m. Névés discontinus en-dessous.
Timing
Départ du refuge 4h. Sommet vers 10h00.
Access_comment
Téléphérique des Grands Montets fermé.
Accès en transports en communs très facile, à partir de la gare de St Gervais, par le train du Mont Blanc : voir [url=http://www.chamonix.com/page.php?page=55&r=horaires_transports&ling=fr]horaires ici[/url]. S'arrêter à la gare d'Argentière.
Depuis Paris, un train de nuit arrive à la gare de St Gervais (arrivée 9h11 ; départ 20h50) ; dommage que les prix pratiqués par la SNCF soient prohibitifs (environ 140 euros l'aller-retour en couchette), ça fait cher le week-end, et ça limite les dépenses sur place ! La pub pour ce train à (partir de) 35 euros, ben pas vu passé. Pourtant nous avions pris nos billets plus d'un mois à l'avance (autant de planification, c'est exceptionnel !)
Hut_comment
Fermé, en travaux. Refuge d'hiver inaccessible.
Commentaires personnels
Guillaume
Arrivée par le train de nuit de Paris samedi à 9h11 à St Gervais. Petit train rouge jusqu'à Argentière, ensuite. Il pleuvait. Temps gris, maussade, pluvieux. Humide. On y va, on y va pas ? La dame de la gare d'Argentière accepte de nous garder un petit sac d'affaires pendant notre balade. Nous partons entre deux averses. Sacs énooooormes, avec tout le matériel de bivouac, car le refuge est fermé pour travaux, ainsi que le refuge d'hiver. Mais pas de tente, la météo prévoyait globalement du beau temps (à part quelques averses localisées)...
Montée éprouvante par les pistes de skis. Puis plus sympa sur le sentier qui mène au refuge de Lognan. Nous croisons deux alpinistes qui partent sur la voie des Suisses aux Courtes. 200 m au-dessus du refuge, nous chaussons les skis. Pour déchausser un peu plus haut le temps de franchir la moraine et de prendre ski sur le glacier. Deux skieurs nous précèdent.
Nous sommes plus ou moins dans le brouillard, la visibilité est très réduite. Nous suivons le bord du glacier. La partie crevassée sous les échelles passe relativement bien, mais nous avons buté sur un champ de crevasses, que nous avons contourné par la gauche, encordés et en crampons. En descendant, nous avons pu voir qu'en fait ça passait très bien très à droite, en longeant le rocher.
Sur le replat, nous rejoignons nos prédécesseurs, un couple de suisses qui montent leur camp au milieu du glacier. Ils partent pour le couloir Couturier à la Vertes.
Nous décidons de tenter notre chance au refuge en travaux, où il y aura sûrement une place plus à l'abri que sur le glacier. Il faut déchausser pour y accéder. Effectivement, nous trouverons notre bonheur sur la petite terrasse que surplombe le toit, avec vue sur les faces nord en face !
Le temps finira par se mettre au beau pour la nuit, avec un superbe coucher de soleil !
Réveil 3h dimanche matin. En face, deux petites lumières se dirigent doucement vers la base du Couturier. Nous partons à 4h, les skis sur le sac, mais les sacs tellement plus légers que la veille ! Sauf que la neige est bien loin, nous devons porter sur environ 300 m avant de pouvoir chausser les skis. Des volutes de brouillard, et même quelques flocons nous tournicotent autour. Le moral n'est pas au beau fixe. Le jour se lève quand nous arrivons au pied du couloir. Si la rimaye semble bien bouchée, en revanche, le ressaut rocheux pour accéder au couloir lui-même semble délicat. Nous allons voir, alors que les alternatives possibles s'alignent dans ma tête. Nous remontons en crampons le cône d'avalanches. Et le ressaut est en glace, et raide. Enfin raide pour moi, qui n'ai qu'un piolet, et peu l'habitude de ce genre d'accrobaties. Mais maintenant que nous sommes là, autant tenter le coup ! J'essaye de poser une broche, mais sous une fine pellicule, c'est tout pourrie : ça ne tient pas. Bon. Ben du coup, je taille des marches, et puis voilà. Anne-Soisig parvient quand même à installer une relais. Et puis petit à petit, marche après marche, le premier ressaut passe, puis le deuxième.
Dans le couloir, la neige est bien dure, ça cramponne bien sans s'enfoncer. Nous montons efficacement, si ce n'est qu'au bout d'un moment, ça crève cette histoire !
Nous passons par la branche de gauche, et arrivons en vue de la crête : qu'est-ce que ce fut long de l'atteindre ! Mais quel bonheur d'y arriver !
Le soleil était là, il a commencé à illuminer le haut du couloir vers 8h. Nous soufflons un peu avant d'aller voir le sommet. On peut enfin se décharger les épaules du sac à dos, fouiller dedans pour y trouver une barre, mettre une paire de lunettes...
Fantastique vu depuis le sommet.
Au col de l'autre côté, une autre cordée, montée par le glacier du Milieu. Nous rejoignons ce petit col à pieds. Anne-Soisig commence à descendre en crampons, la pente est un peu raide, et la neige bien dure. Je la suis en skis. Après quelques virages sur une belle moquette bien rase, ça se corse, la surface devenant chaotique, pleine de boules de neige dure. Mais ça passe assez bien finalement. Jusqu'à la rimaye, il en est ainsi. Anne-Soisig rechausse sous le goulet. Rimaye qui passe sans problème. Dessous, belle moquette... Nous suivons les traces de la cordée montée par là, pour trouver notre chemin dans le dédale de crevasses et de cailloux.
Finalement, nous déchaussons vers 2750 m, quelques encablures sous la langue du glacier, pour ensuite traverser dans les rochers vers notre refuge.
Images d'Anne-Soisig.
Images de Guillaume.
Un récit-fleuve de cette épopée sur mon blog.
Et puis la suite : col du Chardonnet.
« Sortie réalisée dans le cadre du concours changez d'approche » : transport en commun depuis la maison en région parisienne : RER B, train de nuit Paris Austerlitz-St Gervais, train de Chamonix jusqu'à Argentière. Malheureusement peu de contribution à l'économie locale si ce n'est quelques livres à la librairie de Chamonix, et quelques fruits à la petite épicerie qui se trouve à deux pas de la gare SNCF de St Gervais... Par ailleurs le prix du billet de train Paris/Chamonix ne permet pas de grandes folies une fois sur place !