Montée part la Traversée Héroïque, descente sur Denflairar, montée à la Grotte Suspendue puis retour

Beau temps, quelques cirrus l'après-midi, pas de vent.
BERA : rsique 1 sous 2000m, 2 au-dessus
Iso 0° vers 2500m (mais bien froid au départ -3°, et dans toute la face N)

Traversée Héroïque : 1ère partie très sèche (corde à nœuds en place très utile), la suite OK (glace puis neige).
Descente sur Denflairar : neige transfo non décaillée.
Approche Grotte Suspendue de Baume Noire : neige ventée... Des portions en neige cartonnée dure, en croûte, et des bandes de poudreuse préservée...
Couloir N sommital : 1er ressaut en bonne neige dure et un tout petit peu de glace, goulotte neige dure ensuite sur 7 ou 8 m, puis assez bonne neige (poudre dense un peu ventée) sur le reste de l'itinéraire. Sur le contournement, neige dense sur le couloir puis fond dur bien présent sous la poudre (+ qq cailloux sous jacents). Couloir final en bonne neige.

Petites plaques cartonnées de surface qui cèdent en N entre 1900 et 2300m

Départ : 8h00
Sommet Traversée Héroïque : 10h00
Sommet Grotte Suspendue : 13h00
Pique-nique au petit col 1716m/1723m : 14h00
Voiture : 14h50

Thierry
J'avais tenté il y a dix jours ce couloir N menant à la Grotte Suspendue de Baume Noire. Malheureusement, l'itinéraire de contournement du ressaut supérieur était en neige dure voire vitrifiée, donc inskiable vu la raideur des lieux (section à 52°). je m'étais donc contenté d'un aller-retour pédestre dans le couloir sommital, et m'étais par ailleurs bien régalé sur le long cône en poudre !
J'avais néanmoins fait un peu le ménage dans la rampe suspendue à 52° en neige dure voire vitrifiée, cassant la croûte sur l'ensemble du passage... (me disant que si des fois, il reneigeait, cela pourrait permettre que la nouvelle neige colle plus facilement, et qu'elle ne soit pas balayée par un coup de vent)
Et donc, ce dimanche, retour 10 jours après sur le secteur, il a neigé, mais aussi venté très fort - secteur N (vendredi dernier, il y a 2 jours). Je suis accompagné de Stéphane, est-ce que l'on ne va pas se retrouver à nouveau à devoir cramponner à la descente ? Bon, j'ai un peu jumelé depuis le départ, et j'ai eu l'impression qu'il y avait de la neige supplémentaire, récente donc...
Au début de la montée, une idée me vient... Et si on rentabilisait la sortie en passant par la Traversée Héroïque ? proposai-je à Steph.
- OK, partant, c'est pour nous ce truc ! me répond-il.
(non, c'est une blague, mais il a néanmoins été rapidement partant !)
Et donc, comme ça, sans préméditation, on se lance dans cet itinéraire, comme beaucoup d'autres personnes ce jour ! On trouve assez facilement l'itinéraire d'approche, bien tracé !...
L'ambiance sous les falaises est incroyable, l'entrée du chourum est même dominée, 100m plus haut, par un surplomb de 20 à 30m d'avancée !
Bon, on n'a pas de corde, la première partie est très sèche, presque en rocher seul... Ce n'est pas très raide, mais ça grimpe quand même, et c'est plutôt un peu lisse... Heureusement, la corde fixe en place, à nœuds, nous aide vraiment beaucoup (un anglais juste derrière nous est monté sans la corde comme un chat !!!).
Juste après le relais, de petits pas en glace, pimentent encore le parcours, mais très vite, la neige est là et l'on n'a plus qu'à suivre les marches jusqu'en haut. Quelle ambiance dans la partie haute du chourum, avec ses deux arches et la hauteur du plafond !
Belle sortie sur un petit plateau au soleil, qui contraste totalement avec le final raide.
On remet les skis, monte au petit dôme suivant, puis descente sur neige dure à Denflairar (- 150m). On remet alors les peaux pour gravir la fin du cône sous le couloir de la Grotte Suspendue.
Le 1er ressaut me paraît un peu plus simple qu'il y a 10 jours (tant mieux). Au-dessus, rapidement, on trouve de la bonne neige assez épaisse (bien qu'un peu densifiée par le vent). Et au-dessus, dans le contournement ? Eh bien ça se poursuit !!
Simplement, la neige y est bien plus ferme (mais c'est très raide, 50 à 51/52°), donc assez normal). La traversée qui suit se fait assez bien, la neige a aussi collé. Steph marque bien les pas, et j'achève de bien casser le fond dur et élargir la trace pour nous aider à traverser au retour (on est dans du 52° sur fond dur au-dessus de rochers...).
Le petit couloir sommital qui suit est quant à lui en neige presque parfaite !
Steph découvre à son tour la petite grotte qui marque la fin du couloir : sacrée ambiance !
On hésite à poursuivre vers la rampe qui prolonge l'itinéraire vers la gauche. La neige tombée ces derniers jours n'a pas réussi à recouvrir les strates et rochers qui parsèment le passage raide qui permet d'accéder à la rampe. Puis finalement, on se dit : bon, allons jeter un coup d’œil...
Je démarre puis, très vite, constatant la raideur du passage (au moins 55°), son exposition et sa complexité, je jette l'éponge.
On est déjà bien assez perchés là où on est !
On ne traîne pas pour chausser les skis, on mangera plus tard.
Steph démarre, les premiers virages sont très beaux, impressionnants mais en bonne neige. Très vite, on récupère le piolet passé à la ceinture, et c'est la rampe de contournement à 52°. Notre petit terrassement nous facilite la tâche, et c'est bien heureux ! C'est suffisamment expo et complexe comme cela.
En sortie de rampe, un passage étroit laisse affleurer des rochers. La prudence est de mise.
Juste après, on arrive au sommet du couloir de contournement. Il est vraiment très raide (50°, peut-être un poil plus) et la neige y est bonne, mais bien ferme ! Les virages se font un par un, avec la plus grande concentration.
Lorsque l'on rejoint le couloir principal, la neige est un peu plus épaisse, mais un peu ventée sur les rives (surtout à G). La méfiance et l'application restent de rigueur !
On descend jusqu'à une dizaine de mètres au-dessus du ressaut, juste avant que la neige ne deviennent dure.
Les manips en pleine pente demandent encore beaucoup d'application.
Puis on peut désescalader un à un le ressaut, et respirer un grand coup une fois au pied ! Petit ce couloir (tout juste 80m), mais costaud !
Très content d'avoir pu le skier seulement dix jours après la 1ère tentative en neige dure/vitrifiée en haut, et ce avec Steph qui plus est !
La descente du cône ne sera pas aussi plaisante que la dernière fois en revanche : on optimisera en tentant de skier les rares petites bandes de poudre laissée intactes entre les zones de carton. Nos cuisses s'en ressentiront, mais on trouvera quand même quelques sections sympas.
On s'arrêtera au petit col vers 1720m au soleil pour se poser sur une pierre et pique-niquer !
Une bien belle journée de spéléo et pente raide en Dévoluy, et en bonne compagnie !

Stéphane
Je confirme qu'il ne fallait pas rater cette Traversée Héroïque, chourum magnifique
Compte tenu des conditions, l'enchainement avec le couloir N depuis Denflairar était presque naturel.
Les 300m de D+ pour remonter jusqu'au pied du couloir pouvaient nécessiter l'utilisation de couteaux...que je n'avais pas . Déjà, à la montée, j'ai donc été contraint de chercher les zones de neige en poudre dense. Je me suis dit que ça serait toujours utile pour la descente : Bingo!!
Belle journée "Dévoluesque" en bonne compagnie !

La vidéo de la première tentative (couloir sommital non skié ; AR en crampons, neige dure sur la rampe) :

Et la vidéo de cette sortie !