Le Râteau - Sommet E : Face SE - Traversée refuge du Promontoire / col des Ruillans par le couloir de la GiroseSunday 5 July 2009

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Weather

Nuit étoilée, journée chaude se couvrant en début d'après-midi. Mais le col de la Girose bénéficiait d'un micro-climat et est resté arrosé d'un soleil indécent jusqu'en fin d'après-midi.

Conditions

Bon regel de la soupe neigeuse de la veille.
Des filets d'eau dans le passage du bastion rocheux nous en ont interdit l'accès. Nous avons donc été chercher l'échapatoire indiquée par le gardien du refuge du Promontoire (désormais rentrée dans le topo).
Remontée par le col de la Girose dans une neige très transformée.
Descente tanquille et sans crevasse sur les Ruillans.

Timing

12h30
Départ 3h45
Col des Ruillant 15h15

Commentaires personnels

L'intuition est paraît-il féminine. Et depuis ma récente blondification, je me soumets aux obligations du genre (j’ai d’ailleurs acquis à cet effet un magnifique pantalon de cascade fuchsia qui fera fureur cet hiver dans les pages mode féminine de l’album de C2C). Aussi avais-je, sans honte ni pitié pour mon entourage, décidé autoritairement un lever à 2h, afin de pallier d'éventuelles défaillances psychomoteurs ou, de manière moins probable, environnementales. Mais l'autorité est paraît-il un attribut masculin, et d'autant plus malaisé qu'on est peu soutenu par ses troupes. Freddy-de-Freydière, le nouveau gardien du refuge, aussi chaleureux soit-il, n'avait guère envie de se relever toutes les 30mn pour satisfaire les désirs de réveils des uns et des autres. Ce serait donc un réveil unique. Il proposa 4h30. Je manquai de m'étouffer avec l'une des centaines de caouhètes que nos amis du TTC (Team Transports en Commun) avaient généreusement monté depuis La Bérarde. Il me fallu donc toutes les ruses possibles pour limiter les dégâts horaires. Et prétendre aux alpinistes qui traversaient la Brèche pour rejoindre l'Aigle que la course était beaucoup plus esthétique de nuit. Pensez-vous! Un lever de soleil à la sortie du Serret du Savon! Ce sera pas beau dans les diaporamas, ça?

La discussion s'était donc close sur un lever à 3h.

Mr P. n’en était qu’à son 3ème bol de Chokapik lorsque Chéri-chéri et moi quittâmes à l’aveuglette (faute de pleine lune) le refuge. J’eu donc l’infime honneur de faire la trace dans une neige relativement favorable, ni trop dure ni trop molle mais qui me sembla sur la fin un peu plus raide que du 35°. Ou alors j’ai vraiment abusé des cahouètes et du saucisson ces dernières semaines pour que mes genoux en viennent à buter dans la neige.

Le soleil apparu alors que nous progressions sur l’arête neigeuse. Le contre jour dessinait un profil mamelonné de la Meije, s’apparentant au faîte d’une église orthodoxe. Les esprits, dans un léger lenticulaire, veillaient au dessus d’elle.

Le passage dans le bastion rocheux nous tendait la main dans le prolongement de l’arête et dans le respect de l'horaire. Mais à mesure que nous nous en rapprochions, le noir des rochers se teintait d’un translucide mouvant… L’eau ruisselait dans la voie. Non Mr P., le rocher ne « semblait » pas humide http://www.camptocamp.org/outings/175282/fr/le-rateau-e-face-se-traversee-la-berarde-saint-christophe , il l’était plus que de raison.
Chéri-chéri alla voir vers la droite où une succession de dièdres paraissait accessible à nos aptitudes. Il fit moins d’une dizaine de mètre avant de se trouver à nouveau coincé par l’eau et la difficulté à protéger. Fred, qui nous avait rejoints, envisageait pour sa part d’aller explorer un passage neigeux encore plus à droite, dont une carte, ayant peut-être appartenu à ses arrière-grands-parents, mentionnait l'existence. Je le fis douter que sa pêche serait fructueuse et il se rallia à la variante dont nous avait parlé Freddy. MrP., Sandrine, François et Pierre suivirent le mouvement.

Grâce à nos hésitations et détours, nous atteignîmes l'arête sud avec 2h de retard sur l'horaire initialement prévu. Nous décidâmes de renoncer au sommet, comme à l’accoutumé. Au point où nous en étions, nous primes le temps (20mn supplémentaires) de discuter avec Fred et son second, et d’attendre le TTC qui, lui, alla fouler la cime de Rateau est. Nos amis n’étaient attendus par leur bus qu’à 17h15 à St Christophe. Pour notre part, nous avions déjà raté notre rendez-vous avec le couloir (plein sud) de la Girose en bonnes conditions. Nous nous préparions donc mentalement à une rencontre en mauvaises conditions. Se lever tôt disait l'intuition de la blonde.

J’appréciai particulièrement la remontée, dans la descente, d’une bosse neigeuse au dessus d’une barre inhospitalières. Le (joli) cheminement le long de l’arête rocheuse (ponctué de vestiges de points de peinture rouge pour les désorientés), puis une dalle moutonnée nous mena sans embouteillage (personnellement sur les fesses) à la brèche du Râteau . Deux petits rappels plus bas et un gant en moins nous étions sur le glacier de la selle. Et avec 40mn de retard supplémentaire sur l'horaire.

S’ensuivit une interminable traversée à flan en direction du couloir de la Girose. Les talons et les malléoles droites de notre cordée commençaient sérieusement à s’échauffer. Au fil de la marche, je déposais sur la neige quelques tomates-cerises à l’attention de Chéri-chéri qui se lyophilisait à vue d’œil. Des nuages sombres encerclaient la brèche du Râteau et le Replat où plusieurs cordées s’agglutinaient. Je promettais à Chéri-chéri que dans moins de 5 minutes nous serions enfin à l’ombre. Mais rien n’y fit. Le soleil résista sans même une faiblesse temporaire.

Nous remontâmes le couloir du Râteau à une vitesse décroissante – et il faut noter qu’en la matière nous partions déjà de très bas. Au bout de 100m d’ascension, nous étions à 2m/s, en vitesse de pointe – et non en moyenne. Heureusement qu’en dépit de l’horaire tardif, le couloir était finalement encore praticable. Entrevoyant une sortie lisse et brillante, je suggérai que l’on tire une longueur pour finir sereinement. Chéri-chéri se rangea à l’idée d’une pause un peu plus longue que les précédentes. Je partis devant. J’allais bien, tout allait bien. Je mis un point. Peut être même pas deux. Je longeai la rive droite du couloir. J’arrivai quasiment au niveau de la sortie qu’il me fallait rejoindre par une traversée de quelques mètres à droite. Je fis la moitié de la traversée dans une neige très dure et, parvenue à mi-chemin, je me retournai pour constater la distance abyssale qui me séparait de l’anneau passé sur un bloc branlant. Je décidai, fort intelligemment, de faire demi-tour : puisque j’avais déjà parcouru la moitié du chemin en pointes avant, sans laisser la moindre trace de marche, il était en effet bien plus logique de repartir en sens inverse que de poursuivre, sur une distance exactement équivalente, de l’autre côté… Bien plus logique.

J’assurai alors Chéri-chéri depuis un autre bloc non moins branlant mais plus gros, non sans l’avoir préalablement arrosé de quelques cailloux de taille diverse et en nombre. Il sortit directement et je le rejoignis. Nous titubâmes jusqu’au col des Ruillans, où, avec 5h de retard sur l’horaire standard, le houblon dans une main, le saucisson dans l’autre, nous pensâmes à nos petits copains qui n’étaient pas encore près d’arriver à St Christophe. Cela étant, il faut reconnaître que si Mr P. avait renoncé à son 5ème bol de chokapik au petit-déjeuner, le TTC ne serait pas rentré plus tôt.

PS : Si cet itinéraire est coté PD, je me demande s'il ne faudrait pas parler de rando pour les Enfetchores...