Du grand, du très grand beau. Ca sent le sapin pour la glace. Décidément, on a encore eu cette saison un fion pas possible pour notre ice trip annuel !

Après un second passage dans Repentance la veille et pour la dernière sortie cascade, rassemblant tout notre courage, nous nous sommes décidés à enfin aller visiter une voie d'élite du Val de Cogne. Je dis nous car pour le coup, car nous sommes partis du principe que le courage s'additionnait, donc ce sera deux cordées de 2 aujourd'hui.
En prévision d'un ascension longue et rude, nous avons pris ce qu'il faut comme munitions : pâté, sauciflar, foie gras, fromages, un pain de compet, des chips, etc.. Y a que le pinard qui n'a trouvé grâce à nos yeux (Karadoc était effondré lorsqu'il s'en est rendu compte!).
Ca pèle de moins en moins le matin mais on attaque tout de même avant que le soleil ne donne. Au début, ça part un brin sérieux mais dès que l'on commence à prendre le soleil au bout de 2 longueurs, ça dégénère rapidement. Sur 5-6 longueurs, ça va être une litanie des conneries à ne jamais commettre en cascade :

se tirer la bourre quand on grimpe en tête
enlever les points du collègue
la grande classique : clipper la corde de la cordée adverse sur ses propres points. C'est moins long que de les retirer soi-même
Emmêler les cordes en passant alternativement dessous et dessus
Se balancer des boules de neige quand on grimpe en tête
trouver des amarrages alternatifs : broche à glace "visée" dans la neige, branchage planté dans la neige (parce qu'avec les broches, ça marchait moyen), lunule sur boule de neige, corps "mou" sur piolet
arriver au relais sans piolet
Bref, c'est fort à propos qu'arrive l'heure du déjeuner, ce qui permet de mettre fin à ce grand n'importe quoi. Car pour le coup, dès qu'il s'agit de bouffe, avec mes colistiers, il n'est plus du tout question de rigoler. L'histoire est tout de suite sérieuse ! C'est donc un gros festin qui se tient à la 6, 7 ou 8eme longueur de la voie. Avec un soleil quasi estival qui nous oblige à dégainer la crème solaire !
Les estomacs calés, on s'enquière de se redescendre. Et autant la montée était sympa, autant les rappels sont chiants comme la mort avec une pente aussi couchée, quand ils ne se coincent pas ! Je perd patience et préfère redescendre à pied !
Une fois les affaires récupérées au pied de la ligne, nous commençons à faire mouvement vers le Valnontey quand ... nos regards se reposent sur un bloc bien caractéristique au bord du chemin dont la face ouest présente une dalle de 6-7m bien enneigée et des plus attirantes. D'autant plus attirante que des traces de précédentes tentatives zèbrent sa base. Bref, sans plan défini, on commence à s'amuser à grimper à dry sur ce monolithe, et à se prendre de jolis vols ... Les quelques touristes qui passent par là sont un peu interloqués et dubitatifs quant à l'intérêt que les 4 zozos semblent porter à l'endroit de ce rocher!!! Et puis comme l'histoire résiste, on se fait persévérants ! C'est que plus on monte, plus on déneige, plus la dalle se fait lisse et plus ça vole. On arrive bien à se reposer sur des plaques de neige mais elles ne résistent jamais longtemps. Comme avec la hauteur les chutes se font un peu plus sévères, je monte sur le côté en rocher sec pour poser une moule. Et à la surprise générale, c'est le moustique du groupe qui va réussir la perf en utilisant des placages d'1mm, les autres étant bien incapables de monter leurs grosses viandes jusqu'en haut. Le soleil s'est caché, la température chute brutalement et il est temps de se rentrer !

Du grand, du très très grand n'importe quoi aujourd'hui !