Ben Nevis : Two Step CornerSunday 12 February 2012
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Weather
Nuageux jusqu'à ce qu'on perce la mer de nuages. Ensuite : que du bonheur !
Conditions
Après 2 jours de voyage (si si ça prend plus de temps de se rendre au Ben Nevis que d'arriver à un camp de base à 4300m au Pérou !), on commence par se faire calmer par la marche d'approche vers le CIC Hut où nous allons nous poser pour les 6 prochains jours. Certes, c'est pas très long surtout depuis le parking sud mais 40kg sur le palto, ça fait toujours son petit effet. On commence par se faire pipoter par nos futurs chers collèges britanniques, par poser poliment nos affaires à l'entrée, par se constituer un petit sac de rando et on rushe vers ... bin vers le haut. Car le massif du Ben est dans le pâté, j'ai pas vraiment bossé le topo et on n'a pas la moindre idée des conditions que l'on va rencontrer ni d'une quelconque ligne à grimper.
Bref, on rushe dans des traces, on double de l'Anglais à tour de bras et on finit par se retrouver en 20min au pied d'une face inconnue qui semble vouloir sortir des nimbes. A gauche un couloir pas trop excitant complètement saturé de casques, au milieu des dalles plâtrés désertes, à droite une goulotte qui se prolonge en cascade et qui elle aussi à l'air libre. Bingo : on réfléchit pas 3 heures, on chausse les crabes et on pète dans le tas. La première longueur de 60m est gentillette mais elle nous permet faire connaissance avec la glace made in Ben Nevis : une glace/neige qui ne vire jamais à la vitre, plutôt molasse, friable voire qui pète en gros morceaux. Bref traître. Mais rien de très inhabituel pour un grimpeur pyrénéen : de la glace pourrie, c'est un peu notre seconde nature !
Au relais, petite déconvenue : malgré l'impression initiale, on est pas du tout seul. On comprendra vite qu'au Ben, il est un peu illusoire de trouver une ligne totalement libre un dimanche de février.
Mini longueur de 20m pour rejoindre la base d'un mur rocheux où une jolie galloise assure son pote parti dans la classique de droite, Number Three Gully Buttress. Après un cour échange, je comprend vite que les dépasser ne serait pas totalement apprécier.
A gauche la cascade de Two Steps, tentante. Mais petit problème : on a pris que 3 broches. Damien ne le sent pas mais j'ai pas vraiment envie de poiroter à notre tour. Bref, je pars dans la ligne, improvise dans les 30 premiers mètres pour bricoler 3 points potables avant de griller 2 broches. Petit couloir, je zappe le relais sur pitons au niveau du bloc et continue donc à gauche pour rejoindre la corniche de sortie. C'est vrai que celle-ci est impressionnante : d'une hauteur respectable, c'est surtout le fait qu'elle soit particulièrement déversante qui fait son petit effet. Je me ferais un plaisir toute la soirée de répéter à loisir: "j'aurais pas aimé être le premier qui a dû se la peler !". Je prends d'autant plus de plaisir à franchir cette corniche que je me suis pas aperçu que nous venons de sortir au-dessus du brouillard.
Et je débouche sur le plateau sommital avec un superbe soleil (écossais, faut pas déconner non plus), telle une naissance benivienne ! Damien prend autant son pied que moi dans cette sortie. On range les affaires, dépose les sacs et on monte vers le sommet qui est la seule montagne à dépasser de la mer de nuages. Pas de doute, le Ben Nevis est la montagne le plus "haute" du coin. On a même droit à un joli spectre de Brocken. Et difficile de se sentir perdu tellement il y a de monde. Ca pullule de partout ! De l'alpinistes, du randonneur, du touriste. Peut-être 50, 60 personnes sur ce plateau, sans parler dans les voies. On mitraille de tous les côtés tout en montant au sommet. Heureusement qu'il est bien indiqué par l'abri (shelter) car le moins qu'on puisse dire c'est qu'il est pas très marqué. On s'attarde pas trop car la mer de nuages est déjà en train de remonter.
Redescente par le même chenin, récupération des sacs dans un brouillard dense puis désescalade de Number Three Gully. Seuls les 20 derniers mètres sont un peu raides à cause de la corniche, mais ça se descend aujourd'hui sans la corde. Autrement le reste est en couloir tranquille. L'oeil est attiré par les lignes qui le bordent et je ne peux m'empêcher de faire le con dans une fissure bien fun. Mais le jour décline et il est temps de se rentrer. La combe est encore farcie de brits. On retrouve nos collègue, chauds comme des braises, au refuge où il faudra jouer un peu des coudes pour se faire faire un peu de place. Mais prendre le rythme du CIC Hut se fera tout seul !
Commentaires personnels
Pour une première au Ben, c'est un sacré coup de c... La voie était sympa, la sortie au soleil superbe ! Bref on est déjà sacrément payé de l'effort d'être monté jusqu'ici. Merci Benny !