Ben Nevis : Indicator's Wall + Winter ChimneyTuesday 14 February 2012
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Weather
Brouillard, vent, puis bruine. Une météo écossaise quoi !
Conditions
Troisième journée de grimpe du trip. La météo reste bien bâchée, pas de pluie pour l'instant mais une bonne petite bise.
Aujourd'hui, on fait tourner les équipes. Je m'associe avec Antoine et pour une fois on prépare un programme à l'avance. L'idée étant d'aller faire une cascade du côté de Psychedelic Wall et lors de la redescente s'arrêter faire une seconde ligne dans la zone de Number Three Gully. ce matin on doit être un peu plus matinal et lever l'ancre sur les 8h30. résultat : on est parmi les premiers à remonter Observatory Gully. Le brouillard mettra un petit moment à se découvrir et comme d'hab on découvre les lignes au pied de la face. C'est Indicator Wall qui nous plaît le plus. Pour l'atteindre, on se rapproche du ressaut qu'il domine. En se préparant, je fais partir du matos : j'en suis pour faire un aller-retour de 200m. En plus la ligne semble un peu trop fine et compact pour s'y risquer : on fait un boucle pour l"viter en reprennant le couloir de Gardyloo Gully et on remonte au pied d'Indicator Wall. Le premier mieux est une large cascade de 60m de haut, a priori en bonne glace. En fait il s'agit encore d'une glace/neige qui demande pas mal d'attention. On est les seuls sur la ligne : on en profite pour partir plein centre et viser la petite section à 90°. En l'état, ça doit valoir un 4+. La ligne classique l'évite en passant plus à gauche : ça doit faire un petit 4. Pendant que Tonio me rejoint, deux cordées s'engagent dans la ligne, 50m en-dessous. J'aurais beau essayer de les mettre en garde sur le fait que la glace est cassante et qu'on ne pouvait éviter d'en faire partir, cela ne les inquiète pas le moins du monde. Tonio termine le mur par 30m en glace bien couchés puis lui succède un couloir jusqu'à une étroiture en glace. Plus on monte, plus ça souffle. En plus le fond de l'air est gavé d'humidité : on la voit à l'oeil nu. Tonio termine la ligne avec une super démo de protection sur glace (broche de 10cm vissée à moitié ...). La corniche ne pose aucun problème particulier. Comme ça souffle fort au sommet, on se met à l'abri derrière le shelter le temps de casser la graine. Je me risque à faire une incursion dans cet abri mais l'odeur d'urine et d'alcool ne m’incite guère à y prolonger le séjour.
En redescendant vers Number Three Gully dans un brouillard à couper au couteau, il est surprenant de voir le nombre de randonneurs que l'on croise. On en voit même en tennis avec des crampons ! Il y en a même un qui a emmené son chien qui semble tout sauf ravi d'être là ! On tape un mini rappel dans le couloir (corps mort sur neige) et en redescendant, on s'arrête devant une petite combe dans laquelle se love un dièdre. Sans réfléchir, on se lance dans le truc, sans savoir ce que c'est ni ce que cela vaut. Ce qui est sûr, c'est que ça sera 100% dry. Enfin si l'on peut dire : le brouillard s'est chargé et c'est désormais une fine bruine écossaise qui tombe et qui mouille tout. Glace et neige ne ressemblent plus qu'à une vague mélasse. Ca sent la grande embrouille !
Tonio part en premier et se tortille le derche pour passer la première difficulté qu'il enlève facilement. On peut pas en dire autant pour moi avec les hexentrics qu'il a posé : on a tellement tapé dessus au marteau que j'ai un mal fou à les récupérer. Pour dire : les brits qui étaient à côté ont cru qu'on posait des pitons ....
La second longueur a l'air un peu plus tendue : elle ne nous décevra pas sur ce point. Ca commence par un dévers que l'on est sensé éviter par la droite, en s'appuyant sur une coulée en glace. Petite problème : la coulée n'existe pas actuellement. Après avoir posé 3 bons points, je m'engage dans l'histoire. Pas de retour possible. Les piolets coincés dans la fissure déversante, le pied droit à plat contre la dalle, le gauche en lolote, je passe tant bien que mal ce premier pas. Jusqu'à présent, les crochetages sont bons. La suite passe par un autre petit ressaut que protège un mauvais friend, puis les pieds se font rares et les crochetages encore plus. La position est toujours verticale, les pieds grattouillent un semblant de glace, tout est super humide, tout coule, rien ne tient ! Là pour le coup, il faut faire parler la rési et un brin d'expérience. Et pas un seul point à se mettre sous la dent. Heureusement, un câblé couplé à un piton se dessine deux mètres plus haut. C'est la carotte rêvée pour faire avancer l'âne. Put... que je suis content de le voir ce câblé. Je sais pas comment que je me suis débrouillé à crocheter des trucs inexistants sur cette dalle merdique recouvert de neige poisseuse, mais je parviens quand même à m'élever à hauteur du câblé. Reserrage de fesse pour libérer une main et le clipper. Bouuuuu que l'on se sent léger tout d'un coup. Dans le même passage, Tonio se prendra un vol en second. Il n'y a que 4-5m depuis le dernier point mais crabes au pied, mais cela commençait à me sembler terriblement loin. Il reste un nouveau pas vertical à passer dans le dièdre, en s'aidant ce coup-ci d'un petit filet de glace que je crochette. Pour le coup, c'est l'exact opposé du pas précédent : les pioches tiennent mais il n'y a rien pour les pieds. Mais finalement c'est fou ce que 4 pointes peuvent être adhérentes, même sur une dalle verticale. Dernier coup de rein et ça passe sans casse. Ensuite la ligne se couche un peu pour les derniers 15m où je ne peux mettre qu'un vague point. Relais sur un bon becquet et gros ouf de soulagement. Mazette, c'était surement la ligne de mixte la plus dure et la plus aléatoire qu'il m'ait été donnée de grimper. A défaut d'être la plus engagée :0) Mais que c'était bon !!!! Et de se retourner au refuges, plus trempés que des soupes.
En rentrant au refuge, on est très intrigué de savoir ce qu'on a bien pu faire, un peu persuadés d'avoir croisé le fer avec une ligne un peu dure. Avec recherche et vérification, pas de doute, il s'agit de Winter Chimney, un grade ... 5. C'est tout ????!!! L'amour-propre en prend un petit coup ! Mais à l'analyse des photos et du texte, on va rapidement comprendre qu'habituellement la ligne se fait avec "un peu plus" de glace. Moralité : en mixte, surtout au Ben Nevis, mieux vaut s'aventurer dans une ligne mixte après s'être bien assuré qu'elle présente les conditions de gel requises ! Car la difficulté peut alors rapidement varier de façon exponentielle. Ce qui est sûr, c'est qu'en comparaison, le grade 6 que l'on grimpera deux jours plus tard fera figure de simple ballade de santé.
Commentaires personnels
Commentaires

Normal. Ca devait être des écossais. Ils ne mettent pas de glace dans leur whisky et ont besoin de compenser.

On pas eu l’occasion de leur demander : ils étaient également vachement lents !
Le plus affligeant dans l’histoire, c’est qu’il a fait une première super longueur de 15m avant de faire relais … pile dans l’axe où l’on grimpait. Il aurait cherché à d’avantage s’exposer qu’il n’aurait pas mieux fait !
Gnolesque durant Juanito !
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Ahhhh !!! Y a vraiment des dingues à C2C !!! :lol: :lol: :lol: :lol:
Moi aussi j’avais percuté sur le numéro de la sortie ! Normal je l’ai réutilisé dans un article.
Mais toi pour que tu t’en aperçoives, il faut être sacrément vicieux !!!