Grand beau le matin. Des altocumulus accrochent les sommets l'après-midi.
Léger vent de secteur SW au dessus de 3000m.
Iso 0°C vers 1900m.

En Oisans, cet hiver est l'un des plus neigeux de ces trente dernières années. La situation à La Bérarde n'a donc absolument rien à voir avec celle l'année passée à la même période. La blancheur règne encore sans partage. Il reste environ un mètre de neige dans le village, et les zones herbeuses ne sont encore que fiction !

La Bérarde >> Le Plan du Carrelet

Manteau assez épais, profondément humidifié. Une croûte de regel portante est présente au lever du jour, et un ramollissement progressif se produit évidemment au fil des heures. Mais il y a encore quelques résistances à l'enfoncement (on ne peut donc pas parler de "pourrissement").

Le Vallon et le glacier du Chardon

Gros enneigement (deux mètres sur le bas). Jusqu'aux Côtes du Rival (2200m), il y a une croûte cassante de 5 à 10 centimètres d'épais posée sur des couches froides et avec peu de cohésion (trace pénible à la montée, mais bonne skiabilité après réchauffement de l'ensemble).
En amont, il faut distinguer entre une rive gauche qui présente un schéma identique au moins jusqu'à 2700m, et une rive droite encore totalement hivernale et poudreuse. En restant sur cette dernière, la skiabilité est excellente.

La face NE de l'Arête W de la Pointe Duhamel

Egalement bien remplie ce printemps. Des plaques s'y sont détachées les jours précédents en formant des dépôts assez conséquents, et la situation semble désormais saine. Le petit vent d'aujourd'hui a légèrement fritté la neige en surface ce qui détériore un peu la qualité du ski (elle oscille tout de même entre bonne et très bonne). La rimaye est quasiment indétectable.

---> Même si de nombreuses traces de cassures sont visibles dans toutes les orientations, ce jour aucune activité avalancheuse et pas la moindre humidification dans les pentes N d'altitude.
En revanche, des purges incessantes (parfois grosses) ont eu lieu dans tous les versants chauds dès l'arrivée du soleil... Météo France fait état d'un risque de 2/5 (limité) en dessous de 2700m, et de 3/5 (marqué) au dessus de cette altitude.

De 7h45 à 15h45 (horaire global).
Montée en 5h + 30 minutes de détour (pour tâter des spatules un versant S finalement peu accueillant).

Route de La Bérarde ouverte et parfaitement dégagée.

Malgré un côté évident, personne ne va jamais jusqu'au fond du Vallon du Chardon. Les itinéraires classiques des Rouies ou du Col de la Lavey, et les couloirs raides du Vaccivier au Nord, sont situés de telle manière qu'au delà de 2700m l'intérêt de poursuivre plus avant devient nul. Les divers topos reflètent d'ailleurs bien cet état de fait en ne mentionnant aucunement ce lieu, ni une quelconque fréquentation antérieure. Et pourtant, pour qui prend la peine de l'examiner, la face E/NE au pied de laquelle naît le glacier du Chardon est plutôt jolie... Il n'en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité.
Et le bilan est le suivant : haute de 300 mètres, cette pente offre un ski de qualité dans un niveau de difficulté intermédiaire et une ambiance lumineuse. La brèche anonyme à laquelle s'effectue la sortie peut également se traverser facilement, en offrant une alternative plus technique et originale pour réaliser les Rouies. Qu'on se le dise donc à l'avenir !
En tout cas ça a été un vrai plaisir de profiter de cette magnifique journée dans les environs de La Bérarde (même si un brouillard aussi soudain qu'impoli m'a gâché la vue sur le Valgaudemar). La neige est bien présente partout et la fréquentation très faible. Malgré un remplissage parfois hétérogène dans les versants d'altitude, certaines descentes raides semblent déjà en condition... De quoi promettre une fin de saison à rallonge si la météo consent un jour à se montrer moins capricieuse...