Grand beau le matin, puis des nuages sont arrivés (vent de N fort). Gris ensuite dès la fin de matinée. Un peu de neige et de pluie pour finir.
Iso 0° vers 2200/2400m
Bon regel le matin
BERA: risque 1 sous 2700m

Conditions assez bonnes finalement sur les deux branches skiées, même si l'enneigement est moindre que l'an passé et que la neige est changeante: alternance de poudre dense, de zones un peu croûtées ou cartonnées, et de poudre plus légère (jusqu'à 25 cm)
Les 50m au-dessus du rappel sont par contre en mauvaises conditions: couloir creusé, neige dure lissée par des coulées.
Au-dessous du rappel, goulotte de purge en neige redurcie et poudre sur les côtés, un peu délicate (pouvant couler, ou être cartonnée...)
Skiable mais sans plus (neige plutôt souple mais changeante et physique)
Etroiture 50 m sous le rappel délicate, puis un petit ressaut délicat aussi mais skiable 400m au-dessous.
A partir du coude, champ de boules inskiables, puis, vers 1100m, plus de neige (pas assez de coulées): fond du canyon impraticable sur le bas; il a fallu traverser et descendre en rive D)

Départ: 7h00
Sommet: 9h45
Descente 1ère branche, retour au sommet puis début descente branche centrale: 11h00
Au pied (piste): 15h10
Retour à Oulles: 16h00

Thierry:
Il y a un an, nous avions skié avec Olivier la branche de droite, la plus simple et nous avions entraperçu un semblant de couloir parallèle, situé entre les deux branches connues du Y.
De retour à la maison, la consultation des photos, notamment la classique photo prise du pont de la Véna ne montrait aucun couloir entre les deux branches... Abandon de cette idée saugrenue, jusqu'au mail reçu quelques jours plus tard de Georges, qui, ayant lui aussi déjà skié les deux branches, me demande: "Et vous n'auriez pas aperçu un troisième couloir?"
Intrigué, je retourne aux photos, zoome, repère des rochers caractéristiques, et la révélation arriva, incroyable: la seconde branche (de droite) qui apparaissait nettement sur des dizaines de photos et que l'on prenait pour la branche skiée était en fait un troisième couloir!!
En effet, la branche de droite (occidentale) skiée couramment est en fait invisible car masquée par une arête rocheuse.
La troisième branche de l'Infernet était donc visible aux yeux de tous depuis toujours...
Restait à skier ce nouveau couloir!
Saison 2014-2015: conditions d'enneigement bien moyennes...
Olivier fait un repérage lundi dernier, et un créneau se profile pour ce samedi matin.
Comment sera la neige?...
On reforme donc notre trio habituel. Un peu de portage, pas tant finalement malgré le peu d'enneigement.
Arrivés au sommet on jette un coup d’œil sur notre projet: pfff c'est raide, ça jette...
On va donc sagement descendre par la branche de droite afin de remonter le couloir projeté et repérer clairement les difficultés.
Descente bien sympa de la branche de droite, en conditions correctes (mais sans communes mesures avec celles de l'an passé :)
Puis on est vite à pied d’œuvre! Remontée du couloir et verdict: ça va skier! La neige est assez bonne, bien qu'à nouveau un peu changeante. Par contre le rognon central ne passera pas: remplissage insuffisant (l'an passé, ça aurait vraisemblablement marché), quant à la sortie de la corniche, deux passages paraissent possibles mais très raides (55° voire +).
Nouveau chaussage au sommet, forte tension...
Je choisis l'entrée par le centre (neige meilleure mais courte section très raide). J'hésite un peu à me lâcher, par peur de prendre trop de vitesse, du coup je descends encore un peu mais mon ski aval décroche sur l'arrière. Chute enrayée rapidement, sueurs froides...
Mes acolytes préfèrent l'autre entrée, très technique aussi, avec plus de succès heureusement!
Nous faisons de beaux virages sur cette partie haute et déchaussons juste au-dessus du rognon: pas simple... Désescalade pas plus aisée (raide, neige dure, glace et rocher proches...)
Olivier rechausse juste au-dessous et passe l'étroiture suivante moyennant un bon gratonnage. Avec Steph, on effectuera le passage crampons aux pieds...
Le bas du couloir continue de nous proposer une descente technique, car celui-ci reste constamment étroit et raide.
L'arrivée à la jonction est un plaisir: on l'a fait!
Bon, il nous reste encore 1650m de déniv. jusqu'en bas, on reste concentrés les gars, OK!
D'ailleurs, rejoindre le rappel fut particulièrement délicat: 15 mètres de contre assurage au piolet nécessaire.
Puis, sous le ressaut, quelques délicatesses furent encore placées çà et là: étroiture goulottée 50 m au-dessous, bombé avec glace encore plus bas, grosses boules inskiables puis manque de neige au pied (pas assez de coulées cette année), fin délicate: éboulis instables et raides...
Bilan: une grande satisfaction que d'avoir réalisé ce rêve né il y a un an et d'avoir passé cette longue et magnifique journée en montagne avec les copains!
PS: merci et bravo à Volodia pour l'ouverture de ce mythe il y a 35 ans!
PS n.2: j'ai battu mon record d'attente pour l'auto stop au pied (- de 2 min!); merci au sympathique moniteur des 2 Alpes.

Olivier :
Un an qu’on pense à ce couloir… et le voilà skié !
La semaine dernière, pourtant, en jetant un coup d’œil prudent par-dessus la corniche, je sentais l’entreprise impossible : sans parler de cette corniche problématique, un couloir raide obstrué par des rochers une cinquantaine de mètres dessous, plongeant au-delà vers l’inconnu en se raidissant encore, n’inspire pas trop le skieur sensé.
Difficile donc de l'envisager "à vue".
Le remonter le dédramatise. On brasse la neige que l’on skiera tout à l’heure, on a acquis un petit bonus de confiance pour avoir descendu l’une des deux autres branches, on repère les éventuels pièges…

Une facétie de la nature très technique.
Le tiercé dans l'ordre (sens montée) : Branche du milieu 5.3+ (5.4 ?), branche de gauche 5.3, branche de droite 5.2.

Pentes mesurées : 90m à 48°, 35m à 52° avec passage à 55°, 45m à 48°, 5m à 55°