Grand beau.
Pas de vent.
Températures froides le matin et douces l'après-midi. A clavans le Haut par exemple : -7°c >> +7°c.

Après plusieurs mois complètement atypiques, l'hiver - le Vrai - est enfin arrivé. Les chutes de neige ont été abondantes la semaine dernière puis suivies d'un froid vif. Et pour une fois, le vent n'a pas soufflé suffisamment longtemps pour tout arracher. Il était temps car le printemps arrive dans dix jours...

Clavans le Haut >> la cascade de Pont Ferrand

L'enneigement est bon. Il y a 20 à 30cm de neige fraîche, posés sur un fond dur, et en cours d'humidification. La route reste damée par les passages des skieurs gravitaires venus de l'Alpe d'Huez. Les pentes situées au niveau de la cascade de Pont Ferrand se négocient sans problème en ski. La skiabilité est très bonne.

Le Vallon du Ferrand >> le Lac des Quirlies

L'enneigement devient excellent à ces altitudes car il y a jusqu'à 90cm de neige récente. Elle a souvent été malmenée par le vent et est très croûtée le matin. Mais une humidification intervient là aussi l'après-midi, améliorant ainsi grandement la skiabilité. D'ailleurs, ça passe partout, plus aucune plaque d'herbe ! Si quelques coulées superficielles sont visibles, elles restent rares. Globalement toutes les pentes alentours semblent bien remplies et plutôt saines.

Le couloir S du Sommet 3049m des Cimes du Grand Sauvage

Il est bien rempli en ce mois de mars (autant qu'en 2013). Des purges rassurantes ont eu lieu hier. On trouve beaucoup de neige récente - humide sur 15cm, encore sèche en profondeur, et avec une surface vitrifiée au lever du jour - qui est entrain de se réchauffer rapidement à cause de la forte inclinaison des pentes et de l'encaissement du site. Elle adhère mal à la vieille couche dure pleine de sable. Lors de la descente, le passage des skis suffit donc à la faire couler de façon linéaire, ce qui provoque de petites avalanches parfois déséquilibrantes. Prudence de rigueur.
Les tiers inférieur et supérieur, légèrement plus à l'E, dégèlent plus rapidement que la partie médiane. Il faut jongler avec ces paramètres pour trouver le bon créneau skiabilité/sécurité : aujourd'hui c'était impérativement entre midi et 13 heures - plus tard gros danger notamment dans la traversée où les épaisseurs de neige sont faibles et pour lesquelles la percolation s'avère très rapide (risque de départs au sol).

---> Aucune activité avalancheuse significative. Le BRA annonce un risque limité (2) sur les Grandes Rousses.

De 6h15 à 14h10 (horaire global).
Montée en 5h20.

La route du Perron est impraticable en voiture car enneigée.

Vu la composition de leur manteau neigeux, j'ai tendance à boycotter les pentes Nord cette saison. Alors, puisqu'en Sud ça sent le printemps assez souvent ces derniers mois, je continue d'aller jouer au Sauvageon histoire de finir le travail dans mon coin-qui-va-bien... Et désormais, il est bel et bien terminé. Avec en prime la très grande joie d'avoir réalisé plusieurs itinéraires à ski valables dans un versant jusqu'ici délaissé !
La ligne du jour, qu'il est impossible de manquer depuis les Deux Alpes, me trotte dans la tête depuis plusieurs années. Pourtant il a fallu patienter longtemps car son remplissage est un peu plus capricieux que celui de ses voisins directs.
Dans la foulée de 5h20 d'ascension, c'est plutôt Costaud. Plus raide qu'imaginé, foutrement exposé, et blindé de petites contrepentes à orientations/dégels variables, obligeant à utiliser tel un renard la ruse nivo dont on dispose. Beaucoup de doutes à la montée - en particulier en voyant l'épouvantable aspect de la traversée médiane (seul regret) - et de gros efforts introspectifs à la descente pour gérer la concentration, la solitude et l'inévitable appréhension qui en résulte. Mais du plaisir aussi, dans cette gestuelle du virage-sauté que j'aime tant, dans le fait de se trouver skis aux pieds au coeur d'un environnement improbable - et d'en revenir !