Grand beau jusqu'à la mi-journée - où des cumulus se mettent à accrocher les sommets.
Vent de secteur N au dessus de 3000m (30km/h environ). Rien plus bas.
Températures relativement fraîches.

Les 30 avril et premier mai derniers ont été marqués par une belle offensive hivernale. Des quantités de neige conséquentes ont bien blanchi nos massifs. Parfois même à basse altitude. Après tout, il fallait bien que les précipitations de décembre 2015 arrivent un jour !

Col du Lautaret >> Glacier de Combeynot

Pas de portage, on chausse / déchausse à la voiture. L'enneigement est encore bon, avec 10 à 50cm de neige récente (croûtée sur 2-3cm en surface) posés sur une vieille couche dure de grains ronds regelés et souillés de sable du Sahara. A 12h30, la croûte n'a disparu qu'en orientation E - contrepentes où beaucoup de coulées superficielles datant d'hier sont d'ailleurs observables. Ailleurs elle reste encore présente. La skiabilité varie donc entre moyenne (souvent) et très bonne (en cherchant bien) selon les zones.

La Diagonale NW du Pic E de Combeynot

De nombreux et rassurants dépôts d'avalanches sont présents au pied de la face. Elle conserve malgré tout un bon remplissage. Il y a entre 50cm et un mètre de neige fraîche en fonction de la configuration du terrain. Gros brassage en montant (enfoncement parfois jusqu'au ventre). A l'exception du tiers supérieur un peu abîmé par le vent, les précipitations semblent être tombées "droites". Il n'y a quasiment pas de corniche sommitale ce printemps. La skiabilité est globalement excellente dans une neige facile et apparemment stable. Néanmoins, un passage vitrifié à l'entrée inférieure de la vire médiane nécessite un déchaussage.

---> Aucune activité avalancheuse n'a été observée pendant la durée de cette sortie. Les températures sont jusqu'ici en hausse progressive, alors la situation nivologique s'assainit doucement.

De 8h35 à 12h40 (horaire global).
Montée en 2h50.

Chaque passage en voiture au Col du Lautaret est l'occasion pour tout skieur-conducteur de laisser divaguer son esprit quelques minutes. D'observer l'enneigement, les avalanches, les traces, et même - dans ce lieu pourtant hyper-fréquenté - d'imaginer une nouvelle ligne.
Voilà exactement ce qu'il s'est passé pour celle d'aujourd'hui. La face N/NW du Pic E de Combeynot m'attire l'oeil depuis plusieurs années. Bien que très rocheuse, elle daigne parfois se couvrir de suffisamment de blanc. Et après vérification, aucune littérature à son sujet. Absolument rien de répertorié à la gauche du couloir Chantriaux...
Alors aujourd'hui je décide d'aller voir. Sans trop y croire, car mes dernières infos-remplissage datent d'un mois, et... car je suis franchement patraque depuis deux jours. La montée commence d'ailleurs plutôt mal avec une toux à rendre jaloux un tuberculeux, et un prédécesseur qui me distance facilement. La situation s'améliore heureusement peu après, me permettant de tenter. Le brassage dans toute cette neige est éreintant mais les bonnes conditions me galvanisent jusqu'au sommet.
La descente se déroule au mieux dans des quantités de peuf inespérées. Les 150m du haut permettent de se mettre confiance grâce à leur inclinaison limitée. Les autres, beaucoup plus raides et surtout exposés, donnent malgré tout moins envie de rigoler. Seul regret, j'ai quitté les skis sur deux mètres au bas de la vire médiane (passage glacé expo, concave, et à 52°...). Faire de prudents mais inesthétiques escaliers le piolet en main, ou tirer courageusement une droite pour déraper ensuite sur de potentiels "requins" déséquilibrants... L'Histoire retiendra que l'envie de fêter mes quarante ans prochainement, avec le seul souvenir de beaux virages plein la tête, l'a emporté !