Idem topo

Couvert le matin entre 1500 et 1900m, puis très beau temps.
Vent de N assez fort et sensible sur les crêtes.
Iso 0° vers 2000m.
BERA: 1 à 2 l'après-midi.

Vallon de Font Turbat très peu enneigé (long portage jusqu'à 1700m, environ 1h30).
Itinéraire en conditions correctes mais neige parfois abîmée (purge redurcies, petite croûte dure sur orientations W NW sur le bas de la pente médiane, vieille poudre dense assez bonne avec neige roulée dans les orientations N, couloir sommital W en transfo légèrement décaillée en rive D.
Excellente moquette sous l'Olan et dans le vallon à la descente (et excellent regel le matin).

Départ: 6h55
Fin d'approche: 10h30
Sommet: 14h00
Fin de descente à ski: 16h00
Puis pique-nique et portage...
Retour voiture: 17h20

Tracer un itinéraire dans ce secteur était au programme depuis longtemps. Une photo datée d'une semaine montrant un remplissage paraissant bon me décide. C'est ainsi que nous nous retrouvons à porter bien longuement pour la date dans ce looonnng vallon de Font Turbat (quasi 1h30 de portage). Un cône bien lisse se montre par contre promesse de délices futurs (d'autant que le regel est fort et la neige bien tassée...).
Après ce premier couloir qui fut notre voie d'accès à la brèche du Clot en 2009, nous nous retrouvons assez vite sous le rognon rocheux qui défend l'accès à la grande pente suspendue. Nous optons pour le couloir direct de droite plutôt que la rampe de gauche plus exposée. Mais ce petit couloir se raidit passablement sur la fin (55°), tout en devenant très étroit et en venant buter sur un "beau" rocher marquant son sommet. L'observation aux jumelles depuis l'approche m'avait laissé entrevoir ce problème ainsi qu'une possibilité de passage juste à gauche du bloc. Mais la marche à franchir se révèle, bien que ridicule par rapport à sa taille, bien délicate, n'offrant que peu de possibilités d'ancrages ou de prises...
Mais notre volonté aura raison du pas ! Par contre, on sait déjà qu'on ne repassera pas par là à la descente...
On prend donc pied dans la grande pente médiane tout d'abord sous la forme d'un large et raide couloir dominant le rognon, puis ensuite dans la partie plus large et vraiment plus avenante.
Et la neige au fait? Eh bien, en demi teinte : durcie au niveau des purges, parfois un peu croûtée et gelée en surface, et restée froide dans les contrepentes orientées N...
On se dirige droit au-dessus visant l'itinéraire "direct" envisagé au départ. Mais une neige très dure, l'exposition des lieux et les difficultés potentielles nous font renoncer et se rabattre sur le plan B, sortie par la belle selle de droite, avec une bonne neige conservée froide.
Arrivés à l'épaule, on poursuit, bien sûr, pour "aller voir". Et c'est ainsi que, de fil en aiguille (de couloir en écharpe, et d'arête en couloir), on arrive juste au-dessous de la pointe 2900m, bien perchés sur cette arête W qui va du col de Turbat à l'Olan.
Le vent est bien présent, on boit juste un coup, range le matos et on se prépare à descendre.
Chouette : le dernier couloir, pas si raide mais réellement impressionnant, a légèrement décaillé en rive droite. On enchaîne précautionneusement les passages ensuite, car l'exposition est très forte sur cette partie haute, et les rochers proches. Quelques bons virages en neige froide sont réalisés avec plaisir mais attention. Puis on arrive, déjà un peu rassurés, à l'épaule et son petit replat. Puis c'est la plongée dans la pente suspendue, par un couloir peu incliné en neige excellente!
La suite de la descente de la pente médiane se fait plutôt rive gauche, afin de viser les restes de neige froide, puis il faut se résoudre à skier sur une neige euh... variable (croûte sur neige roulée, reliefs durs...).
L'approche du rognon fait à nouveau remonter la pression, ce d'autant que la pente a repris quelques degrés (46/47). Heureusement, l'encaissement de cette dernière section redonne un peu de fraîcheur à la neige.
Bon, on laisse évidemment le passage de montée en rive gauche. Il nous reste la très fine goulotte au centre entre les rochers et la rampe de droite. Steph va y jeter un coup d’œil en marche arrière et... ça paraît bon!
J'approche de la rampe dans le bon sens: c'est très raide, bien expo comme prévu mais surtout les premiers mètres à 50° voire un peu plus sont recouverts d'une croûte gelée issue de la fonte de la neige sur les rochers du dessus... Bon, le déchaussage s'impose.
Descente prudente, les deux piolets sont les bienvenus.
Puis c'est le grand plaisir, d'abord dans le couloir qui suit, avec une rive droite bien revenue, puis sur le cône et les pentes sous l'Olan où une moquette royale achève de nous donner la banane!
On ne retrouvera Vincent, qui a skié du côté du Vallonnet qu'à la voiture. Sur la route du retour, discutant de nos aventures respectives, Vincent dira: "De toutes façons, le plus dangereux, c'est la voiture..." 5 minutes après, l'axe de la rotule de direction cède dans un virage et nous nous retrouvons arrêtés en moins de deux mais sans autre dommage que mécanique...
CQFD