Notre impact sur le milieu: Montagne Hivernale
Survie en hiver
L’hiver est la plus rude des saisons pour les animaux, qui doivent survivre pendant de longs mois avec une nourriture limitée et dans un froid extrême. Pour ce faire, chacun d’entre eux a mis au point sa propre stratégie. Connaître les habitudes saisonnières des animaux, c’est éviter de perturber ceux-ci inutilement au cours de randonnées hivernales. Car le stress et la fuite peuvent mettre leur vie en danger. Planifier son itinéraire et savoir adapter son comportement, c’est contribuer sensiblement à ménager la faune. Le présent chapitre traite des habitudes de quelques animaux des Alpes bien connus, et indique comment éviter de les perturber.
Chamois
Les chamois vivent dans les Alpes et dans le Jura, de préférence sur des pentes escarpées et rocheuses émaillées de forêts clairsemées. Ils passent d’une altitude à l’autre au fil des saisons et au gré de la végétation. Pendant le rut, de fin octobre à décembre, les mâles se battent avec acharnement contre leurs rivaux pour un territoire ou une femelle, au risque de devoir passer l’hiver affaiblis ou blessés.
Les chamois passent l’hiver non loin de la limite supérieure de la forêt. Si les chutes de neige sont importantes, ils descendent un peu plus bas pour brouter les jeunes arbres, et remontent dès que les crêtes ne sont plus recouvertes de neige.
Bouquetins
Les bouquetins sont présents dans tout l’espace alpin entre 1600 et 3200 m, mais on les rencontre également dans le Jura. Ils préfèrent les versants escarpés orientés au sud, donc rapidement réchauffés par le soleil qui fait fondre la neige et pousser l’herbe. Ils ne descendent dans les forêts qu’en cas de fortes chutes de neige.
Le rut a lieu de décembre à janvier.
L’été, les femelles mettent bas un ou deux jeunes qui vont les accompagner, et les troupeaux ainsi formés comptent jusqu’à vingt têtes. Les cornes des bouquetins grandissent tout au long de leur vie, et c’est sur leur taille que repose la hiérarchie. Les bouquetins ne luttent qu’avec des animaux du même rang hiérarchique.
Tétraonidés
Les tétraonidés, dont font partie les lagopèdes alpins, les tétras-lyres et les grands tétras, sont des oiseaux typiques des régions froides. Grâce à leur morphologie particulièrement compacte, à leur métabolisme spécifique et à leur comportement adapté, ils parviennent en effet à résister aux hivers longs et glaciaux des Alpes. Les tétraonidés ont tous un plumage très épais, y compris au niveau des pattes, celles-ci faisant ainsi fonction de raquettes qui facilitent leur progression dans la neige fraîche et poudreuse. Mais c’est pendant la période nuptiale que ces animaux sont les plus fascinants, car les tétras-lyres et les grands tétras mâles se livrent alors à des chants, à des vols planés et à des combats nuptiaux d’une grande beauté.
Lagopèdes alpins
Les lagopèdes alpins sont des animaux très résistants, puisqu’ils vivent au-dessus de la limite supérieure des forêts, et se nourrissent dans les derniers gazons battus par le vent. Grâce à leur camouflage, ils peuvent se permettre de ne fuir qu’au dernier moment. Mais le prix à payer est un stress considérable, même sans fuite : en cas de danger, le coeur de ces oiseaux s’arrête littéralement de battre, comme on a pu le découvrir en mesurant leur pouls. Même s’ils ne laissent
pas transparaître leur inquiétude, ils sont constamment en état d’alerte, surtout lorsque des êtres humains sont sur
leur territoire.
Tétras-lyres
Les tétras-lyres vivent surtout dans les landes acidophiles qui poussent dans les forêts clairsemées. Aujourd’hui, ces anciens habitants des marais se rencontrent presque exclusivement en bordure de forêt, là où les bruyères et des groupes d’arbres disséminés ça et là forment comme une mosaïque.
Les tétras-lyres sont des animaux sédentaires, ils vivent toute l’année au même endroit.
Ils se nourrissent d’aiguilles de pin et s’enfouissent volontiers dans une cavité neigeuse. Mais depuis que les amateurs de sports d’hiver ont conquis les versants nord et ouest des montagnes, les tétras-lyres sont contraints de les quitter. Ils doivent passer plus de temps hors de leurs abris neigeux, d’où de grandes pertes de leur énergie si précieuse.
Grands tétras
La parade nuptiale des grands tétras est l’un des phénomènes les plus impressionnants qu’il soit donné de connaître chez les animaux de nos régions.
A l’aube, perché sur la branche d’un épicéa ou d’un sapin non loin de l’arène nuptiale, le mâle entame son chant et, au lever du soleil, il vole jusqu’au sol pour s’accoupler avec la poule.
Malheureusement, nos forêts se font de plus en plus rarement l’écho de son chant nuptial, le grand tétras étant au nombre des espèces en disparition dans les Alpes. Selon leur recensement datant de 2001, ils ne seraient que 450 à
500 en Suisse, contre près du double voici une trentaine d’années. La cause principale de leur disparition est l’évolution
de leur biotope due à la sylviculture intensive et aux nuisances causées par l’homme. L’hiver, de plus en plus de randonneurs fréquentent notamment les grandes forêts panachées du Jura, du nord des Préalpes et des Alpes centrales et orientales, qui sont les régions où les grands tétras se reproduisent traditionnellement. En les perturbant lors du rituel de la parade nuptiale et lors de la couvaison, ils accroissent la pression qui pèsent sur eux.
Périodes de vulnérabilité
La vie des animaux est orchestrée par le rythme des saisons, qui dictent le moment du rut ou de la parade nuptiale, de la mise bas et des soins aux petits. La vulnérabilité de la faune varie donc fortement d’une saison à l’autre : chez les chamois et les bouquetins par exemple, le rut a lieu au début de l’hiver, alors que la parade nuptiale des grands tétras, des tétras-lyres et des lagopèdes alpins se déroule au printemps.
Nuisances en augmentation
Le ski de randonnée s’est récemment popularisé. L’amélioration des prévisions atmosphériques, des bulletins d’avalanches et des équipements permet désormais l’alpinisme en hiver. Et même les amateurs de sports d’hiver inexpérimentés ont accès au monde alpin grâce aux raquettes. Bref, la quiétude hivernale est devenu notre royaume depuis les premières chutes de neige jusqu’à la fonte du dernier flocon.
Déséquilibres causés par l’homme
Les amateurs de sports d’hiver fréquentent l’espace alpin de la mi-novembre à la mi-mai, c’est-à-dire pendant le rut des chamois et des bouquetins et pendant la parade nuptiale des grands tétras et des tétras-lyres. Les animaux qui hibernent pendant les mois les plus froids sont aussi de plus en plus souvent dérangés. En perturbant la parade nuptiale et le rituel de l’accouplement, en inquiétant indûment les animaux et en les poussant à fuir, l’homme devient une menace.
Prenons l’exemple du grand tétras : lorsque le mâle est dérangé pendant le rituel de la parade nuptiale, il lui faut de nombreuses heures, voire plusieurs jours pour reprendre ce rituel au même endroit.
L’illustration ci-dessous indique à quel moment les animaux sauvages sont particulièrement vulnérables.
Courses hivernales en accord avec la nature—règles de comportement
Planification de la course
- Respecter les zones protégées et les réserves de faune.
- Planifier la course en empruntant autant que possible des itinéraires existants.
- Eviter d’utiliser des moyens de locomotion motorisés tels l’hélicoptère et le skidoo pour des activités touristiques en pleine nature.
- Eviter l’aube et le crépuscule, car la plupart des animaux y sont particulièrement sensibles aux nuisances.
- Laisser de préférence son chien à la maison.
- Former de préférence des groupes de petite taille.
- Utiliser dans la mesure du possible des transports publics et des taxis alpins, et sinon, veiller à bien remplir les voitures.
- Respecter les interdictions de circuler. Utiliser des places de parc officielles et ne pas bloquer de passages.
Pendant la course
- Vivre constamment selon le principe: ne rien laisser derrière soi hormis ses traces – ne rien prendre avec soi hormis ses
impressions. - Prêter attention aux informations concernant la protection de la nature et les réserves naturelles.
- Tenir les chiens en laisse en forêt.
- Eviter si possible le gibier, et observer la faune à une distance respectable. Contourner largement les places d’affouragement, et choisir des emplacements de bivouac loin des traces d’animaux.
- Emprunter de préférence les routes ou les chemins existants pour traverser les forêts. Eviter les descentes à travers la forêt pour privilégier les espaces découverts ou les chemins. Suivre si possible les traces préexistantes.
- Ne pas longer la limite de la forêt, et passer cette zone sans s’y attarder, c’est l’habitat des tétras-lyres.
- Au printemps, éviter de fouler le secteur de transition neige – herbe, car le gazon est très vulnérable juste après la fonte des neiges, tout comme les plantes qui viennent de germer et les insectes qui viennent de naître.
- Ne pas rompre inutilement le silence.