Si les bédouins, maîtres des lieux depuis l’antiquité, ont exploré ces rochers depuis bien longtemps, afin d’y chasser le bouquetin, les grimpeurs occidentaux n’ont découvert le massif qu’en 1984. Depuis, ils n’ont pas chômé, et c’est quelques 300 voies qui ont été ouvertes dans le Wadi Rum. Le potentiel est encore immense, comme en témoignent les dernières ouvertures Suisses ou Françaises.
L’escalade au Wadi Rum est assez particulière et quelque peu engagée, de par la texture parfois friable du grès et surtout de par la rareté de l’équipement en place, ce principalement pour des questions éthiques. De fait, il n’existe actuellement qu’une voie entièrement équipée sur spits, même si l’on peut trouver ces dernières protections de façon sporadique dans certains autres itinéraires.
Ce dossier a pour but de donner au lecteur des indications relativement complètes de manière à faciliter un éventuel voyage en Jordanie. Pour plus d’information, on pourra consulter le Topo de Tony Howard, pionnier des lieux, et les autres références bibliographiques indiquées dans cet article.
1 - Partir grimper en Jordanie
De l’Europe en Jordanie
Au détour d'un profond canyon, on aperçoit alors le plus célèbre des temples de l'ancienne cité de Petra. Fabuleux !
Les billets d’avion pour la Jordanie sont à des prix relativement élevés, puisqu’ils sont généralement compris dans une fourchette allant de 400 à 900 euros. Certaines compagnies proposent des tarifs préférentiels pour les étudiants ou les moins de 26 ans. Le prix peut alors baisser jusqu’à 300 euros. En décembre 2001, les compagnies les moins chères étaient AL Italia et Türkish Airline. En décembre 2010, Air France vol direct à 560 €.
La Jordanie est assez bien desservie. Outre les trois compagnies citées plus haut, on peut aussi s’y rendre avec Lufthansa, Jordan Royal Airlines, British Airways…, et ce au départ de la plupart des grandes villes européennes.
Il est nécessaire d’acheter un visa, qui coûte 40 JOD (prix 2018), directement à l'aéroport, et qui est valable trois mois. (bureau de change juste avant la douane, prévoir un quelques euros en liquide) Il est disponible à l’ambassade de Jordanie de votre pays. Normalement, l’agence de voyage qui vous fournit les billets d’avion doit vous envoyer un formulaire de demande de visa et l’adresse de l’ambassade à laquelle vous devez vous adresser. Une fois entré en Jordanie, vous devrez vous représenter au bout de 15 jours au poste de police le plus proche (il y en a un au Wadi Rum), pour renouveler votre autorisation d’entrée. Cela vous coûtera encore 5 JD (7,7 euros).
La Jordanie
Les principales choses à faire
L'arche de Burdah : l'une des curiosités de la nature du Wadi Rum. Avec guide + dépose 90 JD, mais si vous être débrouillards et bien renseigné ça se tente tout seul (première partie de l'itinéraire balisé, deuxième moitié évidente, et au pire nombreux groupes de touristes à suivre!)
Outre les innombrables escalades et randonnées possibles au Wadi Rum, la Jordanie offre de très nombreuses curiosités.
Pour demeurer dans le domaine sportif, la Mer Rouge est un des paradis mondiaux de la plongée sous-marine. Il est préférable d’avoir déjà son « Padi », pour mieux profiter des beautés de la mer, sinon vous devrez d’abord passer par de l’initiation en piscine, ce qui est un peu dommage. Vous pouvez acheter de très nombreuses croisières, avec 3 à 6 plongées par jour, dans un cadre sublime.
La Mer Morte est aussi une curiosité unique, avec ses concrétions de sel, et la possibilité de lire son journal en flottant sur l’eau. Douche obligatoire après la sortie de l’eau!!!
Mais la Jordanie est surtout connue pour ses cités antiques (époque hellénistique et romaine), tout particulièrement celles de Petra et de Jerash, qui méritent sans nul doute des visites approfondies.
Les principales cités antiques à visiter
L'un des temples romain de Jerash marqué, comme l'ensemble de ces monuments, par un état de conservation exceptionnel.
Jerash : Jerash se situe au N d’Amman, à environ une heure de bus de la capitale (1/4 de dinar par pers. Bus à toute heure). Cette cité est tout à fait remarquable par le niveau de préservation des monuments antiques. On y trouve deux théâtres antiques, dont celui situé au N de l’ancienne cité est tout à fait remarquable, une agora ovale de toute beauté, une allée parée de colonnes s’étendant sur plus de 800 mètres de long, et bien d’autres curiosités. Une journée suffit pour parcourir les différentes allées et monuments de cette ancienne cité romaine.
Petra : Est-il encore besoin de présenter Petra ? Cette cité est unique au monde, tant par la préservation de ses temples, théâtres et allées que par le cadre naturel grandiose. Certains y passent trois jours, mais une bonne journée permet d’en faire le tour de façon assez complète. Petra est reliée au Wadi Rum par une desserte quotidienne. MAJ Mars 2019 = départ 8h30 - 9h et on a payé 8JD avec bagages. Le retour est à 6 heures (du matin) au départ de Petra.
Le Valentine INN est un hôtel sympathique et bon marché (toit=1JD/pers ; dortoir=2JD/pers ; chambre=6 JD/chambre... (tarifs de 2001, comptez l'inflation: en 2013, la chambre est à 20JD !). Le chauffeur du bus connaît l’adresse et organisera vos transferts…)
Mars 2019 : Venus hôtel juste à côté de la station JETT bus et de l'entrée de Petra à 35JD / nuit pour 2 est le moins cher qu'on ait trouvé. Taxi depuis la gare routière en taxi = 3JD
Le tarifs d'accès à la vallée pour une journée est de 50 JD/1 jour et 55JD/ 2 jours
Manger à Petra = Al Wadi restaurant, environ 30 JD à deux pas mal du tout. Sanabel bakery très bonnes patisseries arabes
La population
Les Jordaniens sont principalement issus du peuple arabe et, parmi eux, il est nécessaire de faire la distinctions entre les sédentaires et les bédouins, ces derniers étant nomades. Les bédouins sont répartis dans l’ensemble du pays, et conservent encore leur style de vie traditionnel, bien que le gouvernement tente depuis une quinzaine d’années de les sédentariser. Petra est à cet égard un exemple douloureux, puisque les bédouins se sont vus déposséder de ce site, qui était leur lieu de vie depuis des siècles, et ont été réduits à des petits emplois, en rapport avec le tourisme, emplois qui parfois se rapprochent de la mendicité…
Le Wadi Rum abrite environ un milliers de bédouins, vivant selon un rythme semi-nomade. Ils sont extrêmement accueillants avec les grimpeurs, qu’ils apprécient beaucoup. Il n’est pas rare qu’ils vous invitent à boire le thé chez eux.
Le Jordanie est un pays musulman. La religion semble y être pratiquée avec modération. Modération ne veut pas dire tiédeur, car tous les Jordaniens semblent être profondément croyants. Il convient donc de respecter leurs usages. Les femmes devront donc s’abstenir de porter des vêtements moulants, des débardeurs ou des shorts montant au-dessus du genou. Les hommes devront éviter de se balader torse nu. La consommation excessive d’alcool en public est fortement déconseillée. Les piercings et les coiffures extravagantes ne sont guères prisées des bédouins, même des plus ouverts vers l’occident. La tolérance à l’égard des occidentaux est cependant beaucoup plus grande dans les régions touristiques telles que le Wadi Rum qu’à Amman.
La nourriture
La nourriture en Jordanie est assez bonne et variée. On y trouve de nombreux fruits et légumes. Le pain est le plus souvent le « chapati », galette plate cuite sans levain, qui est très bonne. On trouve aussi du pain mou, à l’occidentale. Les plats sont à base d’agneau et de poulet, accompagnés en général de riz et de légumes, et précédés de nombreuses entrées variées à consommer avec du pain. (fromage frais, crudités, thon…). On peut boire l’eau sans danger, sans même la traiter. L’eau est une denrée rare dans le désert. Les touristes (que nous sommes) devront donc limiter leur consommation, notamment au niveau des douches et des lessives.
Le coût de la vie en Jordanie
La monnaie : la monnaie jordanienne est le Dinar. Il vaut environ 1.3 Euros. Le coût de la vie en Jordanie est à peine moins élevé qu’en France. Voici quelques exemples de tarifs :
- Le petit déjeuner : 2 JD
- Le dîner : 2-5 JD
- La nuit au Camping : 1 JD
- La nuit en auberge de jeunesse (dortoir) : 2 JD
- La nuit dans un hôtel bon marché : 3 Dinar à 10 dinars par personnes. --> MAJ 2023 plutôt 20 JD personne minimum
- Le taxi d’Amman au Wadi Rum : 99 JD.
- le bus de Rum à Petra: 10JD (2023)
- le bus Jett d'Amman à Aqaba: 10 JD (2023)
- le taxi d'Aqaba à Wadi rum village: 20 JD
Trajet jusqu’à/de Wadi Rum
Rum Village marque l'extrémité S de la Jordanie. La route goudronnée s'y arrête.
En Bus depuis Amman : C'est très facile (des bus partent à toute heure, pas besoin de réserver). Pour 10 JD/personne, vous pourrez aller à Aqaba. Demander au chauffeur de vous laisser au croisement pour le wadi rum en chemin. Ensuite faire du stop (circulation à toutes heures, très facile, laisser 2-3-4 JD au chauffeur). (Compter 4-5h au total depuis Amman)
En taxi depuis Amman : Si vous arrivez à l’aéroport d’Amman, le tarif officiel est 99JD. Les taxis "officieux" sont moins cher... mais illégaux ! Les taxis indépendants sont à négocier. Par contre, au retour, vous trouverez certainement des bédouins (voir Sabbah Eid ou Atteiq Odah) qui vous conduiront pour 20 à 40 JD, car ils combinent le trajet avec d’autres affaires sur Amman. Le trajet prend environ trois heures. Vous pouvez également faire du stop du croisement de l'autoroute jusqu'à Amman: à négocier ! (pas plus de 10 JD !)
JD
En taxi depuis Aquaba : Le trajet coûte 20JD (à négocier mais max 25 JD) et prend environ 1 heure, 1 heure 30.
Location d’une voiture pour la durée du séjour : entre 200 et 1000 Euros la semaine en fonction de la qualité de la voiture. Si la grimpe est votre activité principale, il est inutile de louer une voiture. Les bédouins font un service de taxi dans le désert qu’ils connaissent comme leur poche et c’est extrêmement pratique. En outre, louer une voiture pose le problème éthique suivant : vous venez grimper dans le désert, pays des bédouins. Ces derniers sont assez pauvres et menacés d’être sédentarisés de force et dépossédés de leur territoire. Il est plus utile de donner votre argent à ces derniers plutôt qu’à Avis ou Hertz ...
2 - Se loger, manger et se déplacer au Wadi Rum
Où dormir au Wadi Rum ?
Escalade sur le Pilier de la Sagesse (Pilar of Wisdom) avec vue sur Rum Village et le Rest House (à gauche).
Pour l’instant, (et peut être pas pour longtemps), le Wadi Rum est un espace de liberté. Vous pouvez donc dormir où vous voulez. Plusieurs options pour dormir:
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Chez Saleh Mosa qui possède un camps au pied du massif du Khazali. L'emplacement est juste magique et assez stratégique point de vue grimpe. Saleh connait le désert depuis toujours et pourra vous conduire au pied des voies ou vous louer une petite jeep. Peut organiser le transfert depuis l'aéroport d'Amman pour 90JD. Un bon plan pour récupérer au calme car les nuits à Rum peuvent être compliquées (chant du muezzin accompagné d'une symphonie d'aboiements des chiens errants)De l'eau chaude en plein désert et une nourriture excellente à profusion concoctée par Alia, la femme de Saleh ,le tout pour 25JD / nuit la demi-pension (possible de négocier moins si vous restez longtemps) À la différence d'autres camps plus commerciaux qui emploient des soudanais ou autres, ici c'est Alia qui gère l'intendance et vous pourrez avoir un aperçu vraiment authentique de la culture bédouine. N'hésitez pas à discuter avec la maitresse des lieux qui sera ravie de vous montrer comment traire les chèvres, jouer du tambour, ou vous apprendre quelques rudiments d'arabe. Saleh, ainsi que leurs enfants, sont aussi très sympathiques
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la rest House à l'entrée du village faisait camping autrefois mais ce n'est plus le cas. Libre à vous de planter votre tante si les bandes de chien errants ne vous rebutent pas (on nous a mis en garde contre les vols aussi) ! Sinon se faire déposer un peu en dehors du village avec des vivres
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l'option chez l'habitant. Compter en gros 15 JD pour la nuit et le petit dej'. Une excellente adresse chez Ali et Alia Hamad Zalabiah qui ont aussi un camp dans le désert. Douches, toilettes et internet! Excellent accueil et possibilité de manger le soir en prévenant à l'avance pour 10JD/personne. Tous les 2 parlent anglais. Vous pouvez les contacter pour vous trouver un taxi depuis Amman, pour aller dans le désert, ou pour dormir chez eux. Le mail : sun_rise_camp@yahoo.com
Autre excellente adresse: Saleem Zalabya qui vous accueille chez lui ("dortoir" ou salle privative dans la maison contiguë mais pas de toilettes ou sdb) pour 20JD/personne (2023) pour une nuit + petit dej + diner. Saleem dispose également d'une JEEP pour vous conduire dans le désert et connaît très bien le massif, la localisation et l'accès des principaux itinéraires. Par exemple pour vous déposer à Barrah canyon (Merlin's wand, Star of Abu Judaiah), vous prêter tout le matériel de bivouac et revenir vous chercher, compter 150JD (2023). Ajoutons à cela que le personnage est extrêmement sympathique et parle un bon anglais... Contact: saleemzalabya@gmail.com / https://www.facebook.com/saleem.zalabya
Mohamed peut aussi vous accueillir pour à peine moins de 25JD (2023) tout compris (nuit+petit dej+diner). Ancien grimpeur, Mohamed saura vous conseiller habilement sur le choix de votre voie du lendemain. Il connaît et a parcouru un bon nombre d'itinéraires de WadiRum. Contact whatsap: 00962797645832 -
Chez Saoud Alzalabieh, dans une grande chambre où vous établirez votre camp de base et laisserez votre matériel de grimpe et tous autres bagages en toute sécurité. Pour 25 JD vous avez la 1/2 pension, le thé bédouin à volonté, une ambiance familiale autour du feu, une douche avec eau chaude et de nombreux trajets en voiture (en demandant gentiment) jusqu'au pied des voies. Saoud fait partie du groupe restreint des guides officiels du Wadi Rum et avec un diplôme reconnu par l’État. Il connaît très bien les besoins des grimpeurs et sait où et comment vous chercher en cas de problème. Il propose également de nombreuses activités dans le désert. Vous trouverez ici un super site avec des renseignements sur Saoud, les activités qu’il propose et les prix de celles-ci: www.wadirumclimbing.com Étant toujours dans le désert, Saoud est joignable par téléphone +962 7 7799 5306.
N'hésitez pas à demander à votre futur hote ce qui pourrait lui être utile : vieux bouts de cordes, vieux snowboard (sandboard pour les touristes), frontale, couteaux, bouteilles de gaz... sont le genre d'objet visiblement chers pour eux ou difficilement accessibles dans le désert... en plus de les aider eux, ça vous aidera éventuellement à négocier!
Où manger au Wadi Rum ?
Le Rest House possède un restaurant, qui offre une nourriture savoureuse et abondante, qui ne variera que très peu durant la durée de votre séjour. Le prix du dîner est de 8 JD/personne et celui de la demi-pension de 7 JD/personne. En payant d’avance un certain nombre de repas, vous pouvez cependant obtenir le dîner à 2,5 JD/personne. Les serveurs sont très sympathiques. Néanmoins, nouveau problème éthique : aucun d’entre eux n’est un bédouin et le Rest House est géré par le gouvernement, qui rend actuellement la vie des bédouins de plus en plus difficile.
En face, il y a le Wadi Petra Restaurant, dont le propriétaire est un bédouin, et qui est géré par Atta, un homme incroyablement gentil et sympathique. Vous pourrez vous y rendre à toute heure boire un thé qui vous est bien sûr offert. La demi-pension est à 3.5 JD et le dîner seul à 2.5 JD. C’est copieux et très bon également.
En continuant tout droit après le RestHouse, après la première épicerie, vous trouverez les restaurant de Abu Ali. Abu Ali fait un tarif à 5JD pour les grimpeurs (repas, thé, bouteille d'eau). La nourriture est bonne et copieuse (surtout du riz et du poulet, comme partout ici...) mais surtout le personnage vaut vraiment d'être rencontré. N'hésitez pas à partager de longues soirées avec Abu Ali et les quelques locaux qui passent dans son restaurant: il pourra vous parler de ses voyages, de ses différentes vies, des plantes qui peuplent les canyons de Wadi Rum...
Il y a aussi trois épiceries, où l’on trouve presque de tout pour pas trop cher (à noter que le prix pour un touriste ou un bédouin n'est pas le même, aucun prix d'affiché).
Comment aller au pied des voies ?
Approche en Jeep jusqu'au Barrah Canyon.
En premier lieu, il faut se procurer le topo de Tony Howard, qui offre un plan détaillé du massif. Chaque voie y est bien située, et son approche décrite de façon plus ou moins précise. Le Wadi Rum est très grand, et certains secteurs nécessitent de prendre un taxi bédouin, à moins que vous n’envisagiez des approches de 8 heures… Les prix sont variables, allant de 5 JD pour aller à Nassraniah N jusqu’à 50-60 JD pour se rendre au Canyon de Barrah.
Néanmoins, de nombreuses voies sont accessibles à pied depuis le camping, et ce en marchant de 20 minutes à une heure au maximum. Si la plupart des voies se trouvent facilement, certaines sont cachées au cœur de véritables dédales rocheux et mettront à l’épreuve vos facultés d’orientation !
3 - L’escalade au Wadi Rum
Histoire de l’escalade au Wadi Rum
Les bédouins sont sans conteste les premiers grimpeurs du Wadi Rum. Fusil au dos, pieds nus, ils partent depuis des siècles chasser le bouquetin dans les parois du Wadi Rum. Cette tradition n’est pas perdue puisque Ateiq grimpeur bédouin bien connu, nous a dit avoir tué plus de 115 bouquetins dans sa vie, alors qu’il n’a que 27 ans… Certains itinéraires, transmis de père en fils restent secrets, alors que les plus connus sont aujourd’hui répertoriés dans le topo de Tony Howard. On peut citer la traversée du Jebel Rum, Hammad’s Route, Sabba’s Route. Certains itinéraires atteignent le 5, ce qui donne la mesure de l’agilité de ces bédouins…
A l’automne 1984, une équipe de grimpeurs britanniques (Howard, Baker, Shaw et Taylor) sont invités par le Ministère du Tourisme à venir grimper dans le Wadi Rum. Ils y ouvrent quelques voies, en collaboration avec des bédouins. Ils reviennent en 1985 accompagnés de Wilfried Colonna, et cette équipe ouvre un nombre considérable de voies, qui deviennent bien souvent des classiques, car logiques et de caractère. Les descentes sont en général assez bonnes, mais demandent toujours un sacré sens de l’orientation.
D’autres grimpeurs de renom font bientôt le déplacement. Ainsi en est-il des frères Remy, qui ouvrent 20 voies en 20 jours en 1986, dans une boulimie d’ouvertures. Le résultat est donc assez variable, des chefs d’œuvre côtoyant des tas, mais avec une constante, l’engagement, et des descentes parfois dangereuses.
Outre les frères Remy, d’autres duos de renom opèrent au Wadi Rum dès 1986. La paire Duvernet-Monnet ouvre ainsi une série de lignes, en général assez engagées et intéressantes. Ils sont aussi les premiers à pratiquer le parapente en Jordanie.
La paire Haulpotter-Precht se distingue elle aussi par un assez grand nombre d’ouvertures. Partisans d’une éthique rigoureuse et d’une technique rapide et engagée, ils ouvrent donc des lignes souvent très sérieuses et exposées, dont les descentes peuvent s’avérer effrayantes.
Dès la fin des années 1980, la Jordanie devient une destination assez courante pour les grimpeurs occidentaux, et les ouvertures se multiplient.
La dernière évolution en date est la première voie entièrement spitée, la « Guerre Sainte », ouverte par Arnaud Petit, accompagné d’une équipe de grimpeurs français et israélien (B. Robert, P. Batoux, A. Hod…). Cette voie, bien qu’allant contre l’éthique rigoureuse des « pionniers », représente une évolution très intéressante, dans la mesure où les spits ont donné l’accès à un véritable « Big Wall », improtégeable par des moyens uniquement naturels.
La meilleure période
Les mois les plus favorables sont ceux de novembre, décembre, fin février, mars et avril. Il est néanmoins possible de grimper en janvier, mais le risque de pluie, de tempête de sable ou de froid est assez important, pouvant rendre alors la grimpe impossible pendant plusieurs jours. En décembre et en janvier, les jours sont aussi très courts et les nuits plutôt froides…
En octobre et en mai, l’escalade est encore possible, mais uniquement à l’ombre. De juin à septembre, il fait beaucoup trop chaud, la température pouvant aller bien au-delà de 40°c à l’ombre.
L’équipement des voies
Vous l’avez sans doute compris, l’escalade au Wadi Rum est assez « aventureuse ». Une grande partie des voies n’ont quasiment aucun équipement en place. Les relais ne sont en général équipés que lorsque la descente se fait en rappel. Vous trouverez parfois quelques points de protection, en général uniquement dans des passages particulièrement délicats, où la protection naturelle est impossible.
Les protections fixes sont de trois types : les lunules, les spits et scellements et les pitons.
La forme particulièrement sculptée du rocher jordanien fait que l'on trouve beaucoup de colonnettes offrant ainsi la possibilité de les entourer d’une sangle. Certaines cordelettes restent en place plusieurs années, leur solidité est donc douteuse. Il est fortement conseillé de vérifier et de changer si nécessaire toutes les sangles de relais et les lunules. Le soleil et le sable sont un mélange particulièrement agressif pour les sangles, qui vieillissent très rapidement.
Les spits ne sont pas aussi fiable que dans le granit ou le calcaire. Si vous vous imaginez que, passé la couche superficielle solide de 0.5 à 1 cm, le grès est constitué de sable, vous comprendrez vite pourquoi un spit classique est d’une solidité douteuse. Cependant, des spits bien placés ou des scellements peuvent retenir sans problème des chutes répétées… Mais les scellements sont plutôt rares dans le Wadi Rum.
Les points d’assurage les plus fiables sont encore les cornières martelées dans un trou sous-dimensionné perforé au tamponnoir. La plupart des relais sont ainsi constitués. Cependant, là encore la méfiance est de mise… Faites donc l’essai sur un des blocs qui entourent Rum village, vous verrez que la solidité de tels points est des plus variables selon la qualité du rocher.
Garder également à l'esprit que beaucoup de voies ont été ouvertes dans les années 80, et que les cotes s'en font ressentir. On est plus dans une ambiance Envers des Aiguilles que dans un site de couenne moderne.
Le matériel à prendre
Il vous faudra tout l’équipement classique de « terrain d’aventure » :
- Un jeu complet de camalots ou friends, depuis le 0.1 jusqu’au no4, si possible avec les tailles 0.5, 0.75, 1 et 2 doublées, voire triplées.
- Un jeu complet de coinceurs du 0 jusqu’au 10.
- De très nombreuses sangles et cordelettes ainsi qu’un crochet à lunules, un couteau et un briquet. Au moins 10 ou 15 m de cordelette (7mm pour résister au terrain), en début de saison (automne), mieux vaut changer tout le textile que vous rencontrez dans les voies: le sable, le soleil et la sécheresse les dégrade très rapidement (attention donc...).
- Dégaines "à rallonge" en nombre.
- Un rappel de 60 m reste très utile, prenez également un brin de rechange, le rocher très abrasifs et les rappels tordu des voies "non-classiques" sollicitera grandement votre corde...
- Le marteau et les pitons ne sont pas nécessaires, mis à part pour consolider certains relais.
- Une trousse à spit, en cas de retraite. Sangle et maillon suffise.
- Le sac à pof est inutile sauf pour les voies sportifs ou par votre chaleur (grime non recommandé)
- Choisissez des chaussons qui respirent style ballerine, en bon état.
Les plus belles voies classiques du Wadi Rum
Pour la randonnée-escalade, la traversée du Jebel Rum est un incontournable, tant par la beauté de cette marche que par son aspect ludique et le belle vue obtenue depuis le sommet. Khazali Canyon offre aussi une superbe marche, tout comme l’arche de Burdah.
Le Pilier de la Sagesse est une voie somptueuse, qui offre 400 mètres de superbe escalade du 4 au5+, et aboutit au sommet du Jebel Rum. (TD-)
Merlin’s Wand, dans le Canyon de Barrah, est une grande classique. Cette voie remonte en 5 longueurs comprises entre le 5 et le 6a+ une superbe fissure rectiligne. (TD)
The Star of Abu Judaiah, sa voisine, plus soutenue et engagée, est aussi de toute beauté. (ED-)
Plus près du camping, se trouvent, isolées au fond d’un mystérieux canyon, The Beauty et Alan and his perverse frog. Ces deux voies de niveau TD+ offrent une splendide escalade, sur un rocher rouge et compact, et une très belle approche.
Lionheart (ED-) est une voie pour les adeptes de la fissure, avec un itinéraire superbe et austère, enchâssé au fond d’une gorge.
On peut aussi citer Raid mit the Camel (ED+) et The Inschallah factor (ED-), deux superbes itinéraires soutenus de 450 mètres qui surplombent Rum village.
Enfin, pour les adepte de Big Wall équipé sur spit, la magnifique et unique Guerre Sainte sur le Nassrani N. (Abo -)
4 - Bibliographie
Les livres du back packer
-
Le guide du routard JORDANIE - SYRIE - YEMEN 2002
Paru en novembre 2001, il offre un excellent support de voyage pour visiter et mieux connaître la Jordanie et ses habitants. -
Le lonely planet Jordan
Quatrième édition de ce célèbre guide anglophone, il reste la référence dans le voyage en Jordanie.
Les topos d’escalade
- Compilation Rock Around The world (en français, et avec des tracés en photos)
https://www.camptocamp.org/books/944515/fr/rock-around-the-world - Treks and Climbs in Wadi Rum de Tony Howard aux éditions Cicernone Press
- Walking in Jordan de Di Taylor et Tony Howard aux editions Cicerone Press
Les articles de la presse spécialisée
Article sur l’escalade au Wadi Rum
- 1986 Vertical, no 8, p. 49 par Wilfried COLONNA, La route du Rum
- 1987 Montagnes Magazine, n° 97, p. 76 par Yves et Claude REMY, Wadi Rum ou la gomme arabique
- 1988 Montagne et alpinisme, no2, p. 44 par Yves ASTIER, Escalades en Jordanie
- 1988 Alpirando, n° 107, p. 50 par Claude GARDIEN, Grimpe bédouine
- 1990 Montagne et alpinisme, no3, p. 54 par Bernard DOMENECH, Wadi Rum
- 1993 Vertical, n° 60, p. 70 par Wilfried COLLONA, Les versants jordaniques
- 1994 Montagne et alpinisme, no2, p. 28 par Emmanuel RATOUIS, Escalade dans le désert de Wadi Rum
- 1997 Les Alpes - Club Alpin Suisse, no4, p. 18 par Oswald OELZ et Annelise RIGO, Wadi Rum (Jordanie) - Escalade dans un paradis menacé
- 1998 Vertical, n° 113, p. 62 par Claude GARDIEN, La route du Rum
- 2001 Alpirando, n° 235, p. 22 par Arnaud PETIT, Les perles du désert
- 2002 Verticalroc, n° 20, p. 44 par Claude GARDIEN, Jordanie...
Articles sur la randonnée au Wadi Rum
- 1990 Montagnes Magazine, n° 123, p. 90 Bernard AMY, La rose pourpre de Jordanie
- 1992 Montagne et alpinisme, no1, p. 46 Philippe PICAS, L'aventure vous y attend
Articles sur le parapente au Wadi Rum
- 1990 Montagnes Magazine, n° 123, p. 98 Patrick JEANNOT, Parapente au Wadi Rum
Les principaux sites Internet
- kinghussein.gov.jo : le site du ministère du tourisme de Jordanie. Des infos touristiques sur la Jordanie et le Wadi Rum. EN
- Ruth's Jordan : un site amateur très riche en information sur la Jordanie et le Wadi Rum. EN
- Wadi Rum Rock Page : un site perso présentant l’escalade au Wadi Rum. EN
- Wadi Rum Forum : un site intéressant présentant les récentes difficultés que rencontrent les bédouins face au développement et à l’organisation étatique du tourisme local. Jusqu’à quand pourra-t-on grimper librement au Wadi Rum ? EN
- Nomads : le site Internet du seigneur des lieux, le dénommé Tony Howard. EN
- climbing.co.uk : Un reportage assez complet sur l’escalade au Wadi Rum. EN
5 - Adresses Utiles
En France
-
À la sortie du headwall de la Guerre Sainte.
Office du tourisme de Jordanie
32, rue de Ponthieu, 75008 Paris
tel : 00 33 1 45 61 92 58
fax : 00 33 1 42 25 66 40
Office du tourisme
Ouvert du lundi au vendredi de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à 17h00. -
Ambassade et consulat de Jordanie
11, rue Alfred-Dehodencq, 75016 Paris
tel : 00 33 1 55 74 73 73
fax : 00 33 1 55 74 73 74
Ouvert du lundi au vendredi de 9h30 à 11h30 -
Institut du Monde Arabe (IMA)
1, rue des Fossés-Saint -Bernard, 75005 Paris.
tel : 00 33 140 51 38 38
Ouvert du 10h00 à 18h00 sauf le lundi.
En Suisse
- Ambassade de Jordanie
11, Belpstrasse, 3007 Berne
tel : (031) 381 41 46
Ouvert du Lundi au Vendredi de 9h00 à 11h00
En Belgique
- Ambassade de Jordanie
Avenue Frankelin-D.-Roosevelt, 104, Bruxelles 1050
tel : (02) 640 77 55
Ouvert du lundi au vendredi de 9h30 à 12h30
Guides Bédouins
- Vous trouverez la liste de tous les guides bédouins avec leurs photos en cliquant sur : liste
-
Pour notre part, nous avons sympathisé avec les deux guides suivants qui se trouvent être parmi les meilleurs grimpeurs bédouins : Atieq Odah
Aqaba - Wadi Rum
Jordan
tel : 00 962 795 834 736 -
Sabbah Eid
Aqaba - Wadi Rum
Jordan
tel : 00 962 3 201 62 38 -
Saoud Alzalabieh est également un guide expérimenté et officiel du Wadi Rum. Il vit au village (cf. Où dormir au Wadi Rum ?). Vous pouvez le joindre par téléphone, même à la dernière minute :
Tel +962 7 7799 5306
Site internet: www.wadirumclimbing.com
Topos et autres renseignements
Pour toute information complémentaire (possibilités d'ouverture de nouvelles voies, par exemple) ou tout retour d’informations concernant des remarques ou critiques sur le topo, l’équipement des voies, un éventuel éboulement, etc. vous pouvez contacter Tony Howard à l’adresse ci-dessous.
- Greenman's Farm - Greenfield
Yorks - Nr Oldham
OL3 7HA - ENGLAND
Tel/Fax +44 (0) 1457 873231
Nomads