Géologie : introduction à la formation des roches

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Catégories : environnement montagne
Type d'article : collaboratif (CC by-sa)

Les roches sont classiquement classĂ©es dans trois grandes catĂ©gories. Les roches magmatiques sont issues du magma, c’est-Ă -dire qu’elles sont formĂ©es en profondeur, lĂ  oĂą la chaleur due Ă  la radioactivitĂ© naturelle est importante. Les roches sĂ©dimentaires sont formĂ©es Ă  partir de dĂ©pĂ´ts d’autres roches, mais aussi de composĂ©s organiques (non minĂ©raux) ou encore Ă  partir de rĂ©actions chimiques, et sont caractĂ©risĂ©es par la formation de strates, et leur caractère parfois fossilifère. Enfin, les roches mĂ©tamorphiques sont issues de la transformation de roches existantes sous l’effet de tempĂ©ratures et/ou de pressions importantes. Roches magmatiques et roches mĂ©tamorphiques sont toutes deux des types de roches dites cristallines.Des roches, quelle que soit leur nature, subissent une Ă©rosion (due au vent, au gel, aux marĂ©es…), les fragments en Ă©tant issus vont subir un transport qui les Ă©loigne plus ou moins de leur lieu d’origine (transport par le vent, mais surtout par l’eau…), puis ces matĂ©riaux s’accumulent (c’est la sĂ©dimentation), et enfin ils se modifient, se structurent, s’assemblent plus ou moins, pour donner naissance Ă  une nouvelle roche : c’est la diagĂ©nèse.

Les roches magmatiques sont de deux types

Le refroidissement du magma

PrĂ©cisons d’abord que la vitesse de refroidissement du magma dicte la taille des cristaux qui seront visibles dans les roches magmatiques : plus le refroidissement est rapide, plus les cristaux sont petits, et inversement. Les cristaux visibles Ă  l’œil nu sont dits phĂ©nocristaux et l’on parle de roche grenue ou microgrenue ; les cristaux microscopiques visibles au microscope optique sont des microlites; la pâte qui les cimente est un verre, amorphe. Dans les roches magmatiques, les cristaux sont disposĂ©s de manière Ă©quante, c’est-Ă -dire au hasard.

Les roches issues de phénomènes volcaniques sont dites effusives

Cristallisation des minéraux

Les violents phĂ©nomènes de volcanisme se caractĂ©risent par le contact brutal du magma en fusion et des gaz dissous qu’il contient (principalement de la vapeur d’eau) avec l’air : seuls des microlites ont le temps de se former, alors que les cristaux plus gros se forment pendant la remontĂ©e du magma depuis quelques kilomètres de profondeur. Ă€ noter que certaines roches apparaissent complètement homogènes car elles ne sont composĂ©es que de verre (elles sont dites vitreuses), telle l'obsidienne, affleurant par exemple Ă  Obsidian Cliff dans le Parc de Yellowstone.

obsidienne (Yellowstone) : noter la lumière qui la traverse
obsidienne (Yellowstone) : noter la lumière qui la traverse
Les différents minéraux les plus communs

Les minĂ©raux cristallisĂ©s de ces roches sont classiquement du quartz (dioxyde de silicium), des feldspaths (silicates), des micas (silicates aussi), et d’autres encore. Ces cristaux sont prĂ©sents dans des proportions totalement variables d’un magma Ă  un autre, voire en sont absents. Tous contiennent plus ou moins de silice : plus la roche en contient, plus elle est dite acide et plus elle est claire. Enfin, plus les minĂ©raux sont acides, plus ils cristallisent tardivement.

Quelques roches volcaniques communes

Selon la teneur en silice donc selon l’aciditĂ©, les roches effusives seront ainsi de nature diffĂ©rente. Les plus connues sont, par ordre d’aciditĂ© dĂ©croissante (de teneur en silice dĂ©croissante) : la rhyolite (environ 70% de quartz), la trachyte, l’andĂ©site, le basalte (ces deux dernières dĂ©pourvues totalement de quartz).

La rhyolite

La rhyolite, en général gris clair, rouge orangé dans les Gorges du Blavet est connue des grimpeurs du SE de la France. De composition équivalente au granite, issue d’un magma visqueux qui remonte mal, elle n’est pas la plus fréquente des roches volcaniques !

rhyolite (Gorges du Blavet)
rhyolite (Gorges du Blavet)

L'andésite

L'andĂ©site, roche grise, est typique des zones de subduction ocĂ©anique sous une plaque continentale : son nom vient d’ailleurs de Andes… Mais on en trouve aussi dans la ChaĂ®ne des Puys, volcanisme aĂ©rien ayant 10000 ans seulement.

Le basalte

Le basalte est la roche « terrestre » la plus rĂ©pandue, très foncĂ©e car basique : il constitue notamment le fond des ocĂ©ans, et est issu de la fusion du manteau (sous la croĂ»te terrestre) qui s’épanche facilement (magma basique et fluide) au niveau des dorsales ocĂ©aniques, mais on le retrouve aussi lors de volcanisme « aĂ©rien ». Il prend parfois la forme de typiques colonnes prismatiques hexagonales lorsque la lave refroidit lentement et rĂ©gulièrement, comme Ă  la ChaussĂ©e des GĂ©ants en Irlande ou dans la ChaĂ®ne des Puys du Massif Central, ou bien de coulĂ©es +/- horizontales telles une Ă©tendue de coussins, dites pillow lava, liĂ©es Ă  un refroidissement rapide en mer.

basalte (Ardèche)
basalte (Ardèche)
orgues basaltiques (Ardèche)
orgues basaltiques (Ardèche)
basalte microgrenu
basalte microgrenu

Aspect des roches émises et type de volcanisme

Outre la teneur en silice qui entre autres conditionne le type de roche, le type de volcanisme (violence liĂ©e Ă  la viscositĂ© du magma et aux gaz dissous) conditionne la forme sous laquelle la roche va ĂŞtre Ă©mise. Une partie coule sur les flancs du volcan : c’est l’épanchement de lave, très fluide pour le basalte. Une partie est expulsĂ©e au loin (on parle de pyroclastites ou d’éjecta), et on aura Ă  faire, des plus petits aux plus gros de ces fragments, Ă  : des cendres, des lapillis (la pouzzolane utilisĂ©e en paysagisme au pied des plantes), ou des bombes.
Par ailleurs, la teneur en gaz mĂ©langĂ©s aux fragments liquides (solides après refroidissement) va interfĂ©rer sur l’aspect et la densitĂ© des « cailloux » : du verre, homogène et compact, aux pierres-ponces et aux scories, vacuolĂ©es car ayant contenu du gaz (les pierres-ponces flottent).

scorie : noter les vacuoles ayant contenu des gaz
scorie : noter les vacuoles ayant contenu des gaz
pierre-ponce (Santorin) : si vacuolĂ©e que sa densitĂ© est infĂ©rieure Ă  celle de l'eau : elle flotte!
pierre-ponce (Santorin) : si vacuolée que sa densité est inférieure à celle de l'eau : elle flotte!

Les roches magmatiques formées en profondeur sont appelées plutoniques

(ou encore intrusives)

Cristallisation des minéraux

Elles nous apparaissent Ă  la suite de mouvements tectoniques ou par l’action de l’érosion. Elles se sont formĂ©es Ă  l’intĂ©rieur de l’écorce terrestre par un très lent refroidissement de plusieurs centaines de milliers d’annĂ©es en gĂ©nĂ©ral Ă  des profondeurs de quelques kilomètres ou dizaines de kilomètres. Les cristaux sont donc souvent de grande taille : ce sont les phĂ©nocristaux dont on a parlĂ© plus haut ; les roches sont dites grenues ou holocristallines, elles ont eu le temps de cristalliser entièrement. Dans la plupart des cas, les cristaux ont tous Ă  peu près la mĂŞme taille, mais parfois certains sont bien plus volumineux que d’autres et l’on parle alors de roche porphyroĂŻde.

Quelques exemples fréquents

Comme pour les roches volcaniques, la couleur dépend de la composition et encore une fois la teneur en silice (l’acidité) est utilisée pour classer ces roches. De la plus claire (la plus acide) à la plus sombre, on rencontre par exemple le granite, la syénite, le gabbro ou la péridotite. On dit classiquement que le granite a la composition d’une rhyolite ; mais il est entièrement cristallisé. Les gabbros correspondent par exemple aux basaltes, etc. Cependant, les magmas à l’origine des roches plutoniques et des roches volcaniques sont différents.

Le granite

Le granite sans aucun doute la plus connue de ces roches ; c’est la roche principale de la croĂ»te terrestre. On la rencontre frĂ©quemment dans nos activitĂ©s, que l’on soit sur une paroi vertigineuse au Grand Cap (granite rose) ou Ă  El Cap, que l’on randonne sur le GR20 en Corse, ou que l’on serre une rĂ©glette sur un bloc du chaos de Targassonne !
Les chaos sont une consĂ©quence de l’érosion sur le granite : les fissures laissent passer l’eau, elles s’agrandissent par altĂ©ration chimique sous l’action de cette eau, le granite prend progressivement la forme de boules d’abord enterrĂ©es dans les dĂ©bris de l’altĂ©ration (appelĂ©s arène granitique), puis mises Ă  jour par l’érosion.
Le granite est principalement composĂ© de quartz (cristal gris) de mica noir (c’est lui qui s’oxyde facilement) et parfois de mica blanc, ainsi que de feldspath, sous forme de gros cristaux blancs ou parfois colorĂ©s. Les cristaux de quartz sont souvent « informes » : acides, ils ont cristallisĂ© en dernier pour prendre la place restante.

granite (Alpes)
granite (Alpes)
Yosemite-El Capitan (Californie)
Yosemite-El Capitan (Californie)
granite rose (Corse)
granite rose (Corse)
Aiguille du Midi (Alpes)
Aiguille du Midi (Alpes)

Le gabbro

Le gabbro, de même composition que le basalte, cristallise lentement en profondeur, de même que la péridotite, à laquelle il est souvent associé. Il constitue notamment la couche profonde de la croûte océanique, sous la couche basaltique. Le rencontrer est donc rare. On en trouve sur le Tabor aux Oreilles du Loup.

gabbro (Cascade Range, États-Unis)
gabbro (Cascade Range, États-Unis)
Sur l'arĂŞte en gabbro de l'Oreille du Loup, au Tabor
Sur l'arĂŞte en gabbro de l'Oreille du Loup, au Tabor

La péridotite

La pĂ©ridotite est la roche du manteau, Ă  70-150 km en profondeur, et cependant encore solide, parfois expulsĂ©e par les volcans. On la rencontre peu, et sa fusion partielle est Ă  l’origine des basaltes, beaucoup plus frĂ©quents : on en rencontre parfois d'ailleurs des morceaux associĂ©s aux basaltes. Sans quartz ni feldspath ni mica, elle est constituĂ©e de pyroxène et d’olivine.

Ă€ l'origine des granites

Quelles sont les roches Ă  l’origine du granite et des autres roches plutoniques ? La fusion de la croĂ»te en zone de collision (2 plaques se rencontrent), la fusion partielle du manteau en zone de subduction (un ocĂ©an qui passe sous un continent), la fusion d’autres roches qui vont fondre au contact avec un magma (anatexie), etc. dont des processus de formation des roches plutoniques.

Les roches sédimentaires ont trois grands modes de formation différents

Elles se caractérisent notamment par la formation de strates, qui n’est pas systématique. Ainsi que par la présence occasionnelle de fossiles, qui peuvent permettre leur datation. Ces modes de formation peuvent en outre s'associer.

strates marno-calcaires (Vercors, Diois)
strates marno-calcaires (Vercors, Diois)
strates de grès (Red Rocks, Nevada)
strates de grès (Red Rocks, Nevada)
strates argilo-calcaire (Vercors, Diois)
strates argilo-calcaire (Vercors, Diois)

Le plus simple à comprendre est la formation détritique

Schéma global de formation

Des roches, quelle que soit leur nature, subissent une Ă©rosion (due au vent, au gel, aux marĂ©es…), les fragments en Ă©tant issus vont subir un transport qui les Ă©loigne plus ou moins de leur lieu d’origine (transport par le vent, mais surtout par l’eau…), puis ces matĂ©riaux s’accumulent (c’est la sĂ©dimentation), et enfin ils se modifient, se structurent, s’assemblent plus ou moins, pour donner naissance Ă  une nouvelle roche : c’est la diagĂ©nèse. Ces roches dĂ©tritiques trouvent leur cohĂ©sion grâce Ă  un ciment.

Schémas particuliers
L'argile

Si les grains sont microscopiques, inférieurs à 4 µm environ, on parle d’argile. Mais les argiles sont surtout constituées de grains de silicates, donc issues de roches magmatiques ou des roches métamorphiques issues de celles-ci (si les grains sont plutôt calcaire, on parlera de pélite). L’argile n’est pas une roche que l’on rencontre fréquemment dans nos activités (en dehors de la randonnée) en raison de sa fragilité. Elle a en revanche un intérêt économique et artistique depuis la nuit des temps…

Le grès

Si les grains sont plus gros mais infĂ©rieurs Ă  2 mm, on parle de grès, ou de sable lorsque la roche est meuble, non cimentĂ©e. Le grès est une roche agrĂ©able Ă  grimper. Fontainebleau est l’exemple peut-ĂŞtre le plus parlant pour nous tous, c’est un grès monominĂ©ral quartzeux. PrĂ©sentĂ© sous la forme d’une couche compacte (la platière) qui repose sur une couche sableuse meuble, le grès s’affaisse et casse lorsque la couche de sable sous-jacente s’érode par ravinement : on obtient ainsi les fameux chaos grĂ©seux de Bleau. Le grès rouge des Vosges (il contient des oxydes de fer) est aussi connu des grimpeurs autochtones, comme Red Rocks l’est outre-Atlantique.

grès de Bleau : au premier plan, une de ces fameuses "Ă©cailles"
grès de Bleau : au premier plan, une de ces fameuses "écailles"
les blocs de Fontainebleau en hiver
les blocs de Fontainebleau en hiver
bloc de grès rouge (Haut-Rhin)
bloc de grès rouge (Haut-Rhin)

Le conglomérat

Enfin, lors de fragments d’une taille supérieure à 2mm, on est en présence de conglomérat. Qui peut être de type brèche si les morceaux sont anguleux, ou de type poudingue si les fragments sont arrondis, ou encore de type tillite si les éléments arrondis coexistent avec les morceaux anguleux. Le ciment et le compactage rendent ce type de roche assez solide malgré les apparences. Les Météores en Grèce, Maple Canyon dans l'Utah, Montserrat en Catalogne, et les Mallos de Riglos en Espagne sont des conglomérats réputés pour l'escalade…

Les météores, en Grèce
Les météores, en Grèce
Conglomérat à Maple Canyon (Utah)
Conglomérat à Maple Canyon (Utah)
Les Mallos de Riglos, en Espagne
Les Mallos de Riglos, en Espagne

Il est à noter que la taille des morceaux accumulés dépend de l’importance des courants ayant permis leur transport. De petites particules seront transportées par de faibles courants, alors que les conglomérats à gros morceaux nécessitent des courants puissants. L’eau et son oxygénation sont aussi responsables de l’oxydation des métaux contenus dans les sédiments, donc de leur couleur…

Plus compliquée à appréhender est la formation biologique

Plus compliquée est la formation biologique (liée à l’activité d’êtres vivants) de certaines roches sédimentaires, telles certains calcaires dont la craie, les marnes (mélange de calcaire et d’un tiers d’argile au moins), la tourbe, le pétrole, la houille… Le calcaire si apprécié des grimpeurs est composé de carbonate de calcium, présent sous forme de calcite.

Les calcaires

Les calcaires, de formation biologique, correspondent en gĂ©nĂ©ral Ă  la prĂ©sence d’un rĂ©cif : les coraux ont en effet une matrice calcaire, et c’est le cycle dissolution-prĂ©cipitation qui conduit Ă  la formation de ces calcaires biologiques (ce qui se traduit par des fossiles particuliers). Un exemple connu des grimpeurs est le site du Saussois, qui prĂ©sente notamment constructions rĂ©cifales très solides et calcaires bioclastiques moins solides liĂ©s Ă  l’ancienne action destructrice des vagues sur la barrière rĂ©cifale. La formation des calcaires associe donc souvent processus biologiques et chimiques… Le Mont Aiguille est Ă©galement constituĂ©e de calcaires compacts dans lesquels on trouve des rĂ©cifs coralliens. Il repose sur une base Ă©largie plus ancienne constituĂ©e de strates alternĂ©es de calcaire et de marne, sur laquelle s’effectue la marche d’approche. D’autres calcaires sont composĂ©s principalement des coquilles ou des tests de mollusques ou des coccolithes (une sorte de plaque protectrice) de plancton, comme la craie, qui est parfois grimpĂ©e (ou dry-toolĂ©e sur les falaises de Douvres).

calcaire fossilifère (Jura)
calcaire fossilifère (Jura)
Le Mont-Aiguille (Isère) repose sur un socle marno-calcaire nettement stratifié
Le Mont-Aiguille (Isère) repose sur un socle marno-calcaire nettement stratifié
paysage calcaire (Les Baux-de-Provence)
paysage calcaire (Les Baux-de-Provence)

Enfin, certaines roches sédimentaires sont issues de réactions chimiques

La dolomie

Outre le calcaire qui peut se former par prĂ©cipitation de carbonate de calcium, la plus connue des amateurs de montagne est la dolomie ou calcaire dolomitique (son nom vient bien du savant du XVIIIe siècle, Dolomieu), roche composĂ©e d’un peu de calcaire (carbonate de calcium) et de beaucoup de dolomite (carbonate de calcium et de magnĂ©sium). Le plus souvent, c’est le calcium du calcaire qui est progressivement remplacĂ© par du magnĂ©sium : on parle de de dolomitisation. Ce processus est complexe, s'effectuant soit au cours du dĂ©pĂ´t sĂ©dimentaire soumis Ă  Ă©vaporation, soit, plus tard, lors de la diagĂ©nèse. La dolomie est une roche intĂ©ressante : elle est moins sensible Ă  l’érosion que le calcaire (plus dense, moins sensible aux pluies acides), d’oĂą des formations rocheuses Ă©tonnantes, comme dans les Dolomites ou Ă  Mourèze par exemple.

aiguilles de calcite (traversée Ramon, Calanques)
aiguilles de calcite (traversée Ramon, Calanques)
dolomie et calcite (Mourèze)
dolomie et calcite (Mourèze)
les Tre Cime di Lavaredo en hiver (Dolomites)
les Tre Cime di Lavaredo en hiver (Dolomites)

Le silex

Le silex également est une forme intéressante de roches sédimentaire chimique. Très dure, elle est issue de la précipitation de silice en milieu marin, dans des cavités laissées libres dans le calcaire. C’est ainsi qu’on la retrouve classiquement dans de nombreuses falaises calcaires. Le site de Beauvoir près de Poitiers offre de belles voies sur calcaire à silex. La Forêt de Saoû offre de belles longueurs sur rognons de silex. La silice peut aussi remplacer l’enveloppe (le test) pourtant calcaire des oursins, et former des rognons dans la craie.

rognon de silex (plateau du Vercors)
rognon de silex (plateau du Vercors)
L2 de Parfum d'Opale aux Trois-Becs (SaoĂ», DrĂ´me)
L2 de Parfum d'Opale aux Trois-Becs (SaoĂ», DrĂ´me)

La meulière

La meulière est Ă©galement une roche sĂ©dimentaire siliceuse : connue en RĂ©gion Parisienne car elle « la » pierre de nombreuses villas du dĂ©but du siècle dernier, elle est aussi la pierre du Viaduc des Fauvettes.

Viaduc des Fauvettes
Viaduc des Fauvettes
Mur en meulière à Paris
Mur en meulière à Paris

D’autres roches que l’on côtoie peu dans nos activités, comme le sel gemme, le gypse utilisé pour le plâtre, etc, sont des roches sédimentaires de formation chimique.

pendages dans des couches de gypse (Haute-Maurienne)
pendages dans des couches de gypse (Haute-Maurienne)
cristaux de gypse
cristaux de gypse

Les roches métamorphiques sont issues de la transformation d’autres roches

Le métamorphisme est la modification de la composition minéralogique et de l’aspect d’une roche, en général en profondeur, sous l’action de températures et de pressions élevées, par exemple lorsqu’une plaque s’enfonce sous une autre. C’est l’érosion qui arase les couches superficielles et révèle avec le temps ce qui serait sinon inaccessible à notre regard. L’âge de la roche d’origine ne peut souvent pas être connu, car les fossiles n’ont pas résisté aux contraintes extrêmes.

Métamorphisme régional

Caractéristiques des roches métamorphiques

Le métamorphisme peut être qualifié de régional lorsqu’il intéresse de vastes zones soumises à de fortes températures et de fortes pressions, lorsque les roches de surface de la croûte terrestre ont été déplacées en profondeur (quelques dizaines de kilomètres de profondeur) par les mouvements tectoniques. Les caractéristiques principales sont alors la présence de plis visibles à grande échelle, ainsi que la foliation de la roche, c’est-à-dire la présence de cristaux parallèles les uns aux autres formant des feuillets (on parle de roches cristallophyliennes, ce qui les distingue des roches magmatiques où les cristaux sont à disposition équante comme vu plus haut). En plus de ces deux caractéristiques, la roche métamorphique peut présenter une schistosité, ce qui signifie que la roche peut être débitée (clivée) en feuillets. La schistosité est liée à de très fortes pressions, rencontrées par exemple lors de la formation des montagnes, ou orogénèse. Une roche métamorphique peut aussi présenter un rubannement, c’est-à-dire que des couches claires alternent avec des couches foncées, comme dans les gneiss.

Exemples de roches métamorphiques
Le gneiss

Par exemple, un grès comme un granite peuvent être à l’origine d’un gneiss, roche présentant foliation et rubannement, mais pas de schistosité. Les couches claires contiennent quartz et feldspath tandis que les couches sombres contiennent du mica noir. La pyramide du Cervin est faite de gneiss. Une forme particulière de gneiss où des feldspaths persistent sous forme non aplatie est appelée gneiss oeillé. Si le gneiss est issu d'une roche granitique, on le qualifie d'orthogneiss, s'il est issu d'une roche sédimentaire, il est dit paragneiss.

gneiss oeillé (Grand Paradis)
gneiss oeillé (Grand Paradis)
Le Cervin, pyramide de gneiss
Le Cervin, pyramide de gneiss
gneiss vert Ă  chlorite (Zinal)
gneiss vert Ă  chlorite (Zinal)

Le schiste

Autre exemple très répandu, une argile (grains fins < 50 µm environ) peut être transformée sous des contraintes compressives (écrasement par l’accumulation de piles sédimentaires plus jeunes au-dessus, ou mouvements tectoniques avec plissements) en schiste, roche présentant des plans de schistosité à l’origine d’un débit schisteux. L’ardoise est une forme peu métamorphisée de schiste (sédiments argileux fins, homogènes, débit aisé, plaques solides), de même que la lauze (sédiments plus grossiers, feuillets plus épais). Ultérieurement, le schiste peut être transformé en micaschiste puis en gneiss! Les schistes sont généralement brillants en surface, car le clivage en suivant les plans du mica qui restent en surface.

Le sommet de l'Albaron (Haute-Maurienne) montre les plans de clivage des schistes lustrés ligures
Le sommet de l'Albaron (Haute-Maurienne) montre les plans de clivage des schistes lustrés ligures
toits de lauze (schistes) aux Ecots (Haute-Maurienne)
toits de lauze (schistes) aux Ecots (Haute-Maurienne)
ardoise, roche métamorphique à clivage fin
ardoise, roche métamorphique à clivage fin

Les schistes, tĂ©moins d'une compression passĂ©e, reprĂ©sentent une famille très variĂ©e : leur nature varie en fonction de la roche de base transformĂ©e. Ainsi, on parle par exemple de calschistes quand la roche de base Ă©tait calcaire (ex les Lias de la Grande Casse). Comme type de schistes, on peut citer les schistes lustrĂ©s liguriens, très micacĂ©es, plus ou moins argileux, plus ou moins marbrĂ©s (ex Rochemelon, Grande Sassière). On peut citer aussi les flyshs, qui sont des schistes grĂ©so-argileux alternĂ©s (ex Aiguille du GolĂ©on, Aiguille de l'Épaisseur).

flysh (Pays-basque)
flysh (Pays-basque)

Les quartzites

Un grès siliceux (quartzeux) pur peut par métamorphisme et recristallisation de la silice donner une quartzite, roche peut ou non présenter une schistosité.

Le Grand Châtelard (Vanoise), sommet de quartzite
Le Grand Châtelard (Vanoise), sommet de quartzite

Le marbre

Peu fréquent dans nos activités, mais d’importance économique et culturelle non négligeable, le marbre est issu du calcaire ; la variété de ses couleurs est due à la présence de métaux oxydés. Il est à noter que le marbre est une roche métamorphique ne présentant pas non plus de schistosité.

Cristaux néoformés

Il est intĂ©ressant de noter que lors de ces processus, des cristaux nĂ©oformĂ©s peuvent apparaĂ®tre : non prĂ©sents dans la roche d’origine, les conditions de pression et de tempĂ©rature sont telles que des rĂ©actions chimiques sont Ă  l’origine de nouvelles molĂ©cules Ă  structure cristalline, comme le grenat, frĂ©quent dans les micaschistes. L’apparition de certains cristaux et la disparition d’autres cristaux est dite succession minĂ©ralogique.

micaschiste Ă  grenats (Morbihan)
micaschiste Ă  grenats (Morbihan)

Anatexie

Si la tempĂ©rature est trop importante en profondeur, la roche peut fondre totalement et redevenir magmatique : ce processus est appelĂ© anatexie (certains granites ainsi formĂ©s sont appelĂ©s granites d’anatexie, sorte de forme ultime de mĂ©tamorphisme). Ou elle peut fondre partiellement (certains minĂ©raux fondent, d’autres non) : on est en prĂ©sence d’une migmatite.

Métamorphisme de contact

Le mĂ©tamorphisme peut aussi ĂŞtre dĂ» au contact de la roche transformĂ©e avec d’autres roches prĂ©sentant une haute tempĂ©rature (du magma en ascension qui traverse une roche peu enfouie) : dans ce cas-lĂ , appelĂ© simplement mĂ©tamorphisme de contact, les pressions ne sont pas Ă©levĂ©es et la roche mĂ©tamorphique ainsi formĂ©e ne prĂ©sente ni schistositĂ©, ni foliation. Le mĂ©tamorphisme de contact s’effectue en gĂ©nĂ©ral dans un faible rayon autour de la montĂ©e magmatique : on le trouve par exemple en pĂ©riphĂ©rie (on parle d’aurĂ©ole) des zones volcaniques.

Schéma synthétique de la formation des roches

Ce schéma a été créé en décembre 2006. Il est succinct mais devrait suffire à avoir une vue d'ensemble du cycle des roches. Certains noms n'apparaissent pas dans le texte ci-dessus, d'autres roches abordées ne figurent pas dans ce schéma.

le "cycle" des roches
le "cycle" des roches

Bibliographie et webographie

Pour commencer

  • Maurice Mattauer, Ce que disent les pierres. Bibliothèque Pour la Science, Paris, 1998.
  • François Michel, Roches et paysages, reflets de l’histoire de la Terre. Collection Bibliothèque scientifique, BGRM Ă©ditions – Belin – Pour La Science, Paris, 2005.
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:MinĂ©raux_et_roches

Pour aller plus loin

  • http://www.geol-alp.com/
  • http://christian.nicollet.free.fr/page/Figures/phototeque.html
  • http://www.lemonde.fr/planete/video/2010/07/23/d-ou-vient-le-magma_1391686_3244.html

Commentaires

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Christian 16 years ago

Intéressant et beau travail.
Merci

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pascalcal 16 years ago

Pareil ! Moi, j’l’imprime !

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Miko 14 years ago

Très bel article. Ce soir je me coucherai moins bête !

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ThomasR 14 years ago

ça me fait toujours plaisir de voir qu’un texte que j’ai initié peut plaire. N’hésitez pas à le rendre plus précis tout en le laissant « vulgaire ».

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Mathias 11 years ago

[quote=« Sylvie, id: 1302425, post:7, topic:89095 »]Bonjour,
Une petite question : un mur cimenté, constitué uniquement de bombes volcaniques (63/PDD) empilées est-il radioactif ?
Si quelqu’un peut me répondre, avec mes remerciements.[/quote]

Un peu après la bataille mais puisque tu n’as pas eu de réponse à l’époque…

La réponse est oui, comme à peu près tout ce qui t’entoure. Nous sommes nous mêmes radioactifs (naturellement), essentiellement du fait de l’isotope 40 du potassium (environ 0,01% du potassium total dans la nature) et du célèbre isotope 14 du carbone (dans une proportion excessivement faible du total mais compensée par la grosse quantité de carbone que l’on représente et surtout par sa durée de vie nettement plus faible que le 40K).
Dans les roches, les principales contributions à la radioactivité viennent de l’uranium, du thorium et tous leurs produits de désintégrations. La teneur en uranium et thorium est assez variable (de moins d’un gramme par tonne à quelques kg/tonne dans les minerais exploités) mais globalement, il y en a dans à peu près toutes les roches et en moyenne les plus radioactives sont les granites, schistes et roches volcaniques.

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fr4nco1s 6 years ago

Merci d’avoir rappelé l’existence de cet article que je découvre 10 ans après!
Beau boulot @ThomasR