Ces " Doux Dingues " qui nous rassurent....
Ces « Doux-Dingues » nous rééduquent à leur tour en nous positionnant dans un face à face avec nous même qui nous réconcilie avec ces fondamentaux de l’existence ; ils deviennent nos médiateurs.
Hivers 2013 la récurrence des chutes de neige surcharge la montagne, laissant planer le doute sur un printemps chaotique en termes de fonte des neiges. La Mousson Pyrénéenne » entraine la « Garonada » dévastatrice du 18 juin, qui confirma la tendance, et les Pyrénées se retrouvèrent les pieds dans l’eau sur leurs principaux bassins versants.
Les flancs de l’Escalette sont meringués à souhait et la forêt en Soulane prend des airs de Taïga monumentale. Avec un groupe d’adultes en situation de handicap issus d’un foyer Commingeois dont j’ai la charge régulière d’encadrement, nous sommes sur la piste pastorale du versant Sud menant aux cabanes. Ce public particulier nécessite un paramétrage précis de l’itinéraire et de ses composantes. Les terrains trop techniques sont à proscrire au regard des problématiques d’équilibre postural, de coordination et de tonicité. De plus la fatigabilité notoire de ces résidents impose donc une sélection de parcours bien définie. De fait, les Cabanes de L’Escalette en raquettes sont une grande classique incontournable pour notre groupe.
Hors cette année-là les suraccumulations de neige ont modifié la morphologie des tracés, gommant ou accentuant ses irrégularités. En sortie de forêt nous voilà donc face à deux problématiques : la piste conventionnelle est devenue un dévers à 45°, «congérée» par presque 3 m de cumul, et la trace alternative en contre-bas, s’efface dans une corniche surdimensionnée. Après concertation avec Philippe mon binôme infirmier-éducateur co-encadrant, nous décidons de forcer le passage de la piste et sortons nos pelles du sac pour entamer une taille horizontale de marche, « ergonomisée » pour la paire de raquettes de nos usagers. La centaine de mètre de terrassement, nous demanda 40mn d’ouvrage, devant le groupe inconsciemment impuissant face à notre déploiement d’énergie bienveillante à leur égard. Le franchissement, avec assurance individuelle de chaque résident, finalisa la sécurisation du passage réutilisable en l’état pour le retour. Ce public spécifique requiert bienveillance et attention permanente, conditions fondatrices pour obtenir une coopération au service du binôme encadrant-résident.
Un évènement majeur nommé « PYRHANDO » créé depuis plus de vingt ans, consacre ces pratiquants marginaux en traversant l’intégralité de la chaîne Pyrénéenne en relais, de Juin à Septembre, tous les 3 ans. Deux cent usagers de différentes institutions du Sud de la France s’engagent dans ce défi à lourde logistique d’encadrants bénévoles et professionnels.
Les exigences en termes de prise en charge de ces populations, génèrent une véritable gratification pour l’intervenant, incomparable avec un public lambda. En effet la valeur affective reste spontanée chez ces publics réhabilitant ainsi cette valeur humaine motrice dont nos modèles sociétaux nous éloignent : l’empathie…
Ces « Doux-Dingues » nous rééduquent à leur tour en nous positionnant dans un face à face avec nous même qui nous réconcilie avec ces fondamentaux de l’existence ; ils deviennent nos médiateurs.