Cogne Winter Trip 2011

Activités :
Catégories : expéditions
Type d'article : individuel (CC by-nc-nd)
Contributeur : FMJ

Contexte

A la base, avec ma culture grimpesque proche du néant, l'Italie n'était pas vraiment une destination qui me serait venue spontanément à l'esprit pour un trip cascade de glace. Mais le regretté François m'en avait tellement rabattu les oreilles de son Cogne que la curiosité a fini par percer et le projet se dessiner.

La Team

On change modérément une équipe qui d'années en années fait preuve d'une insolente chance en terme de conditions (météo et glaciaire). Et cette année ne fera pas exception !

  • Le doyen Ice, qui ne peut décidément plus se passer de son FMJ préféré
  • Le Corse exilé, qui a peu avoir un bon de sortie de sa réserve
  • Le Karadoc de service, plus curieux de voir la tromche des sauciflards du cru que celle des stalactites
  • Et le père FMJ, le Gentil Organisateur

Transport

En voiture, via le tunnel du Mont Blanc.
Concernant ses tarifs, c'est par ici. Il faut bien noter que l'aller/retour n'est valable que durant 24h. Donc a priori il faudra prendre deux fois un aller simple ! C'est bon à savoir pour éviter une montée d'abeilles inutile ...

Logement

A l'excellentissime hôtel La Balme, dans le splendide vallon Valnontey. On est pour ainsi dire au pied des pistes. Et en plus la qualité du service n'a d'égal que la gentillesse de la direction et des employés. Un must !
Le Valnontey est l'un des trois vallons de Cogne et se trouve au sud-oust du village. Le cadre est particulièrement bucolique car le vallon, avec ses maisons traditionnelles, est lové entre deux versants assez raides à la lisière d'une forêt de pins. La preuve !
En été l'endroit est très couru car c'est l'un des deux points de départ pour entreprendre l'ascension du Grand Paradiso. En hiver, l'affluence y est moindre, le vallon étant partagé entre les grimpeurs et les skieurs de fond (moins nombreux qu'à Cogne tout de même). Le refuge se trouve juste à l'entrée du hameau eponyme, soit environ 2km du centre de Cogne. Même si ça monte un peu, on peut très bien se rendre de l'un à l'autre à pied, sachant qu'il faut emprunter la route, les pistes étant réservées aux fondeurs.
Le hameau est tout petit, avec quelques hôtels et maisons, pas tous ouverts ou occupés durant l'hiver.
L'hôtel La Balme comprend une grande bâtisse traditionnelle avec le bar-living, le restaurant, des chambres et le sauna, plus une annexe avec des chambres qui le touche.
L'hôtel met à la disposition de ses clients un parking souterrain. C'est pas immense mais normalement l'affluence hivernal hors vacances ne doit pas le saturer. Au pire il y a un très grand parking à l'extérieur. Ce parking comprend également une buanderie-séchoir qui présente une efficacité très relative.
Globalement, les pièces communes ne sont pas très grandes mais avec la déco traditionnelle cela donne une petit côté cosy et intimiste pas du tout désagréable, notamment le bar-living.
Outre l'inévitable accès Internet wifi, des topos sont à la disposition des clients. De plus, les grimpeurs sont invités à saisir les conditions rencontrées lors de leurs sorties : leurs rapports seront publiés sur le site Internet de l'hôtel le soir même. C'est la meilleure source d'informations de la vallée.
Les chambres sont dans l'esprit des pièces communes : ni trop petites ni immenses, mais chaleureuses et confortable. Nous avons pris des chambres doubles avec salle de bain. On a notamment apprécié la double armoire pour entasser le bazar. Pas la peine d'emmener la couette : même s'il fait -20°C la nuit, ça turbine bien dedans !
Nous avons pris la demi-pension et durant les 15 jours, nous n'avons vraiment pas eu à nous en plaindre. Bien au contraire. Je sais pas si c'est parce que nous étions les seuls à être rester 15j continus, ou parce que nous étions souvent les dernier partis et les premiers rentrés, ou simplement si c'est parce qu'il avait rarement vu un petit Corse toysé dévorer à ce point, toujours est-il que nous avons été traités comme des rois au niveau de l'assiette. David a pris 1kg durant le séjour, c'est pour dire .... C'est pas forcément une cuisine gastronomique mais elle a l'avantage d'être typique du coin, d'être copieuse et de caler son grimpeur. Tout ce qu'il faut pour cramer des calories en journée.
Si le personnel ne parle généralement pas le français, ce n'est pas le cas de la direction qui est parfaitement tri ou quadrilingue. En plus ce n'est pas le genre de patrons que l'on ne voit qu'à la fin, pour l'addition. Ils viennent avec plaisir converser avant et après le service. C'est très convivial et très agréable. Pour dire s'il sont sympas, ils nous ont offert à chacun en fin de séjour une bouteille de vin valdôtain (qui s'est avéré bien meilleur que ce que nous avions goûté jusqu'à là).
On n'a pas d'action dans la boutique mais on en prendrait bien ;o)

Logistique

Nous sommes simplement venus à la journée de notre cher sud-ouest, via Chamonix et le tunnel du Mont-Blanc. C'est plus court et par forcément moins cher que de passer plus au sud.
D'une part c'était beaucoup moins cher et simple que toute autre solution. De plus cette solution nous a permis d'emmener le matos de ski de rando + les raquettes (en cas d'enneigement important) pour tous les 4. Difficile d'envisager le même chargement en avion et voiture de loc !
Durant le séjour nous n'avons pas eu besoin des équipement spéciaux, bien que ce fut un brin tendu par moment (petites tempêtes de neige localisées).
Si grimper exclusivement dans le Valnontey en logeant à l'hôtel La Balme ne nécessite pas de prendre son véhicule, Valnontey-Lillaz (6km) ou Cogne-Lillaz (4km) oui ! Il semble qu'il y ait des navettes entre Cogne et Lillaz mais leurs horaires ont de grande chance de ne pas être compatibles avec les vôtres.

Les sorties

Si Cogne recèle une multitude de lignes de tout niveau, il faut avant tout bien rappeler que la plupart d'entre elles est dominée par des pentes de neige dont la stabilité est rendue souvent hasardeuse par les conditions de froid qui sévit dans cette vallée (et les gobelets qui vont avec). Grimpez-y avec la plus grande prudence, les accidents y sont fréquents.

J1 : Repentance Super, côté droit Autant pas perdre de temps : le premier jour ça attaque fort avec LE grade 6 de la vallée
J2 : E Tutto Relativo et J2 : Cristal Guisy direct Le second jour, on calme un peu le jeu histoire de ne pas voir le diable, avec deux jolies classiques en vallée de Valeille
J3 : Tuborg Ce troisième jour, on reste en vallée de Valeille avec une météo un peu plus bof
J4 : El candelabro del Coyote + J4 : Fernilliaz On s'installe définitivement en vallée de Valeille !
J5 : Lillaz Gully + J6 : Stalattite di Cristallo + J6 : Ibex Gully + J6 : Chandelle Gully Enfin LA classique de la vallée et ses petites voisines !
J6 : Cold Couloir Enfin du long !
[[outings/|J7 : Ski rando ??? ]] Première coupure en rando
J8 : Cascade de Lillaz Une ballade en cascade, histoire de tuer le temps par mauvais temps
J9 : Stella Artice De la belle cascade, avec une météo splendide !
J10 : Comba Varin : Depuis Pont Serrand Seconde sortie rando, où le mauavais temps nous a rabattu sur cet itinéraire
J11 : Thoule + J12 : Patri Retour dans le vallon de Valnontey
J12 : Repentance Super, côté gauche Quand on aime, on compte pas. Retour à cett cascade étalon, que l'on va gravir côté gauche ce coup-ci. Infiniment moins fréquenté que le côté droit, véritable autoroute à trous...
J13 : Sentiero del Troll La sortie grand n'importe quoi. Au programme : crème solaire et sauciflard !
[[outings/|J14 : Breithorn depuis Cervinia]] Dernière sortie rando où l'on fait une entorse à l'éthique en empruntant les remontées de Cervinia

Notes pratiques

  • Compte tenu de la déclivité pour monter de la vallée d'Aoste à Cogne et encore plus de Cogne au Valnontey, il est assez conseillé de mettre ses pneus contact. Au pire les chaînes suffiront.
  • Hors pleine saison, il peut être prudent d'emmener soit des ski d'approche, soit des raquettes. En effet la zone est réputée pour être assez neigeuse, et en plus le froid qui y règne limite le tassement. En saison, pas de pb, la fréquentation accouche de véritables pistes (mais dès que l'on s'en écarte, aie aie aie avec les gobelets !).
  • En 2011, il y a une petite structure artificielle en glace derrière le village de Lilas, rive droite, au début de la piste menant à la cascade de Lilas.

Notes personnelles

(Impressions personnelles, donc forcément subjectives)

  • A vrai dire, le tout premier contact avec la vallée d'Aoste m'a laissé sur ma faim. A quelques exceptions près, j'ai trouvé l'habitat valléen un peu quelconque, à commencer par Sallanche. Depuis le temps que j'en attendais parler, j'ai dû un peu trop fantasmer cette vallée imaginée comme un petit bout de Suisse en terres italiennes. Ce lieu qui m'a fait penser à une Andorre en pleine mutation, avec d'un côté les vieilles bâtisses sans cachet particulier et de l'autre les nouvelles habitations en pierre apparente qui font un peu trop claquantes. Au détail près des dimensions de la vallée ...
  • Mais lorsque l'on rentre dans la vallée de Cogne, la vallée se resserre drastiquement et l'on rentre dans un très beau cadre de haute montagne.
  • Le village de Cogne en lui-même est joli, sans plus. Ce qui est frappe, c'est l'impression que le village a été construit au milieu des pites de ski de fond. Car pour les Italiens, Cogne est avant tout un temple de ce sport. Et l'on comprend rapidement pourquoi tellement le cadre est enchanteur : 12 pistes pour 80km qui sinuent au fond des vallons, entre granges et forêts. Certaines pistes ne sont pas données question difficulté. Il y a même des pites éclairées la nuit !
  • Cogne est l'une des petites Sibéries des Alpes qui en font une Mecque pour les accros à la glace. Les cascades ne se révèlent pas d'entrée de jeu. Il faut s'enfoncer un peu dans les vallons de Lilas et du Valnontey pour commencer à les apercevoir. Vu les pentes qui les dominent, on comprend tout de suite que ces cascades sont très exposées aux avalanches et qu'il vaut mieux adopter un profil prudent.
  • En plus, vu la persistance des basses températures durant tout l'hiver, la neige se tasse peu : Cogne est une redoutable machine à faire des gobelets et donc des avalanches.
  • Valnontey est beaucoup plus pittoresque, plus authentique que Cogne et Lilas. Plus petit aussi. Le cadre du vallon, encadré de hautes montagnes, est vraiment superbe.
  • Nous avons également eu un contact formidable avec les autochtones. Où que nous soyons allés, nous avons reçu un accueil extraordinaire, chaleureux, prévenants. En langue française la plupart du temps. Avec une mention spéciale pour la direction et les employés de l'hôtel où nous nous sommes posés. Un des meilleurs souvenirs du séjour.
  • Question grimpe, on peut trouver de tout, avec toutefois un prédominance de voies de 2-3 longueurs en grade 4 en moyenne. A quelques exceptions près (Cold Couloir, Repentence), il ne faut pas trop s'attendre à tomber sur des big walls. C'est plutôt une grimpe discontinu avec de grandes marches. Et plus c'est court, plus la cotation peut être sèche. Mais en moyenne, la cotation est dans la norme.
  • Il sera difficile d'être objectif car nous avons eu droit à de très bonnes conditions, nettement supérieures à la moyenne. La glace était épaisse et dure mais pas spécialement cassante car la période de froid durait depuis 1.5 mois. Une grande partie des lignes référencées était en très bonnes conditions, à l'image de Répentence Super ou Stella Artice.
  • On ferait peut-être mieux de jouer au loto que de choisir des destinations hivernales. Car non seulement les conditions étaient top lors de notre séjour mais en plus Cogne s'est pris un méchant radoucissement la semaine suivant notre départ. Une veine de cocus quoi !
  • Pour compenser la faible longueur des lignes, on en alignait deux ou trois dans la journée, en partant tard et sans rentrer à 20h.
  • Le seul véritable écueil que nous avons eu à subir, ce fut le surfréquentation. Car déjà que Cogne est une des destinations les plus connues pour la glace, alors lorsque les conditions dans les Alpes sont sèches et pas assez froides, ce fut une ruée vers Cogne cette saison. Bref, comme en tant que bon pyrénéen de base nous n'avons ni l'habitude ni vraiment le goût de poireauter au pied des voies en attendant notre tour, il a fallu un peu jouer avec les objectifs du programme journalier. Mais au final, à part le premier jour dans Répentence, nous ne nous sommes pas trop mal débrouillés, sans jamais avoir à jouer des coudes. Ca aurait pu être beaucoup plus tendu si le nombre de lignes en conditions avait été moindre !

Topos-guide

Cascades autour du Mont Blanc tome 2 (F Damilano, G Perroux - 1999) La référence.
Alpine Ice : Les 600 plus belles cascades de glace des Alpes (Mario Sertori - 2009) Quelques pages sur Cogne.