Hauteurs et splendeurs dans les années 1960 (Marcel Demont)

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Catégories : récits
Type d'article : individuel (CC by-nc-nd)
Contributeur : Marcel Maurice Demont

Hauteurs et splendeurs dans les années 1960

A maintes reprises, nourris par la belle espĂ©rance d’en rĂ©ussir le premier parcours Ă  la saison des frimas, nous nous Ă©tions aventurĂ©s Ă  la rencontre de cette montagne immergĂ©e dans l’austĂ©ritĂ© des grands hivers d'antan, persistants, froids, rehaussĂ©s de neige. Plusieurs cordĂ©es Ă©taient en concurrence, ambitieuses, talentueuses. Les essais se suivaient, aucun n’aboutissait. L’abrupte face septentrionale avait vu se succĂ©der et s’échiner en vain : Daniel, funambule des clous de forgeron plantĂ©s de quelques millimètres seulement, architecte des corniches pourries, charpentier des surplombs branlants, maĂ®tre de cĂ©rĂ©monie des retraites prĂ©cipitĂ©es; Albert et son pas de la boille; Guy, un aigle respectueux des traditions; Fofo, le rochassier surdouĂ©; Heinz, familier des grands exploits; Werner et Marcel, les insĂ©parables copains, des guides.
L’un envoyé en mission par le CICR dans les sables brûlants du Yémen, l’autre tombé en amour, un autre encore occupé à enseigner le stemm sur les pistes de ski du Val d’Anniviers, quelques-uns inatteignables, en cette fin de février 1968, il ne restait que Werner et moi pour diriger nos pas vers le but isolé.
Un coup de tĂ©lĂ©phone, on s’était compris Ă  demi-mots :
« Ce soir vers minuit, demain matin à quatre heures, puis on verra, crampons, méta - de l’alcool à brûler solidifié en plaquettes -, vis à glace, cordes, pitons, piolet, skis pour l’approche, bivouacs, retour par la voie normale ».
Il s’en Ă©tait suivi que nous avions connu une première nuit blanche : le matĂ©riel Ă  prĂ©parer, la nourriture solide Ă  sĂ©lectionner, traiter les chaussures (en cuir et Ă  lacets, Ă  chaque sortie on se gelait les pieds), trouver le couteau suisse. Puis les kilomètres en voiture, le rendez-vous dans la nuit aux Plans-sur-Bex, encore des kilomètres, mettre les chaĂ®nes Ă  neige, fin de la route - Grimentz -, chausser les lattes, charger les sacs, fuite en avant.
On avait eu hâte de quitter le monde d’en bas, des soucis quotidiens, pour pĂ©nĂ©trer dans ce domaine qui est aujourd’hui encore le nĂ´tre, un univers fait de silence, de beautĂ©, de projets longuement mĂ»ris, de grandeur escomptĂ©e, d’authenticitĂ© Ă  prĂ©server : le monde d’en haut. L’air Ă©tait merveilleusement frais, la neige crissait sous les skis, nous nous Ă©tions Ă©loignĂ©s du village, Ă  travers la forĂŞt, poussant nos ombres devant nous au rythme lent des longs voyages Ă  la recherche de soi-mĂŞme dans les grands espaces libres. Bouillonnant de force, nous apprĂ©ciions pleinement les heures qui s’écoulaient. Nous avions gagnĂ© de l’altitude, dĂ©passĂ© les derniers mĂ©lèzes, le jour s’était levĂ© alors que nous faisions la pause au pied de la moraine dont la crĂŞte accidentĂ©e indiquait la route Ă  suivre. Notre but, bien qu’encore lointain, Ă©tait visible pourtant, il attisait notre dĂ©sir et faisait naĂ®tre les premières craintes. Le soleil qui nous rĂ©chauffait, le thĂ© brĂ»lant tirĂ© des bouteilles thermos avaient rapidement dissipĂ© ce dĂ©but d'anxiĂ©tĂ©, on avait Ă©changĂ© quelques paroles optimistes avant de se remettre en route. Sueur dans les yeux, bretelles du sac qui scient les Ă©paules, retendre les sangles d’une peau antidĂ©rapante, regard rapide Ă  l’altimètre, garder le rythme, faire une bonne trace, coup d’œil en arrière, c'est beau, en avant, c’est haut.
Ainsi s’était écoulée la première journée. Nos préoccupations étaient sans rapport avec l’avance de deux aiguilles sur un cadran, nous pensions et agissions en termes de température, de qualité de neige, de choix d’itinéraire, de danger d’avalanches, de possibilités de bivouac, de soleil qui réchauffe et fortifie le moral, de tempêtes soudaines et violentes qui aveuglent, glacent, engourdissent, prennent la vie.
Après la moraine, il y avait des pentes abruptes chargĂ©es de neige fraĂ®che, puis un couloir plus escarpĂ© encore. Nous avions dĂ©posĂ© nos planches. TantĂ´t enfonçant jusqu’à hauteur des hanches dans des amoncellements de neige molle, parfois dĂ©rapant sur des plaques de glace vive, essoufflĂ©s, nous avions atteint le plateau glaciaire supĂ©rieur, altitude 3000 mètres, Ă  la nuit tombĂ©e. Se dĂ©tendre, reprendre des forces, bivouaquer, un mot tout simple qui Ă©voque de nombreux bons souvenirs, des heures terribles aussi, parfois, dans la tempĂŞte. Un rapide sondage, lĂ , sur la rive gauche du glacier, sous un mur vertical, face Ă  notre paroi. Sortir les pelles, creuser posĂ©ment, ne pas se mettre en nage, ne pas rater son affaire, prĂ©server les vĂŞtements des mouillures, la nuit sera longue. Une pelletĂ©e inconsidĂ©rĂ©e endommageant la paroi de l’abri improvisĂ© le priverait de ses qualitĂ©s isolantes et nous exposerait Ă  de grands risques.
« Et puis zut ! » [img=224641 right]La face nord de la Pointe de Mourti, vue de la caverne de neige - bivouac, lors de la 1ère ascension hivernale en 1968[/img]
L’emplacement que nous avions choisi se situait à l’aplomb d’une crevasse qui baillait en son centre.
« Nous nous accommoderons de la crevasse en nous couchant transversalement, » avions-nous décidé à l’unisson.
Alors que je donnais les derniers coups de pelle, Werner, en se gelant les doigts, sur notre petit rĂ©chaud fondait de la neige afin de produire un maximum de liquide. On avait avalĂ© pĂŞle-mĂŞle du pain de seigle dur comme de la pierre et de fines tranches de viande sĂ©chĂ©e parsemĂ©es de cristaux de glace, blandices arrosĂ©es de boissons très chaudes. Après quelques vivats lancĂ©s en direction des Ă©toiles, cris primaux, dĂ©versements Ă©motionnels, par reptation nous nous Ă©tions glissĂ©s dans la caverne. PrĂ©paratifs habituels Ă  la nuit qui nous attendait : enfiler les uns par-dessus les autres tous les vĂŞtements disponibles, nous n’avions pas de sacs de couchage, pièces d’équipement trop coĂ»teuses pour nos petits revenus de jeunes guides professionnels, s’isoler du sol en s’étendant sur le sac Ă  dos au prĂ©alable vidĂ© de son contenu, pas de natte isolante non plus, Ă  l’époque dont je parle ce luxe nous Ă©tait encore inconnu. Il est de règle dans cette situation que les premiers instants soient ressentis comme supportables, puis petit Ă  petit le froid s’insinue, pĂ©nètre les chairs, glace les os, des crampes se manifestent, les pensĂ©es s’envolent vers les ĂŞtres aimĂ©s, on est dans le doute.
En dépit de la température très rigoureuse qui régnait à l’intérieur de notre trou de neige, Werner n’avait pas tardé à s’assoupir.
Quelques annĂ©es plus tard, en Ă©tat d’hypothermie, il Ă©chappera de peu Ă  une mort silencieuse. Lors de notre tentative de traversĂ©e hivernale intĂ©grale des Dents du Midi, les 22, 23, 24 dĂ©cembre 1970, alors que nous bivouaquions sur une petite terrasse suspendue entre la Cime de l’Est et la CathĂ©drale, le thermomètre dont nous Ă©tions pourvus indiquait 35° centigrades au-dessous de zĂ©ro.
Frappé d’insomnie, j’avais eu bien du mal à respecter le sommeil de mon compagnon. Mon attention éveillée par un imperceptible changement d’atmosphère, j’avais sorti la tête de l’abri:
« Werner! Il neige ».
On ne voyait plus Ă  trois pas, des bourrasques de vent froid m’avaient repoussĂ© Ă  l’intĂ©rieur. RĂ©veillĂ© en sursaut, Werner avait saisi le sĂ©rieux de la situation au quart de tour, l’itinĂ©raire qui nous avait conduits en ce lieu Ă©tait exposĂ© aux avalanches, d’importantes chutes de neige nous coinceraient sur ce haut plateau pour plusieurs jours. Misant sur la probabilitĂ© d’une ascension rapidement enlevĂ©e, nous avions calculĂ© les vivres et le combustible pour la cuisine au plus juste - 48 heures -. Il fallait battre en retraite aussi longtemps que c’était encore possible. Après avoir rĂ©uni notre matĂ©riel Ă  la hâte, nous avions bouclĂ© nos sacs. Mal faits, dans la prĂ©cipitation, ils nous avaient dĂ©sĂ©quilibrĂ©s tout au long de la descente. A tâtons, dans l’obscuritĂ©, glissant, inquiets, frigorifiĂ©s, nous avions dĂ©valĂ© le couloir qui filait vers le glacier en contrebas de notre abri. Notre bonne Ă©toile nous avait guidĂ©s en droite ligne sur le dĂ©pĂ´t de skis. Chausser les lattes et descendre dans ces conditions n’avait pas Ă©tĂ© de tout repos. Pourtant la chance ne nous avait pas abandonnĂ©s, au prix de quelques heures d’efforts, nous avions rejoint le pied de la moraine sans que se produise d’évènement fâcheux.
Les chutes de neige, peu Ă  peu, comme Ă  regret, avaient cessĂ©, le vent s’était calmĂ©, le ciel s’était Ă©clairci. De quelques coups de pelle, nous avions rapidement amĂ©nagĂ© une Ă©troite banquette pour, assis cĂ´te Ă  cĂ´te, attendre le lever du jour. Ce branle-bas avait pris du temps, le soleil n’avait pas tardĂ© Ă  enflammer l’horizon, avec lui avait rĂ©apparu la confiance. Remettre en ordre le matĂ©riel, casser la croĂ»te, se reposer un peu aussi. Deux nuits sans sommeil dĂ©jĂ , dont une de fureur et de bruit, et un jour d’efforts soutenus, tout ou presque Ă  recommencer :
« Werner, on remonte ? »
« Oui, Marcel, on remonte. »
Sur les traces effacées de la veille, nous avions repris la direction de la caverne de neige, nous demandant si nous n’étions pas, en vertu de fautes passées, condamnés pour l’éternité à ce va-et-vient épuisant.
Le soleil qui réchauffe les corps fortifie les résolutions.
Les craintes de la nuit s’étaient rapidement effacées, laissant la place au désir de rattraper le temps perdu.
Quelques heures plus tard, le ronronnement d'un moteur d’avion nous avait fait lever les yeux. C'était un ami de Werner qui, comme promis, venait d'un balancement d’ailes partager un peu de notre histoire, épouser notre allégresse.
La nuit tombante nous avait rattrapés au seuil de notre caverne, lieu déjà familier, rassurant. Rite immuable, pratique réglée: boissons brûlantes et sucrées, plaisanteries salées, chansons païennes, monologues, mélancolie. Et enfin, le silence, troublé de temps à autre par le grondement des séracs qui s’effondrent au loin, par le gémissement du glacier qui coule vers la vallée en se contorsionnant, par le son que produit une pierre dévalant le flanc de la montagne, bruit qui grandit, s’accentue, puis progressivement diminue, cesse.
Nous nous étions arrachés à la froideur de notre couche bien avant les premiers feux de l’aurore. Petit-déjeuner expéditif, lacer les chaussures, passer les guêtres, fixer les crampons, classer le matériel, s’encorder: des mots. Par une température de vingt degrés au-dessous de zéro: l’éprouvante matérialité des faits. Nous avions laissé derrière nous tout ce qui n’était pas strictement nécessaire: le réchaud, quelques vêtements de rechange.
Premièrement, il y avait un plateau glaciaire à traverser, la neige était profonde, la trace que l’on aurait voulue rectiligne sinuait, s’incurvait, s’agrémentait d’arabesques aux alentours des crevasses.
Ensuite, nous avions franchi sans encombre la rimaye dont le mur amont penchait dangereusement vers un gouffre Ă©troit et profond. Tour Ă  tour, nous nous Ă©tions relayĂ©s en tĂŞte de la cordĂ©e. Les premières longueurs de corde s’étaient dĂ©roulĂ©es dans une pente abrupte de neige compacte. Confiants dans l’efficacitĂ© de nos crampons, nous avions progressĂ© rapidement et nous n’avions pas tardĂ© Ă  buter sur le principal obstacle de l’ascension, un mur de glace d’une grande hauteur dont l’inclinaison Ă©tait proche de la verticale. Relais, j’avais pris la tĂŞte de la cordĂ©e. La glace Ă  la consistance dure du bĂ©ton refusait d’accepter les vis, les tire-bouchons Marva, tĂŞte rouge, corps noir, pour les anciens. Peu importe, j’en avais insĂ©rĂ© une par-ci, engagĂ© l’autre par-lĂ , dans de petites cassures, des fĂŞlures, des lĂ©zardes. DĂ©nuĂ©e de toute qualitĂ© protectrice, cette mesure hasardeuse avait valeur de soutien moral. Nouveau relais, petites encoches pour le bout des pieds, Werner avait pris la tĂŞte. Vingt mètres plus haut, il s’était trouvĂ© en difficultĂ©, un bombement de glace qu’il avait Ă  franchir avec un seul piolet droit Ă  manche en bois le repoussait. Il avait tentĂ© un grand Ă©cart risquĂ© avant de battre en retraite, ça ne passait pas. Werner s’était dĂ©hanchĂ©, et Ă  bout de bras avait taillĂ© une profonde marche dans la glace, puis il avait lancĂ© sa jambe droite, atteint la marche, ramenĂ© sa jambe gauche. L’affaire Ă©tait engagĂ©e, mal engagĂ©e : cambrĂ© en arrière, rejetĂ© par le renflement qui le surplombait, griffant la glace de la pointe de son piolet, Werner vacillait, menaçant de tomber. Serrant la corde de caravane de mes mains gantĂ©es, j’avais senti un grand frisson secouer tous mes membres. Spectateur d’une imminente navrante dĂ©confiture, conscient d’avoir tantĂ´t Ă  y interprĂ©ter un rĂ´le qui, bien que muet, serait de premier plan, j’avais tournĂ© un regard angoissĂ© vers la rimaye entr’ouverte pour nous accueillir, cent cinquante mètres au-dessous. J’ai gardĂ© souvenance de ces instants inquiĂ©tants, de cette lutte pour la vie contre la mort qui rĂ´de Ă  la recherche d’une proie.
« C'est bon! » [img=224642 right]En pleine face lors de la première ascension en hiver: 2, 3, 4, 5 mars 1968, par Marcel Demont et Werner Kleiner[/img]
Werner avait lancé ce cri libérateur alors que, dans un dernier geste, projetant une main vers le haut, il l’avait refermée sur un clou de charpentier, planté là, incongru, pris dans la glace. En quelques mouvements rapides, il était sorti du mur. Je l’avais rejoint, muet d’étonnement. L’explication de cette énigme nous avait été très vite donnée. Plus bas, sur le plateau glaciaire traversé quelques heures auparavant, dans nos traces, une silhouette avançait rapidement. Le jour suivant, en lisant le message écrit à notre intention sur la bouteille de vin blanc qu’il avait déposée sur le glacier, nous apprendrons qu’il s’agissait de Vital Vouardoux, le célèbre guide et skieur de compétition de Grimentz. On avait échangé des cris, des gestes, on s’était compris. Une cordée concurrente, deux aspirants guides, la cordée Genoud et Vouardoux fils, avait nourri la même ambition. Au cours d’une reconnaissance récente, elle avait partiellement équipé le ressaut de glace, d’où le clou de charpentier. Cette face vierge en hiver était à l’époque très convoitée. Là-dessus, à l’improviste, débarquement de Werner et de Marcel, voleurs de première malgré eux. De part et d’autre on avait hurlé des explications. Vital avait eu les derniers mots:
« Sans rancune, félicitations. »
Vital Vouardoux s’était chargé de descendre sur le plateau glaciaire inférieur le matériel que nous avions abandonné sur les lieux de notre bivouac. Il y avait ajouté un flacon pour fêter notre toute proche réussite et quelques mots écrits par lesquels il nous demandait de passer chez lui à notre retour. Le billet disait encore qu’il était question de quelques bonnes bouteilles à déboucher. L’affaire s’arrangeait plutôt bien. Mais, pour l'instant, en dépit du froid, il faisait soif, nos gourdes étaient vides, des Borde Flasche en alu avec bouchon de liège, celles du réchaud du même nom. Nous étions à court de combustible, raison pour laquelle nous avions laissé notre réchaud à la caverne de neige. Quatre cents mètres de face étaient encore à gravir pour atteindre le sommet. Ensuite il faudrait songer à redescendre.
La pente avait perdu de son inclinaison, en conséquence elle était recouverte d’une importante épaisseur de neige qui adhérait mal à la sous-couche de glace. Le tout était très instable et menaçait de partir en avalanche. Nous procédions comme suit: à chaque pas, nous tassions la neige avec les mains d’abord, puis avec les genoux, et enfin avec les pieds. Parfois, la neige manquait à tel point de faculté de cohésion, qu’elle ne pouvait pas être compactée. En ce cas, nous cramponnions, directement à travers la couche de neige, dans la glace sous-jacente. Tous les quarante mètres nous excavions un relais. De temps à autre, lorsque la glace affleurait, nous placions une vis. Nous sentions la fatigue maintenant. Quelques incidents mineurs s’étaient produits, j’avais perdu un crampon, Werner avait dérapé et dans l’effort désordonné qu’il avait fourni pour freiner sa glissade, de ses crampons acérés il avait déchiqueté son pantalon tempête.
Enfin, nous avions gravi les dernières longueurs de la face, nous nous étions arrachés du trou d’ombre dans lequel nous étions plongés depuis l’aube, nous avions atteint le sommet rougeoyant dans le ciel crépusculaire.
Emotion, joie, les premiers, toutes ces hauteurs sublimes alentour, les Aiguilles de la LĂ©, le Pigne, ce ruissellement de splendeurs, le Grand Cornier, la Dent Blanche.
La nuit nous avait surpris sur l’arĂŞte rocheuse conduisant au long glacier crevassĂ© que nous avions Ă  traverser pour atteindre le refuge oĂą nous espĂ©rions trouver de quoi manger, boire, nous rĂ©chauffer, nous rĂ©jouir. Nous avions enlevĂ© la corde, chacun pour soi, et aujourd’hui encore, 42 annĂ©es après les faits, je m’interroge sur cette attitude risquĂ©e.
Nous avions rejoint la cabane de Moiry, allumé le feu dans le fourneau potager, fondu de la neige, au moyen des vivres de secours préparé un repas.

Et le vent
Qui devant la porte chantait
L’accomplissement de notre rêve d’enfant
D’un souffle léger saluait

Hiver 1968, souvenirs, souvenirs; Werner est sorti du métier, Marcel est toujours pro à plein temps, Michel Vaucher nous a quittés pour les étoiles.
Hiver 1968, souvenirs, souvenirs; Werner est sorti du métier, Marcel est toujours pro à plein temps, Michel Vaucher nous a quittés pour les étoiles.
La rencontre avec les journalistes s'avère plus difficile que l'ascension elle-même. Marcel trouvera quand même la formule qui frappe.
La rencontre avec les journalistes s'avère plus difficile que l'ascension elle-même. Marcel trouvera quand même la formule qui frappe.

(Pointe de Mourti, 3564 m, face nord, première ascension hivernale du 2 au 5 mars 1968 par Werner Kleiner et Marcel Demont.)

Tribune de Lausanne Le Matin du 25 dĂ©cembre 1970 ou les souvenirs qui vous rafraĂ®chissent
Tribune de Lausanne Le Matin du 25 décembre 1970 ou les souvenirs qui vous rafraîchissent

MaDe © 2010

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Commentaires

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MMDemont 15 years ago

Puisse l’évocation du souvenir des frimas endurés lors de cette belle aventure, rappel associé à l’absorption d’une grande bière bien fraîche, nous aider à supporter la - bienvenue - touffeur actuelle :slight_smile: .

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yves_vouardoux 14 years ago

Bonjour,

C’est avec beaucoup d’intérêt et un peu d’émotion que j’ai lu votre article mentionnant mon père Vital, mon frère Alain, ainsi que Luc Genoud que j’ai bien connu avant son décès prématuré.

J’avais 7 ans à l’époque de votre ascension.

Bravo pour votre réussite et tant pis pour les Grimentzards.

Très peu de temps après, Alain et Luc avaient réussi une première descente à ski dans la même région, me semble-t-il (j’ai encore vu un article de journal dernièrement chez ma mère à ce sujet).

Bonne continuation.

Yves Vouardoux

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MMDemont 14 years ago

[quote=« yves vouardoux, id: 1223297, post:4, topic:100796 »]Bonjour,

C’est avec beaucoup d’intérêt et un peu d’émotion que j’ai lu votre article mentionnant mon père Vital, mon frère Alain, ainsi que Luc Genoud que j’ai bien connu avant son décès prématuré.

J’avais 7 ans à l’époque de votre ascension.

Bravo pour votre réussite et tant pis pour les Grimentzards.

Très peu de temps après, Alain et Luc avaient réussi une première descente à ski dans la même région, me semble-t-il (j’ai encore vu un article de journal dernièrement chez ma mère à ce sujet).

Bonne continuation.

Yves Vouardoux[/quote]
Merci Yves pour ton message émouvant. D’une certaine manière, j’étais Grimentzard de coeur, mon oncle René Fellay de Lourtier, Haut Val de Bagnes avait couru la première Patrouille des glaciers (celle des origines) avec Vital (ils avaient fini 1er non professionnels, 3ème en comptant les gardes frontières).
Amitiés à toi et à ta famille.
Marcel